Si en janvier dernier, le chef du gouvernement
pakistanais s’est engagé à éradiquer les crimes d’honneur, encore trop
peu de familles les dénoncent de peur de s’attirer l’opprobre sur leur
nom..
Entre 1200 et 1800 femmes sont tuées chaque année au
Pakistan pour défendre « l’honneur familial ». D’autres sont défigurées à
l’acide. Conformément à une disposition de la jurisprudence islamique,
les hommes tuant des femmes peuvent échapper à toute condamnation si les
proches de la victime leur « pardonnent » en échange du versement d’une
somme compensatoire.
Si des associations d’aides aux femmes se créent et
que des mouvements contestataires prennent de l’ampleur, une coalition
de partis religieux mène une campagne pour faire annuler un texte de loi
voté en février qui condamnent les violences faites aux femmes, au
prétexte qu’il serait anti-islamique et qu’il porterait atteinte aux
hommes. On en est toujours là en 2016.
La contestation monte contre la pratique des crimes d’honneur au Pakistan. Photo : un concours de beauté local à Karachi, le 22 mars 2016..
La contestation monte contre la pratique des crimes d’honneur au Pakistan. Photo : un concours de beauté local à Karachi, le 22 mars 2016..
La contestation monte contre la pratique des crimes d’honneur au
Pakistan. Photo : un concours de beauté local à Karachi, le 22 mars
2016..
Les crimes d’honneur sont toujours plus nombreux au
Pakistan. L’an dernier, ces crimes ont engendré la mort de plus de 1 000
femmes dans le pays. Un fléau qui persiste et qui commence à être
médiatisé.
Le chiffre émane de la très sérieuse Commission des
droits de l’homme, un organisme indépendant au Pakistan. En 2015, près
de 1 100 femmes ont été tuées par des proches sous prétexte qu’elles
auraient déshonoré leur famille. Dans la plupart des cas, ces violences
émanent de disputes de couple qui dégénèrent.
En plus de ces victimes, de très nombreuses femmes
ont été défigurées à vie pour les mêmes raisons, dans des attaques à
l’acide. Des chiffres effrayants, et pourtant sous-évalués, car tous les
cas ne sont pas rapportés et les familles préfèrent souvent étouffer
ces affaires qui apporteraient l’opprobre sur leur nom.
Le mouvement de protestation prend de l’ampleur
Une loi votée en février 2016 condamne désormais
clairement les violences conjugales dans la province du Penjab. Mais une
coalition de partis religieux mène une campagne acharnée pour faire
annuler le texte, au prétexte qu’il serait anti-islamique et qu’il
porterait atteinte aux hommes.
Pourtant, ce texte, associé à des organisations qui luttent depuis des années et au récent Oscar remporté par une Pakistanaise pour son documentaire sur ces crimes d’honneur,
semble à l’origine d’un mouvement pour dénoncer l’ampleur du fléau. En
mars, la presse locale a déjà mentionné quelques cas de plaintes de
femmes contre leurs maris.
Un homme exécuté pour la première fois dans le Penjab
Mardi dernier, un homme qui avait tué sa sœur, car il
n’approuvait pas son mariage, a été exécuté. Une première dans le
district de Sargodha, au cœur du Penjab. Des associations existent pour
venir en aide, prendre en charge et même cacher ces femmes prêtes à
témoigner contre leurs propres familles.
La démarche est taboue au Pakistan, où ces affaires
de femmes osant défier l’autorité des hommes se règlent à la maison
plutôt qu’au tribunal, et où la femme victime risque vite de se
retrouver paria au sein de sa propre famille et de son village, qui
n’hésiteront pas à mettre sa tête à prix.
www.rfi.frSource : https://sanscompromisfeministeprogressiste.wordpress.com/2016/04/03/pakistan-pres-de-1100-femmes-victimes-de-crimes-dhonneur-en-2015/
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