Par Gerda Christenson, publié dans le Bulletin interne de l’organisation Kvinnofronten.nu
UN OUTIL DE LOBBYING POLITIQUE
– « Rose Alliance, c’est fondamentalement Pye Jakobsson. »
DOUBLE JEU ?
Notes :
Traduction en français : TRADFEM
Cet article a été publié pour la première fois en suédois dans le bulletin interne de Kvinnofronten, no. 4, 2013.
Version anglaise : http://kvinnofronten.nu/eng/Newsletter/debate-rose-alliance.htm
Rose Alliance est une organisation suédoise qui
affirme lutter pour les droits des femmes prostituées. Dans les débats,
ce groupe soutient la nécessité de distinguer la prostitution volontaire
de la prostitution imposée. Mais qui sont ces personnes et dans
l’intérêt de qui font-elles réellement campagne ?
Rose Alliance Sweden est une organisation
probablement mieux connue en dehors de la Suède. Sa porte-parole, Pye
Jakobsson, occupe un poste élevé dans plusieurs organisations
internationales et est souvent embauchée comme conseillère auprès
d’autres organisations. (1)
Cela tient au fait que Pye Jakobsson a réussi à
présenter Rose Alliance comme si cette organisation représentait les
femmes prostituées en Suède.
« Nous, les travailleuses du sexe », dit-elle
lorsqu’elle débat de la prostitution. Elle donne l’impression de pouvoir
parler au nom de toutes les femmes qui sont dans la prostitution.
Comme d’habitude lorsqu’une femme prétend
publiquement que la prostitution et la pornographie correspondent à ce
que veulent les femmes, sa position échappe à tout examen critique. Les
médias sont habituellement ravis de servir de courroie de transmission à
son discours sur les happy hookers, les « prostituées heureuses de
l’être ».
C’est sans doute vers l’époque du Nouvel An 2013 que nous avons commencé à entendre un autre son de cloche.
_______________
_______________
L’organisation ROSE ALLIANCE SWEDEN a été fondée en 2009/2010 par Pye Jakobsson.
Elle avait déjà créé plusieurs organisations similaires, telles que ROSEA au début des années 2000 et, plus tard, SANS.
ROSE ALLIANCE dispose d’une page Web, mais la seule
information donnée à propos du groupe se résume à une adresse courriel.
Et leur adresse postale est identique à celle du domicile de Jakobsson.
UN OUTIL DE LOBBYING POLITIQUE
Le chat est sorti du sac lorsque la journaliste
autonome Kajsa Skarsgård a révélé que Rose Alliance bénéficiait de
l’appui financier de l’organisation néerlandaise Mama Cash – une
organisation préconisant la décriminalisation de la prostitution et sa
redéfinition comme « travail du sexe ». (2)
De 2011 à 2013, Rose Alliance a reçu environ 95 000 euros en soutien financier.
Mais il y avait autre chose. Cet argent est venu
indirectement du gouvernement suédois, puisque Mama Cash avait reçu 31
millions de couronnes (SEK) de l’organisme SIDA, l’Agence suédoise de
coopération internationale pour le développement.
C’est dire que le gouvernement suédois, qui a
criminalisé l’achat de sexe, fournit de l’argent à une organisation
internationale qui non seulement fait campagne pour la
décriminalisation, mais appuie aussi financièrement des opposants
suédois de la législation suédoise.
– « Rose Alliance est une organisation politique, pas
une organisation qui aide les femmes » – Anna, une ex-membre de Rose
Alliance.
AUCUN SOUTIEN POUR LES FEMMES EN PROSTITUTION
Cette révélation a conduit une ex-membre de Rose
Alliance à décider d’avertir les gens du fonctionnement réel de cette
organisation.
Anna Berg (un pseudonyme) a déclaré avoir approché
Rose Alliance pour obtenir du soutien, parce qu’elle voulait rencontrer
d’autres femmes prostituées et aussi trouver un endroit où elle n’aurait
pas à mentir sur ce qu’elle faisait. Mais l’organisation n’offrait
aucun soutien aux femmes. Elles n’avaient qu’un guide de sécurité à
m’offrir, explique Anna. (3)
« Rose Alliance est une organisation politique, pas
une organisation de soutien aux femmes », a dit Anna au journal suédois
Dagens Arena.
Elle a également déclaré que l’organisation se limitait à une poignée de personnes.– « Rose Alliance, c’est fondamentalement Pye Jakobsson. »
DOUBLE JEU ?
