Un militant nous a adressé ce très bon document
trouvé le web fin juillet 2014. Nous avons réussi à en contacter
l’auteure qui a bien voulu que nous republions ici sa version Scribd en
format WordPress. Qu’elle en soit vivement remerciée et félicitée pour
son excellent travail !
L’équipe de Ressources Prostitution.I Qui est le STRASS ?
(article écrit en avril 2013 ; revu en juillet 2014)
Histoire et relation avec d’autres organismes
Le STRASS (Syndicat du Travail Sexuel) est une
association loi de 1901 créée en 2009 lors des Assises européennes de la
Prostitution1. Selon son site web, son objectif affiché est de défendre
« toute personne amenée à échanger un service de nature sexuelle
moyennant contrepartie et de toute personne salariée ou indépendante ou
travaillant pour son propre compte exerçant une activité liée à la
sexualité2 ». Sous ce dénominateur commun se regroupent principalement
des prostitué-e-s et des acteurs et actrices de pornographie3. Le STRASS
revendiquait en 2011, 462 adhérent·e·s4. Ceux-ci ne sont pas
nécessairement des « travailleur·se·s du sexe », bien que seul·e·s ces
dernier·e·s puissent voter en assemblée générale2.
A l’origine du STRASS se trouve un groupe intitulé « les Putes » fondé en 2006 par Thierry Schaffauser, alias Zezetta Star, et Jean-François Poupel, alias Maîtresse Nikita5.
A l’origine du STRASS se trouve un groupe intitulé « les Putes » fondé en 2006 par Thierry Schaffauser, alias Zezetta Star, et Jean-François Poupel, alias Maîtresse Nikita5.
Dès le départ, le groupe « les Putes », puis le
« STRASS », fut étroitement lié à l’association Act-Up. Presque tous les
membres du collectif « les Putes » ont fait leurs classes militantes au
sein de cette association de lutte contre le sida, notamment les deux
co-fondateurs5. Encore aujourd’hui, le siège social du STRASS se situe
dans les locaux d’Act-Up2 et la majorité des communiqués de presse du
STRASS sont également signés par Act-Up6. Enfin, la plupart des
manifestations ou événements du STRASS sont également organisés en
collaboration avec Act-Up7.
Le STRASS appartient également au collectif « 8 mars
pour toutes », aux côtés d’associations dont il est proche9 : des
associations féministes non abolitionnistes (TumulTueuses, Mouvement
français pour le planning familial…), des associations de lutte contre
le sida (Act-Up, Aides…), des associations de santé communautaire
(Grisélidis, Cabiria,…) ou encore des associations LGBT (Etudions
Gayment, Acceptess). On retrouve également dans les rangs de ce
collectif le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste).
En ce qui concerne les partis politiques, le STRASS
reçoit des soutiens essentiellement d’élu·e·s des Verts (à présent :
Europe Ecologie Les Verts, EELV). Anne Souyris a un temps hébergé le
siège social du STRASS à son adresse personnelle et une sénatrice des
Verts leur a ouvert les portes du Sénat lors des « assises de la
prostitution 2010 »10. Plus récemment, on apprenait que le STRASS était
bénéficiaire de la réserve parlementaire 2013 d’Esther Benbassa,
sénatrice EELV11.
A l’inverse, le STRASS s’oppose au mouvement
abolitionniste, militant pour l’abolition de la prostitution. Les
abolitionnistes sont principalement des féministes considérant que la
prostitution est une violence masculine faites aux femmes. En France,
dans le milieu associatif, l’abolitionnisme est principalement
représenté par le Mouvement du Nid, l’Amicale du Nid, la Fondation
Scelles, ou encore des organisations féministes comme le Lobby Européen
des Femmes ou OLF (Osez le féminisme). L’ensemble de ces associations
abolitionnistes sont regroupées dans le collectif Abolition 2012. Dès
2007, « les Putes » exigeaient l’ « abolition du Mouvement du Nid »,
affirmant que cette association était favorable à la loi sur la sécurité
intérieure, et que les abolitionnistes étaient des « cathos
intégristes »12.
Le STRASS apparait donc comme une émanation d’Act-Up, ayant pour objectif principal de lutter contre les mouvements abolitionnistes.
Les représentants du STRASSLe STRASS apparait donc comme une émanation d’Act-Up, ayant pour objectif principal de lutter contre les mouvements abolitionnistes.
Les membres fondateurs des « Putes », l’ancêtre du
STRASS sont Thierry Schaffauser et Maîtresse Nikita. Ils ont coécrit
Fières d’être Putes, paru en 2007. Maîtresse Nikita a été trésorière du
STRASS de 2009 à 2011(13). Thierry Schaffauser a été, quant à lui,
responsable des relations internationales du STRASS de 2009 à 2011(13).
Il vit à Londres depuis 2007(14), et est devenu en 2009(15) président de
la section « divertissement pour adulte » du troisième syndicat du
Royaume-Uni, le GMB. Cette section, censée représenter les
prostitué·e·s, les strip-teaseur·se·s, les acteurs et actrices pornos,
et autres « travailleur·se·s du sexe, a été créée en 2002(17). Elle
travaille en étroite collaboration avec une autre organisation, l’IUSW
(International Union of Sex Workers). Bien qu’il s’agisse officiellement
d’entités distinctes, l’IUSW et la section du GMB sont quasi
indistinguables l’une de l’autre(17). Thierry Schaffauser a été membre
de l’IUSW, mais en a été renvoyé fin 2011 pour avoir exprimé des
réticences sur la forte influence des clients et des proxénètes dans
cette organisation(17,18). Il aurait aussi quitté la section du GMB(17).
En avril 2013 Thierry Schaffauser a annoncé sa candidature aux
élections municipales dans le 17ème arrondissement de Paris, sous
l’étiquette EELV.
Depuis juin 2011, l’équipe du STRASS est la suivante 4 (c’est ce qui était indiqué sur le site du STRASS en avril 2013. En juillet 2014, la page sur l’équipe du STRASS est en construction)
Depuis juin 2011, l’équipe du STRASS est la suivante 4 (c’est ce qui était indiqué sur le site du STRASS en avril 2013. En juillet 2014, la page sur l’équipe du STRASS est en construction)
Ayant débuté dans la prostitution en 2009, à l’âge de
23 ans, Morgane Merteuil a rejoint le STRASS au printemps 2011(19).
Cécile Lhuillier, vice-présidente d’Act-Up, considère que son arrivée a
redynamisé l’association 19. Elle a publié un pamphlet contre le
féminisme abolitionniste en septembre 2012 intitulé Libérez le féminisme
20.
Tiphaine Besnard se décrit sur Rue89 comme
« éducatrice sexuelle, auteure, performeuse »21. Diplômée d’un master
d’histoire et de civilisations comparées, elle a publié un livre sur la
prostitution au XIXème siècle22.
Maîtresse Gilda était déjà présente dans le groupe « les Putes » où elle s’occupait notamment du site-web23. Elle a commencé à se prostituer en 1994, mais le personnage de Gilda – une dominatrice SM travestie – n’est apparu qu’en 200724.
On note dans cette équipe des personnes issues d’autres associations. Ainsi Cornelia Schneider est aussi la fondatrice de Support Transgenre Strasbourg, une association défendant les droits des transgenres25. Isabelle Schweiger, quant à elle, est l’ex co-directrice de Grisélidis26.
Portes parolesMaîtresse Gilda était déjà présente dans le groupe « les Putes » où elle s’occupait notamment du site-web23. Elle a commencé à se prostituer en 1994, mais le personnage de Gilda – une dominatrice SM travestie – n’est apparu qu’en 200724.
On note dans cette équipe des personnes issues d’autres associations. Ainsi Cornelia Schneider est aussi la fondatrice de Support Transgenre Strasbourg, une association défendant les droits des transgenres25. Isabelle Schweiger, quant à elle, est l’ex co-directrice de Grisélidis26.
