LA LEGALISATION A FAIT DE L’ALLEMAGNE LE BORDEL DE L’EUROPE. Et nous devrions avoir honte !

Par MANUELA SCHON
Manuela Schon est une sociologue et militante politique allemande. Elle a co-fondé « Abolition 2014 – Für eine Welt ohne Prostitution » et « LINKE für eine Welt ohne Prostitution » (« La gauche pour un monde sans prostitution »). Elle écrit sur le blog féministe radical « Die Störenfriedas ».
Lorsque les abolitionistes allemands parlent de la situation de la prostitution en Allemagne, nous entendons constamment les mêmes réactions : « vous plaisantez ? » ou « comment est-ce possible ? » Quand nous faisons des présentations dans d’autres pays, les personnes dans le public se mettent à pleurer ou demandent à faire un break un quart d’heure après le début pour respirer un peu d’air frais. Les mêmes présentations en Allemagne peuvent choquer aussi mais nous avons observé que les gens sont tellement habitués à la situation que leur réponse émotionnelle est plus réservée. En fait, les hommes allemands vont souvent révéler fièrement qu’ils sont des acheteurs de sexe lors des débats abolitionnistes. Il n’y a aucune honte à être client en Allemagne. C’est un signal évident et alarmant qui montre que des décennies de prostitution légalisée ont profondément modifié la société.
C’est facile de fermer les yeux sur les dégâts causés par la prostitution si on n’y est pas confronté directement. Et bien que toutes les femmes subissent l’impact de la prostitution, la plupart des gens non directement impliqués ont une connaissance limitée de ce qui s’y passe. Nous devons nous demander honnêtement quelles sont les conséquences sociétales de la normalisation de la prostitution, et si nous avons fait assez pour la combattre. Ce n’est pas acceptable de dire « je ne suis pas affecté-e directement par la prostitution, et il y a des choses plus graves ». Quand nous découvrons de graves violations des droits humains, comme c’est le cas dans la prostitution, c’est notre responsabilité de faire quelque chose à ce sujet. Si nous examinons honnêtement la situation en Allemagne, c’est clair qu’une action s’impose.
La politique et les profiteurs de la prostitution
Contrairement à la croyance populaire, et sauf pendant une courte période au début du XXème siècle, la prostitution a été légale en Allemagne plus d’un siècle avant le passage de la loi prostitution de 2001 (Prostitutiongesetz). Le projet de loi a été proposé par le parti Social- démocrate allemand et les Verts (Bündnis 90/Die Grünen) et a été soutenu par le Parti libéral, le Parti démocratique libre, et le Parti socialiste démocratique (maintenant appelé Die Linke). Seuls les conservateurs se sont opposés à ce projet.
La loi, qui en fait légalise surtout le proxénétisme, dit que la prostitution n’est plus considérée comme contrevenant à la « bonne moralité » du pays. Alors que dans le passé, la notion de « violation des lois morales » signifiait que les affaires judiciaires impliquant une exploitation étaient traitées comme contraires à la moralité publique, cette loi ne s’applique plus dans le contexte de la prostitution. Malgré son nom désuet, la violation de cette loi de moralité a été pratiquement la seule façon de s’attaquer à des situations d’exploitation ou de pratiques immorales dans le domaine des affaires quand ces pratiques n’étaient pas interdites explicitement par la loi—comme des salaires très bas, des augmentations de loyer abusives ou des taux d’intérêt très élevés. La décision d’exempter la prostitution de cette « loi de moralité » a pu paraître progressiste, mais elle a considérablement facilité l’exploitation des femmes.
Nos politiciens ont célébré ce « grand succès » verre de champagne à la main, tout à fait en phase avec cette nouvelle normalité. Même l’Union sociale chrétienne a été impliquée dans la construction d’un bordel… à Dachau, déclarant que c’était « une entreprise tout à fait ordinaire ». Le conseiller Elmet Erhorn, qui travaillait comme électricien sur le projet, a dit : « je crois que nous construisons une chose formidable, un sauna magnifique, un jacuzzi pour se relaxer… Ce sera le plus bel établissement à Dachau … Nous avons besoin d’endroits comme ça dans notre ville ».


