Par Irène Corradin
– ont dressé un état des lieux de la maternité de substitution dans le monde, c’est-à-dire du marché des femmes et des nouveau-nés,
– ont appellé à la responsabilité politique des Etats pour lutter contre une pratique aliénante pour la personne humaine et source d’une exploitation sexiste et inégalitaire.
Intervention de Marie Jauffret pour le CORP :
« Il faut que la gauche se réapproprie ces sujets, nous devons mobiliser dans ce sens ».
Le 2 février 2016, Irène était présente aux Assises
pour l’abolition Universelle de la GPA (Gestation pour autrui),t enues à
l’Assemblèe Nationale sous l’impulsion de Laurence Dumont, députée PS
du Calvados et première vice-présidente de l’Assemblée et organisées par
des associations de gauche à l’appel de
La Coordination Lesbienne en France (CLF) - Jocelyne Fildard et Catherine Morin Le Sech
La CADAC - Maya Surduts et Nora Tenenbaum
Le CoRP (Collectif pour le Respect de la Personne) - Sylviane Agacinski et Mjosephe Bonnet-Marie Jauffret
L’objectif ces Assises était de rassembler des
responsables politiques de toute l’Europe, des associations féministes
et de défense des droits humains, des chercheuses et des chercheurs de
toutes disciplines, en vue de montrer et de combattre l’injustice d’une
pratique sociale qui porte atteinte aux droits fondamentaux de l’être
humain.
Les participantes et participants aux Assises– ont dressé un état des lieux de la maternité de substitution dans le monde, c’est-à-dire du marché des femmes et des nouveau-nés,
– ont appellé à la responsabilité politique des Etats pour lutter contre une pratique aliénante pour la personne humaine et source d’une exploitation sexiste et inégalitaire.
Intervention de Marie Jauffret pour le CORP :
« Il faut que la gauche se réapproprie ces sujets, nous devons mobiliser dans ce sens ».
Plusieurs initiatives, aux niveaux européen et
international, ont récemment suscité l’inquiétude, en particulier la
récente nomination de la sénatrice belge Petra de Sutter comme
rapporteur du groupe de travail sur « les droits humains et questions
éthiques liées à la GPA » à l’Assemblée parlementaire du Conseil de
l’Europe (= cour européenne des droits de l’homme).
Le CoRP dénonce un grave conflit d’intérêts, cette
gynécologue étant notamment associée à l’une des cliniques indiennes
proposant les services de mères porteuses contre rémunération, « dans ce
qui se fait de pire en matière d’exploitation des femmes pauvres par
les pays riches »,
Ensuite, Marie Jauffret pointe du doigt les travaux
de la conférence de la Haye, organisation intergouvernementale chargée
de la coopération juridique, concernant le statut des enfants nés par
GPA, qui permettent un contournement de la loi. Le principal risque est
de voir encouragée la pratique des mères porteuses, soit à travers la
revendication d’une GPA « éthique », soit via la régularisation
systématique du statut des enfants.
De fait, des couples commanditaires contournent
l’interdiction de la gestation pour autrui dans leur pays en recourant à
une mère porteuse à l’étranger, puis réclament la régularisation de
leur situation au nom de l’intérêt de l’enfant. « Cela a pour effet de
fragiliser les lois nationales » d’où l’importance d’allumer des
« contre-feux » et de poursuivre un travail de sensibilisation sur les
conséquences de la GPA
Intervention de Geneviève Azam, économiste
Économiste, universitaire, auteure de "Osons rester
humain, Les impasses de la toute puissance (2015)", elle fait remonter
le problème à 1992, au sommet de la terre à Rio, date à laquelle les
brevets vont concerner le Vivant qui devient donc un ensemble de pièces
détachèes ; la matière biologique devient une ressource biologique. La
naissance, acte naturel inouï, unique passe dans le registre de la
bioéconomie. La procréation est aujourd’hui construite comme un service
économique.
C’est la Pratique du donnant-donnant (qui est la
figure typique de l’échange marchand) : une fois la transaction
réalisée, il n’y a plus de lien, plus de dette, le paiement clôt
l’échange. C’est ce qui permet et légitime la rupture totale entre la
mère-porteuse et l’enfant qu’elle a porté.
