Chapitre 1 de REFUSER D’ÊTRE UN HOMME, John...

Chapitre 1 de REFUSER D’ÊTRE UN HOMME, John Stoltenberg, M Éditeur/Syllepse, 2013, pages 55-71


Les récits ont un début, un milieu et une fin. Pas les idées. Les récits peuvent être contés et appréhendés en termes de qui a fait quoi et qu’est-ce qui est arrivé à qui, ce qui est arrivé ensuite et ce qui est arrivé après cela. Les idées n’occupent pas le temps et l’espace de cette façon, et pourtant c’est seulement par l’appréhension de certaines idées que la réalité historique prend tout son sens. Nous interprétons toutes les données issues de nos sens – y compris les caractères, les actions, leurs conséquences et même nos soi-disant personnalités – en fonction d’idées, de notions ou de structures mentales, dont certaines que nous comprenons et certaines auxquelles nous nous contentons d’adhérer.

L’identité sexuelle est une idée. L’identité sexuelle – la croyance en l’existence de la virilité et de la féminité et en la nécessité d’être soit un homme, soit une femme – fait partie des idées les plus fondamentales en jeu dans l’interprétation de notre vécu. Non seulement pensons-nous connaître l’idée d’identité sexuelle et y croyons-nous, mais cette idée détermine lourdement la manière et le contenu de notre savoir. Une fois l’idée d’identité sexuelle ancrée dans notre tête, nous voyons, ressentons et apprenons les choses en fonction d’elle. Comme le dessinateur qui, devant une nature morte ou un modèle, voit des lignes à tracer au lieu des contours et des surfaces dont les courbes se prolongent hors de vue, nous observons les êtres humains qui nous entourent et y distinguons des apparences et des comportements appartenant à une identité sexuelle masculine ou féminine. Nous nous disons : « Voilà un homme », « Voilà une femme ». Comme le dessinateur, nous traçons les lignes d’un contour au-delà duquel nous ne pouvons pas voir.

En fait, l’idée d’identité sexuelle a sur nous une emprise que n’a pas notre expérience réelle ; car si notre expérience la « contredit », nous infléchirons notre expérience pour qu’elle fasse sens conformément à cette idée. Il est d’autres idées dont le soutien exige beaucoup moins d’effort mental : par exemple, notre conviction qu’il existe un haut et un bas et que les objets ont tendance à tomber vers la terre. La gravité est une catégorie robuste et fiable à laquelle se plie la majeure partie de notre expérience quotidienne sans beaucoup d’ajustements. Personne n’a à s’inquiéter que la gravité prenne fin, d’une manière ou d’une autre, si un trop grand nombre de gens cessent d’y accorder foi. Nous n’avons pas non plus à composer avec des exceptions occasionnelles qui pourraient nous agacer ou nous faire nous demander si un objet qu’on laisse tomber chutera réellement. La force de la gravité ferait partie de notre décor même sans l’idée que l’on s’en fait. La gravité existe, simplement ; nous n’avons pas à la faire exister. Il n’en est pas ainsi de l’idée d’identité sexuelle. Il s’agit d’une idée politique. Sa puissance tient entièrement à l’effort humain requis pour la soutenir, un effort qui occupe la vie de tous et de toutes, à temps presque complet, pour en assurer le maintien et la vérification. Même si, dans une certaine mesure, tout le monde joue son rôle pour maintenir réelle l’idée d’identité sexuelle, il faut bien constater que certaines personnes mettent plus de ferveur que d’autres à ce projet.

