« La recension de la recherche dont rend compte cet
essai conclut au caractère genré de la Violence Exercée contre les
Partenaires Intimes (VEPI) : les hommes et les garçons sont plus
susceptibles (que les femmes et les filles) d’en être les auteurs, et
les femmes et les filles sont plus susceptibles (que les hommes et les
garçons) d’être les victimes de la VEPI. En même temps, il est
nécessaire de reconnaître qu’il existe certaines femmes et filles qui
maltraitent et violentent leurs partenaires intimes masculins. Leur
proportion est évaluée à cinq pour cent ou moins des cas de VEPI. La
recherche indique que la VEPI exercée par les femmes et les filles doit
être interprétée dans le contexte de l’apprentissage de la maltraitance
et de la violence, des occasions de recourir à ces violences et du choix
de le faire. »
Par Joanne Belknap et Heather Melton (Mars 2005)
La perpétration de Violence Envers un Partenaire
Intime (VEPI) lorsqu’il s’agit de femmes agressant des hommes a fait
l’objet d’une vaste attention de la part des praticiens et des
chercheurs.
Quelques recherches suggèrent que contrairement à une
croyance répandue, les femmes sont tout aussi susceptibles que les
hommes d’exercer la VEPI. (Brush, 1990 ; Madgol, Moffit, Caspi, Fagan,
& Silva, 1997 ; Moffit & Caspi, 1999 ; Morse, 1995 ; O’Leary,
Barling, Arias, Rosenbaum, Malone, & Tyree, 1989 ; Straus &
Gelles, 1990). D’autres affirment que la VEPI continue à être
majoritairement perpétrée par des hommes envers leurs partenaires ou
ex-partenaires féminines (Dasgupta , 2001 ; Dobash & Dobash,
1984-1988 dans la section Références ; Dobash, Dobash, Wilson, &
Daly, 1992 ; McLeod, 1984 ; Melton & Belknap, 2003 ; Saunders,
1986 ; Tjaden & Thoennes, 2000 ; Vivian &
Langhinrichsen-Rohling, 1994)
Même si le débat continue au sujet de la violence
exercée par des femmes envers leurs partenaires intimes masculins
actuels ou passés, plusieurs enjeux ont émergé quant à la VEPI perpétrée
par les femmes. Le présent essai entend soumettre à un examen critique
la recherche existante au sujet d’une symétrie de genre en matière de
VEPI. La symétrie de genre est l’expression couramment utilisée pour
dire que les hommes et les femmes sont également susceptibles de
commettre de la VEPI.
La présente étude énumère et examine les différents
résultats obtenus sur le rôle des femmes en tant qu’auteures de VEPI.
Les raisons de ces conclusions variées sont examinées, ainsi que les
implications des recherches concluant à une symétrie de genre dans la
VEPI. Cet essai documente aussi l’importance de l’approche adoptée par
chaque chercheur pour déterminer si la VEPI est perçue comme genrée. Ce
survol des recherches scientifiques conclut que la VEPI est
effectivement genrée ; que ses auteurs sont plus souvent des hommes et
que ses victimes sont plus souvent des femmes. La présente étude met
aussi l’accent sur l’importance de ne pas examiner simplement les types
de violence signalés, mais aussi les conséquences de cette violence.
Nous espérons mettre en lumière que le recours des femmes à la violence
dans le cadre de la VEPI a généralement des intentions typiquement
différentes que la violence des hommes à l’égard de partenaires intimes.
Les femmes et les filles qui signalent avoir été
agressées par un partenaire intime sont beaucoup plus susceptibles que
les hommes et les garçons signalant de telles agressions de dire
qu’elles ont peur ou qu’elles sont gravement blessées. (Hamberger &
Guse, 2002 ; Johnson & Bunge, 2001 ; Melton & Belknap, 2003 ;
Morse, 1995 ; O’Keefe & Treister, 1998).
Notre propre travail est ancré dans une approche
féministe, partant de la conviction qu’il existe une inégalité de genre
dans la culture, le système politique et judiciaire et ainsi de suite,
d’où découlent la dynamique genrée et les pourcentages de VEPI. Ainsi,
reconnaissant que la subjectivité est inhérente à toute recherche, nous
amorçons cette étude en reconnaissant notre point de vue. Nous avons
cependant effectué un examen approfondi des travaux existants pour
expliquer les nuances de la nature genrée du problème de la VEPI aussi
bien que les nuances des approches différentes utilisées pour mesurer la
VEPI et ses impacts.
