Par Kate Louise Gould, sur son blog
Appareil utilisé pour museler les femmes en public au Moyen-Âge
Traduit par TRADFEM
Appareil utilisé pour museler les femmes en public au Moyen-Âge
Je suis une femme natale. Un être humain femelle
adulte. J’ai deux chromosomes X, un vagin et, jusqu’à la ménopause, un
cycle menstruel. Je ne suis pas la seule en cela : en fait, il y a
environ 3,52 milliards d’entre nous dans le monde en ce moment. Ce ne
sont pas des opinions ; ce sont des états de faits biologiques. Cette
biologie peut ne pas définir une femme dans son intégralité — elle a un
vagin, elle n’est pas un vagin —, mais elle est essentielle à ce qu’est
une femme. Notre biologie et notre être féminin sont entremêlés. Comme
la biologie des hommes avec leur être masculin : un pénis et des
testicules sont les marqueurs biologiques de la masculinité.
Ces assertions ne sont ni nouvelles ni
controversées ; mais pour la communauté trans émergente, étourdie par le
sentiment de ses droits, elles équivalent à des propos haineux
blasphématoires. Les hommes qui se qualifient de transfemmes sont
particulièrement véhéments dans leurs réactions. Ils traitent les femmes
comme moi d’intolérantes, haineuses, TERF (pour « Trans Exclusionary
Radical Feminists »), homophobes, transphobes et toute une kyrielle
d’insultes. Nous sommes menacées d’agression et de meurtre, et on nous
dit que les transfemmes n’ont d’autre désir que de nous violer. Des
transfemmes appellent même au génocide et à la torture des femmes. (En
voici juste quelques exemples, ici et ici.) Pourquoi ? Parce que nous
leur avons parlé de la base biologique de la différenciation sexuelle :
les femmes ont deux chromosomes X et un vagin ; les hommes ont un
chromosome X et un chromosome Y, ainsi qu’un pénis.
« Mais le genre ! » disent les transfemmes, comme si
les féministes ne s’occupaient pas de le déconstruire depuis bien avant
leur naissance. Oui, le genre : les constructions sociosexuelles que
certains confondent avec le sexe comme explication inadéquate de nos
différences. L’argument du genre m’intrigue à cause de la lecture
sélective qu’en font les transfemmes. Ils s’approprient rapidement les
jolis aspects de la féminité — chaussures, maquillage, vêtements et
coiffures — mais laissent de côté d’autres traits habituellement
associés au genre féminin : l’empathie, la compassion, le soin, la
réceptivité. Ces aspects de l’éternel féminin sont écartés parce qu’ils
ne cadrent pas avec le comportement d’hommes (et les transfemmes sont
des hommes) qui ont grandi et vécu dans une société patriarcale.
Celle-ci leur dit qu’ils ont le droit d’obtenir tout ce qu’ils veulent.
Voilà le scénario de notre culture : les hommes exigent et les femmes
s’inclinent. Ce n’est pas parce que certains hommes portent des robes
qu’ils se comportent différemment.
Les hommes veulent avoir le droit de choisir le genre
auquel s’identifier et de pouvoir affirmer ce droit. Car c’est bien ce à
quoi correspondent les revendications des transfemmes : les droits
d’hommes à s’identifier et à se comporter comme ils le souhaitent. Tenir
pour acquis que ce droit est plus digne de soutien ou plus important
que les droits des femmes avec lesquelles les transfemmes disent
s’identifier est en soi misogyne. Cela fait preuve d’un manque de
compassion et d’une profonde ignorance de ce que vivent les femmes au
quotidien — en bien comme en mal. Cette attitude découle d’une position
d’autorité et d’un préjugé de supériorité sur les femmes. Avant de se
déclarer transfemmes et de s’attendre à un accueil enthousiaste des
femmes, ils pourraient réfléchir à ce que veut réellement dire être une
femme. Le genre implique beaucoup plus qu’un changement de tenue.