Nous résistons remarquablement à reconnaître que l’idée de l’identité sexuelle a uniquement un sens politique. Nous préférons de beaucoup lui attribuer une existence métaphysique. Par exemple, nous voulons croire que l’idée d’identité sexuelle « existe » au même titre que l’idée de chaise. L’idée de chaise peut être actualisée sous la forme de chaises réelles. Il peut exister bien des genres de chaises, mais nous pouvons reconnaître une chaise quand nous en voyons une, parce que nous avons en tête cette idée de chaise. Et chaque chaise réelle possède ce caractère de chaise avec une certaine permanence ; nous pouvons la regarder et nous asseoir dessus aujourd’hui et demain ainsi que le jour suivant et en avoir une connaissance concrète en tant que chaise. Nous croyons que l’idée d’identité sexuelle peut avoir également une continuité et une permanence semblable, sous la forme d’un vrai homme ou d’une vraie femme. Même si les apparences et les comportements des gens diffèrent énormément, nous croyons pouvoir reconnaître de visu un vrai homme ou une vraie femme, parce que nous avons en tête les idées de virilité et de féminité. Nous pensons que lorsque nous percevons cette virilité ou cette féminité chez quelqu’un, l’identité sexuelle de cette personne a une durabilité, une constance, une certitude – aussi bien pour elle que pour nous. Nous pensons qu’il est vraiment possible pour nous d’être un vrai homme ou une vraie femme avec la même certitude que nous observons chez les autres. Nous croyons que l’idée d’identité sexuelle est une idée comme l’idée de chaise, et pourtant nous pouvons être vaguement conscients, à certains moments, que l’idée de notre propre identité sexuelle est parfois en doute, qu’elle n’est jamais pleinement réalisée, jamais stable, jamais vraiment « là » pour un laps de temps assuré. Nous pouvons observer qu’étrangement, l’idée de notre propre identité sexuelle doit être recréée, encore et encore, en action et en sensation – en faisant des choses qui nous donnent l’impression d’être vraiment un homme ou une femme et en évitant de faire celles qui laissent place au doute dans ce domaine. Aux yeux de chacune, l’idée d’une identité sexuelle fixe et certaine peut sembler « là-bas » quelque part, élusive, toujours mieux réalisée chez quelqu’un d’autre. Presque tout le monde pense que l’identité sexuelle de certaines personnes est plus réelle que la sienne propre : nous nous mesurons presque tous et toutes à l’aune d’autres personnes perçues comme étant plus masculines ou plus féminines que nous. En même temps, l’identité sexuelle de presque tout le monde ne semble certaine et réelle à ses propres yeux que de temps à autre, avec des interruptions troublantes. Les chaises ne semblent pas avoir le même problème, et nous n’avons pas le même problème avec les chaises.

Il s’est fait beaucoup de tentatives pour localiser dans la réalité matérielle une base à notre foi en l’identité sexuelle. Par exemple, l’on prétend, dans un langage tout à fait scientifique, que les gens pensent et se comportent comme ils et elles le font selon des modes masculins ou féminins à cause de certaines molécules appelées hormones, qui dans une logique assez circulaire, sont désignées masculines ou féminines. Il est dit, dans un langage tout à fait scientifique, que la présence ou l’absence prénatale de ces hormones produit des cerveaux masculins ou féminins – des cerveaux prédisposés à penser des pensées genrées et produire des comportements genrés. Dans les fœtus qui deviennent masculins, on prétend que des hormones dites masculines, appelées androgènes, auraient pour effet de « masculiniser » les cellules du cerveau. Cela se ferait notamment en créant des liens chimiques entre les trajets d’ondes cervicales correspondant à la sexualité et l’agression, condamnant à un voisinage mental éternel l’érotisme et le terrorisme. On dit aussi que chez les fœtus qui deviennent féminins, ces androgènes sont absents, de sorte que ces deux circuits ne fusionnent pas. Les savants qui étudient et documentent de tels phénomènes (et dont la majorité croit, bien sûr, que leur cerveau est tout à fait masculin) prétendent avoir déterminé que certains fœtus féminins reçoivent une surdose anormale d’androgènes dans l’utérus – un accident qui explique, disent-ils, pourquoi des « garçonnes » grimpent aux arbres et pourquoi des femmes ambitieuses désirent une carrière. L’essence de telles théories – et il y en a beaucoup d’autres semblables – est que le comportement découle de l’identité sexuelle, et non l’inverse.