La terminologie que nous utilisons dans ce document
diffère légèrement de celle observée dans la plupart des autres
publications sur ce sujet. Beaucoup d’expressions sont utilisées pour
décrire les comportements des personnes qui agressent un ou une
partenaire actuelle ou précédente : violence domestique, violence faite
aux femmes, violence conjugale, violence envers un partenaire intime et
ainsi de suite. Dans ce travail nous choisissons l’expression Violence
Envers un Partenaire Intime (VEPI), parce que, comme nous le décrirons
ici, il existe un large éventail de comportements incluant sans s’y
limiter la violence physique et qui brosse un portrait plus vaste de la
violence conjugale. En effet, des victimes identifient souvent certaines
formes de violence psychologique et émotionnelle (ex. : les menaces de
mort, propos dégradants, menaces de s’en prendre aux enfants ou
d’obtenir la garde unique, agressions contre des animaux domestiques, le
fait de couper les vivres, etc.) perpétrées par les partenaires
intimes, comme encore plus destructrices que leur violence physique
(ex : frapper, gifler, bousculer, etc.) (voir, par exemple, Hamby &
Sugarman 1999). C’est pourquoi, dans cet essai, nous utilisons
l’expression Violence Envers un Partenaire Intime (VEPI) pour désigner
une vaste gamme d’agressions, dont certaines sont des violences
physiques et d’autres des formes émotionnelles de violence. Comme nous
le faisons apparaître dans ce document, aborder les nuances de la nature
genrée de la VEPI permet d’en dresser un tableau plus fidèle lorsqu’on
comprend et qu’on y inclut l’impact des agressions non physiques aussi
bien que celui des violences physiques.
Des conclusions divergentes sur la prévalence de la VEPI exercée par des femmes
On note dans les recherches existantes un conflit
important quant au niveau d’occurrence de la VEPI contre des partenaires
masculins présents ou passés. Dans une communication précédente, nous
avons abordé les deux approches existantes quant au caractère genré ou
non de la VEPI (Melton et Belknap 2003). Il y a, d’un côté, des
chercheurs qui perçoivent un aspect fortement genré à la VEPI, avec les
hommes comme agresseurs principaux et les femmes comme principales
victimes. D’autres, toutefois, ont beaucoup plus tendance à présenter la
VEPI comme un phénomène neutre ou symétrique sur le plan du genre.
On retrouve souvent les assertions de symétrie de
genre dans les études comprenant de vastes échantillons, prélevés de
manière aléatoire à l’échelon national ou communautaire, et qui mesurent
la VEPI au moyen de ce qu’on appelle la Conflict Tactics Scale (CTS)
(échelle de tactiques de conflit), qui mesure au moyen d’un
questionnaire l’utilisation récente de tactiques particulières par un
partenaire intime contre le répondant. (Brush, 1990 ; Cantos, Neidig
& O’Leary, 1994 ; Johnson, 1995 ; Morse, 1995).
Morse (1995) suggère que le projet en cause est de
reconceptualiser le problème social de la violence infligée aux femmes
pour en faire un problème de violence familiale. Dans cette perspective,
certains spécialistes tendent à conclure que les hommes et les femmes
sont également susceptibles d’être à la fois auteurs et victimes de
VEPI. On a ainsi fait grand cas du fait que des sondages nationaux sur
la violence familiale, menés en 1975 et 1985 par Strauss et ses
collègues (Gelles 1979, Strauss & Gelles 1990), ont conclu à une
« symétrie de genre » dans les agressions entre époux (voir Dobash et
coll., 1992 ; Grandin & Lupri, 1997, pour des aperçus de ces
résultats.)
Quelques études rapportent que ce sont les femmes qui
sont le plus souvent auteures de VEPI et que ce sont les hommes qui en
sont le plus souvent victimes, particulièrement aux niveaux moins
graves. Par exemple, le National Youth Survey (NYS) de 1983 a signalé
qu’environ le tiers des agressions autosignalées impliquaient un
agresseur masculin et une victime féminine, alors que presque la moitié
de ces autosignalements impliquaient un agresseur féminin et une victime
masculine ; les cas restants (15 %) concernaient des situations de
« combat mutuel », ou des cas où chaque membre du couple avait violenté
l’autre (Morse 1995). Les sondages NYS subséquents ont indiqué jusqu’en
1992 une baisse de ces taux durant toutes les périodes suivantes, mais
les agressions perpétrées par des femmes contre des hommes sont
demeurées plus nombreuses de 1985 à 1992 (Morse 1995). Moffit et ses
collègues ont comparé les conclusions du NYS à deux sondages sur la
violence conjugale menés en Nouvelle-Zélande et signalent que dans ces
trois études, de 36,4 % à 51,3 % des répondantes ont signalé avoir
exercé une forme de VEPI, contre 21,8 % à 43,0 % des répondants
masculins (Madgol et coll., 1997 ; Moffit & Caspi, 1999).
Malgré ces découvertes, d’autres chercheurs qui
s’identifient souvent comme féministes (de même que la plupart des
personnes œuvrant dans les refuges) persistent à dire qu’il n’y a pas de
symétrie de genre dans la VEPI. Contrairement aux échantillons
nationaux mentionnés plus haut, les études portant sur des échantillons
de répondantes interviewées dans des refuges, des hôpitaux et sur des
rapports de police concluent que de 90 % à 95 % des cas de VEPI
impliquent un homme agressant une partenaire ou une ex-partenaire
(Dobash et coll., 1992 ; Johnson, 1995 ; McLeod, 1984 ; Melton &
Belknap, 2003 ; Saunders, 1986).