Anna a également révélé qu’en réalité, Pye Jakobsson
n’était absolument pas « une des filles », comme elle le prétend, mais
qu’elle appartenait plutôt à l’autre côté de l’industrie.
Il s’est avéré que Pye Jakobsson siégeait depuis 2001
au conseil d’administration du club de strip-tease Flirt Fashion, à
Stockholm. Anna a expliqué que Pye Jakobsson planifiait aussi les
horaires des femmes du club et participait au recrutement de nouvelles
filles. (4)
Le récit d’Anna soulève beaucoup de questions. Il est
évidemment très grave que quelqu’un qui prétend travailler pour les
droits des femmes dans le commerce du sexe exerce en fait un rôle de
cadre dans l’industrie du sexe, y compris du travail de recrutement.
« Il est évidemment très grave que quelqu’un qui
prétend travailler pour les droits des femmes dans le commerce du sexe
exerce en fait un rôle de cadre dans l’industrie du sexe, y compris du
travail de recrutement. »
Quand Pye Jakobsson a été interrogée au sujet du
témoignage d’Anna, elle a répliqué qu’elle ne se voyait guère dans un
rôle de patronne, même si elle dressait effectivement des horaires et
plaçait de nouvelles filles. Elle a cependant prétendu n’avoir pas
activement travaillé au recrutement, mais « simplement » inséré les
nouvelles filles dans leur calendrier. Quant à sa position au conseil
d’administration, elle a expliqué que ce n’était que « pour aider un
vieil ami ». Elle a souligné qu’elle n’avait reçu aucun salaire pour son
travail au conseil d’administration. Pour elle, il n’était donc pas
grave qu’elle soit au conseil d’un club de sexe qui tirait profit de
l’exploitation de femmes dans l’industrie du sexe.
PAS LA PREMIÈRE FOIS
PAS LA PREMIÈRE FOIS
Pour ce qui est de la question du recrutement, nous
ne disposons que de la parole d’une personne contre celle d’une autre.
Mais une simple vérification de ses antécédents révèle que ce n’est pas
la première fois que Pye Jakobsson a occupé une fonction de cadre au
sens de l’organisation des horaires.
Lorsque le journal suédois Aftonbladet a fait le
décompte des « clubs de sexe » de Stockholm il y a 15 ans, leurs
journalistes ont visité l’un d’entre eux, appelé Erostop. Le journaliste
Richard Aschberg y a interviewé Pye Jakobsson et a écrit à son sujet :
« Pye Jakobsson, 32 ans, gère les horaires et d’autres besoins des danseuses à Erostop. » (5)
Le rôle de Jakobsson semble avoir été l’équivalent
d’une « maquerelle », une femme ayant une expérience antérieure de
strip-teaseuse, qui en vient plus tard à faire un travail de cadre pour
un ami, le propriétaire, c’est-à-dire celui qui tire profit de
l’industrie du sexe.
Au moment où j’écris cet article, un an après le
dévoilement de cette collusion, Pye Jakobsson ne siège plus au conseil
d’administration de Flirt Fashion.
Se présentant comme une organisation
« queer », Rose Alliance a participé au défilé de la fierté de Stockholm
au cours des dernières années. Le fait que la prostitution est un
exemple plutôt extrême de l’hétéronormativité (la majorité de la
prostitution à l’échelle mondiale se compose d’hommes qui exploitent
sexuellement des femmes) n’a pas empêché le Conseil d’administration du
défilé de les accueillir.
PROSTITUTION VOLONTAIRE OU FORCÉE ?
Mais ce n’est pas seulement pour la question des
antécédents de Pye Jakobsson que les prétentions de Rose Alliance ne
résistent pas à un examen plus minutieux. Il en est de même pour la base
de leurs opérations : tout leur baratin au sujet de libres choix.
Lors de débats publics, Rose Alliance est parfois
confrontée à des faits tangibles sur ce à quoi les femmes prostituées
doivent faire face, jour après jour et dans le monde entier. Les
porte-parole de Rose Alliance affirmeront alors ne parler que des femmes
qui veulent être prostituées et qui adorent cela — puisque,
disent-elles, il existe déjà d’autres lois protégeant contre le viol ou
la traite des personnes, par exemple.