S’il est vrai que le comportement découle de l’identité sexuelle, alors il est justifiable de juger différemment du bon ou du mauvais droit de toute action humaine selon qu’elle est le fait d’un homme ou d’une femme, en s’appuyant sur des raisons comme la biologie, l’ordre naturel ou la nature humaine. Par exemple, l’indisposition transculturelle de mâles en parfaite santé à faire la vaisselle, à ranger leurs vêtements ou à prendre soin d’enfants peut être justifiée comme découlant de leur constitution hormonale, conçue pour traquer les dinosaures et qui n’a pas évolué jusqu’à la capacité de faire la lessive.

Presque tout le monde a la conviction inébranlable qu’il existe des choses qu’une femme a tort de faire alors qu’elles sont bien de la part d’un homme, et que d’autres comportements désavantagent un homme, mais avantagent une femme. Cette conviction, comme presque tous les articles de foi, est aveugle ; mais contrairement à la plupart des articles de foi, elle ne se perçoit pas comme telle. En fait, il s’agit d’une éthique dénuée d’une épistémologie, c’est-à-dire un système particulier d’attribution de valeur à certaines conduites dénué de la moindre intelligence du comment et du pourquoi de cette croyance en la vérité du système. C’est une foi dont les articles n’ont jamais vraiment besoin d’être énoncés, parce que ses fidèles ne rencontrent presque jamais de gens qui ne la partagent pas, de façon tacite et totale. L’évaluation des actions humaines en fonction du genre de la personne qui les pose – ou « éthique sexospécifique » – est une idée si peu remarquable, si irrévocablement ordinaire et si évidente pour un si grand nombre de gens que le fait qu’elle en soit venue à être un tant soit peu remise en question est déjà un miracle de premier ordre dans l’histoire de la conscience humaine.