De plus, l’examen de plusieurs décomptes des
statistiques de victimisation criminelle, à l’aide d’échantillons
nationaux randomisés, conclut que même en utilisant des échantillons
nationaux, les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes
d’être victimisées par un partenaire intime. En effet, les analyses de
l’U.S. National Crime Survey, du National Crime Victimisation Survey
(NCVS), de l’Enquête sur les victimes d’actes criminels dans les centres
urbains du Canada de 1981, de l’Enquête sociale générale de 1987, et du
National Violence Against Women Survey ont toutes conclu que les femmes
sont beaucoup plus susceptibles que les hommes d’être violentées par
leurs partenaires intimes (Bachman, 1998 ; Dobash et coll., 1992 ;
Rennison & Welchans, 2000 ; Tjaden & Thoennes, 2000).
Plusieurs arguments ont été avancés pour expliquer
les différences considérables observées dans les interprétations faites
par les spécialistes des résultats concernant le recours des femmes à la
violence contre leurs partenaires intimes. Ces arguments incluent des
critiques de la Conflict Tactics Scale comme mesure de la VEPI, des
préoccupations quant aux différences de genre dans les signalements de
VEPI, des différences dues aux conditions dans lesquelles les données
ont été collectées et les échantillons ont été étudiés et, finalement,
des problèmes liés au fait d’étudier le problème au travers du seul
prisme de l’expérience des victimes plutôt qu’en tenant compte de
l’expérience des victimes et de celle des agresseurs. Chacun de ces
éléments sera discuté au cours des prochains paragraphes.
Premièrement, au cœur de beaucoup des critiques
formulées, se trouve la CTS, un ensemble d’échelles conçues par Strauss
et Gelles, pionniers de l’approche dite de la « violence familiale »,
comme mesure de la VEPI (Strauss & Gelles 1990). Certains chercheurs
ont âprement critiqué le fait que la CTS ne tient pas compte du
contexte, des motivations, des significations et des conséquences de la
VEPI (voir Bachman, 1998 ; Belknap, 2001 ; Berk, Berk, Loseke, &
Rauma, 1983 ; DeKeseredy, 1995 ; Dasgupta , 2001 ; DeKeseredy &
Schwartz, 1998 ; Dobash & Dobash, 1988 ; Kurz, 1993 ; Schwartz,
1987 ; Stark & Flitcraft, 1983 ; Yllo, 1983, pour des exemples de
ces critiques.)
Comme il a été rapporté précédemment, les études
faisant état d’un taux plus élevé de VEPI perpétrée par des femmes
utilisent surtout des échantillons récoltés à l’échelle nationale. Ce
sont aussi les études les plus susceptibles d’utiliser la CTS pour
mesurer la VEPI. Donc, ces signalements de symétrie de genre tiennent
probablement moins à l’échantillonnage national qu’à une forte
corrélation entre le recours à la CTS et le mode d’échantillonnage
national. Le recours à la CTS explique clairement certaines des
différences de résultats entre les deux approches.
Aussi, certains chercheurs sont préoccupés par le
fait que les études basées sur la CTS interprètent incorrectement les
résultats obtenus, et que cela peut jouer dans la différence entre ces
résultats. Ainsi, Dobash et ses collègues soulignent que dans plusieurs
études dont les résultats indiquent des nombres plus importants de
femmes auteures de VEPI, une répondante qui rapporte avoir déjà
« poussé », « agrippé », « bousculé », « giflé », « frappé » ou « tenté
de frapper » quelqu’un est considéré comme une personne ayant perpétré
une VEPI (Dobash et coll., 1992). Un tel signalement peut inclure une
seule occurrence de ce geste, et il n’est pas situé dans son contexte.
Ainsi, quand des victimes résistent à leur agression d’une façon ou
d’une autre, y compris en tentant de se défendre ou de défendre leurs
enfants, elles seront à tort décrites comme ayant agressé leur
partenaire intime. Pour une excellente rétrospective de l’historique de
la CTS et de ses utilisations passées, modifiées et contemporaines, voir
DeKeseredy et Schwartz (1998).
Une deuxième explication des écarts constatés entre
les résultats des expert(e)s, c’est que les recherches indiquent des
différences entre hommes et femmes quant à la franchise des signalements
sur l’usage de la force envers un partenaire intime. Alors que beaucoup
de femmes victimes de VEPI minimisent les agressions commises contre
elles, plusieurs des hommes qui commettent de la VEPI minimisent ou
sous-signalent les agressions qu’ils commettent (voir Berns, 2000 ;
Campbell, 1995 ; Dobash, Dobash, Cavanagh, & Lewis , 1998 ; Goodrum,
Umberson, & Anderson, 2001 ; Heckert & Gondolf, 2000 ; Morse,
1995 ; Stets & Straus, 1990 ; Walker, 1979), particulièrement dans
le cas des agressions sexuelles (Meyer, Vivian, & O’Leary, 1998).