Reste du Conseil d’Administration
Trésorière
Secrétaire générale
Morgane Merteuil
Nicole Simovie
Tatiana M.
Cornelia Schneider
Chloé N.
Maitresse Gilda
Samantha
Manon
Maitresse Gilda
Tiphaine Besnard
Isabelle Schweiger
1. A propos du STRASS. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. Available at : http://site.strass-syndicat.org/about/. Accessed March 18, 2013.
2. Statuts. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. Available at : http://site.strass-syndicat.org/about/statuts/. Accessed March 18, 2013.
3. Tête haute. Act Up-Paris. 2009. Available at : http://www.actupparis.org/spip.php?article3716. Accessed May 9, 2013.
4. Une nouvelle équipe pour le STRASS. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. 2011. Available at : http://site.strass-syndicat.org/2011/06/une-nouvelle-equipe-pour-le-strass-2/. Accessed March 19, 2013.
5. Maîtresse Nikita, Schaffauser T. Fières d’être putes. L’Altiplano. 2007. Available at : http://www.laltiplano.fr/ouvrages/fieresdetreputes.php. Accessed March 18, 2013.
6. Communiqués de presse. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. Available at : http://site.strass-syndicat.org/category/communique/. Accessed March 18, 2013.
7. Actions. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. Available at : http://site.strass-syndicat.org/category/actions/. Accessed March 19, 2013.
8. CP du Strass : « Quand le PCF fait taire et exclut les travailleurSEs du sexe ». Collectif Droits & Prostitution. 2012. Available at : http://droitsetprostitution.wordpress.com/2012/10/03/cp-du-strass-quand-le-pcf-fait-taire-et-exclut-les-travailleurses-du-sexe/. Accessed March 19, 2013.
9. 8 mars pour TOUTES ! Act Up-Paris. 2012. Available at : http://www.actupparis.org/spip.php?article4774. Accessed April 27, 2013.
10. Feu « Verts » au proxénétisme ! Lettre ouverte du Mouvement du Nid aux Verts. Mouvement du Nid. 2010. Available at : http://www.mouvementdunid.org/Feu-Verts-au-proxenetisme-Lettre. Accessed March 19, 2013.
11. Réserve parlementaire 2013 : solidarité, culture et transparence. Esther Benbassa. 2013. Available at : http://estherbenbassa.eelv.fr/reserve-parlementaire-2013-solidarite-culture-et-transparence/. Accessed March 19, 2013.
12. Le Pastt et les Putes exigent l’abolition du Mouvement du Nid. L’En Dehors. 2007. Available at : http://endehors.net/news/le-pastt-et-les-putes-exigent-l-abolition-du-mouvement-du-nid. Accessed March 19, 2013.
13. Une nouvelle équipe pour le STRASS. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel. 2009. Available at : http://site.strass-syndicat.org/2009/12/une-nouvelle-equipe-pour-le-strass/. Accessed March 25, 2013.
14. Profil de Thierry Schaffauser. Minorité. Available at : http://www.minorites.org/index.php/membre/4-auteurs/profil-thierry+schaffauser-2516.html. Accessed April 25, 2013.
15. Schaffauser T. La syndicalisation des travailleur·ses du sexe. Contretemps. 2011. Available at : http://www.contretemps.eu/interventions/syndicalisation-travailleur%C2%B7ses-sexe. Accessed April 25, 2013.
16. Schaffauser T. Sex workers bring good to the Labour movement. Blog de Thierry Schaffauser. 2012. Available at : http://thierryschaffauser.wordpress.com/2012/02/17/sex-workers-bring-good-to-the-labour-movement/. Accessed April 25, 2013.
17. Bindel J. Prostitution en Grande-Bretagne – Un bien étrange syndicat au service des proxénètes. Sisyphe. http://sisyphe.org/spip.php?article4409. Published April 26, 2013.
18. Schaffauser T. IUSW fired me. Blog de Thierry Schaffauser. 2011. Available at : http://thierryschaffauser.wordpress.com/2011/11/11/iusw-fired-me/. Accessed April 24, 2013.
19. Girard Q. Elle travaille aux corps. Libération. http://www.liberation.fr/societe/01012375851-elle-travaille-aux-corps. Published December 6, 2011. Accessed March 19, 2013.
20. Girard Q. Le féminisme « prosexe, proporno, proputes » de Morgane Merteuil. Next Liberation. http://next.liberation.fr/sexe/2012/09/04/le-feminisme-prosexe-proporno-proputes-de-morgane-merteuil_843615. Published December 4, 2012. Accessed March 25, 2013.
21. La page de Tiphaine Besnard. Rue89. Available at : http://riverains.rue89.com/tiphaine-besnard. Accessed March 19, 2013.
22. Besnard T. Les prostituées à la Salpêtrière et dans le discours médical (1850-1914) : Une folle débauche. Editions L’Harmattan ; 2010.
23. Carré J-M. Travailleu(r)ses du sexe. Editions du Seuil ; 2010.
24. Sulzer A. Pour Gilda, le Strass c’est pas du toc. 20 minutes. http://www.20minutes.fr/paris/317609-Paris-Pour-Gilda-le-Strass-c-est-pas-du-toc.php. Published April 3, 2009. Accessed March 25, 2013.
25. Trans’ : une fausse avancée, une interview de Cornelia Schneider. NPA. 2010. Available at : http://www.npa2009.org/content/trans%E2%80%99-une-fausse-avanc%C3%A9e-une-interview-de-cornelia-schneider. Accessed March 19, 2013.
26. Schweiger I. Droit et législation. Association prostitution Griselidis Toulouse. Available at : http://griselidis.com/joom/droit-et-l%C3%A9gislation/75-mobile-police-justice.html. Accessed March 19, 2013.
II Négation des violences dans la prostitution
Dénoncer les violences, c’est les perpétuer.
Si une chose frappe au premier abord dans le discours
du STRASS, c’est cette affirmation surprenante : les abolitionnistes
seraient les principaux responsables de la mort des prostitué·e·s.
En 2010, déjà, Maîtresse Nikita et Thierry
Schaffauser n’hésitaient pas à désigner les abolitionnistes comme
responsables de ce que les prostitué·e·s subissent, et leur
conseillaient par ailleurs de taire la violence vécue dans la
prostitution1 : « Lorsque les médias nous demandent des témoignages sur
notre vécu, il est plus intéressant de refuser de parler de ce que nous
avons subi pour ne parler que de ce qu’on nous fait subir, et donc
désigner les responsables de la putophobie : les abolitionnistes, la
police, les gouvernements etc. »
Sur le site web du STRASS, on peut lire un communiqué
intitulé « Les discours abolitionnistes : première cause de mort chez
les putes ! »2. Ce communiqué affirme – alors que pour le moment, aucune
loi abolitionniste n’a été définitivement votée, et encore moins
appliquée – que la situation des prostitué·e·s se dégrade du fait des
politiques abolitionnistes. En réalité, le STRASS n’hésite pas à faire
de la désinformation en prétendant que les abolitionnistes sont
favorables à la criminalisation des personnes prostituées, et en
amalgamant les positions abolitionnistes et prohibitionnistes. On peut
par exemple lire sur le site du STRASS : « nous ne nous définissons pas
non plus abolitionnistes, car ce courant a été récupéré et dévoyé par
des prohibitionnistes »3 ou encore que « les politiques sécuritaires,
anti-migration abolitionnistes / prohibitionnistes criminalisent les
personnes prostituées et les migrant-e-s. »4. Enfin, le STRASS parle de
« féministes prohibitionnistes »5.
Mais non contentes de « tuer les putes » en
favorisant supposément leurs agressions et leur contamination au VIH,
les abolitionnistes accompliraient leur méfait par un autre biais
encore : en… dénonçant les agressions et les violences à l’égard des
prostitué·e·s (!)