Christine Bergman et Felicitas Schirow célèbrent, verre en main, le passage de la loi prostitution.
Le propriétaire de bordel Bert Wollersheim a fait visiter son bordel à Sylvia Pantel, députée du Parti conservateur au Parlement. Elle a dit : « Je sais que Monsieur Wollersheim est une personne très sympathique ».



Bert Wollerscheim fait visiter son bordel à Sylvia Pantel

L’underground allemand
Dans leurs efforts pour discréditer le modèle nordique, les opposants disent qu’en Suède, la prostitution n’a pas réellement décliné mais qu’elle est devenue clandestine. Bien sûr, ce n’est pas vrai. Les policiers et les travailleurs sociaux en Suède, où le modèle nordique est en place depuis plus de 10 ans, disent qu’ils n’ont aucun problème à localiser les prostituées et les clients, le seul problème étant de trouver l’argent pour gérer ces situations.
En plus de légaliser le proxénétisme, la loi prostitution offre aux personnes prostituées la possibilité de devenir des employé-es ordinaires, payant des impôts et ayant accès aux aides sociales. Mais seulement 44 personnes prostituées sur un total de 400 000 à 1 000 000 ont choisi de se faire enregistrer comme prostituées afin d’avoir accès à ces aides.
A Wiesbaden, la ville où j’habite, capitale de l’état de Hesse (population 280 000), l’administration n’a aucune idée du nombre de prostituées exerçant dans les limites de la ville. Leur estimation est de 250 femmes, et ils disent que « Wiesbaden est trop bourgeoise, donc la demande est faible ». Mais j’ai fait ma propre recherche et j’ai trouvé le chiffre d’environ 1 000 femmes prostituées (et trans) « travaillant » dans cette ville. C’est un nombre beaucoup plus réaliste que 250. Il y a seulement deux bordels (relativement petits) identifiables dans la ville, l’un est un « sauna club » et l’autre un « flatrate » (prix fixe) récemment ouvert. Mais la plus grande partie de la prostitution a lieu dans des appartements répartis dans toute la ville, même dans les zones où les bordels n’ont pas le droit de s’installer. Il y aussi des cinémas porno où les hommes peuvent trouver des prostituées, des « tea clubs » qui servent surtout des hommes turcs et marocains, et où les prostituées sont surtout roumaines et bulgares, il y aussi des escorts, et bien sûr, de la prostitution en ligne. La plupart des gens sont surpris d’apprendre que des mini-bordels existent juste à côté de chez eux, parce que ces établissements n’ont pas la visibilité des mega-bordels comme les « Paradise » et les « Pascha ».
Et il y a la question du crime organisé. Des gangs de crime organisé comme les Hell’s Angels, les Mongols, les Bandidos, les United Tribuns etc. contrôlent la prostitution et les zones « red light » (quartiers chauds) dans différentes villes allemandes. Hambourg et Francfort, par exemple, sont aux mains des Hell’s Angels, tandis que les United Tribuns contrôlent la prostitution à Stuttgart et Villingen-Schweningen. Malgré cette réalité, le discours courant sur la légalisation est centré sur le « libre choix » des femmes et non sur l’implication lourde du crime organisé dans l’industrie du sexe.
Quand on considère ça, de pair avec le fait que peu de personnes prostituées reçoivent les supposés bénéfices sociaux liés au fait que l’industrie du sexe est censée opérer de façon « transparente », est-ce qu’on ne devrait pas plutôt parler de la dimension « clandestine » de la prostitution en Allemagne ?