Leur revendication la plus publique est l’accès aux
espaces réservés aux femmes. Cela a commencé — et se poursuit — avec la
revendication des transfemmes d’avoir accès aux toilettes des femmes. On
s’attend à ce que les femmes les acceptent — les accueillent même — ou
alors elles seront vilipendées comme dénégatrices de leurs droits,
transphobes et exclusionnaires. Les toilettes publiques sont un étrange
endroit pour un champ de bataille. Ou peut-être pas, puisqu’il s’agit
d’un lieu à la fois public et privé, représentatif de la ségrégation de
genre et d’une séparation des sexes qui est une norme culturelle si
massive qu’elle en est invisible. Seulement, maintenant, elle est
devenue très visible.
Les transfemmes veulent aussi avoir accès aux refuges
pour femmes victimes de violences conjugales et aux centres d’aide aux
victimes de viol. Ils sont innocemment ou délibérément inconscients de
l’effet que cela peut avoir sur les femmes qui recourent à ces
ressources. Parfois, ils veulent y travailler (un transfemme qui voulait
entrer comme conseiller bénévole chez Vancouver Rape Relief, au Canada,
les a forcées à une bataille juridique de 12 ans quand elles ont refusé
— du temps et de l’argent qui auraient pu être consacrés à aider des
victimes de viol), mais la plupart veulent simplement savoir qu’ils
peuvent utiliser ces lieux. Le problème, comme s’il fallait le préciser,
c’est que ces refuges sont destinés à des femmes et que les transfemmes
sont des hommes. Les femmes et les enfants qui s’y trouvent comptent
parmi les personnes les plus vulnérables ; beaucoup sont terrifiées et
tou·te·s ont été victimes d’agressions de la part d’hommes. Une enfant
effrayée dans un centre d’aide aux victimes de viol ne va pas regarder
des transfemmes et interpréter la situation à la lumière de l’idéologie
trans-inclusive. Elle va voir un homme en robe — et la dernière fois
qu’elle a vu un homme, il l’a violée. Si les transfemmes ne voient pas
en quoi cela serait une spiurce de détresse et pourquoi leur présence
n’est pas la bienvenue dans des établissements destinés aux femmes
vulnérables — ou en fait dans tout espace réservé aux femmes —, ils
démontrent ce pour quoi nous les femmes ne voulons pas partager nos
espaces avec eux.
Cet empiétement sur les espaces des femmes
s’accompagne d’une colonisation de notre corps. Dans une réduction des
femmes à un ensemble de trous, qui combine misogynie, pornographie et
culture du viol, la terminologie trans s’approprie le mot « vagin » au
profit des transsexuels postopératoires, tout en laissant aux femmes
l’expression « trou avant » pour désigner cet organe. Cette formule
déshumanisante figure dans un document de la Human Rights Campaign
Foundation : Safer Sex for Trans Bodies.
Si les femmes sont en désaccord avec les transfemmes,
on leur dit qu’elles sont agressives — violentes même. Je n’ai pas
encore vu la moindre preuve de violence de femmes contre des transfemmes
et, si notre ton est parfois agressif, c’est parce que nous sommes
légitimement en colère. Les transfemmes qui tentent de nous faire taire
et de s’approprier nos corps et nos espaces cherchent à nous faire
disparaître à la fois du discours et de la réalité. Ils tentent à la
fois de dévaloriser et de revendiquer pour eux-mêmes tout ce qui est
féminin — que ce soit le mot « femme », nos corps ou nos espaces. Nous
ne pouvons pas céder à leurs revendications, parce que de le faire
équivaudrait à convenir que tout ce que nous sommes n’a que le peu de
valeur qu’ils lui accordent. Au lieu de cela, nous devons préserver nos
corps et nos vies contre cette nouvelle misogynie.
Décédée récemment à 42 ans, Kate Gould était une
autrice, militante (membre du Women’s Equality Party et Engender) et
doctorante à l’Université de Stirling (Écosse). Sa recherche doctorale a
porté sur les représentations de la sexualité féminine dans la
couverture médiatique du Flibanserin/Addyi.
Version originale : http://www.kate-gould.co.uk/2017/06/05/transwomen-the-new-misogynists/ avec 114 commentaires !Traduit par TRADFEM
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