Né en juin 2006, le Collectif
Libertaire Anti-Sexiste est un collectif d’individu-e-s créé suite à
l’initiative de quelques femmes anarchistes lyonnaises.
Nous nous sommes réuni-e-s pour créer un outil de
lutte contre le sexisme car nous n’étions pas satisfait-e-s par les
positions des organisations lyonnaises censées êtres anarchistes ou
féministes, certaines considérant le féminisme comme secondaire voir
optionnel, d’autres allant jusqu’à défendre des positions
anti-féministes, au nom d’une redéfinition du féminisme transformée et
pervertie par une rhétorique libérale et relativiste au point d’être
favorable au système prostitutionnel et au soutien à l’égard des
islamistes.
Depuis sa création, le CLAS est un collectif mixte,
conformément à la volonté de ses fondatrices - car nous souhaitions
inclure dans notre lutte des hommes anarchistes dont l’engagement
pro-féministe était sincère et cohérent.
Ayant observé le fait que dans plusieurs
organisations se trouvent souvent des personnes dont la présence semble
être le produit d’un malentendu idéologique, ceci étant favorisé par le
fait que les principes de bases de ces organisations sont généralement
floues et incomplètes en ce qui concerne le patriarcat et les questions
d’éthique qui en découlent, nous avons décidé de poser un cadre clair
par l’écriture collective de notre manifeste.
Depuis, nous avons rédigé d’autres brochures (pour
défendre le droit à la contraception et à l’Interruption Volontaire de
Grossesse, à propos du genre, à propos du système prostitutionnel et à
propos de l’Association Révolutionnaire des Femmes d’Afghanistan) ainsi
que des communiqués, signé quelques appels à manifester, organisé
divers événements, notamment pour défendre le droit à la contraception
et à l’IVG, pour soutenir et relayer la parole des féministes
d’Afghanistan et pour soutenir et promouvoir un livre contre le viol
écrit par des survivantes de l’inceste.
Nous avons créé des liens avec d’autres organisations
féministes dans d’autres villes et nous avons affiné nos analyses qui
sont devenues au fil du temps, de nos évolutions personnelles et de nos
rencontres, de plus en plus radicales et intransigeantes vis à vis du
patriarcat et de tous les autres systèmes de domination qu’il a
engendré.
Un-e féministe cohérent-e n’est pas forcément
anarchiste. Mais un-e anarchiste cohérent-e doit forcément être
féministe. Car l’anarchisme vise l’abolition de tous les systèmes de
domination sans exception et, à fortiori, l’abolition du système de
domination patriarcal qui inspire, justifie, codifie, organise et
reproduit, depuis des milliers d’années, l’oppression de toutes les
femmes, de tous les enfants et de certains hommes, soit, largement plus
de la moitié de l’Humanité.
Le patriarcat, fondé sur la suprématie masculine et
la sur-valorisation du père auquel il attribut le rôle de chef de
famille, repose sur la haine et le dégoût à l’égard des femmes et la
volonté de les réduire ainsi que leurs enfants au statut de choses
aliénables dont la valeur serait égale à celle des objets inanimés, voir
des déchets.
Voilà pourquoi, le système patriarcal a toujours
divisé les femmes en deux catégories : aliénables ou aliénées,
propriétés de tous les hommes ou propriétés d’un seul, à vendre ou
vendues, consommables ou consommées, destinées à être violées par tous
les hommes ou par un seul, prostituées ou ménagère, etc...
Les défenseurs de ce système on toujours refusé et
refusent encore d’admettre l’existence des femmes qui ne se soumettent
pas à ce schéma et trouvent la force de décider, contre vents et marées
s’il le faut, de devenir libres en refusant d’être chosifiées, en
cessant de pardonner, de s’amputer de leur colère libératrice, de
dissimuler leur intelligence et en partageant leur force et leur courage
avec d’autres femmes pour créer de la solidarité là où le patriarcat a
fabriqué et entretient la division.
