« Il est grand temps de reconnaître les violences
domestiques et la haine misogyne pour ce qu’elles sont : des signes qui
doivent nous alerter », prévient un article du New Yorker.
Lorsque les enquêteurs ont fouillé dans le passé
d’Omar Mateen, le terroriste qui a tué 49 personnes dans une boîte de
nuit LGBT d’Orlando, ils ont trouvé quelques détails révélateurs de sa
violence. Avant de tourner son arme contre les gays, les lesbiennes,
trans noires et latinos du Pulse, cet Américain avait déjà violenté de
nombreuses personnes. Tout particulièrement son ex-femme, Sitora
Yusufiy. Une révélation qui a poussé beaucoup à se demander s’il
existait un lien entre tueries de masse et violences conjugales, ou
violences familiales ? Et c’est exactement ce que démontre une étude du
groupe de recherche Everytown for Gun Safety, dévoilée par le New
Yorker.
Sur 133 tueries de masse (définies par le FBI comme
le meurtre d’au moins 4 personnes) qui se sont produites entre janvier
2009 et juillet 2015, l’étude montre que dans 76 cas, soit 57% du total,
le tueur a tué une de ses compagnes, un partenaire intime ou un autre
membre de la famille. Et dans 21 cas, soit 15% du total, le tueur avait
été inculpé pour des violences familiales (« domestic violence » en
anglais, une notion un peu plus large que celle de « violences
conjugales » en français, qui renvoie au couple).
Harcelée par Omar Mateen
Pour Sitora Yusufiy, les coups ont commencé à
pleuvoir juste après son mariage. « Après quelques mois, il a commencé à
me battre, très régulièrement », affirme-t-elle dans une interview.
« Il rentrait à la maison et me battait juste parce que la lessive
n’était pas terminée, ce genre de choses », explique-t-elle.
Une serveuse a aussi témoigné avoir été harcelée par
Omar Mateen il y a dix ans via Facebook, à tel point qu’elle a dû le
bloquer définitivement. « C’était le type de personne qui ne lâchait
pas », raconte Heather LaSalla à l’agence de presse Associated Press.
Regarder le « passif » conjugal
D’autres tueurs ont un historique similaire.
Seung-Hui Cho, l’étudiant sud-coréen qui a tué 32 personnes dans l’une
des résidences de l’université Virginia Tech, à Blacksburg (Virginie)
avait aussi été inculpé pour une histoire de harcèlement sexuel. Et l’un
des tueurs du marathon de Boston, Tamerlan Tsarnaev, avait été arrêté
pour des violences domestiques.
« Pour comprendre si les autorités ont loupé des
indices qui laissaient présager que Mateen serait capable de commettre
un massacre, nous devons regarder son passif conjugal violent -et celui
de tant d’autres avant lui ayant commis des tueries de masse. À chaque
fois, les hommes (eh oui, ce sont majoritairement des hommes) qui
commettent des actes de violence terrifiants contre le public, possèdent
un passif de violences conjugales contre les femmes qui sont les plus
proches d’eux », estime le Huffington Post.
Signes d’alerte
« Il existe bel et bien un lien entre violences
domestiques et tueries de masse, et reconnaitre ce lien permettrait
d’éviter l’un et l’autre », juge aussi Margaret Talbot, journaliste pour
le New Yorker. Par exemple, suggère-t-elle, il faudrait réellement
empêcher les personnes condamnées pour des violences domestiques
d’acheter des armes. Ce qui est déjà interdit, mais la législation est
loin d’être systématiquement appliquée, les États n’ayant pas tous
instauré de procédures pour que les commerces d’armes à feu puissent
vérifier le casier judiciaire des acheteurs. Et d’ajouter :
« Il est grand temps de reconnaître les violences
domestiques et la haine misogyne pour ce qu’elles sont : des signes qui
doivent nous alerter. »
Source : http://www.slate.fr/story/119891/tueries-de-masse-violences-conjugales
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