Définition du dictionnaire
Robert : Mise en oeuvre des moyens propres à assurer la formation et le
développement d’un être vivant.
A travers l’éducation, ce sont des normes sociales et
des valeurs qui sont transmises ainsi que des modèles d’identification.
Ainsi, masculinité et féminité résultent de mécanismes forts de
constructions et de reproductions sociales. L’éducation se manifeste
partout et tout le temps, aussi bien dans la sphère privée que publique.
Sphère Privée :
Sphère Privée :
Avant même la naissance, de la part du ou des
parents, ou des personnes l’environnant, se mettent en oeuvre des
processus d’attente et s’établissent des projections sur l’enfant. Bien
souvent, il semble primordial de connaître son sexe pour pouvoir
s’adresser à elle/lui de la manière la plus « appropriée » ou
« adaptée », pour savoir à qui on va avoir à faire et donc mieux
préparer son arrivée (couleurs et formes des vêtements, des éléments de
décorations...). Tout concourt donc à ce que de cette « prééducation »
découlent chez l’enfant les attitudes et comportements conditionnés en
fonction de l’appartenance à l’un ou l’autre sexe. Et qu’arriverait-il
donc à l’enfant si l’on ne s’en tenait pas à cela ? Ces projections et
ces attentes se concrétisent à l’arrivée de l’enfant ; les comportements
sont différents avec un bébé fille/garçon. Par exemple, l’allaitement
maternel est moins long, et l’apprentissage de la propreté plus exigeant
pour les bébés de sexe féminin. Les traits de caractère préjugés en
fonction du sexe (calme et passivité chez les filles, action et force
pour les garçons) sont créés par les attentions et comportements
différenciés des parents et de l’entourage social de l’enfant.
Les relations entre les parents sont essentielles
dans la construction psychologique de l’enfant et dans son rapport à soi
et à l’autre. C’est l’effet Pygmalion. En outre, selon leur rôle dans
l’éducation de l’enfant, et dans le fonctionnement de la maison (tâches
ménagères, bricolage...) ils donnent une image de l’homme et/ou de la
femme.
Sphère Publique :
L’école a une influence très importante dans
l’éducation d’un enfant. Elle est souvent synonyme de contrainte,
enseigner devient donc commander. En tant que lieu social, elle est un
catalyseur de construction identitaire ; les relations avec les autres
élèves et avec les enseignant-e-s contribuent largement à l’intégration
des normes sexuées.
Dès l’école maternelle (commençons déjà par nous
interroger sur cette dénomination), affichages et étiquetages permettant
aux enfants de se repérer sont nombreux et leur permettent bien souvent
de se retrouver dans des cases genrées (dessins d’un garçon avec une
voiture pour le coin voiture et d’une fille armée d’une poupée pour le
coin poupée). Et que dire de la terrible heure des mamans qui renforce
encore ce matraquage.
Les outils de travail -manuels, littérature,
programme...- ne sont pas non plus impartiaux. Les contenus valorisés
sont plus proches du « monde des garçons » et ce sont des modèles et
héros masculins qui apparaissent le plus souvent dès le début de
l’apprentissage de la lecture, donnant à voir un univers ou les femmes
sont les grandes absentes. Les manuels d’histoire, qui ont été faits par
des hommes, et pour des hommes, perpétuent l’invisibilité féminine sans
donner d’explication sur les raisons de ce vide. Par exemple ils
s’obstinent à qualifier d’universel le suffrage masculin et oublient le
plus souvent les grandes figures de femmes.
De même un professeur passera plus de temps avec les
garçons qu’avec les filles, ne jugera pas de la même façon un travail
équivalent,
selon matière et sexe social....
selon matière et sexe social....
Les disciplines valorisées (sciences, mathématiques,
économie) sont présentées comme réservées aux hommes, les filles
elles-mêmes sont persuadées qu’elles ne peuvent rien y comprendre. De
tous ses pores l’institution scolaire transpire la domination : cette
domination ici capitaliste, là sexuée, toujours autoritaire, est
masculine. Elle joue un rôle majeur dans la reproduction et la
légitimation des inégalités.
Les préjugés sexistes sont très largement relayés par
les jouets (aspirateur et poupée contre voiture et atelier de
bricolage) ; par la littérature enfantine, par les médias : publicité,
dessin animés, films etc. Les prosélytismes religieux plus actifs et
présents que jamais, sortant radicalement de la sphère privée, imposent
leurs modèles patriarcaux, sans passer par -et parfois même contre-
l’éducation parentale. Les amis des parents, les gens rencontrés dans la
rue, à la sortie de l’école, les parents des copains copines, les
adultes rencontrés et/ou observés sont autant de modèles qui participent
à la construction de l’enfant. La plupart de ces modèles étant
sexistes, l’enfant s’y conformera.
La relation de pouvoir entre adulte et enfant
(l’adulte commande) a pour conséquence la déresponsabilisation de
l’individu. Plutôt que d’apprendre à se gouverner soi même pour vivre en
société il apprend à se conformer à des modèles et des clichés. Il
apprend que les rapports humains de pouvoirs et de domination (notamment
sexiste) sont les seuls possibles. Il s’y résigne et les reproduit.
Tout contribue donc à donner à l’enfant (et donc à
l’adulte qu’il va devenir) un regard sexué sur lui-même et sur le monde
qui l’entoure (et à donner par exemple à tel objet, tel comportement,
telle opinion... une connotation féminine ou masculine). Le genre étant
un système de catégorisation hiérarchique, l’éducation sexiste est donc
un pilier de la domination, de l’oppression et de l’exploitation.
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