Mais cette façon de diviser la prostitution en
pratiques volontaire ou forcée ne reflète pas la réalité. Il existe au
contraire un lien évident entre la prostitution légalisée et la traite
des personnes – entre autres exemples, la traite a tendance à augmenter
dans les pays où la prostitution en soi est légale. (6)
De plus, en Suède, les exigences juridiques de preuve
de traite des personnes sont si difficiles à satisfaire qu’en fait, de
nombreux cas de traite me donnent voie qu’à des condamnations pour
proxénétisme. (7) Et Rose Alliance réclame que le proxénétisme cesse
d’être un crime.
MESSAGES DIFFÉRENTS DANS DIFFÉRENTS CONTEXTES
MESSAGES DIFFÉRENTS DANS DIFFÉRENTS CONTEXTES
Malheureusement, la réponse que je viens de donner
indique que Rose Alliance bénéficie de l’interprétation faite de leurs
propos. Ma réponse portait sur la raison pour laquelle leur raisonnement
est faux ; elle repose sur l’hypothèse que Rose Alliance s’oppose
réellement à la traite, comme elles le prétendent sur la place publique.
Mais est-ce vraiment le cas ? Dans d’autres contextes, ce qu’elles
disent semble complètement différent.
Laura María Agustín, doctoresse et résidente de
Malmö, est une autre des rares porte-parole de Rose Alliance. Voici
comment elle définit les femmes qui sont dans la traite, à savoir : des
femmes enfermées à l’intérieur en tout temps et qui sont déplacées au
gré des trafiquants :
« Les femmes qui vivent dans des établissements
sexuels et les quittent rarement jusqu’à ce qu’elles soient déplacées
vers un autre endroit sans être consultées reçoivent l’attention
habituelle des médias, puisque l’on prend pour acquis que cela
représente une perte totale de liberté. Dans de nombreux cas, cependant,
les travailleuses migrantes préfèrent cette situation, pour diverses
raisons : si elles ne quittent pas les lieux, elles ne dépensent pas
d’argent ; quand elles n’ont pas de permis de travail, elles se sentent
plus en sécurité dans une situation contrôlée ; si quelqu’un d’autre
fait le travail de trouver de nouveaux locaux et de prendre des
dispositions, elles n’ont pas à le faire ; ou si elles sont entrées au
pays avec un visa de touriste valide pour trois mois, elles veulent
passer autant de temps que possible à gagner de l’argent. » (8)
GLORIFICATION DE LA TRAITE DES PERSONNES
Des euphémismes comme parler de « travailleuses
migrantes » pour lesquelles « quelqu’un d’autre fait le travail » de
« prendre des dispositions » donnent l’impression de quelque chose de
complètement différent de l’exploitation sexuelle caractérisant la
traite, où des femmes enfermées sont déplacées d’un endroit à l’autre
sans la moindre possibilité de s’échapper.
D’autres membres de Rose Alliance minimisent également l’importance de la traite.
Dans une émission radio, Pye Jakobsson a parlé de ses antécédents de strip-teaseuse au Portugal :
« J’y ai travaillé avec une foule de Brésiliennes.
Beaucoup d’entre elles seraient probablement considérées comme des
victimes de la traite aujourd’hui, parce que la plupart avaient été
incitées à venir au Portugal par des offres de travail dans des
restaurants. Une fois arrivées au Portugal, il n’y avait pas de
restaurant et leur passeport leur était enlevé, en attendant qu’elles
remboursent le billet d’avion. On ne parlait pas de traite à l’époque,
et il y avait un peu plus de place pour une interprétation personnelle
des sentiments éprouvés. Certaines filles portaient plainte aux flics,
certaines pleuraient et tombaient en dépression, et certaines se
disaient : « Jésus, comment ai-je pu tomber dans ce piège, que je suis
stupide ! », puis elles continuaient joyeusement à travailler, en
disant : « Quand je reviendrai au Brésil, je ne parlerai de cela à
personne, mais pendant que je suis ici, je vais certainement gagner
autant d’argent que possible. » (9)
Cette oppression extrême des femmes, des filles
trompées, dépouillées de leurs passeports et exploitées dans la traite à
des fins sexuelles, se transforme en une « interprétation » personnelle
dans la description qu’en fait Pye Jakobsson.
Cette oppression extrême des femmes, des filles
trompées, dépouillées de leurs passeports et exploitées dans la traite à
des fins sexuelles, se transforme en une « interprétation » personnelle
dans la description qu’en fait Pye Jakobsson.
DES SIGNIFICATIONS FLOUES
En menant des recherches pour écrire cet article,
j’ai découvert que Pye Jakobsson se montrait très évasive dans ses
réponses en entrevues, aussi bien sur ses antécédents que sur ceux de
Rose Alliance.