Plus encore, des recherches menées sur les agresseurs
de partenaires intimes démontrent qu’ils utilisent habituellement des
excuses et des explications pour justifier leur usage de la violence
(Dutton 1988 ; Ptacek 1988). Ces comportements genrés fausseraient à
l’évidence le résultat des données, entraînant des conclusions plus
proches de la théorie de la symétrie de genre en matière de VEPI. C’est
dire que l’orientation des données dépend de qui est la personne
interviewée par le sondeur. Dans les sondages menés à l’échelle
nationale, il arrive souvent que la seule personne interviewée soit la
première à décrocher le téléphone. De plus, les femmes victimes de VEPI
ont plusieurs raisons de sous-signaler les niveaux de VEPI qu’elles
vivent, même en parlant à des recherchistes (voir Smith, 1994), et ce
pour les raisons suivantes :
Le danger et la peur de représailles ou de vengeanceLa gêne ou la honte
L’opinion que la VEPI est un sujet trop personnel pour en parler à quiconque dans le cadre d’un sondage
Un manque de confiance envers l’intervieweur
Une troisième explication plausible des taux plus
élevés de VEPI perpétrée par des femmes est l’environnement dans lequel
s’effectue la récolte des données. Plus spécifiquement, les
environnements de type clinique (ex. : les hôpitaux et les refuges) sont
probablement et légitimement perçus comme des contextes plus
sécuritaires pour répondre à ces questions qu’au téléphone dans sa
maison ou à un intervieweur chez soi. Les recherches sur la VEPI font
systématiquement état de comportements extrêmement contrôlants et
harcelants de la part des agresseurs, ce qui fait souvent du domicile un
des endroits les moins sécuritaires pour les victimes. Donc, les
victimes auront plus tendance à pouvoir ou vouloir signaler leur
victimisation dans des conditions qui se retrouvent plus souvent dans
les études menées à plus petite échelle.
La quatrième explication avancée porte sur la
différence entre les échantillons prélevés. La meilleure explication de
ce phénomène est peut-être la distinction que fait Johnson (1995) entre
la violence conjugale commune et le terrorisme patriarcal. La violence
conjugale commune réfère aux éruptions occasionnelles où chaque membre
du couple use de violence envers sa ou son partenaire en réponse à des
stimuli quotidiens. Selon Johnson, cette violence n’est pas genrée, elle
progresse rarement vers une violence grave mettant la vie de la victime
en danger, et elle n’est pas le produit du patriarcat mais d’une
culture qui accepte la violence en général. Le terrorisme patriarcal
est, quant à lui, une forme de « contrôle par la terreur » des femmes
par leur partenaire ou ex-partenaire masculin, et c’est une conséquence
directe du patriarcat, à savoir la tradition historique du « droit »
légal et social que se donnent des hommes de contrôler leur partenaire.
Le terrorisme patriarcal tend à être plus grave, à s’étaler sur une plus
longue période et à présenter plus de risque d’escalade vers une forme
de violence létale que la violence conjugale commune. De plus, le
terrorisme patriarcal n’inclut pas seulement la violence physique, mais
aussi d’autres techniques terroristes comme le contrôle économique, les
menaces et l’isolement imposé (Johnson, 1995). Johnson en conclut que
les études utilisant de vastes échantillons communautaires sont plus
susceptibles de mesurer la violence conjugale commune, alors que les
études portant sur des échantillons cliniques, issus de groupes
d’entraide ou de sources officielles (ex. : des rapports de police)
mesurent sur le terrorisme patriarcal. Autrement dit : les échantillons
communautaires surreprésentent la violence conjugale commune et les
échantillons cliniques ou officiels surreprésentent le terrorisme
patriarcal dans l’ensemble des cas répertoriés. Il est peu probable que
les hommes qui exercent le terrorisme patriarcal et les femmes qui le
subissent répondent directement aux questions (ou du moins, le fassent
honnêtement), et les victimes de la terreur patriarcale sont plus
susceptibles d’avoir besoin d’aide ou d’en chercher pour combattre ces
violences (Johnson, 1995). Toutefois, il convient de noter que cet
argument de Johnson a été critiqué : certains échantillons nationaux ont
fait état d’un plus grand pourcentage de violence masculine à caractère
terroriste envers les femmes (voir Dobash et coll., 1992 ; Rennison
& Welchans, 2000 ; & Tjaden and Thoennes, 2000). Dans le même
ordre d’idées, les femmes violentées qui apparaissent dans les
échantillons cliniques et officiels sont plus enclines à et capables
d’aborder et d’admettre les violences qu’elles ont subies aux mains d’un
partenaire intime. Ferraro et Johnson (1983) signalent que le fait de
se retrouver dans un refuge pour femmes a été un point tournant pour
plusieurs femmes afin de commencer à se reconnaître comme « violentées »
et à échafauder un plan de sortie afin d’échapper à leur agresseur.
Facteur intéressant, Bachman (1998) compare deux
échantillons nationaux : ceux du National Crime Victimization Survey
(NCVS) et du National Family Violence Survey (NFVS), en signalant que
les taux de la seconde étude sont plus conformes à des conclusions de
différences de genre dans l’exercice de la VEPI. Ce facteur est attribué
à une méthodologie améliorée du NFVS en regard de celle du NCVS. Le
NFVS a conçu son enquête afin de mieux détecter les violences commises
contre des partenaires intimes. Cette étude a conclu que les femmes
étaient huit fois plus à risque que les hommes d’être victimes de VEPI.