Cet argument orwellien – dénoncer les violences,
c’est les perpétuer – était déjà avancé à l’époque des « Putes »,
ancêtre du STRASS. Ainsi, ce groupe écrivit en 2006 à propos de
Marie-Victoire Louis, une chercheuse abolitionniste au CNRS6 :
C’est à cause de discours comme le sien que les
hommes peuvent se permettre de réduire les travailleuSEs du sexe à des
corps appropriables. Ils ne font là que reprendre son discours et le
mettre en pratique quand ils se permettent des violences à notre égard.
[…]
Elle est responsable de notre fragilité et du manque
de prévention face au sida et autres IST. Marie Victoire Louis n’est
qu’une PUTOPHOBE CRIMINELLE !
Morgane Merteuil le reprend dans une partie intitulée
pompeusement « Performativité des discours stigmatisants » de son livre
Libérez le féminisme7 :
Ce qui je crois me met le plus en colère lorsque
j’entends des « féministes » anti-putes réciter leur propagande selon
laquelle la prostitution est une atteinte à la dignité de la femme,
qu’en vendant des services sexuels on commet l’irréparable, que le
principe même de la prostitution est de faire des femmes de vulgaires
objets sexuels, ce n’est pas simplement que ces considérations
superficielles font abstraction de la complexité de la réalité telle que
nous, putes, pouvons la vivre. C’est qu’à force d’asséner de telles
contre-vérités, elles contribuent à les faire exister. Sans ces discours
qui dévalorisent systématiquement les prostituées y aurait-t-il autant
de femmes qui vivraient mal leur activité ? (p.94-95)
Plus loin, elle conclut suite au témoignage d’une jeune femme prostituée lui ayant dit qu’elle avait été traitée comme un objet sexuel par ses clients :
Plus loin, elle conclut suite au témoignage d’une jeune femme prostituée lui ayant dit qu’elle avait été traitée comme un objet sexuel par ses clients :
Parce que [les féministes anti-prostitution]
propagent des discours selon lesquels être pute, c’est n’être rien
d’autre qu’un objet sexuel qui ne mérite pas le respect et ne peut que
subir les désirs des clients, elles créent ces réalités. (p.100)
Nous passerons sur le fait qu’elle déforme complètement les discours abolitionnistes : aucun·e abolitionniste ne prétendra jamais qu’un·e prostitué·e ne mérite pas d’être respecté·e !
Nous passerons sur le fait qu’elle déforme complètement les discours abolitionnistes : aucun·e abolitionniste ne prétendra jamais qu’un·e prostitué·e ne mérite pas d’être respecté·e !
En résumé : les féministes abolitionnistes, en
dévoilant et condamnant les violences des clients prostitueurs,
influencent ces derniers et les poussent à la violence. Dans ce cas,
pourquoi le STRASS n’accuse-t-il pas non plus les féministes de viol ?
En effet, selon la même logique, elles sont les premières responsables
de cette violence, puisque ce sont principalement elles qui dénoncent
les violences sexuelles et leurs conséquences. Ne les perpétuent-elles
donc pas alors ?… Ne donnent-elles pas des idées aux hommes misogynes ?
L’analyse par de Morgane Merteuil du phénomène des prophéties
auto-réalisatrices semble visiblement s’arrêter au domaine de la
prostitution. On notera cependant qu’elle considère comme « bourgeoise »
l’idée selon laquelle un viol est plus traumatisant qu’une agression
physique (Libérez le féminisme, p.93 et 101)7 … ce qui est pourtant un
simple fait médical8 !
Mais peu importe l’irrationalité du propos : sur
Twitter et les autres réseaux sociaux, l’affirmation « les abolos tuent
les putes » est martelée comme un leitmotiv.
Mais non contentes de « tuer les putes » en
favorisant supposément leurs agressions et leur contamination au VIH,
les abolitionnistes accompliraient leur méfait par un autre biais
encore : en… dénonçant les agressions et les violences à l’égard des
prostitué·e·s (!)
Cet argument orwellien – dénoncer les violences,
c’est les perpétuer – était déjà avancé à l’époque des « Putes »,
ancêtre du STRASS. Ainsi, ce groupe écrivit en 2006 à propos de
Marie-Victoire Louis, une chercheuse abolitionniste au CNRS6 :
C’est à cause de discours comme le sien que les
hommes peuvent se permettre de réduire les travailleuSEs du sexe à des
corps appropriables. Ils ne font là que reprendre son discours et le
mettre en pratique quand ils se permettent des violences à notre égard.
[…]
Elle est responsable de notre fragilité et du manque
de prévention face au sida et autres IST. Marie Victoire Louis n’est
qu’une PUTOPHOBE CRIMINELLE !
Morgane Merteuil le reprend dans une partie intitulée
pompeusement « Performativité des discours stigmatisants » de son livre
Libérez le féminisme7 :
Ce qui je crois me met le plus en colère lorsque
j’entends des « féministes » anti-putes réciter leur propagande selon
laquelle la prostitution est une atteinte à la dignité de la femme,
qu’en vendant des services sexuels on commet l’irréparable, que le
principe même de la prostitution est de faire des femmes de vulgaires
objets sexuels, ce n’est pas simplement que ces considérations
superficielles font abstraction de la complexité de la réalité telle que
nous, putes, pouvons la vivre. C’est qu’à force d’asséner de telles
contre-vérités, elles contribuent à les faire exister. Sans ces discours
qui dévalorisent systématiquement les prostituées y aurait-t-il autant
de femmes qui vivraient mal leur activité ? (p.94-95)
Plus loin, elle conclut suite au témoignage d’une jeune femme prostituée lui ayant dit qu’elle avait été traitée comme un objet sexuel par ses clients :
Plus loin, elle conclut suite au témoignage d’une jeune femme prostituée lui ayant dit qu’elle avait été traitée comme un objet sexuel par ses clients :
Parce que [les féministes anti-prostitution]
propagent des discours selon lesquels être pute, c’est n’être rien
d’autre qu’un objet sexuel qui ne mérite pas le respect et ne peut que
subir les désirs des clients, elles créent ces réalités. (p.100)
Nous passerons sur le fait qu’elle déforme complètement les discours abolitionnistes : aucun·e abolitionniste ne prétendra jamais qu’un·e prostitué·e ne mérite pas d’être respecté·e !
Nous passerons sur le fait qu’elle déforme complètement les discours abolitionnistes : aucun·e abolitionniste ne prétendra jamais qu’un·e prostitué·e ne mérite pas d’être respecté·e !
En résumé : les féministes abolitionnistes, en
dévoilant et condamnant les violences des clients prostitueurs,
influencent ces derniers et les poussent à la violence. Dans ce cas,
pourquoi le STRASS n’accuse-t-il pas non plus les féministes de viol ?
En effet, selon la même logique, elles sont les premières responsables
de cette violence, puisque ce sont principalement elles qui dénoncent
les violences sexuelles et leurs conséquences. Ne les perpétuent-elles
donc pas alors ?… Ne donnent-elles pas des idées aux hommes misogynes ?
L’analyse par de Morgane Merteuil du phénomène des prophéties
auto-réalisatrices semble visiblement s’arrêter au domaine de la
prostitution. On notera cependant qu’elle considère comme « bourgeoise »
l’idée selon laquelle un viol est plus traumatisant qu’une agression
physique (Libérez le féminisme, p.93 et 101)7 … ce qui est pourtant un
simple fait médical8 !
Mais peu importe l’irrationalité du propos : sur
Twitter et les autres réseaux sociaux, l’affirmation « les abolos tuent
les putes » est martelée comme un leitmotiv.