Étrangement, on constate en même temps que beaucoup de personnes chérissent l’illusion que leurs jugements éthiques sont en fait neutres à l’égard du genre. Dans la psychologie populaire, par exemple, la notion de concessions mutuelles selon un mécanisme de type « donnant-donnant » revient constamment dans les conversations au sujet des relations interpersonnelles entre hommes et femmes. Ce cliché évoque à la fois l’idéal et la possibilité concrète d’une relation de couple parfaitement réciproque, aussi sereine, harmonieuse, équilibrée et objective qu’une balançoire. Femmes et hommes prêtent allégeance à cet idéal, portant aux nues les concessions mutuelles comme si c’était un principe incontournable de l’interaction socio-sexuelle. La réalité concrète qui sous-tend ce « donnant-donnant » peut s’avérer toute autre : pour la femme, ce peut être ravaler sa fierté et pardonner en acceptant de s’écraser ; pour l’homme, s’enfermer dans un retrait affectif vengeur, dans une attitude de défense maniaque de son ego. Ou peut-être les verra-t-on échanger des larmes contre des changements temporaires, une capitulation pour un moment de tranquillité, la soumission de l’épouse en échange de l’arrêt des menaces physiques qu’elle vit. Ce drame, facteur d’amertume et de brutalité, elle et lui en parleront dans le langage du « donnant-donnant », seule passerelle qu’ils peuvent imaginer pour l’amour en travers du précipice qui tient le masculin bien distinct du féminin. Ils pourront déplorer leur échec à communiquer, mais défendront bec et ongles leur éthique sexospécifique tacite – celle qui jauge les hommes et les femmes selon deux systèmes différents de validation de leur conduite – et ils ne comprendront pas, ne comprendront jamais, ce qui a échoué.
Il n’existe aucun secteur de l’activité humaine où les gens sont plus loyaux à cette éthique sexospécifique que celui de la stimulation génitale manifeste. Lorsque des personnes font l’amour, ont des rapports sexuels ou baisent, elles adoptent habituellement deux systèmes distincts de validation du comportement, un masculin et l’autre féminin, et s’y conforment comme si leur identité ou leur vie en dépendait. Pour les hommes, il s’agit généralement de leur identité ; pour les femmes, plus souvent de leur vie. En fait, maintenir son comportement en deçà des frontières éthiques de ce qui est mauvais ou bon pour son identité sexuelle devient si crucial que l’on n’arrive presque pas à discerner dans la plupart des sensations dites « érotiques » ce qui relève en fait d’une anxiété physique concernant notre masculinité ou notre féminité. Pour un homme, les limites de ce qu’il attend d’une rencontre sexuelle avec un ou une partenaire – quand et pour combien de temps, et à qui veut-il que ça arrive – sont rarement dénuées de lien avec la considération centrale suivante : ce qui est nécessaire pour qu’il se ressente comme « l’homme de la situation », pour qu’il vive le fonctionnement de son propre corps « en tant qu’homme » et pour qu’il soit considéré par sa ou son partenaire comme n’ayant aucune ressemblance tactile, visuelle, comportementale ou émotionnelle à un non-homme, c’est-à-dire une femme. L’anxiété qu’il ressent – craignant de n’être pas capable d’y arriver et s’efforçant d’habiter son corps de façon à ce que cela arrive – est une composante centrale de la tension sexuelle qu’il ressent. Pour beaucoup de femmes, la déférence envers l’anxiété identitaire envahissante d’un partenaire masculin peut ne connaître aucune limite ; elle craint que le précaire mécanisme artificiel d’excitation sexuelle de cet homme ne fasse défaut, ne devienne incontrôlable, et que l’homme la tienne responsable et la punisse d’une façon ou d’une autre de l’avoir désactivé. (Ou est-ce de l’avoir activé au départ ? Cet élément n’est jamais clair.) Pour éviter ce sort, cette boîte de Pandore au contenu hystérique, aucun sacrifice ne peut être trop grand, si dégradant soit-il. Ainsi, le vécu de tension sexuelle de la plupart des gens tient pour une grande part à leur anxiété face aux paramètres éthiques de leurs conduites, jugées bonnes ou mauvaises selon qu’elles correspondent ou non à leur identité sexuelle supposée. La tension sexuelle et l’anxiété de genre sont si étroitement associées dans le corps et le cerveau de tous et de toutes que cette anxiété suscite de façon prévisible la montée d’une tension et que l’on peut compter sur le déclenchement de cette tension pour absoudre l’anxiété – du moins jusqu’à la prochaine fois.

Voilà donc l’intersection de l’érotisme et de l’éthique – le raccord entre l’érotisme que nous ressentons et l’éthique de nos gestes, entre la sensation et l’action, entre ressentir et agir. Cette connexion est au cœur de notre identité personnelle et de notre culture. C’est le point où une sexualité sexospécifique émerge de choix comportementaux, et non de notre anatomie. C’est le point où nos émotions érotiques rendent manifeste la peur avec laquelle nous nous conformons à l’éthique propre à notre sexe, structure attaquée de tous côtés par tous les dangers que nous imaginons. C’est le point où nous pourrions reconnaître que nos identités sexuelles sont elles-mêmes des artifices et des illusions, le résultat d’une vie à s’efforcer de se comporter en vrai homme et non en femme, ou en vraie femme et non en homme. C’est également le point où nous pouvons réaliser que nous n’affrontons rien d’aussi superficiel que des rôles, des images ou des stéréotypes, mais bien un aspect de nos identités qui est encore plus profond que notre existence corporelle, à savoir notre foi en l’existence de deux sexes et notre volonté désespérée, à la fois secrète et publique, d’appartenir à l’un et non à l’autre.

Le caractère fictif d’une identité sexuelle se précise à l’examen attentif du cas de l’identité sexuelle masculine. Quel est exactement le jeu de comportements qui sont prescrits comme corrects et proscrits comme incorrects pour cette identité ? Comment quelqu’un apprend-il à les distinguer ? Quelle est la différence entre la version virile et la version féminine du correct et de l’incorrect ? Et comment est-il possible qu’une personne qui a réussi à se doter d’une identité sexuelle masculine puisse se sentir aussi bien en commettant un acte – le viol,par exemple – qui pour quelqu’un d’autre, quelqu’un de féminin, est si totalement incorrect ?