Finalement, Tjaden et Thoennes (2000) font valoir une
autre différence méthodologique qui pourrait expliquer les différences
entre les résultats des études. Celles qui concluent à une symétrie de
genre ont tendance à porter aussi bien sur les agresseurs que sur les
victimes, alors que les études démontrant une asymétrie de genre ont
tendance à ne porter que sur l’expérience des victimes. Quand on demande
aux personnes sondées de déclarer quelle quantité de violence elles ont
exercée contre leur partenaire intime, il n’est pas inhabituel de voir
les hommes minorer la quantité de ces agressions, alors que les femmes
ont plus tendance à être honnêtes et franches. Notre prochaine section
fournira plus d’éclaircissements sur ce phénomène genré.
Malheureusement, compte tenu de certains problèmes de
mesure, il est difficile d’évaluer combien de cas de VEPI sont
réellement commis par des femmes. Notre recension des études
scientifiques sur la VEPI indique qu’en y intégrant un filtrage soigneux
de ce qu’est la VEPI, les femmes n’est sont les auteures que dans 5 %
des cas ou moins (voir Berk et coll., 1983 ; Browne, 1987 ; Dobash et
coll., 1992).
Différences de genre dans la VEPI ; pour dépasser le paramètre des fréquences d’incidence.
En plus de se demander si la fréquence de la VEPI est
genrée, il est nécessaire de se demander si la nature de la VEPI l’est
aussi. Certains soutiennent que les hommes et les femmes sont
susceptibles d’utiliser des types différents de violences. Milardo
(1998) a conclu que, tandis que les femmes exercent des types de
violences plus variés, les hommes sont plus susceptibles d’exercer des
types de violences plus graves. Melton et Belknap (2003), dans leur
comparaison entre les auteurs masculins et féminins de VEPI dans les
rapports de police, ont aussi conclu que les hommes sont plus
susceptibles de perpétrer des formes de VEPI plus graves.
Plusieurs chercheurs et défenseurs des victimes
signalent que les femmes ont des motivations différentes pour recourir à
la force contre un partenaire actuel ou précédent. Plus spécifiquement,
les femmes sont beaucoup plus susceptibles que les hommes d’utiliser la
force dans un contexte d’autodéfense face à un partenaire intime
(Barnett, Lee, & Thelan, 1997 ; Cascardi & Vivian, 1995 ;
Dasgupta , 2001 ; DeKeseredy & Schwartz, 1998 ; Hamberger, Lohr,
Bonge, & Tolin, 1997 ; Hamberger & Potente, 1994 ; Molidor &
Tolman, 1998 ; Saunders, 1986 ; Schwartz, 1987). Plus encore, Anderson
et Umberson (2001) ont conclu de leur étude des contrevenants masculins
en matière de VEPI que ces hommes arrivaient efficacement à faire un
compte rendu déformé des comportements (moins graves) de leur partenaire
féminine pour en faire la violence principale, tout en trouvant des
excuses à leurs propres comportements d’agression, qualifiant ceux-ci de
rationnels, adéquats et non violents. Alors que les femmes sont plus
susceptibles que les hommes de recourir à la force pour résister à une
violence amorcée par leurs partenaires intimes, les hommes sont plus
susceptibles que les femmes d’utiliser la force pour contrôler et
exercer un pouvoir sur leurs partenaires (Barnett et coll., 1997 ;
Hamberger et coll., 1997 ; Hamberger & Guse, 2002 ; Hamberger &
Potente, 1994). Worcester (2002) va jusqu’à argumenter que toute analyse
de l’utilisation de la force par des femmes ou des filles dans le cadre
d’une relation intime doit être faite « au moyen d’un cadre qui
maintient les concepts de pouvoir et de contrôle au cœur des définitions
de la violence conjugale » (p. 1390). Cette importante distinction,
faite entre l’autodéfense comme motivation principale des femmes et
l’exercice du contrôle comme motivation principale des hommes, a
d’importantes implications de genre pour les praticiens appelés à
interagir avec des personnes accusées de VEPI : plusieurs femmes
actuellement accusées peuvent très bien être plutôt des victimes de VEPI
ayant agi par autodéfense plutôt que des agresseuses.
Ce qui soulève la question, pour ce qui est des
enquêtes nationales, de qui est la personne qui signale l’agression à
l’enquêteur ? Habituellement, le répondant de ces enquêtes nationales
est quiconque décroche le téléphone le premier. Si un partenaire intime
contrôle les appels entrants, il est fort probable qu’il sera celui qui
répondra. Par ailleurs, il n’est pas inhabituel que les victimes
écourtent leurs communications téléphoniques quand un agresseur jaloux
et violent les « surveille », en appelant régulièrement pour vérifier
qu’elles ne parlent à personne au téléphone. Un long sondage
téléphonique est le genre de conversation qu’une telle victime
chercherait à éviter. Plus encore, si c’est la victime qui répond au
téléphone et que son agresseur est à domicile, il est probable qu’elle
minimisera les abus ou qu’elle choisira de ne pas prendre part à
l’étude.
Das Dasgupta (2001) a rédigé un compte rendu très
complet du recours des femmes à des formes de violence non mortelle dans
le contexte de rapports hétérosexuels. Son rapport passe soigneusement
en revue les recherches sur ce sujet, incluant la façon dont est définie
et explorée la recherche sur la violence des femmes dans leurs
relations avec des partenaires intimes, et les implications de ces
données pour refaçonner les réponses sociales existantes à la VEPI.
