Par Maryam Namazie
Traduit par Francine Sporenda


Il
y a presque 20 ans, des militant-e-s des droits des femmes de 18 pays
nous ont avertis : « les idéologies et les mouvements fondamentalistes
peuvent, d’une simple présence dans la société, et d’une parmi de
nombreuses options d’observance ou d’affiliation religieuse, se
transformer en une source de contrainte et finalement de violation des
droits humains. » C’est la situation dans laquelle nous nous trouvons
maintenant—et pas juste en Grande-Bretagne mais dans de nombreux pays du
monde.
C’est inacceptable.
Cet article est originellement paru sur le site Free Thinker.
https://revolutionfeministe.wordpress.com/2016/11/20/les-tribunaux-islamiques-sont-une-atteinte-aux-droits-humains-par-maryam-namazie/
Traduit par Francine Sporenda
Maryam Namazie est une militante iranienne des droits
humains et des droits des femmes engagée dans la lutte contre l’islam
politique et pour la laïcité. Elle est la porte-parole de Iran
Solidarity, de One Law for All et du Conseil des ex-musulmans de
Grande-Bretagne (CEMB) et de Fitnah, mouvement pour la libération des
femmes dont les objectifs sont la liberté et l’égalité, la défense de
la laïcité, la fin des lois et traditions religieuses et culturelles
misogynes, du voilement obligatoire, de la ségrégation sexuelle, du
trafic prostitutionnel et des violences contre les femmes.
C’est un scandale pour les Droits humains qu’il y ait
des « tribunaux islamiques » en Grande-Bretagne ; c’est dans ces
tribunaux que se produisent les plus graves abus sur les femmes des
« minorités ». Par exemple, selon la sharia, le témoignage d’une femme
vaut la moitié de celui d’un homme, un homme peut avoir quatre femmes et
divorcer de ses épouses par simple répudiation, alors que les droits au
divorce d’une épouse sont limités ; la garde des enfants revient au
mari quand les enfants ont un certain âge, même si le père est abusif,
et le viol conjugal n’est pas considéré comme un crime.
« Ces tribunaux sont soutenus précisément parce
qu’ils servent à priver les femmes de leurs droits dans la famille. Il
n’y a pas de mains coupées, donc il n’y a pas de problème » selon Gita
Sahgal, Directrice du Centre for Secular Space.
Bien que l’opposition à ces « tribunaux » par les
« femmes noires » et issues des « minorités » soit décrit absurdement
comme un déni de leurs droits religieux, il s’agit en fait d’opposition à
un projet islamiste dont l’un des aspects est l’imposition de la sharia
par l’intermédiaire de tribunaux.
On ignore souvent que ces institutions résultent d’un
projet islamiste ; le premier « tribunal shariatique » a été créé en
1982 à Leyton, et il avait des connections claires avec des groupes
islamistes transnationaux. L’auteure Elham Manea dit : « le Islamic
Sharia Council à Leyton a été fondé par plusieurs organisations ayant
des affilations connues avec l’islam politique : Jamaat-e-Islami
(mission islamique de Grande-Bretagne), les Frères musulmans (Muslim
Welfare House), et l’islam wahabite global (Muslim World League).
Certains des hommes siégeant dans ces tribunaux comme juges font partie
de l’islam salafiste (Haitham al Haddad) et Ahl Al Hadith, ou sont des
salafistes de l’Asie du Sud (comme le docteur Suhaib Hasan).
D’après le documentaire de 1995 de la chaîne Channel 4
Dispatches : « War Crimes Files », le leader de ce conseil , Sheikh
Maulana Abu Sayed, était un membre senior du groupe Al Badr, une
extension paramilitaire de Jamaat-e-Islami, qui a joué le rôle
d’escadron de la mort au Pakistan en 1971 durant la guerre
d’Indépendance du Bengladesh.
Les conseils de sharia ne concernent pas la religion,
ils concernent le pouvoir et le contrôle des hommes sur les femmes. Et
ils sont très contestés, y compris par de nombreux-ses musulman-e-s, et
pas seulement en Grande-Bretagne mais internationalement.
Le gouvernement britannique a largement ignoré les
liens de ces tribunaux avec les islamistes et leurs violations des
Droits des femmes, tout en continuant à promouvoir la sous-traitance de
la justice à un système au rabais pour les femmes appartenant aux
« minorités ». L’argument principal du gouvernement est que ces entités
ne sont pas de vrais tribunaux, que les femmes qui « choisissent » de
les consulter y vont pour en obtenir une « médiation » et qu’elles
devraient avoir le droit de le faire, que ces tribunaux sont très
bénéfiques pour elles, et que celles qui le désirent peuvent toujours
demander justice devant un vrai tribunal. Mais ce n’est pas si simple.
Les tribunaux islamiques sont clairement un système
de justice parallèle bien qu’ils se présentent eux-mêmes comme des
institutions qui rendent des avis de médiation non-contraignants. Le
terme de sharia lui-même signifie loi. Ces panels se présentent comme
des tribunaux, ceux qui les président se baptisent juges et rendent des
avis qui sont considérés par eux-mêmes, par les femmes elles-mêmes et
par leur communauté comme des prescriptions légales obligatoires.
Compte tenu du contrôle abusif et du pouvoir que les
juges ont sur les femmes (dont beaucoup sont vulnérables ou des
survivantes d’une forme ou une autre de violence), le caractère
volontaire de ces tribunaux est une imposture. Les témoignages
rassemblés par les membres de la campagne (One Law for All NDLT)
révèlent les pressions et la coercition subies par ces femmes. En fait,
le Iranian Kurdish Women’s Rights Organisation soutient que les
procédures même de ces tribunaux relèvent de l’abus de pouvoir et de la
violence psychologique.
De plus, tout refus de se soumettre à leurs avis peut
être vu comme assimilable à une apostasie, ce qui rend d’autant plus
difficile pour les femmes de protéger leurs droits. Finalement, même si
certaines femmes « choisissent » de consulter ces tribunaux, cela ne
signifie pas que des violations des droits humains n’y ont pas lieu.
Le multiculturalisme comme politique sociale,
homogénisation de la « communauté musulmane », les réductions des aides
légales, la sous-traitance de la justice à l’arbitration religieuse, la
politique d’apaisement envers l’islam radical, et le fait qu’il soit
identifié aux musulmans sont les facteurs derrière ce que Pragna Patel
et Southall Black Sisters nomment « une shariaisation furtive ».
Malheureusement, une investigation très attendue des
tribunaux islamiques ne sera rien de plus qu’un blanchiment qui ne va
que les légitimer et les renforcer. Malgré qu’il prétende le contraire,
le gouvernement semble se soucier davantage de défendre les religions et
leurs « droits » que les droits des femmes.
Les femmes des « minorités » doivent être traitées
comme des personnes indépendantes possédant des droits humains et en
tant que CITOYENNES.
Et non comme des extensions de leurs communautés ou
des imams et des autorités religieuses. Il est temps que les mêmes
principes de droits humains et d’égalité devant la loi soient appliqués à
tout le monde.
Nous n’accepterons rien de moins.
Source :Nous n’accepterons rien de moins.
Cet article est originellement paru sur le site Free Thinker.
https://revolutionfeministe.wordpress.com/2016/11/20/les-tribunaux-islamiques-sont-une-atteinte-aux-droits-humains-par-maryam-namazie/
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