Pourtant des femmes comme celles-là, il en existent
depuis longtemps, y compris au sein du mouvement anarchiste, et jusqu’à
présent certains voudraient les anéantir, en vain.
Mais aucun combat n’est jamais gagné d’avance et la
révolution féministe et libertaire à laquelle nous aspirons ne se fera
ni par des compromis, ni par des sacrifices, ni par les armes.
Le patriarcat est le tout premier système de
domination de l’Histoire de l’Humanité. C’est lui qui a engendré et
modelé tous les autres :
- qu’il s’agisse des nations et des États (sous
toutes leurs formes), de leurs armées et de leurs frontières, du racisme
et de la xénophobie qui en découlent,
- qu’il s’agisse des différents systèmes économiques
fondés sur la propriété privée et l’échange au lieu du partage,
fondements du chantage qui nous condamne à subir l’exploitation (sous
forme d’esclavage, de salariat ou de travail « indépendant »),
- qu’il s’agisse de la haine et des violences commises contre les personnes LGBT,
- ou qu’il s’agisse des religions, de leurs institutions et de leurs dogmes morbides et obscènes.
La dégradation de l’environnement est aussi une
conséquence du patriarcat, qui morcelle, exploite et méprise depuis des
milliers d’années, dans un même élan et selon une même logique de
chosification et d’appropriation, les femmes et la planète.
L’anthropocentrisme qui tend à justifier la
destruction et l’exploitation de la « nature » par les êtres humains est
en réalité de l’androcentrisme puisque ce sont des hommes qui en sont
responsables et non pas toute l’Humanité.
Pour ne citer qu’un seul exemple de ce lien direct,
la surpopulation humaine joue un rôle majeur dans la dégradation de
l’environnement. Or, elle n’est pas due aux "progrès de la médecine"
comme on l’entend trop souvent mais à d’innombrables grossesses imposées
aux femmes depuis des milliers d’années, que ce soit par la violence
physique, par les lois et dispositifs patriarcaux et natalistes, par la
pression psychologique, par la culpabilisation ou par la manipulation
mentale.
Si on ne prend en compte qu’une seule catégorie de
grossesses imposées, par exemple celles qui résultent des innombrables
viols conjugaux que n’importe quel mariage forcé induit systématiquement
et automatiquement, les chiffres sont déjà énormes. Selon les études
internationales validées par l’ONU, il y aurait actuellement au moins
700 millions de petites filles et de femmes en situation de mariage
forcé : chacune d’entre elle est ou va être régulièrement violée par son
mari, et il en résultera des grossesses à répétitions, jusqu’à ce
qu’elle en meure, jusqu’à la ménopause, ou (trop rarement
malheureusement) jusqu’à sa libération.
Des mariages forcés sont contractés dans tous les
pays du monde, bien que dans des proportions différentes selon les pays.
Cependant, dans les pays où les femmes et les petites filles sont moins
opprimées, la raréfaction des mariages forcés est un phénomène
relativement récent.
Le CLAS s’allie parfois à d’autres organisations avec
lesquelles nous pouvons avoir des désaccords. Cependant, ce qui nous
permet de ne pas trahir nos valeurs fondamentales dans le cadre de ces
alliances est le fait que ces organisations partagent la même base
éthique que la notre.
Cette éthique est fondée sur le refus d’autoriser, de
défendre, de minimiser, d’excuser, d’occulter et de pardonner le fait
que des êtres humain-e-s soient traité-e-s comme des choses, que cette
chosification se traduise par l’oppression, l’exploitation, la torture
psychologique, physique, sexuelle (le viol sous toutes ses formes, y
compris tarifé), ou le meurtre.
Sur notre site internet, nous publions régulièrement
des informations et de nombreux documents dont nous ne sommes pas
forcément les auteur-e-s mais dont nous approuvons l’analyse et la
finalité. On y trouve également notre manifeste, nos brochures et nos
communiqués.
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