La prostitution dans le système éducatif
Pro Familia, un membre de la Fédération internationale « Planned Parenthood » (IPPF) est une organisation qui conseille les écoles pour le choix de leur matériel pédagogique d’éducation sexuelle. Dans ce matériel recommandé pour les adolescents, il y a un livre appelé « Sexualpädagogik der Vierfalt » (dont la traduction serait à peu près « Pédagogie sexuelle de la diversité »). Ce texte inclut des suggestions et du matériel pour des projets dans lesquels les étudiants doivent nommer des positions sexuelles et faire des propositions pour « moderniser un bordel ». En petits groupes, ils sont censés discuter quels services une « maison de plaisir » devrait offrir aux clients. Et ceux qui ont protesté contre l’introduction de ce genre de contenu dans le curriculum scolaire ont été traités de « réactionnaires », de « conservateurs » et de « prudes ».
Entre 2006 et 2015, des membres du syndicat des professeurs (GEW) dans l’état de Hesse se sont vu proposer des cours de formation avancée donnés par un groupe de lobbying pro-décriminalisation de la prostitution nommé « Dona Carmen ». Les professeurs pouvaient accumuler des crédits de formation professionnelle en participant à ces cours. Finalement l’année dernière, ils ont été éliminés du programme éducatif.
La normalisation de la prostitution en Allemagne, même parmi les enfants d’âge scolaire, amène des jeunes gens à célébrer leur succès à l’Abitur (examen de fin d’études secondaires similaire au baccalauréat NDLT) en allant ensemble au bordel. Ici ce n’est pas un problème que des garçons de 16 se rendent en groupe dans des lieux de prostitution pour acheter du sexe–c’est quelque chose que je vois régulièrement dans mon propre quartier.
Greed is hot
« Geiz is Geil » est une phrase utilisée couramment en Allemagne, dans les publicités et les campagnes de marketing, ce qui signifie « greed is hot ». Et bien sûr, cette idée—que le public devrait essayer d’avoir tout au moindre prix—est transférée au marché de la prostitution. Les femmes sont vendues comme des produits, donc en tant que produits, elles devraient être aussi bon marché que possible. Les propriétaires de bordel font le maximum pour offrir les meilleures affaires :
« De nouvelles filles au bordel « Caligula » à Berlin. Offre spéciale pour les bêtes de sexe ». « Sting House : 38,50 Euros, « glory hole » : 20 Euros, masturbation dans le « glory hole » : 12,50 Euros ; box du voyeur : 28,50 Euros ». Les « bordels à prix fixe, offrent des « menus tout compris » similaires à ceux des « buffets à volonté », mais là c’est « all you can fuck » (baiser à volonté). Dans certains cas, la nourriture et les boisons sont comprises.



Un bordel à prix fixe, appelé « Pussy Club » a fait les grands titres des journaux quand, lors de son jour d’ouverture le 9 juin 2009, une file d’attente de 1 700 hommes s’est massée devant la porte pour pouvoir entrer. Les files d’attente ont continué devant les chambres des femmes jusqu’à la fermeture, quand les prostituées se sont effondrées, épuisées de fatigue, terrassées par la douleur, les blessures et les infections, en particulier souffrant d’irritations vaginales et de mycoses qui, de leurs organes génitaux, se sont propagées à leurs jambes. Ce bordel a été fermé un an plus tard pour trafic d’êtres humains.
Les bordels à prix unique sont très courants en Allemagne, de même que ceux qui affichaient « tabuslos » (« sans tabous »). En pratique, cela se traduit par ‘tout sans préservatif ». Le résultat, c’est que les MSTs sont en augmentation en Allemagne (les taux d’infection au VIH sont en train de remonter après plusieurs années de stagnation, et il est courant que les hommes mariés transmettent des infections à leur femme) (1).
La concurrence entre bordels pour attirer les clients signifie que les chaînes de bordels comme le Pascha à Cologne offrent aussi des jeux de hasard-machines à sous etc—où les joueurs peuvent gagner une « passe » gratuite avec une femme prostituée. Un bordel à Berlin donne à ses clients des « cartes de fidélité » : 5 visites au bordel donnent droit à une réduction de 50% sur la sixième visite, et votre onzième visite est gratuite.
Pour ceux qui veulent allier pratique et pas cher, les hommes peuvent aller sur des places de parking pour des relations sexuelles en « drive in » ou visiter des boxes appellés « Verrichtungsbox » » (les boxes pour faire des choses). Ils peuvent même commander des femmes comme on commande une pizza grâce à une application pour téléphone portable sortie récemment.



