Ce billet traite de la façon dont les lobbyistes de
l’English Collective of Prostitutes (ECP) ne débattent pas réellement
lorsqu’elles parlent du modèle nordique, mais se contentent de manipuler
les auditoires et de diffuser de la propagande.
Je me concentrerai principalement sur la façon dont
elles utilisent ces prétendus débats pour infliger une violence
psychologique aux femmes sorties de la prostitution et saper leur
équilibre – surtout lorsque nous osons siéger à un panel avec elles.
J’écris ceci en guise d’avertissement, et comme
suggestion de façons de traiter leurs mensonges, leur propagande et leur
discours insensé.
J’écris ceci pour dire que nous devrions prendre des
précautions au sujet de débats avec des organisations qui permettent au
génocide des prostituées de demeurer invisible, surtout quand ces
personnes sont si peu nombreuses et qu’elles tiennent des propos tout à
fait trompeurs sur ce que c’est réellement que d’être prostituée.
Je vais répondre aux arguments et aux opinions
qu’elles répètent constamment, en vous prévenant que je trouve très
difficile de ne pas me montrer cynique ou glisser dans l’humour noir,
tant la majorité de ce qu’elles disent constitue un portrait
complètement inversé de ce qu’est la prostitution.
Je tenterai aussi d’atténuer ma fureur, mon sentiment
d’écœurement et mon envie de rigoler qui proviennent d’un lieu de
profonde douleur et de chagrin face à leurs arguments.
Mais au titre de femme sortie de ce milieu, je réagis
avec choc, colère et désespoir que l’ECP soit même considéré comme
suffisamment légitime partout dans les médias et dans la plupart des
débats gauchistes sur la prostitution et comme « représentante » des
femmes et des jeunes filles prostituées.
C’est comme si le Syndicat national des mineurs
tombait sous la coupe de Margaret Thatcher… En effet, l’ECP est la voix
des prostitueurs et des profiteurs de l’industrie du sexe ; c’est la
voix qui a constamment trahi les femmes prostituées et qui passe sous
silence toute la violence masculine infligée aux prostituées.
Par exemple, l’ECP répète constamment que la pauvreté est le seul facteur important à pousser les femmes à la prostitution.
Elles utilisent cela pour brosser un portrait qui
limite la responsabilité de la prostitution au gouvernement actuel et à
la récession en cours.
Elles refusent de discuter de la dimension nationale
de la traite, ou de toute forme de traite non liée à la pauvreté, ou des
violences sexuelles/mentales/physiques antérieures, ou aux pressions
subies de la part des pairs ou de tout autre facteur extérieur à la
seule pression économique pour amener les femmes vers l’industrie du
sexe.
Elles ne semblent pas valider de lien entre la traite
nationale et la prostitution d’adolescentes ; elles affirment plutôt
qu’il s’agit d’exploitation sexuelle d’enfants et que l’on ne devrait
jamais y reconnaître de la prostitution.
Et cela même lorsque les filles sont recrutées dans
la prostitution, payées pour être baisées par une foule d’inconnus. Même
quand elles sont clairement sous le joug de proxénètes, l’ECP refuse
que l’on parle de prostitution.
Bref, l’ECP s’en tient à une définition extrêmement étroite de la traite menant à la prostitution.
Habituellement, il s’agit d’un transit d’un pays
pauvre vers un pays riche, et dans des conditions d’extrême violence
mentale, sexuelle et physique à laquelle sont assujetties les femmes.
Cette image de la traite est si étroite qu’elle
exclut énormément de femmes et de jeunes filles amenées par la traite à
l’industrie du sexe.
Mais, même dans cette version étriquée de la traite,
l’ECP ne parle pas dans une perspective de compassion ou d’empathie,
mais s’en sert comme d’un outil pour attaquer tout projet de changement
du statu quo dans l’industrie du sexe.
L’ECP affirme que la traite est rare et qu’elle est
utilisée comme excuse pour chasser du pays d’accueil des immigrantes et
des immigrants, dans une perspective raciste.
Il faut garder à l’esprit que l’ECP adore
culpabiliser le public, ce qui fait souvent le succès de cet argument,
même en l’absence de faits pour l’étayer.
Comme aucun gauchiste et aucun progressiste ne
veulent être taxés de racistes, il suffit d’une suggestion à cet effet
pour convaincre le public d’abandonner toute lucidité et tout esprit
critique.
Qui a besoin de faits ou de preuves, lorsqu’il suffit de culpabiliser les gens ?
Un autre argument classique de l’ECP est d’ignorer
totalement toute suggestion selon laquelle la cause et la racine des
dommages causés aux prostituées est la violence masculine, en
particulier la violence des prostitueurs.
L’ECP prétend que la violence masculine est rare, et
que si les femmes prostituées avaient plus de contrôle, elles pourraient
identifier les hommes dangereux et les rejeter.
Wow, sacré fantasme… – plus probablement la voix authentique des prostitueurs et des profiteurs de l’industrie du sexe.
Les prostitueurs veulent faire croire qu’ils sont respectueux envers les prostituées et qu’ils ne les violenteraient jamais.
Les prostitueurs mentent comme ils respirent.
La plupart d’entre eux savent qu’ils paient pour être aussi violents qu’ils le veulent sans subir de conséquences.
Les prostitueurs savent qu’ils sont des violeurs ;
ils sont conscients de ne pas se soucier du fait que les prostituées ne
peuvent pas réellement consentir – ils s’en foutent complètement.
L’ECP prétend que les prostitueurs signaleraient les
situations de traite des femmes et de prostitution de mineures s’ils ne
craignaient pas d’être considérés comme des criminels.
Ha ! Voilà vraiment encore un fantasme tordu.
Les prostitueurs s’en foutent si les prostituées sont
couvertes de blessures, si elles sont manifestement en état de
dissociation, si elles ont une foule de traces de toxicomanie, si elles
sont sous le contrôle d’un « pimp » ou si elles sont manifestement
mineures.
Non, la plupart des prostitueurs sont ravis de baiser
une prostituée qui est manifestement en difficulté, sans accès à des
conditions de sécurité, ignorantes de la langue du pays, ou très jeunes,
ce qui permet à l’homme de prétendre être le premier.
Les prostitueurs veulent ressentir ce pouvoir, ils
veulent briser les prostituées, leur faire ce qu’ils aimeraient faire à
« de vraies femmes », car tous les prostitueurs déshumanisent la
prostituée pour en faire leur poupée porno.
C’est ce que l’ECP refuse que l’on voie et que l’on sache.Personnellement, je déteste l’ECP et tout ce que ce groupe représente.
Il m’a fallu beaucoup expérimenter leur violence
psychologique, leur propagande en faveur de l’industrie du sexe et leur
présentation des femmes sorties du milieu comme sous-humaines, pour que
j’en arrive à ce lieu de haine.
L’ECP n’a rien d’innocent, car il facilite cette
destruction des femmes prostituées ; il constitue une part importante du
problème.
Tant que l’ECP relaie le discours des prostitueurs et
des profiteurs sexuels, ce groupe permet que se poursuive le génocide
des femmes prostituées.
C’est impardonnable.Version originale : https://rebeccamott.net/2017/04/24/ecp-dont-do-debates/
Traduction : TRADFEM
Un deuxième volet de cette réflexion est affiché sur TRADFEM sous le titre « Rebecca Mott : Autres réflexions à propos des mensonges de l’English Collective of Prostitutes (ECP) »
Commentaires
Enregistrer un commentaire