Les résultats de ces recherches confirment de façon
cohérente l’existence de différences extrêmes de genre au niveau des
conséquences de la violence pour les hommes et les femmes dans leurs
relations intimes. Beaucoup d’études signalent que les femmes souffrent
de plus de conséquences négatives dues à un conjoint masculin violent
actuel ou précédent que ne le font les hommes en raison de partenaires
féminines actuelles ou précédentes (Brush, 1990 ; Cantos et coll.,
1994 ; Cascardi & Vivian, 1995 ; Cook & Harris, 1995 ; Dobash et
coll., 1992 ; Holtzworth-Munroe, Smutzler, & Bates, 1997 ; Milardo,
1998 ; O’Leary et coll., 1989 ; Stets & Straus, 1990 ; Tjaden &
Thoennes, 2000 ; Vivian & Langhinrichsen-Rohling, 1994). Les femmes
impliquées dans la VEPI sont plus susceptibles que leurs contreparties
masculines de souffrir de blessures, d’avoir besoin de traitements
médicaux, de perdre des heures de travail ou de devoir s’aliter (Archer,
2000 ; Berk et coll., 1983 ; Brush, 1990 ; Cantos et coll., 1994 ;
Cascardi & Vivian, 1995 ; Cook & Harris, 1995 ; Dobash et coll.,
1992 ; Holtzworth-Monroe et coll., 1997 ; Johnson & Bunge, 2001 ;
Morse, 1995 ; O’Leary et coll., 1989 ; Rand, 1997 ; Stets & Straus,
1990 ; Tjaden & Thoennes, 2000 ; Vivian &
Langhinrichsen-Rohling, 1994). On a aussi signalé plus de conséquences
négatives pour les femmes que pour les hommes dans les violences
infligées dans un contexte de fréquentations (Molidor & Tolman,
1998 ; O’Keefe & Treister, 1998). Par ailleurs, la violence des
hommes envers les femmes est beaucoup plus susceptible que la violence
des femmes envers les hommes de susciter de la peur chez la victime
(Hamberger & Guse, 2002 ; Johnson & Bunge, 2001 ; Melton &
Belknap, 2003 ; Morse, 1995 ; O’Keefe & Treister, 1998). Fait à
noter, deux études ont révélé que les hommes et les garçons sont plus
susceptibles que les femmes et les filles d’avoir trouvé drôle ou
humoristique une agression ou un recours à la force de la part d’un(e)
partenaire du sexe opposé (Hamberger & Guse, 2002 ; O’Keefe &
Treister, 1998). Il est clair qu’il existe des différences de genre
significatives entre hommes et femmes quant au recours à l’agression et à
la force contre leurs partenaires intimes actuel(le)s et précédent(e)s.
Comparaisons raciales/ethniques de la nature genrée de la VEPI
Potter (à paraître) insiste sur la nécessité de tenir
compte des différences raciales et ethniques en examinant les divers
instruments servant à mesurer la VEPI en ce qui a trait à leurs
applications aux personnes de couleur. Elle fait observer que l’on a
reproché aux instruments de mesure de la VEPI d’avoir été conçus en
fonctions des taux et des dynamiques de la population blanche, puis
appliqués aux communautés de couleur sans vérifications préalables (voir
Crowell & Burgess, 1996 ; Sorenson, 1996). Les premières recherches
utilisant la CTS et des enquêtes comme le NFVS ont signalé des taux
plus élevés d’usage de « violence sévère » envers les conjoints chez les
Noires que chez les Blanches (Straus, Gelles, & Steinmetz, 1980),
mais ces conclusions doivent être examinées avec précaution compte tenu
des problèmes liés à l’utilisation d’instruments conçus avant tout pour
des populations blanches (Potter, à paraître).
Dasgupta (2001) décrit comment la CTS pourrait passer
complètement à côté de la nature genrée de la VEPI dans sa définition
de la victime et de l’agresseur dans le cas d’une femme immigrante :
« Par exemple, prenons le cas d’une femme ayant lancé
un pot à son mari qui vient de déchirer son passeport et sa carte de
citoyenneté temporaire. Selon la CTS, la violence de la femme sera tenue
pour beaucoup plus intense que celle de son mari. Sur l’échelle du
degré de gravité aussi, le fait de déchirer des papiers serait considéré
comme beaucoup plus faible que la violence physique qui vient de se
produire. Pourtant le saccage des papiers qui légitiment le droit de
résidence de cette femme est extrêmement dévastateur. Elle pourrait
perdre son emploi, être déportée et perdre la garde de ses enfants à
cause du geste de son agresseur. C’est dire que cette femme peut
percevoir un tel acte comme extrêmement violent. » (p. 3)
Les femmes en tant qu’agresseuses de partenaires intimes masculins
La présente recension de recherche met en évidence le
fait que la VEPI est genrée. Les hommes et les garçons sont plus à
risque (que les femmes et les filles) d’en être les auteurs et les
femmes et les filles sont plus à risque (que les hommes et les garçons)
d’être les victimes de la VEPI. Parallèlement, il est important
d’admettre qu’il existe des femmes et des filles qui sont agressives et
violentes envers leurs partenaires intimes masculins. À notre sens,
elles ne correspondent pas à ce que Johnson (1995) décrirait comme des
auteures de « violence conjugale commune » ; ce sont plutôt les
agresseuses principales dans ces relations.