Prostitution et pornographie sont liées en Allemagne
Une compagnie nommée Uschi Haller Fun héberge et filme des « gangsbang parties » sur différents thèmes, qu’ils vendent au public comme pornographie. Chaque participant paye 35 Euros, ce qui inclut la nourriture et les boissons. Le port du préservatif est explicitement banni, mais des masques sont fournis pour protéger l’identité des hommes participants. Les hommes doivent soit fournir un test HIV récent, soit accepter de faire un test rapide sur les lieux. Des exemples de titres de vidéos pornographiques de Uschi Haller incluent « L’ado Tina, enceinte de 6 mois », « Festival golden shower », ou le « Club des torchées » (où les hommes font boire les femmes jusqu’à ce qu’elles soient complètement ivres et d’autant plus dociles). Il y a aussi le thème « La grande bouffe », où les femmes doivent ingurgiter d’énormes rations de spaghettis entre deux fellations, jusqu’à ce qu’elles vomissent.
La compagnie publie des photos des femmes après ces gangbangs, montrant leurs yeux vitreux et leurs orifices enflammés. Ces images contrastent avec leurs commentaires élogieux affirmant que les femmes ont adoré. Dans le cas de Tina, une description de ses organes génitaux publiée sur le site dit qu’ils avaient l’air « d’un cul de babouin, tout rouge et enflé ».



Les annonces de prostitution sont partout
Si vous allez à Cologne par le train, la première chose que vous voyez quand vous sortez de la gare, ce sont des taxis affichant une publicité pour le bordel Pascha.



A Berlin, vous pouvez voir des bus portant des annonces pour le bordel Artémis.



Dans les zones où ces publicités sont interdites, des panneaux d’affichage mobiles sont installés et déplacés dans toute la ville, ou des camions et des camionnettes affichant ces publicités sont garés jusqu’à ce que les résidents se plaignent, et alors ils sont déplacés vers la rue voisine.


Le lobby de la prostitution dans la culture populaire
En Allemagne, il y a plusieurs émissions de télévision qui font la promotion de la pornographie et de la prostitution. Le journal allemand FAZ appelle justement ces programmes de la « publicité éditoriale ».
Une chaîne nommée RTL II diffuse des émissions qui proposent une vue positive de la prostitution, montrant des prostituées ravies disant combien elles aiment ce qu’elles font et qu’elles trouvent ça excitant. En 2010, RTL II a diffusé une émission sur un bordel appelé « Teenyland » à Cologne, spécialisé dans les fantasmes pédophiles. Des femmes qui ont l’air d’être mineures et qui sont habillées comme des fillettes sont disponibles dans des chambres nommées « la chambre de la princesse » ou « la salle de classe ». Une vidéo sur youtube montre la fête donnée pour célébrer le cinquième anniversaire de ce bordel, à laquelle ont assisté de nombreuses célébrités.