A l’inverse, le STRASS ne dit pas un mot sur le rôle des clients ou des
proxénètes dans les violences que subissent les prostituées. Morgane
Merteuil dira lors d’une interview : « La plupart du temps, je suis
mieux traitée par mes clients que par les féministes
abolitionnistes ! »9 ou encore « [Nos clients] sont bien plus
respectueux envers nous que les féministes abolitionnistes »10. Quand
une militante abolitionniste, Christine le Doaré, lui fera remarquer sur
Twitter que clients et proxénètes sont les premiers coupables de
violence sur les personnes prostituées, Morgane Merteuil lui rétorquera
simplement « Ta gueule ».
Or plusieurs enquêtes montrent que les clients sont
bien les principales sources de violences : insultes, viols,
meurtres…11–13, et notamment dans les situations où les prostituées
refusent de répondre à certaines demandes14. Alors que le STRASS accuse
régulièrement les abolitionnistes d’être responsables de la
contamination au VIH, pas un mot n’est dit sur les clients, pourtant
régulièrement demandeurs de rapports non protégés15, et n’hésitant pas
parfois à être violents pour en obtenir16,17.
Ainsi donc le STRASS tait la violence des clients et
des proxénètes ; quand il admet son existence, il en impute la
responsabilité aux abolitionnistes, qui influenceraient par leur
discours le comportement des prostitué·e·s et des clients. A cause des
discours abolitionnistes, les prostitué·e·s ne seraient plus en mesure
de poser leurs limites, et les clients, quant à eux, adopteraient une
vision négative de ces dernièr·e·s et se permettraient alors des
violences à leurs égards. Enfin, les abolitionnistes seraient aussi
responsables de la violence des proxénètes, puisque l’abolitionnisme
favoriseraient la clandestinité des prostitué·e·s et les exposeraient
ainsi à l’exploitation.
Négation de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle
Négation de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle
Ce que l’on appelle traite des êtres humains a été définie dans l’alinéa a) du Protocole de Palerme de 200018 comme étant :
le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
Ce même alinéa précise que l’exploitation comprend
celle de la prostitution d’autrui. Le protocole de Palerme affirme par
ailleurs dans l’alinéa b) que le consentement d’une victime de la traite
des personnes à l’exploitation est « indifférent », ce qui signifie que
la traite est totalement interdite, même dans les cas où la victime y
« consentirait ».
L’une des constantes du discours du STRASS est de
nier l’ampleur de cette traite des êtres humains. Morgane Merteuil a
même consacré un Scoop-it entier à cette thématique19, et Thierry
Schaffauser a publié dans le Monde une tribune à ce sujet20. Schaffauser
nie aussi l’ampleur de la traite en Allemagne quand il dit qu’elle
compte moins de 1% de victimes de la traite21,22. Sa source : un forum
de « travailleur·se·s du sexe » autrichien22. A l’inverse, un rapport de
police rendu public en 2010 a signalé une explosion du trafic d’êtres
humains23.
Comment le STRASS en vient-il à ces conclusions ? La
fondation Scelles note, à propos de la tribune de Schaffauser parue dans
le Monde, qu’il cite comme source « scientifique » un rapport mené par
des militantes suédoises luttant depuis des années pour la légalisation
de la prostitution, et financé par cinq groupes néerlandais et un
autrichien, provenant donc de pays réglementaristes où le proxénétisme
est autorisé24.
Par ailleurs, les représentant·e·s du STRASS tiennent
aussi le raisonnement suivant : selon eux, les personnes trafiquées
sont le plus souvent de simples « migrantes », parties en Europe dans le
but de trouver du travail – en l’occurrence ici du « travail
sexuel »25. En outre, il serait condescendant et paternaliste de
présumer victime toute prostituée étrangère26. Parmi les cautions
intellectuelles de ce genre de discours se trouve l’anthropologue Laura
Agustin. Plusieurs de ses articles, publiés sur son blog The Naked
Anthropologist27, sont répertoriés dans le Scoop-it de Morgane Merteuil.
Agustin explique que les femmes trafiquées ont des
avantages à l’être. Ainsi elle dit en parlant de celles enfermées dans
des appartements pendant plusieurs mois pour y être prostituées :
Ces circonstances où les femmes vivent dans des
établissements du sexe et les quittent rarement avant d’être amenées
ailleurs, sans qu’on le leur demande, reçoivent beaucoup d’attention
dans les médias et il est pris pour acquis que cela comporte un déni
complet de liberté. Mais dans de nombreux cas, les travailleuses
migrantes préfèrent cet arrangement pour diverses raisons. En ne
quittant pas la région, elles ne gaspillent pas d’argent et, si elles
n’ont pas de permis de travail, elles se sentent plus en sécurité dans
un environnement contrôlé. Si quelqu’un d’autre trouve les lieux de
rencontre pour elles et prend leurs rendez-vous, cela signifie qu’elles
n’ont pas à le faire elles-mêmes. Si elles sont venues au pays sur la
base d’un visa touristique de trois mois, elles veulent consacrer autant
de temps que possible à gagner de l’argent.28
Un autre avantage des femmes trafiquées serait celui
de se prostituer pour payer les dettes qu’elles doivent à leurs
proxénètes… autrement dit d’avoir la chance inouïe de fournir ce qu’on
appelle un « travail servile », et donc d’être en situation de servitude
pour dettes29 ! Doit-on préciser que la servitude pour dettes – le fait
de devoir rembourser une dette en travaillant directement plutôt
qu’avec de l’argent ou des biens – est considérée comme de l’esclavage
par la majorité des pays, ainsi que par les conventions
internationales30, et qu’elle est théoriquement abolie dans le monde
entier ? Malgré ces considérations, Agustin relativise la violence du
travail servile, considérant que le terme « servitude pour dettes »
(debt bondage en anglais) est connoté trop négativement, et en arguant
qu’après tout, beaucoup d’Américain·e·s sont eux-mêmes endetté·e·s – et
que donc leur situation est comparable à celle des femmes trafiquées31.
Elle omet par ailleurs de préciser que dans le cas précis de la
servitude pour dettes, le travail accompli représente toujours une
valeur supérieure à celle de l’emprunt initial32. En France et dans les
autres pays européens, la grande majorité des prostituées nigérianes
sont soumises à ce type d’esclavage33. Ces femmes sont emmenées en
Europe, puis on leur dit qu’elles doivent payer leur voyage : le
proxénète leur réclame une somme exorbitante, de l’ordre de 50 et 70 000
euros34, bien supérieure au prix réel du voyage du Nigéria en Europe
(qui coûte de 1000 à 3000 euros). Cette dette doit être payée en se
prostituant, à savoir en subissant plusieurs rapports sexuels non
désirés par jour. Des pressions énormes sont mises sur les femmes
prostituées pour qu’elles remboursent, avec parfois menaces de mort à la
clé. Pourtant, Agustin écrit sur son blog31 :
La question n’est pas de savoir si les dettes sont
totalement bonnes ou totalement mauvaises, mais de voir qu’elles
existent partout, et que, oui, son asservissement est souvent considéré
comme regrettable, mais comme acceptable – quelque chose dont le
remboursement nécessitera de se battre, et qui fait partie d’une vie
normale. C’est ce que pensent la plupart des migrants à propos des
dettes qu’ils contractent pour voyager et travailler à l’étranger.
Morgane Merteuil reprend à son compte cette analyse relativiste sur la servitude pour dettes, quand, en mai 2012, elle déclare sur le forum du Parti Pirate26 :
Des personnes font appel à des réseaux de passeurs, envers qui elles contractent une dette ; arrivées en France, l’argent de leur passes sert notamment à rembourser cette dette et à envoyer du fric à leurs familles restées au pays. Je ne dis pas que c’est une situation "idéale", "enviable", mais cette personne n’est pas pour autant une victime de traite ou d’exploitation. En général, si tout se passe bien, une fois que la personne a remboursé sa dette, elle est "libre" (et si son "mac" refuse, elle devrait pouvoir porter plainte, sauf que, comme elle est venue illégalement en France, si elle va voir la police elle risque en réalité de se faire expulser).