Malgré le fait qu’un simple contrôle a confirmé que
Rose Alliance a été fondée en 2009/2010, Pye Jakobsson affirme de temps à
autre que l’organisation existe depuis le début des années 2000.
Mais cela contredit ses affirmations à d’autres
occasions au sujet de ses tentatives de former les organisations SANS et
ROSEA, à savoir qu’elle a échoué à plusieurs reprises à fonder une
« organisation de travailleuses du sexe ». Voici comment elle décrit sa
tentative d’en fonder une en 2004 :
« Mais cela n’a pas si bien marché. Nous pensions que
nous avions besoin d’alliés à nos côtés. Comme nos amis. L’organisation
fut bientôt remplie de libéraux heureux qui pensaient que c’était
génial avec beaucoup de sexe tout le temps, mais les travailleuses du
sexe sont devenues de moins en moins nombreuses. » (10)
Pour ce qui est d’elle-même, Pye Jakobsson se décrit —
aussi bien lors d’interviews qu’en conférences ou en débats à propos de
la prostitution — comme une « travailleuse du sexe ». Lors de
conférences internationales et en entrevues, elle a parlé de la
prostitution comme si c’était sa propre expérience. (11)
Mais à d’autres occasions, elle a insisté sur le fait
qu’elle avait été strip-teaseuse et non prostituée, qu’elle n’avait
jamais « vendu de sexe ». (12)
Lors d’interviews, elle a souvent déclaré « avoir
abandonné le strip-tease depuis quelques années », tout en continuant
d’utiliser les mêmes mots sur son arrêt récent malgré plusieurs années
passées entre ces entrevues.
MANQUE DE CRÉDIBILITÉ
Bien sûr, Pye Jakobsson a autant le droit que
quiconque de parler de la prostitution, peu importe qu’elle en ait une
expérience personnelle ou non.
La raison pour laquelle je soulève ce point, c’est
qu’aujourd’hui Pye Jakobsson se taille une carrière internationale en
tant que conférencière et en tant que conseillère auprès d’organisations
internationales, y compris des organes des Nations Unies, en matière de
prostitution, et non de strip-tease. Sa carrière est fondée sur une
image qu’elle a créée d’elle-même comme « parlant au nom des
travailleuses du sexe » et en tant que « représentante des travailleurs
du sexe » et « leader du syndicat des travailleuses du sexe en Suède »,
combinée à sa prétention que la société devrait mieux écouter les
« travailleuses du sexe ».
C’est pour cette raison qu’il importe que Pye
Jakobsson ne soit, en fait, PAS une représentante des femmes dans la
prostitution, si elle n’a pas cette expérience. Il importe qu’elle gère
une organisation qui ne travaille PAS pour soutenir les femmes dans la
prostitution, mais qui est, en fait, dédiée à une campagne de lobbying,
de propagande contre la Loi suédoise contre l’achat de sexe et pour une
suppression totale de toutes les lois concernant la prostitution. Il
importe qu’elle et que d’autres personnes de Rose Alliance prétendent
faire une différence entre le « travail du sexe » et la traite, mais
qu’en fait, elles minimisent également la gravité de la traite des
personnes. Il importe qu’elle prétende que toutes les femmes en Suède
qui ont une expérience de la prostitution sont d’accord avec elle, et
qu’elle cache souvent le fait qu’il existe une autre organisation pour
les femmes prostituées en Suède — PRIS — qui soutient réellement les
femmes, tant celles qui sont en prostitution que celles qui veulent en
sortir. PRIS considère la loi suédoise comme une étape positive, mais
insuffisante, une preuve que personne n’a à subir tout ce que la
prostitution signifie pour ses victimes. Ses membres veulent voir la Loi
suédoise contre l’achat de sexe adoptée également dans d’autres pays.
(13)
Et surtout, il importe que Pye Jakobsson, tout en
construisant cette image d’elle-même, ait aussi été, en pratique, membre
de l’industrie qui exploite les femmes dans le commerce du sexe.
Et surtout, il importe que Pye Jakobsson, tout
en construisant cette image d’elle-même, ait aussi été, en pratique,
membre de l’industrie qui exploite les femmes dans le commerce du sexe.
CARRIÈRE INTERNATIONALE
Aujourd’hui, Pye Jakobsson vise une carrière
internationale en tant que spécialiste de la prostitution et de la
prévention du VIH, en parlant des meilleures façons pour les pays du
monde de prévenir la propagation du VIH/sida.