Une des rares études à s’être penchée sur ces femmes
et ces filles met en lumière trois composantes d’un modèle qui tente
d’expliquer la VEPI perpétrée par des femmes : l’apprentissage,
l’occasion et le choix (Perilla, Frndak, Lillard, & East, 2003).
L’apprentissage est une façon dont une femme ou une fille apprend à
agresser, soit en vivant ou en observant de la VEPI ou quelque autre
violence. En effet, d’autres recherches démontrent que les femmes
accusées de violence conjugale présentent des niveaux exceptionnellement
élevés de violences subies dans l’enfance (voir Swan & Snow 2003,
pour une recension de ces recherches). Dans une étude sur les femmes
victimes de VEPI, les femmes ayant réagi avec le plus d’agressivité et
de violence contre leurs agresseurs avaient subi relativement plus de
maltraitance dans l’enfance que les femmes victimes de VEPI dépourvues
de tels antécédents (Swan & Snow, 2003). Perilla et coll. (2003)
citent des exemples de cas où la femme avait été gravement violentée
dans une relation intime antérieure ou avait observé une VEPI grave à
l’endroit de sa mère, et avait « appris » à être violente dans ses
relations subséquentes.
Outre « l’apprentissage », Perilla et coll. (2003)
identifient l’occasion et le choix comme composantes d’un modèle
expliquant la VEPI féminine. L’occasion, telle que la décrivent Perilla
et ses collègues, est étroitement associée à une possibilité d’exercer
des représailles, mais elle peut aussi être interprétée comme de
l’autodéfense par certains. Leur exemple d’une « occasion » est le
moment où le rapport de forces bascule pour un certain temps, par
exemple, quand l’agresseur perd conscience sous l’effet de l’alcool et
que la femme/victime choisit de recourir à de la violence contre lui
pendant qu’il est dans cet état vulnérable. Dans un cas de ce genre,
Perilla et coll. (2003) signalent que la victime devenue la
contrevenante « croyait qu’elle pouvait mourir aux mains de son
agresseur et voyait le recours à la violence comme une façon de se
défendre contre de nouveaux sévices » (p. 31). C’est en ce sens qu’aux
yeux de certains, la composante de l’occasion peut tenir plus de
l’autodéfense que de l’exercice de représailles. Cette
victime-devenue-contrevenante avait souvent fait appel, en vain, à la
police. Ce signalement est conforme aux observations de Miller (2001)
sur les femmes arrêtées pour violence conjugale. Elle identifie un
paradoxe, pour plusieurs femmes arrêtées pour violence conjugale, à
savoir que plusieurs d’entre elles avaient recouru à la violence dans
une situation d’autodéfense.
Finalement, Perilla et ses collègues (2003)
soulignent que, tout comme les intervenant(e)s dans le mouvement
antiviolence conjugale ont pour mantra « La violence est un choix » dans
le cas des hommes violents, la même approche doit aussi être prise
envers les femmes qui violentent des partenaires intimes. Elles
rapportent des cas où des femmes ont utilisé la violence comme forme
d’autodéfense, mais aussi des cas de représailles : par exemple, celui
d’un homme qui a cessé de violenter sa femme après plusieurs années de
mariage, mais où sa femme est devenue violente après son désistement,
comme façon de lui faire payer toutes les années d’agressions qu’elle
avait subies de sa part. Swan et Snow (2003) décrivent aussi la violence
de certaines femmes envers leur partenaire intime comme « une stratégie
d’adaptation » au stress de vivre dans une relation marquée par la
violence. Elles ont aussi observé que les femmes qui utilisaient le plus
d’agression et de violence (en comparaison d’autres femmes victimes de
VEPI dans l’échantillon) étaient aussi celles qui étaient le plus
susceptibles d’amorcer un épisode de VEPI.
Perilla et ses collègues ont bien montré comment les
trois composantes de leur modèle (l’apprentissage, l’occasion et le
choix) du recours de femmes à la violence face à un partenaire intime,
convergeaient souvent dans les faits : la femme a appris des
comportements d’agression tout au long de sa relation ou de sa vie, elle
saisit une occasion où elle a plus de pouvoir et elle fait le choix
d’agresser. Il faudra des études supplémentaires pour identifier plus
précisément les femmes qui recourent à la violence dans leurs relations
intimes et pour comprendre les dynamiques qui sous-tendent ces
comportements.
Comme indiqué précédemment, nous pensons que sur la
base de la recherche actuelle, environ cinq pour cent des cas de VEPI
sont perpétrés par des femmes. Que devons-nous faire de cette
information au sujet des femmes et des filles qui recourent à des
sévices et à de la violence contre des partenaires intimes ?
Les programmes d’intervention sont conçus pour des
délinquants masculins. Peuvent-ils être appliqués aux délinquantes ?