Morgane Merteuil reprend à son compte cette analyse relativiste sur la servitude pour dettes, quand, en mai 2012, elle déclare sur le forum du Parti Pirate26 :
Des personnes font appel à des réseaux de passeurs, envers qui elles contractent une dette ; arrivées en France, l’argent de leur passes sert notamment à rembourser cette dette et à envoyer du fric à leurs familles restées au pays. Je ne dis pas que c’est une situation "idéale", "enviable", mais cette personne n’est pas pour autant une victime de traite ou d’exploitation. En général, si tout se passe bien, une fois que la personne a remboursé sa dette, elle est "libre" (et si son "mac" refuse, elle devrait pouvoir porter plainte, sauf que, comme elle est venue illégalement en France, si elle va voir la police elle risque en réalité de se faire expulser).
Dans son post, Morgane Merteuil ne nie pourtant pas
que les prostituées étrangères sont souvent des esclaves, puisque sous
contrôle d’un « mac » qui peut choisir de les « libérer ». En dépit de
cela elle ne les considère ni trafiquées ni exploitées ! Pourquoi donc ?
Selon le STRASS, le fait que certaines prostituées
étrangères « consentiraient » à être trafiquées rendrait acceptable leur
condition. Thierry Schaffauser, reprenant les analyses d’Agustin35,
s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet sur le site Les Mots
Sont Importants36,37 :
La définition de la traite est assortie d’une
disposition qui affirme le caractère inopérant du consentement de la
victime de la traite à l’exploitation elle-même. Cette clause est
particulièrement importante en matière d’exploitation de la
prostitution : elle supprime en effet toute distinction entre
« prostitution forcée » et « prostitution volontaire ». La condition de
la contrainte n’est donc pas nécessaire pour définir une victime de la
traite et de fait, les politiques anti-traite pratiquent une
discrimination active contre les travailleuses du sexe migrantes en
refusant de prendre en compte leur volonté.
Il dit encore :
Il dit encore :
Il est précisé que le consentement de la victime est
indifférent lorsque l’un quelconque des moyens énoncés dans cet alinéa a
été utilisé. Ceci, pour les protéger des pressions. Cependant
l’indifférence quant au consentement de la victime est utilisée afin de
ne jamais avoir à écouter ce qu’elles ont à dire sur leur parcours,
quand bien même de nombreux-ses travailleurs-ses du sexe migrant-e-s
rejettent la qualification de victime.
Sur Twitter, aussi, il met en avant le concept de
« exploitation consentie » et tient à préciser qu’il s’agit d’autre
chose que du « travail forcé » :
Or plusieurs enquêtes montrent que les clients sont
bien les principales sources de violences : insultes, viols,
meurtres…11–13, et notamment dans les situations où les prostituées
refusent de répondre à certaines demandes14. Alors que le STRASS accuse
régulièrement les abolitionnistes d’être responsables de la
contamination au VIH, pas un mot n’est dit sur les clients, pourtant
régulièrement demandeurs de rapports non protégés15, et n’hésitant pas
parfois à être violents pour en obtenir16,17.
Ainsi donc le STRASS tait la violence des clients et
des proxénètes ; quand il admet son existence, il en impute la
responsabilité aux abolitionnistes, qui influenceraient par leur
discours le comportement des prostitué·e·s et des clients. A cause des
discours abolitionnistes, les prostitué·e·s ne seraient plus en mesure
de poser leurs limites, et les clients, quant à eux, adopteraient une
vision négative de ces dernièr·e·s et se permettraient alors des
violences à leurs égards. Enfin, les abolitionnistes seraient aussi
responsables de la violence des proxénètes, puisque l’abolitionnisme
favoriseraient la clandestinité des prostitué·e·s et les exposeraient
ainsi à l’exploitation.
Négation de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle
Négation de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle
Ce que l’on appelle traite des êtres humains a été définie dans l’alinéa a) du Protocole de Palerme de 200018 comme étant :
le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation.
Ce même alinéa précise que l’exploitation comprend
celle de la prostitution d’autrui. Le protocole de Palerme affirme par
ailleurs dans l’alinéa b) que le consentement d’une victime de la traite
des personnes à l’exploitation est « indifférent », ce qui signifie que
la traite est totalement interdite, même dans les cas où la victime y
« consentirait ».
L’une des constantes du discours du STRASS est de
nier l’ampleur de cette traite des êtres humains. Morgane Merteuil a
même consacré un Scoop-it entier à cette thématique19, et Thierry
Schaffauser a publié dans le Monde une tribune à ce sujet20. Schaffauser
nie aussi l’ampleur de la traite en Allemagne quand il dit qu’elle
compte moins de 1% de victimes de la traite21,22. Sa source : un forum
de « travailleur·se·s du sexe » autrichien22. A l’inverse, un rapport de
police rendu public en 2010 a signalé une explosion du trafic d’êtres
humains23.
Comment le STRASS en vient-il à ces conclusions ? La
fondation Scelles note, à propos de la tribune de Schaffauser parue dans
le Monde, qu’il cite comme source « scientifique » un rapport mené par
des militantes suédoises luttant depuis des années pour la légalisation
de la prostitution, et financé par cinq groupes néerlandais et un
autrichien, provenant donc de pays réglementaristes où le proxénétisme
est autorisé24.
Par ailleurs, les représentant·e·s du STRASS tiennent
aussi le raisonnement suivant : selon eux, les personnes trafiquées
sont le plus souvent de simples « migrantes », parties en Europe dans le
but de trouver du travail – en l’occurrence ici du « travail
sexuel »25. En outre, il serait condescendant et paternaliste de
présumer victime toute prostituée étrangère26. Parmi les cautions
intellectuelles de ce genre de discours se trouve l’anthropologue Laura
Agustin. Plusieurs de ses articles, publiés sur son blog The Naked
Anthropologist27, sont répertoriés dans le Scoop-it de Morgane Merteuil.
Agustin explique que les femmes trafiquées ont des
avantages à l’être. Ainsi elle dit en parlant de celles enfermées dans
des appartements pendant plusieurs mois pour y être prostituées :
Ces circonstances où les femmes vivent dans des
établissements du sexe et les quittent rarement avant d’être amenées
ailleurs, sans qu’on le leur demande, reçoivent beaucoup d’attention
dans les médias et il est pris pour acquis que cela comporte un déni
complet de liberté. Mais dans de nombreux cas, les travailleuses
migrantes préfèrent cet arrangement pour diverses raisons. En ne
quittant pas la région, elles ne gaspillent pas d’argent et, si elles
n’ont pas de permis de travail, elles se sentent plus en sécurité dans
un environnement contrôlé. Si quelqu’un d’autre trouve les lieux de
rencontre pour elles et prend leurs rendez-vous, cela signifie qu’elles
n’ont pas à le faire elles-mêmes. Si elles sont venues au pays sur la
base d’un visa touristique de trois mois, elles veulent consacrer autant
de temps que possible à gagner de l’argent.28
Un autre avantage des femmes trafiquées serait celui
de se prostituer pour payer les dettes qu’elles doivent à leurs
proxénètes… autrement dit d’avoir la chance inouïe de fournir ce qu’on
appelle un « travail servile », et donc d’être en situation de servitude
pour dettes29 ! Doit-on préciser que la servitude pour dettes – le fait
de devoir rembourser une dette en travaillant directement plutôt
qu’avec de l’argent ou des biens – est considérée comme de l’esclavage
par la majorité des pays, ainsi que par les conventions
internationales30, et qu’elle est théoriquement abolie dans le monde
entier ? Malgré ces considérations, Agustin relativise la violence du
travail servile, considérant que le terme « servitude pour dettes »
(debt bondage en anglais) est connoté trop négativement, et en arguant
qu’après tout, beaucoup d’Américain·e·s sont eux-mêmes endetté·e·s – et
que donc leur situation est comparable à celle des femmes trafiquées31.