Là où le système est pervers, c’est qu’il ne parle
pas d’ « achat » d’un enfant sur un marché des enfants, mais d’un marché
de la location d’utérus (qu’elle appelle service corporel), avec
livraison d’un « produit » qui a été « porté » par la mère-porteuse (et
non fabriqué comme on fabrique une voiture). Cette notion de « portage »
élimine également les liens pendant la grossesse entre la mère et
l’enfant, et réduit cette grossesse à un acte purement technique.
Ce sur quoi il faut insister, c’est la
déshumanisation radicale de la "mère porteuse", réduite à un
utérus-machine, et la chosification de l’enfant produit (inversion des
fins et des moyens). Tout est prêt pour constituer un marché, il y a là
tous les ingrédients... On a exactement la même chose avec la
marchandisation de la biodiversité en général ; ce qui s’échange, ce
sont les "services écosystémiques ».
Précisons que, pour qu’il y ait un échange marchand, il FAUT préalablement réduire les femmes à un utérus et l’utérus à une machine ; La GPA devient un acte délocalisé, le corps de la femme étant appelé à être un jour remplacé par un utérus artificiel. Volonté de construire des"usines-mères". C’est pourquoi la GPA ne pourra JAMAIS être éthique car elle a supposé une rupture préalable avec toute éthique.
Précisons que, pour qu’il y ait un échange marchand, il FAUT préalablement réduire les femmes à un utérus et l’utérus à une machine ; La GPA devient un acte délocalisé, le corps de la femme étant appelé à être un jour remplacé par un utérus artificiel. Volonté de construire des"usines-mères". C’est pourquoi la GPA ne pourra JAMAIS être éthique car elle a supposé une rupture préalable avec toute éthique.
Or, aujourd’hui, nos adversaires sont aussi ceux et
celles qui disent qu’on va pouvoir faire une GPA éthique.
Nos sociétés
sont en panne d’utopie. Nous sommes tous hantés par l’espèrance
technicienne de l’allongement indéfini de la durée de vie,dans laquelle
s’inscrit la GPA
Intervention de Regula Stämpfli, politologue allemande.
Auteure de Frauen ohne Maske, elle dénonce "ce
nouveau marché cannibale" et fait remarquer les termes "banque d’ovules,
de sperme", etc.Elle dénonce une numérisation en cours des êtres
humains et remarque la complicité des médias qui refusent de traiter la
question comme une question politique et renvoient à des cas privés, ce
qui émeut dans les chaumières et camoufle un juteux business !!!
Sheela Saravanan, indienne, docteure en géographie et
en « Development Planning from India ». Spécialiste des questions liées
au genre en Asie du Sud, nombreux articles et rapports sur
l’infanticide des filles, la violence contre les femmes, le commerce de
la maternité de substitution, Inde.
Elle dénonce les abus liés à l’exploitation de la
situation de pauvreté vécue par les femmes indiennes (coût 4 fois
moindre qu’aux USA),l e développement de cliniques casernes aux
pratiques scandaleuses : femmes cloitrées pendant 10 mois, sans bouger,
"bétail à pondre à engraisser", accouchement par césarienne obligatoire
,implantation possible de 5 embryons, avortements sélectifs, abandon des
enfants « commandés » du fait d’une fragilité, d’un handicap, aucune
protection légale pour l’enfant ; La clinique, par contrat, décide de
tout et assurance est prise pour que la femme porteuse n’ait aucun droit
sur l’enfant.
Jean-Daniel Rainhorn, Médecin, Chaire Inégalités
sociales à Genève, santé et action, humanitaire au Collège d’Etude
mondiale, Paris. Editor de New Cannibal Markets, Globalization and
Commodification of the Human Body, Paris, 2015, France.
Analyse l’ONu et les organisations internationale et
déplore l’absence de réflexion et de prise de position commune ; impasse
et confusion sont la règle au niveau mondial. Il remarque l’extension
récente de ce type de marchés, les profits énormes, la forte demande et,
vu l’accroissement de la pauvreté, une offre quasiment illimitée. Il
souligne la déshumanisation du Marché et la disparition de l’Humain.
Il remarque que la maternité de subtitution n’est pas
le seul domaine dans lequel on a recourt au corps des uns pour résoudre
les problèmes du corps des autres :
le besoin en produits sanguins a été résolu par la commercialisation de la collecte du sang ;
idem pour la transplantations d’organes (ex : effondrement du"cours" du rein depuis la guerre de Syrie !!)
idem pour les biobanques ;
- idem pour le pillage des cerveaux(ex : un quart des
médecins exerçant au Royaume Uni ont obtenu leurs diplômes dans des
pays pauvres) ;
dernière en date : la GPA.