Nous croyons que l’apprentissage, l’occasion et les choix sont eux-mêmes
des réalités genrées, ce qui nécessite une adaptation sexospécifique
des programmes d’intervention à livrer à des agresseuses. Il est
probable que c’est bien plus en raison de leur victimisation et non de
leurs privilèges, comme les auteurs masculins de VEPI, qu’elles en
arrivent à des comportements de VEPI. (Encore une fois, nous
recommandons vivement à ce sujet les écrits de Das Dasgupta, 2001.)
Implications
Comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises dans
cet aperçu empirique de la recherche sur la VEPI, nous croyons que les
études disponibles démontrent qu’il s’agit d’un phénomène hautement
genré. C’est dire que l’intervention auprès des hommes et des femmes
accusés de VEPI (il s’agit habituellement d’accusations de « violence
conjugale ») doit faire place aux différences de genre. Il est également
important de noter que, tout comme les chercheurs perdent souvent de
vue le contexte crucial de la VEPI en se servant de la CTS,
l’application de la loi peut également rater les « véritables » victimes
et agresseurs des cas de VEPI en s’en tenant à la lettre de la loi.
Miller (2001) exprime clairement ce problème en parlant des forces de
l’ordre qui « ne tiennent pas compte du contexte où des victimes de
violence en viennent à recourir elles-mêmes à la violence » (p. 1340).
Bien que la situation d’hommes qui agressent des
femmes est le plus fréquent des cas de figure de la VEPI en termes de
genre, il est important d’étudier les femmes qui violentent des hommes
(ainsi que les cas de VEPI entre partenaires de même sexe). D’abord, on
constate que, sans égard à qui est l’agresseur principal, de plus en
plus de femmes sont appréhendées pour VEPI (voir Dasgupta, 2001 ; Jones
& Belknap, 1999 ; Malloy, McCloskey, Grigsby, & Gardner, 2003 ;
Martin, 1997 ; McMahon & Pence, 2003 ; Miller, 2001). La mise en
œuvre de politiques proarrestation à partir des années 1980 a produit
des nombres record de femmes arrêtées pour violence conjugale. Avant
l’adoption de ces politiques préconisant les arrestations pour violence
conjugale, il était presque inouï que des femmes soient arrêtées pour
violence conjugale. Depuis la mise en œuvre de ces politiques, la police
est beaucoup plus susceptible d’arrêter les deux membres du couple (si
l’homme signale que la femme l’a agressé d’une façon ou d’une autre), ou
même d’arrêter uniquement la femme. Ainsi, les praticiens et le
personnel de traitement des causes criminelles ont été confrontés à
répondre au problème de taux sans précédent de femmes accusées de
violence conjugale.
La recherche et la critique de la recherche dont fait
état le présent document ont des implications très importantes. Bien
que certaines des délinquantes identifiées peuvent être l’agresseur
principal, beaucoup d’entre elles peuvent être qualifiées de
délinquantes alors qu’elles tentaient simplement de se protéger d’une
agression ou qu’elles étaient en situation d’autodéfense. Il peut être
très traumatisant pour ces prétendues « délinquantes » de se voir
obligées de passer par l’arrestation, la prison, des programmes de
gestion de la colère ou des programmes d’intervention conçus pour des
agresseurs, alors qu’en réalité, ce sont les victimes. Les façons dont
les praticiens et le système de justice pénale s’adapteront à des
victimes transformées en délinquantes et traitées comme telles auront
des implications majeures dans leur décision de recourir ou non à ces
services à l’avenir. Par conséquent, il est très important d’améliorer
la collecte de données pour identifier correctement les taux de VEPI
perpétrée par des femmes, mais aussi, pour apporter des changements au
système de traitement des affaires pénales, afin que les victimes de
VEPI ne soient pas transformées en délinquantes et traitées comme
telles. En même temps, dans le cas des femmes individuelles qui sont
effectivement violentes et dont la mise en accusation reflète la
transgression de lois sur la violence conjugale, il est important
d’adapter les programmes d’intervention pour reconnaître qu’il existe
des différences de genre dans les façons dont des hommes et des femmes
en viennent à utiliser la violence dans leurs relations intimes.
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Les documents assemblés par Applied Research
synthétisent et interprètent les recherches en cours sur la violence
contre les femmes, et elles présentent une recension des écrits dans ce
domaine et de leurs implications pour les politiques et pratiques
adoptées.
L’initiative Applied Research reflète un partenariat
entre les organismes états-uniens suivants : le National Resource Center
on Domestic Violence, le National Sexual Violence Resource Center, et
le Minnesota Center Against Violence and Abuse.
Auteures de ce document :Joanne Belknap, Ph.D., Professeure, Départements de sociologie et d’études sur les femmes, Université du Colorado
Heather Melton, Ph.D., Professeure adjointe, Département de sociologie, Université de l’Utah
Adresses de contact dans le document original.
Version originale : http://www.vawnet.org/Assoc_Files_VAWnet/AR_MaleVictims.pdf
Traduction : TRADFEM
Droits de distribution
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peuvent être réimprimés entièrement ou en partie avec une mention
reconnaissant les auteures et VAW.net, un projet du National Ressource
Center on Domestic Violence, mais ne peut pas être altéré ou vendu à fin
lucrative.
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Source : https://tradfem.wordpress.com/2016/04/15/les-hommes-heterosexuels-sont-ils-aussi-victimes-de-violence-conjugale/Share this :
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