Elle omet par ailleurs de préciser que dans le cas précis de la
servitude pour dettes, le travail accompli représente toujours une
valeur supérieure à celle de l’emprunt initial32. En France et dans les
autres pays européens, la grande majorité des prostituées nigérianes
sont soumises à ce type d’esclavage33. Ces femmes sont emmenées en
Europe, puis on leur dit qu’elles doivent payer leur voyage : le
proxénète leur réclame une somme exorbitante, de l’ordre de 50 et 70 000
euros34, bien supérieure au prix réel du voyage du Nigéria en Europe
(qui coûte de 1000 à 3000 euros). Cette dette doit être payée en se
prostituant, à savoir en subissant plusieurs rapports sexuels non
désirés par jour. Des pressions énormes sont mises sur les femmes
prostituées pour qu’elles remboursent, avec parfois menaces de mort à la
clé. Pourtant, Agustin écrit sur son blog31 :
La question n’est pas de savoir si les dettes sont
totalement bonnes ou totalement mauvaises, mais de voir qu’elles
existent partout, et que, oui, son asservissement est souvent considéré
comme regrettable, mais comme acceptable – quelque chose dont le
remboursement nécessitera de se battre, et qui fait partie d’une vie
normale. C’est ce que pensent la plupart des migrants à propos des
dettes qu’ils contractent pour voyager et travailler à l’étranger.
Morgane Merteuil reprend à son compte cette analyse relativiste sur la servitude pour dettes, quand, en mai 2012, elle déclare sur le forum du Parti Pirate26 :
Des personnes font appel à des réseaux de passeurs, envers qui elles contractent une dette ; arrivées en France, l’argent de leur passes sert notamment à rembourser cette dette et à envoyer du fric à leurs familles restées au pays. Je ne dis pas que c’est une situation "idéale", "enviable", mais cette personne n’est pas pour autant une victime de traite ou d’exploitation. En général, si tout se passe bien, une fois que la personne a remboursé sa dette, elle est "libre" (et si son "mac" refuse, elle devrait pouvoir porter plainte, sauf que, comme elle est venue illégalement en France, si elle va voir la police elle risque en réalité de se faire expulser).
Morgane Merteuil reprend à son compte cette analyse relativiste sur la servitude pour dettes, quand, en mai 2012, elle déclare sur le forum du Parti Pirate26 :
Des personnes font appel à des réseaux de passeurs, envers qui elles contractent une dette ; arrivées en France, l’argent de leur passes sert notamment à rembourser cette dette et à envoyer du fric à leurs familles restées au pays. Je ne dis pas que c’est une situation "idéale", "enviable", mais cette personne n’est pas pour autant une victime de traite ou d’exploitation. En général, si tout se passe bien, une fois que la personne a remboursé sa dette, elle est "libre" (et si son "mac" refuse, elle devrait pouvoir porter plainte, sauf que, comme elle est venue illégalement en France, si elle va voir la police elle risque en réalité de se faire expulser).
Dans son post, Morgane Merteuil ne nie pourtant pas
que les prostituées étrangères sont souvent des esclaves, puisque sous
contrôle d’un « mac » qui peut choisir de les « libérer ». En dépit de
cela elle ne les considère ni trafiquées ni exploitées ! Pourquoi donc ?
Selon le STRASS, le fait que certaines prostituées
étrangères « consentiraient » à être trafiquées rendrait acceptable leur
condition. Thierry Schaffauser, reprenant les analyses d’Agustin35,
s’est exprimé à plusieurs reprises sur ce sujet sur le site Les Mots
Sont Importants36,37 :
La définition de la traite est assortie d’une
disposition qui affirme le caractère inopérant du consentement de la
victime de la traite à l’exploitation elle-même. Cette clause est
particulièrement importante en matière d’exploitation de la
prostitution : elle supprime en effet toute distinction entre
« prostitution forcée » et « prostitution volontaire ». La condition de
la contrainte n’est donc pas nécessaire pour définir une victime de la
traite et de fait, les politiques anti-traite pratiquent une
discrimination active contre les travailleuses du sexe migrantes en
refusant de prendre en compte leur volonté.
Il dit encore :
Il dit encore :
Il est précisé que le consentement de la victime est
indifférent lorsque l’un quelconque des moyens énoncés dans cet alinéa a
été utilisé. Ceci, pour les protéger des pressions. Cependant
l’indifférence quant au consentement de la victime est utilisée afin de
ne jamais avoir à écouter ce qu’elles ont à dire sur leur parcours,
quand bien même de nombreux-ses travailleurs-ses du sexe migrant-e-s
rejettent la qualification de victime.
Sur Twitter, aussi, il met en avant le concept de
« exploitation consentie » et tient à préciser qu’il s’agit d’autre
chose que du « travail forcé » :
Il
est tout de même étrange qu’un syndicat prétendant souhaiter que « les
travailleurSEs du sexe, en particulier étrangères et en situation
irrégulière, soient efficacement protégées contre le travail forcé, la
servitude et l’esclavage ainsi que la traite à cette fin, en application
du droit commun38 » prenne tellement à la légère les exploitations que
subissent ces femmes.
Le STRASS met donc en avant des concepts douteux
comme celui d’ « exploitation consentie » pour nier l’ampleur de la
traite des êtres humains liée à la prostitution, en s’en tenant à une
définition extrêmement étroite, soit l’existence de preuves de
coercition de ces femmes et de violence physique à leur égard.
A ce sujet, on notera que Laura Agustin ne se
contente pas de souligner le consentement des femmes adultes victimes de
la traite pour mieux en minimiser la violence. Elle étend tout son
discours aux mineur·e·s prostitué·e·s, arguant que la notion d’
« enfant » est relative et diffère d’une culture à l’autre39,40, ou
encore que la majorité sexuelle varie d’un pays à un autre, et est donc
arbitraire41. Comme pour les femmes adultes, Agustin met en avant le
fait que les enfants trafiqué·e·s ne se considèrent pas comme des
victimes, ne voient pas leurs trafiquants comme mauvais (après tout,
dit-elle, il s’agit souvent de leurs parents) et qu’il s’agit à nouveau
de « migrants » désirant juste gagner de l’argent en se prostitutant39.
Ces arguments lui font dire qu’il ne s’agit donc pas de trafic, et elle
prend soin de mettre « enfants trafiqué·e·s » entre guillemets. Enfin,
elle déclare dans un article qu’il ne faut pas remettre en question le
consentement d’un·e enfant à être prostitué·e42 :
"L’autre jour, j’ai dit que personne ne devrait
prendre de décisions concernant le degré de volonté ou d’acceptation de
la situation d’autres personnes, puis généraliser à d’énormes groupes de
personnes. Une réponse a été : "Personne ne devrait non plus faire
aucune hypothèse sur le degré de volonté d’une fille ou d’un garçon de
10 ans dans l’industrie du sexe ?" Après avoir relevé la rhétorique
(utilisée de manière permanente par les abolitionnistes et les personnes
contre la traite), j’ai répondu que, oui, personne ne devrait non plus
faire d’hypothèses sur la situation des personnes de 10 ans. Comment
savoir ce qui l’a conduite à vendre du sexe ? A quels choix a-t-elle été
confrontée ? Que se passerait-il si elle était soudainement extraite de
sa situation ?
Pour finir, on notera que d’après un communiqué de
l’IUSW datant de 200743, Laura Agustin semble avoir été secrétaire de la
section « divertissement pour adultes » du GMB. Or d’après une enquête
récente par Julie Bindel44, cette section accueille en son sein des
proxénètes qui font un lobbying intensif pour décriminaliser des lois
contre les exploiteurs. Même les représentants du STRASS –d’ailleurs
Thierry Schaffauser a été interviewé par Julie Bindel à ce sujet –
confirment cette information44–46.
