
Je veux écrire sur un mot inventé dont se sert
l’industrie du sexe pour réduire au silence les femmes sorties de la
prostitution et les abolitionnistes.
Il s’agit du mot « putophobie », qui désigne une peur irrationnelle ou une haine des personnes prostituées.
Ce mot gagne en popularité chez les féministes
libérales, dans les médias, et auprès d’une trop grande partie de la
gauche – sans la moindre remise en cause de sa fonction.
Dans ce message, je vais surtout parler de l’impact
de ce mot sur plusieurs femmes sorties du milieu, et de mon propre vécu,
pour montrer que l’accusation de putophobie est une arme servant à nous
faire taire.
C’est un mot qui n’est devenu à la mode que récemment
– et qui est surtout lié à un autre mot inventé, « transphobie » –
puisque l’un et l’autre sont souvent utilisés ensemble comme propos
haineux visant surtout à censurer les féministes radicales et les
abolitionnistes.
Être qualifiée de « putophobe » équivaut en effet à
passer pour quelqu’un d’irrationnel, haineux, probablement intégriste et
prude, et pour un assassin.
Et ce ne sont que quelques-uns des préjugés qui sous-tendent cette insulte.
Son utilisation a donc pour effet de faire de toute
abolitionniste ou femme sortie du milieu un monstre d’intolérance –
alors que parler de putophobie confère une aura d’angélisme.
Eh bien non – comme tout le discours du lobby prostitueur, ce n’est qu’un nouvel artifice diabolique.
Regardez qui promeut l’utilisation de ce mot –
constatez que ce sont surtout les gens qui souhaitent profiter de la
normalisation du commerce du sexe.
En utilisant le mot déshonorant de « pute », le lobby de l’industrie du sexe dévoile ses vraies couleurs.
« Pute », c’est le mot qu’utilisent les hommes pour
déshumaniser les personnes prostituées en les réduisant à des
marchandises sexuelles à vendre, consommer et rejeter.
« Pute » est un mot qui place les personnes
prostituées dans un environnement où elles n’ont d’autre existence que
le fait d’être un objet baisable, sans passé et sans perspectives
d’avenir.
En d’autres termes, le mot pute sert à maintenir les
personnes prostituées dans leur condition – celle de savoir que leurs
vies sont sans valeur, si ce n’est d’accumuler encore plus d’argent pour
l’industrie du sexe.
Alors, qui manifeste ici une haine irrationnelle des
personnes prostituées – les abolitionnistes ou le lobby de la
prostitution ?
Qui facilite les millions de viols, de tortures et de meurtres des personnes prostituées ?
Qui s’enrichit à même l’interminable utilisation
d’hommes, de femmes et d’enfants ultra vulnérables et amochés pour
nourrir la cupidité sexuelle des prostitueurs ?
Si vous pensez que la faute en revient au mouvement
abolitionniste, c’est que vous fermez délibérément les yeux sur le mal
institutionnalisé qu’est l’industrie du sexe.
Cette industrie est hautement organisée et contrôle
depuis des siècles la plupart de l’exploitation sexuelle, qui cible
surtout des femmes.
Le commerce du sexe fonctionne en prétendant que tous ses éléments sont indépendants l’un de l’autre.
Que la pornographie dite d’amateurs est simplement
fabriquée par des couples, et non reliée à l’industrie du porno ou
exploitant des femmes prostituées.
Que le strip-tease n’a aucun lien avec la prostitution ou l’industrie du porno.
Que le porno n’utilise que des femmes adultes qui n’ont aucun lien avec la prostitution.
Que la prostitution pratiquée à l’intérieur est un
monde distinct de la prostitution de rue, que ces femmes ne changent
jamais de places.
On voit sans fin l’industrie du sexe se dire composée
de groupes distincts et isolés, alors qu’ils forment en réalité une
institution de profiteurs hautement organisée.
Être prostituée, c’est savoir que vous pouvez migrer à
tout moment vers n’importe quel secteur de l’industrie du sexe,
habituellement marqué par plus de violence.
Être prostituée, c’est savoir qu’il n’y a aucun
secteur sécuritaire dans l’industrie du sexe, parce que la violence
masculine y est à tout moment la norme.
La voilà donc, la haine flagrante des personnes prostituées – c’est l’essence même du fonctionnement de l’industrie du sexe.
Le lobby de la prostitution ne manque donc pas de
toupet quand il accuse de putophobie les abolitionnistes et les femmes
sorties du milieu – alors qu’il fonctionne lui-même comme une machine à
tuer.
Ce mot n’a donc aucun sens, car nous sauvons des vies et redonnons de l’espoir.Rebecca Mott
Version originale : http://rebeccamott.net/2015/12/14/whorephobic/
Traduction : TRADFEM
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