Un des facteurs ayant facilité cette nouvelle
carrière est sa coopération depuis 2012 avec l’organisation HIV Sverige,
où elle a travaillé pour une étude. Il s’agissait pour elle de poser
des questions sur « la santé et la sécurité chez les travailleuses du
sexe ». Le site Web de Rose Alliance a simplement encouragé les
« travailleuses du sexe » qui le consultaient à répondre à un
questionnaire par Internet. Elles ont également interviewé un total de
huit (8) femmes, deux (2) hommes (qui achetaient également du sexe) et
une (1) personne transgenre. Bien que cette étude soit loin d’avoir un
caractère scientifique, Pye Jakobsson la présente et l’utilise comme si
elle l’était. (14)
Et le mythe de la « prostituée heureuse » semble être
encore suffisamment puissant pour que très peu de personnes envisagent
même de remettre en question ce qu’on leur sert.
UNE IMAGE FACTICE
UNE IMAGE FACTICE
En Suède, les prétentions de Rose Alliance concernant
ce qu’elles sont et ce qu’elles font sont acceptées sans conteste par
les médias et par les organisations coopérantes. Pour ce qui est du
commun des Suédois, Rose Alliance n’est pas très connue. Ainsi, les
articles révélateurs de Kajsa Skarsgård sont passés presque inaperçus.
En faisant croire aux gens qu’elle est une
porte-parole des femmes prostituées, et en faisant écho à la prétention
de Rose Alliance d’être un « syndicat des travailleuses du sexe
suédoises », Pye Jakobsson s’est fait offrir une influence
internationale. Cette pose fonctionne apparemment aussi auprès des
grandes agences internationales telles que l’ONU, où Pye Jakobsson s’est
présentée comme conseillère.
Aujourd’hui, Rose Alliance est une force motrice dans
le débat international, où elles répandent le message que la Loi
suédoise contre l’achat de sexe ne fonctionne pas du tout. Encore
aujourd’hui, Pye Jakobsson essaie de se donner l’allure d’une
porte-parole de toutes les femmes prostituées en Suède : « Nous, les
travailleuses sexuelles, considérons… »
De cette façon, Rose Alliance diffuse une image
complètement factice de ce que les Suédois·es en général et les femmes
ayant une expérience de la prostitution pensent de la Loi contre l’achat
de sexe, une loi qui bénéficie en fait d’un solide soutien dans la
population suédoise.
Selon quatre études différentes menées sur cette loi
au cours des dix premières années de son application, plus de 70 pour
cent des Suédois-es s’y sont dits favorables, dont entre 80 et 90 pour
cent des femmes. Ce soutien est également plus marqué chez les jeunes
des deux sexes. (15)
DANS QUELS INTÉRÊTS ?
DANS QUELS INTÉRÊTS ?
La question la plus importante est donc peut-être la
suivante : qui tire profit de la campagne menée par Pye Jakobsson, Laura
Agustín et d’autres membres de Rose Alliance ?
Selon Pye Jakobsson elle-même, aujourd’hui, Rose
Alliance, en dehors de sa campagne contre toute législation concernant
la prostitution, travaille principalement à la prévention du VIH.
Et c’est par le biais de la prévention du VIH que des
organes de l’ONU, tels qu’ONUSIDA et ONU Femmes, ont pris position sur
la décriminalisation de la prostitution dans tous les pays du monde.
Cela donne à penser.
La prévention du VIH est-elle un argument dont le
lobby de la prostitution a décidé de faire un usage général dans son
activité de plaidoyer ? Y a-t-il d’autres gens comme Pye Jakobsson qui
s’activent à cette fin dans des contextes internationaux, c’est-à-dire
des soi-disant « représentant·e·s des travailleuses du sexe » issus
d’autres pays, qui font leur lobbying de manières similaires ?
Et ces personnes sont-elles aussi peu scrutées par les médias qu’elles le sont chez nous ?
Gerda ChristensonNotes :
Pye Jakobsson était lorsque cet article a été
écrit : • membre du conseil d’administration de NSWP, le Réseau mondial
de projets de travail du sexe (elle est depuis 2014 présidente du NSWP) •
consultante pour Harm Reduction International. • membre de GCWA, la
Coalition mondiale sur les femmes et le sida, depuis mars 2013.
Kajsa Skarsgård : Lobby för sexarbete får Sidabidrag, SIDA : s tidning Omvärlden, 4/12 2012.