Conflits d’intérêt, avez-vous dit ?
1. Feu « Verts » au proxénétisme ! Lettre ouverte du Mouvement du Nid aux Verts. Mouvement du Nid (2010). at <http://www.mouvementdunid.org/Feu-Verts-au-proxenetisme-Lettre>
2. Les discours abolitionnistes : première cause de mort chez les putes ! STRASS – Syndicat du Travail Sexuel at <http://site.strass-syndicat.org/2012/02/les-discours-abolitionnistes-premiere-cause-de-mort-chez-les-putes/>
3. alternative libertaire. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2010). at <http://site.strass-syndicat.org/tag/alternative-libertaire/>
4. VIOLS, ON ÉTOUFFE ! STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2013). at <http://site.strass-syndicat.org/2013/02/viols-on-etouffe/>
5. Les petites frustrations de Mme Bousquet ne légitiment pas son mépris des droits humains fondamentaux. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2012). at <http://site.strass-syndicat.org/2011/09/bousquet-frustration-et-handicap/>
6. Vous ne soutenez pas les proxénètes et les prostitueurs ? Vous êtes ‘putophobe’ et criminelle ! Sisyphe (2006). at <http://sisyphe.org/spip.php?breve568>
7. Merteuil, M. Libérez le féminisme ! (L’Editeur, 2012).
8. Calhoun, K. Treatment of rape victims : facilitating psychosocial adjustment. (Pergamon Press, 1991).
9. L., N. Interview de Morgane Merteuil,secrétaire générale du STRASS. Radio Londres (2012). at <http://radio-londres.fr/2012/10/interview-de-morgane-merteuilsecretaire-generale-du-strass/>
10. Prostitution : ‘Toutes les lois visant à protéger les femmes ont été néfastes’. France 24 (2011). at <http://www.france24.com/fr/20111207-france-loi-prostitution-assemblee-strass-morgane-merteuil>
11. Farley, M. et al. Prostitution and Trafficking in Nine Countries. Journal of Trauma Practice 2, 33–74 (2004).
12. Földhazi, A. & Chimienti, M. Marché du sexe et violences à Genève. Sociograph (2007). at <http://www.unige.ch/ses/socio/publications/dernierespublications/sociograph2/WEB_sociograph_n_2.pdf>
13. Busch, N. B., Bell, H., Hotaling, N. & Monto, M. A. Male Customers of Prostituted Women Exploring Perceptions of Entitlement to Power and Control and Implications for Violent Behavior Toward Women. Violence Against Women 8, 1093–1112 (2002).
14. Gould, C. & Fick, N. Selling Sex in Cape Town : Sex Work and Human Trafficking in a South African City. (Institute for Security Studies, 2008).
15. Legardinier, C. Prostitueurs, état des lieux. Prostitution et Société (2009). at <http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/acteurs/prostitueurs-etat-des-lieux>
16. Une prostituée frappée pour avoir refusé un rapport non protégé. 7SUR7.be (2010). at <http://www.7sur7.be/7s7/fr/3007/Bruxelles/article/detail/1171894/2010/10/19/Une-prostituee-frappee-pour-avoir-refuse-un-rapport-non-protege.dhtml>
17. La prostituée refuse la pratique et le rapport non protégé, il s’énerve et frappe. Vaucluse Matin (2012). at <http://www.ledauphine.com/vaucluse/2012/09/26/la-prostituee-refuse-la-pratique-et-le-rapport-non-protege-il-s-enerve-et-frappe>
18. Protocole additionnel à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. (2000). at
<http://treaties.un.org/Pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XVIII-12-a&chapter=18&lang=fr>
19. Merteuil, M. #Prostitution : Désintox : stop aux mensonges | Scoop.it. at <http://www.scoop.it/t/desintox-les-mythes-des-abo>
20. Schaffauser, T. La majorité des travailleurs du sexe ne sont pas victimes de la traite des êtres humains. Le Monde (2012). at <http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/05/la-majorite-des-travailleurs-du-sexe-ne-sont-pas-victimes-de-la-traite-des-etres-humains_1625680_3232.html>
21. Schaffauser, T. Prostitution et loi de pénalisation : analyse d’une hypocrisie orchestrée. le Plus (2011). at <http://leplus.nouvelobs.com/contribution/222266-prostitution-et-loi-de-penalisation-analyse-d-une-hypocrisie-orchestree.html>
22. Schaffauser, T. Trafficking figures in Germany. Blog de Thierry Schaffauser (2011). at <https://thierryschaffauser.wordpress.com/2011/11/24/trafficking-figures-in-germany/>
23. Dale, Y. German’s legalized prostitution brought more exploitation than emancipation to women. Examiner (2010). at <http://www.examiner.com/article/german-s-legalized-prostitution-brought-more-exploitation-than-emancipation-to-women>
24. La pertinence de la transparence. Fondation Scelles (2013). at <http://www.fondationscelles.org/index.php?option=com_content&view=article&id=35:la-pertinence-de-la-transparence&catid=11:evenements&Itemid=143#notes1>
25. Merteuil, M. & Simonin, D. Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes. Contretemps (2013). at <http://www.contretemps.eu/interventions/travailleuses-sexe-peuvent-elles-penser-leur-%C3%A9mancipation-sur-quelques-effets-excluant>
26. Merteuil, M. La prostitution : mafias, abolition, liberté, corps…. Forum du Parti Pirate (2012). at <http://forum.partipirate.org/societe-solidarite/prostitution-mafias-abolition-liberte-corps-t7663-15.html#p62331>
27. Agustin, L. The Naked Anthropologist. at <http://www.lauraagustin.com/>
28. Stuart. Prostitution – Abolition de la victime et défense postmoderniste du statu quo. Sisyphe (2011). at <http://sisyphe.org/spip.php?article4001>
29. Jeffreys, S. The Industrial Vagina : The Political Economy of the Global Sex Trade. (Routledge, 2008).
30. Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage. (1956). at <http://www2.ohchr.org/french/law/esclavage_abolition.htm>
31. Agustin, L. Civilised loans versus debt bondage and slavery. The Naked Anthropologist (2011). at <http://www.lauraagustin.com/civilised-loans-versus-debt-bondage-and-slavery>
32. La servitude pour dettes. Anti-Slavery at <http://www.antislavery.org/french/la_servitude_pour_dettes.aspx>
33. Lavaud-Legendre, B. Prostitution nigériane : Entre rêves de migration et réalités de la traite. (KARTHALA Editions, 2013).
34. La mama, le vaudou et la dette : particularités du proxénétisme africain. Fondation Scelles at <http://infos.fondationscelles.org/index.php?option=com_content&view=article&id=94:la-mama-le-vaudou-et-la-dette-particularites-du-proxenetisme-africain-n5&catid=19&Itemid=204>
35. Agustin, L. Sex at the Margins reviewed in Gender & Development. The Naked Anthropologist (2013). at <http://www.lauraagustin.com/sex-at-the-margins-reviewed-in-gender-development>
36. Schaffauser, T. Luttons sérieusement contre la traite des êtres humains. Les mots sont importants (lmsi.net) (2011). at <http://lmsi.net/Luttons-serieusement-contre-la>
37. Schaffauser, T. Pénaliser les clients ou les putes migrantes ? Les mots sont importants (lmsi.net) (2012). at <http://lmsi.net/Penaliser-les-clients-ou-les-putes>
38. A propos du STRASS. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel at <http://site.strass-syndicat.org/about/>
39. Agustin, L. Childhood, trafficking research, agency and cultural contradictions. The Naked Anthropologist (2009). at <http://www.lauraagustin.com/childhood-trafficking-research-agency-and-cultural-contradictions>
40. Agustin, L. Enjo kosai : compensated dating (or child prostitution) in Japan. (2009). at <http://www.lauraagustin.com/enjo-kosai-compensated-dating-in-japan#comment-779>
41. Agustin, L. Youth on the street, selling sex and End Demand. The Naked Anthropologist (2011). at <http://www.lauraagustin.com/youth-on-the-street-selling-sex-and-end-demand#comment-12209>
42. Agustin, L. The Age of Women Who Sell Sex : Does Kristof lie ? What about the children ? The Naked Anthropologist (2012). at <http://www.lauraagustin.com/the-age-of-women-who-sell-sex-does-kristof-lie-what-about-the-children>
43. next iusw meeting : dec 6. Myspace – international union of sex workers (2007). at <http://www.myspace.com/iusw/blog/331244535>
44. Bindel, J. Prostitution en Grande-Bretagne – Un bien étrange syndicat au service des proxénètes. Sisyphe (2013). at <http://sisyphe.org/spip.php?article4409>
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Conflits d’intérêt, avez-vous dit ?