Il dénonce ces nouveaux esclavages qui ne pourraient se développer sans la complicité de scientifiques et de médecins.
Eva Maria Bachinger, Ecrivain, auteure de" Enfants sur commande", a enquêté en Autriche.
Aujourd’hui,la société veut tout planifier,contrôler,
échapper à la Nature, elle vit dans l’illusion du"tout est possible,
tout est à vendre".
Elle fait remarquer que nous manquons d’informations ; ce type d’activité, fort lucrative, reste souterraine et clandestine :
- ex : aux Pays-Bas, il existe un tourisme de la reproduction or seulement 2 cas ont été officiellement enregistrés en 2013 ;
- ex : en Russie, seulement 300 enfants seraient
ainsi nés par GPA en 2013 alors qu’il existe dans le pays 140 cliniques
où la GPA peut se pratiquer officiellement, 900 programmes lancés !!
Elle n’a pas trouvé de cas de femme riche se proposant pour devenir mère-porteuse.
Elle n’a pas trouvé de cas de femme riche se proposant pour devenir mère-porteuse.
Elle insiste sur le type de contrat imposé par les
commanditaires avec des clauses sur 22 pages allant de l’obligation de
certaines nourritures à l’interdiction de voyager, interdiction d’avoir
durant la grossesse des relations sexuelles, interdiction de voir et de
tenir dans ses bras ses propres enfants, interdiction de tatouage, de
mettre du vernis à ongles, avortement obligatoire si l’enfant présente
un risque de malformation, accouchement par césarienne, non paiement en
cas d’échec, aucun droit à l’enfant pour la mère-porteuse, aucune droit
pour l’enfant à naître à connaître la manière dont il a été conçu, etc.
Elle précise que la Notion des Droits de la personne
avait été conçue pour défendre dans la sociète les plus faibles et
qu’aujourd’hui le DROIT protège le fort.
René Frydman, gynécologue des hôpitaux de Paris, France
Se présente comme médecin de la reproduction. Il est
pour la greffe d’utérus mais contre la GPA. Il ne veut ni tout freiner
ni tout accepter. Il dénonce l’élimination de la femme porteuse,les
risques pour l’enfant ,les risques d’aliènation physique et psychique.
La ligne rouge, pour lui, c’est lacommercialisation du Corps
La ligne rouge, pour lui, c’est lacommercialisation du Corps
Kajsa Ekis Ekman, Journaliste, auteure de "l’Etre et la marchandise", fondatrice de "Féministes contre la GPA", Suède
Elle met en parallèle la Prostitution et la GPA. Pour
elle, ces deux industries se développent à l’intersection du Patriarcat
et du Capitalisme. Elle insiste sur la dissociation ; dans la GPA, il
s’agit d’acheter un enfant sans mère !
Notre premier adversaire dans cette lutte, c’est
l’altruisme : cette industrie se donne des allures de charité : on vient
en aide à des femmes pauvres qui ainsi pourront nourrir, soigner, faire
faire des études à leurs enfants, offrir plus de confort à leur mari et
à leur famille. La femme est replongée dans l’idéologie patriarcale de
la femme bonne, la bonne mère, celle qui se sacrifie
Julie Bindel, journaliste freelance britannique,
lesbienne et activiste politique, fondatrice du groupe « Justice for
Women » contre les violences faites aux femmes.
Elle a enquêté sur le terrain en Inde ; Elle remarque :
Le côté patriarcal du business (c’est le mari qui autorise sa femme à devenir mère-porteuse) ;
Le côté raciste (les ovules "blancs" coûtent 4 fois plus que des ovules indiens !!) ;
Elle a enquêté sur le terrain en Inde ; Elle remarque :
- La parenté idéologique des arguments
pro-prostitution et pro-GPA (libre choix, entreprenariat parfois
encouragé par l’Etat, acte altruiste, les femmes y trouvent du
plaisir !) ;
La profonde misogynie du lobby gay.
Pour finir, signature solennelle par les associations
présentes dont la MMF, Bagdam, CMPDF, une délégation de femmes
italiennes... et des personnalités politiques comme Marie-George Buffet,
Elisabeth Guigou, José Bové, Benoît Hamon, Laurence Cohen... de la
CHARTE POUR L’ABOLITION UNIVERSELLE DE LA GPA
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