Kajsa Skarsgård : Intern kritik mot organisation som ska hjälpa sexsäljande kvinnor, tidningen Dagens Arena, 13/1 2013.
Kajsa Skarsgård : Frontfigur också i styrelse för strippklubb, tidningen Dagens Arena, 14/1 2013.
Sexklubbsägare – och familial, Aftonbladet kartlägger sexklubbarna, 24 juni 2000.
Seo-Young Cho, Axel Dreher et Eric Neumayor. ‘Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking ?’, World Development, vol. 41, 2013.
Kajsa Wahlberg : Lägesrapport 13. Människohandel för sexuella och andra ändamål. Rikspolisstyrelsen 2012.
Laura Agustin. ‘The Disappearing of a Migration Category : Migrants Who Sell Sex’, Journal of Ethnic and Migration Studies, Vol.32, n° 1, janvier 2006.
Vintersurr på Radio 1, Pye Jakobsson, 13/12 2011.
Vintersurr på Radio 1, Pye Jakobsson, 13/12 2011.
Carina Edlund & Pye Jakobsson : En annan horisont —sexarbete och hiv / sti-prevention ur ett peer-perspektiv, aucune date donnée, et Conferência Internacional PREVIH, Intervenção de Pye Jacobsson, da Rose Alliance, Panel no IV da II, 3/7 2013, et Pye, prostituée suédoise : “Pénaliser le client n’est pas la solution”, 28/6 2012.
Äntligen med Gert Fylking, Radio 1, 26/8 2011.
Objectifs du PRIS, décrits sur leur site Web : http://www.nätverketpris.se / goals.html
Conferência Internacional PREVIH, Intervenção de Pye Jacobsson, Alliance Rose, Panel no IV da II, 3/7 2013. et Pye, prostituée suédoise : “Pénaliser le client n’est pas la solution”, 28/6 2012.
Jari Kuosmanen : Tio år med lagen. Om förhållningssätt till och erfarenheter av prostitution i Sverige, dans Prostitution i Norden – Forskningsrapport, TemaNord 2008 : 604.
Traduction en anglais : Annina ClaessonKajsa Skarsgård : Lobby för sexarbete får Sidabidrag, SIDA : s tidning Omvärlden, 4/12 2012.
Kajsa Skarsgård : Intern kritik mot organisation som ska hjälpa sexsäljande kvinnor, tidningen Dagens Arena, 13/1 2013.
Kajsa Skarsgård : Frontfigur också i styrelse för strippklubb, tidningen Dagens Arena, 14/1 2013.
Sexklubbsägare – och familial, Aftonbladet kartlägger sexklubbarna, 24 juni 2000.
Seo-Young Cho, Axel Dreher et Eric Neumayor. ‘Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking ?’, World Development, vol. 41, 2013.
Kajsa Wahlberg : Lägesrapport 13. Människohandel för sexuella och andra ändamål. Rikspolisstyrelsen 2012.
Laura Agustin. ‘The Disappearing of a Migration Category : Migrants Who Sell Sex’, Journal of Ethnic and Migration Studies, Vol.32, n° 1, janvier 2006.
Vintersurr på Radio 1, Pye Jakobsson, 13/12 2011.
Vintersurr på Radio 1, Pye Jakobsson, 13/12 2011.
Carina Edlund & Pye Jakobsson : En annan horisont —sexarbete och hiv / sti-prevention ur ett peer-perspektiv, aucune date donnée, et Conferência Internacional PREVIH, Intervenção de Pye Jacobsson, da Rose Alliance, Panel no IV da II, 3/7 2013, et Pye, prostituée suédoise : “Pénaliser le client n’est pas la solution”, 28/6 2012.
Äntligen med Gert Fylking, Radio 1, 26/8 2011.
Objectifs du PRIS, décrits sur leur site Web : http://www.nätverketpris.se / goals.html
Conferência Internacional PREVIH, Intervenção de Pye Jacobsson, Alliance Rose, Panel no IV da II, 3/7 2013. et Pye, prostituée suédoise : “Pénaliser le client n’est pas la solution”, 28/6 2012.
Jari Kuosmanen : Tio år med lagen. Om förhållningssätt till och erfarenheter av prostitution i Sverige, dans Prostitution i Norden – Forskningsrapport, TemaNord 2008 : 604.
Traduction en français : TRADFEM
Cet article a été publié pour la première fois en suédois dans le bulletin interne de Kvinnofronten, no. 4, 2013.
Version anglaise : http://kvinnofronten.nu/eng/Newsletter/debate-rose-alliance.htm
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