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2. Les discours abolitionnistes : première cause de mort chez les putes ! STRASS – Syndicat du Travail Sexuel at <http://site.strass-syndicat.org/2012/02/les-discours-abolitionnistes-premiere-cause-de-mort-chez-les-putes/>
3. alternative libertaire. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2010). at <http://site.strass-syndicat.org/tag/alternative-libertaire/>
4. VIOLS, ON ÉTOUFFE ! STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2013). at <http://site.strass-syndicat.org/2013/02/viols-on-etouffe/>
5. Les petites frustrations de Mme Bousquet ne légitiment pas son mépris des droits humains fondamentaux. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel (2012). at <http://site.strass-syndicat.org/2011/09/bousquet-frustration-et-handicap/>
6. Vous ne soutenez pas les proxénètes et les prostitueurs ? Vous êtes ‘putophobe’ et criminelle ! Sisyphe (2006). at <http://sisyphe.org/spip.php?breve568>
7. Merteuil, M. Libérez le féminisme ! (L’Editeur, 2012).
8. Calhoun, K. Treatment of rape victims : facilitating psychosocial adjustment. (Pergamon Press, 1991).
9. L., N. Interview de Morgane Merteuil,secrétaire générale du STRASS. Radio Londres (2012). at <http://radio-londres.fr/2012/10/interview-de-morgane-merteuilsecretaire-generale-du-strass/>
10. Prostitution : ‘Toutes les lois visant à protéger les femmes ont été néfastes’. France 24 (2011). at <http://www.france24.com/fr/20111207-france-loi-prostitution-assemblee-strass-morgane-merteuil>
11. Farley, M. et al. Prostitution and Trafficking in Nine Countries. Journal of Trauma Practice 2, 33–74 (2004).
12. Földhazi, A. & Chimienti, M. Marché du sexe et violences à Genève. Sociograph (2007). at <http://www.unige.ch/ses/socio/publications/dernierespublications/sociograph2/WEB_sociograph_n_2.pdf>
13. Busch, N. B., Bell, H., Hotaling, N. & Monto, M. A. Male Customers of Prostituted Women Exploring Perceptions of Entitlement to Power and Control and Implications for Violent Behavior Toward Women. Violence Against Women 8, 1093–1112 (2002).
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15. Legardinier, C. Prostitueurs, état des lieux. Prostitution et Société (2009). at <http://www.prostitutionetsociete.fr/eclairage/acteurs/prostitueurs-etat-des-lieux>
16. Une prostituée frappée pour avoir refusé un rapport non protégé. 7SUR7.be (2010). at <http://www.7sur7.be/7s7/fr/3007/Bruxelles/article/detail/1171894/2010/10/19/Une-prostituee-frappee-pour-avoir-refuse-un-rapport-non-protege.dhtml>
17. La prostituée refuse la pratique et le rapport non protégé, il s’énerve et frappe. Vaucluse Matin (2012). at <http://www.ledauphine.com/vaucluse/2012/09/26/la-prostituee-refuse-la-pratique-et-le-rapport-non-protege-il-s-enerve-et-frappe>
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19. Merteuil, M. #Prostitution : Désintox : stop aux mensonges | Scoop.it. at <http://www.scoop.it/t/desintox-les-mythes-des-abo>
20. Schaffauser, T. La majorité des travailleurs du sexe ne sont pas victimes de la traite des êtres humains. Le Monde (2012). at <http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/01/05/la-majorite-des-travailleurs-du-sexe-ne-sont-pas-victimes-de-la-traite-des-etres-humains_1625680_3232.html>
21. Schaffauser, T. Prostitution et loi de pénalisation : analyse d’une hypocrisie orchestrée. le Plus (2011). at <http://leplus.nouvelobs.com/contribution/222266-prostitution-et-loi-de-penalisation-analyse-d-une-hypocrisie-orchestree.html>
22. Schaffauser, T. Trafficking figures in Germany. Blog de Thierry Schaffauser (2011). at <https://thierryschaffauser.wordpress.com/2011/11/24/trafficking-figures-in-germany/>
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25. Merteuil, M. & Simonin, D. Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes. Contretemps (2013). at <http://www.contretemps.eu/interventions/travailleuses-sexe-peuvent-elles-penser-leur-%C3%A9mancipation-sur-quelques-effets-excluant>
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27. Agustin, L. The Naked Anthropologist. at <http://www.lauraagustin.com/>
28. Stuart. Prostitution – Abolition de la victime et défense postmoderniste du statu quo. Sisyphe (2011). at <http://sisyphe.org/spip.php?article4001>
29. Jeffreys, S. The Industrial Vagina : The Political Economy of the Global Sex Trade. (Routledge, 2008).
30. Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage. (1956). at <http://www2.ohchr.org/french/law/esclavage_abolition.htm>
31. Agustin, L. Civilised loans versus debt bondage and slavery. The Naked Anthropologist (2011). at <http://www.lauraagustin.com/civilised-loans-versus-debt-bondage-and-slavery>
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34. La mama, le vaudou et la dette : particularités du proxénétisme africain. Fondation Scelles at <http://infos.fondationscelles.org/index.php?option=com_content&view=article&id=94:la-mama-le-vaudou-et-la-dette-particularites-du-proxenetisme-africain-n5&catid=19&Itemid=204>
35. Agustin, L. Sex at the Margins reviewed in Gender & Development. The Naked Anthropologist (2013). at <http://www.lauraagustin.com/sex-at-the-margins-reviewed-in-gender-development>
36. Schaffauser, T. Luttons sérieusement contre la traite des êtres humains. Les mots sont importants (lmsi.net) (2011). at <http://lmsi.net/Luttons-serieusement-contre-la>
37. Schaffauser, T. Pénaliser les clients ou les putes migrantes ? Les mots sont importants (lmsi.net) (2012). at <http://lmsi.net/Penaliser-les-clients-ou-les-putes>
38. A propos du STRASS. STRASS – Syndicat du Travail Sexuel at <http://site.strass-syndicat.org/about/>
39. Agustin, L. Childhood, trafficking research, agency and cultural contradictions. The Naked Anthropologist (2009). at <http://www.lauraagustin.com/childhood-trafficking-research-agency-and-cultural-contradictions>
40. Agustin, L. Enjo kosai : compensated dating (or child prostitution) in Japan. (2009). at <http://www.lauraagustin.com/enjo-kosai-compensated-dating-in-japan#comment-779>
41. Agustin, L. Youth on the street, selling sex and End Demand. The Naked Anthropologist (2011). at <http://www.lauraagustin.com/youth-on-the-street-selling-sex-and-end-demand#comment-12209>
42. Agustin, L. The Age of Women Who Sell Sex : Does Kristof lie ? What about the children ? The Naked Anthropologist (2012). at <http://www.lauraagustin.com/the-age-of-women-who-sell-sex-does-kristof-lie-what-about-the-children>
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