Bert Wollersheim


En 2011, un reality show nommé « Les Wollersheims » a suivi le propriétaire de bordel Bert Wollersheim et « la nouvelle fiancée du propriétaire de bordel le plus iconique d’Allemagne ». Durant les années 90, Wollersheim a été accusé de trafic d’êtres humains. Une prostituée a été kidnappée (sur ses instructions) parce qu’elle ne voulait plus « travailler » dans un de ses bordels, et que son nouveau petit ami (ou proxénète ?) avait refusé de payer une « indemnité de transfert » à Wollersheim.
Cela n’a pas endommagé son image publique. En fait, quelques jours après les agressions du Nouvel an de Cologne, le maire de Düsseldorf, Thomas Geisler, a participé à la fête du carnaval costumé en Wollersheim. Sa femme était habillée—avec fausse poitrine—en « fiancée » de Wollersheim.
Michael Beretin, le manager de la fameuse chaîne de bordels « Paradise » participe à deux émissions de télé réalité mettant en scène des bordels allemands. Dans « Rotlicht Experten » (« experts des rues chaudes »), des bordels demandent à être testés pour obtenir un label de qualité grâce au show, et ils sont notés sur les prestations des femmes, l’atmosphère, l’hygiène et la propreté. Dans un autre show, « Bordell S.O.S », les bordels qui participent reçoivent les conseils d’une équipe d’experts pour attirer plus de clients et augmenter leurs profits.
Dans un documentaire révélateur de la chaîne anglaise Channel 4, intitulé « The Mega Brothel », Beretin déclare à propos de prostituées en face des caméras « regardez un peu ces salopes paumées et sans âme. Avant, les femmes faisaient ce job avec passion, mais maintenant, c’est fini ». Berretin a été arrêté en 2015 et accusé de trafic d’êtres humains, de prostitution forcée et de fraude fiscale.

Mais malgré tout, RTL II continue à diffuser ce show occasionnellement.
Beretin et Jürgen Rudloff, le propriétaire de la chaîne « Paradise », sont souvent invités à participer à des débats politiques sur la prostitution dans les media. Ils sont présentés comme des « hommes d’affaires prospères « qui gagnent leur argent dans la « prostitution propre ». Des acteurs, des chanteurs, des athlètes visitent ses établissements sans aucune gêne, et posent en photo avec Beretin et Rudloff.
D’autres proxénètes allemands célèbres sont traités comme des stars. Par exemple, et bien qu’il ait fait de la prison pour blanchiment d’argent, fraude fiscale et trafic d’être humains, plus de 4 millions d’usagers de Facebook ont liké la page du propriétaire de méga bordel, le prince Marcus von Anhalt. Un des plus grands propriétaires de bordels en Allemagne, le prince Marcus a plus de 1 000 femmes prostituées qui « travaillent » pour lui.

La légalisation et la libéralisation ne rendent pas la prostitution plus sûre.
Comme le rappelle le site « Sex Industry Kills » (« La prostitution tue »), au moins 69 femmes prostituées ont été tuées depuis 2 000 en Allemagne. Ces meurtres sont seulement les cas répertoriés, et il est probable que d’autres meurtres n’aient pas été enregistrés. Il y a eu au moins 22 tentatives de meurtre sur des prostituées, deux personnes ont été portées disparues et une autre est morte dans un bordel d’une overdose. Il n’y a pas une semaine sans que des reportages dans les medias parlent de femmes prostituées, violées, menacées ou victimes de vol.
Nous avons un long chemin devant nous, un dur combat à mener et les abolitionnistes allemandes ne peuvent pas le mener seules. Nous avons besoin de personnes extérieures pour dire aux Allemands : « êtes-vous devenus complètement fous ? » Des documentaires et des reportages ont commencé à dire la vérité sur la situation en Allemagne. Même les lobbyistes du « travail du sexe » disent que le « modèle allemand » n’est pas satisfaisant. Il est temps que l’Allemagne cesse de défendre fièrement son modèle et que les Allemand-es soient honteux de cette situation.
Les bordels à « prix fixe » et les gangbangs viennent d’être interdits par la nouvelle loi prostitution de 2017.
(Traduction Francine Sporenda)
La version anglaise originale de ce texte a été publiée sur le site « Feminist Current » http://www.feministcurrent.com/2016/05/09/legalization-has-turned-germany-into-the-bordello-of-europe-we-should-be-ashamed/
Source : https://revolutionfeministe.wordpress.com/2018/01/01/la-legalisation-a-fait-de-lallemagne-le-bordel-de-leurope-et-nous-devrions-avoir-honte/

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