Cette dernière question se réduit, à peu près, à essayer de comprendre pourquoi des hommes violent-ils. En guise de réponse sommaire, laissez-moi proposer une analogie au travail du comédien au théâtre :
Il existe une théorie du jeu d’acteur, très répandue aujourd’hui, selon laquelle pour atteindre un naturalisme convaincant, un acteur doit jouer un personnage comme si tout ce que fait ce personnage était entièrement justifiable ; par exemple,un acteur jouant le rôle d’un « méchant » ne devrait pas « jouer » la méchanceté de ce personnage. Seul un acteur non entraîné ou amateur tenterait de souligner le caractère malicieux d’un personnage qui commet des actes moralement fautifs (pensons aux personnages de Richard III de Shakespeare ou à celui de Woyzeck de Büchner). Selon cette théorie, l’acteur doit au contraire se persuader à tout moment que ce que fait son personnage est justifié, sans égard pour ce que pensent l’auditoire ou les autres personnages. L’acteur jouant un tel rôle doit poursuivre dans chaque scène les objectifs de son personnage, avec la conviction qu’il n’y a absolument rien d’incorrect à cela. Bien qu’aux yeux des observateurs, le personnage puisse commettre les crimes les plus haineux, l’acteur incarnant le personnage doit s’être préparé au rôle en adoptant un système de croyances où ces gestes sont moralement justifiés.

Le problème de l’incarnation par l’acteur d’un personnage au théâtre a été disséqué par Aristote dans son texte classique, La poétique, écrit au cinquième siècle avant notre ère. Ses arguments demeurent centraux à la théorie du jeu d’acteur tel que pratiqué aujourd’hui : Ence qui concerne les […] personnages, il y a quatre points vers lesquels on doit tendre. L’un, le principal, c’est qu’il ait de bonnes mœurs. Le personnage aura des mœurs si la parole ou l’action fait révéler un dessein ; de bonnes mœurs, si le dessein révélé est bon. Chaque classe de personnes a son genre de bonté : il peut même exister de la bonté chez une femme, ou chez un esclave, bien que le caractère moral de l’une risque d’être moins bon, et celui de l’autre absolument mauvais. Le second point, c’est que les mœurs conviennent au personnage. Ainsi la bravoure est un trait de caractère, mais il ne convient pas à un rôle de femme d’être brave ou terrible. Le troisième point, c’est la vraisemblance, qui est autre chose que de représenter un caractère honnête et convenable au personnage, comme on l’a dit. Le quatrième, c’est la cohérence. Et en effet, le personnage […] lors même qu’il serait incohérent, devra l’être de façon cohérente (Aristote, chap. 15).
La personnification de l’identité sexuelle masculine dans la vie réelle présente plusieurs ressemblances étonnantes avec les techniques dont se sert un comédien pour incarner un personnage. Pour paraphraser les directives données par Aristote il y a vingt-cinq siècles, on peut généraliser en affirmant que l’incarnation convaincante d’une identité sexuelle masculine exige les éléments suivants :
* une croyance inébranlable en sa bonne foi et en la rectitude morale de ses intentions, sans égard à l’opinion d’autres personnes ;
* une adhésion rigoureuse à l’ensemble des comportements, des caractéristiques et des traits de personnalité qui sont appropriés pour un homme (et donc non appropriés pour une femme) ;
* une croyance incontestée en sa propre cohérence, sans égard pour quelque indice du contraire – une cohérence qui s’enracine, pratiquement, dans l’acharnement de sa volonté et dans le fait que lorsqu’on est socialement défini comme supérieur, on peut vouloir quoi que ce soit et s’attendre à l’obtenir.

Voilà ce que nous pouvons penser qu’Aristote voulait dire par la notion de « vraisemblance » puisque dans les faits, dans la vie, c’est ainsi que l’identité sexuelle masculine est exercée, et c’est ainsi que la « virilité » est déduite et évaluée – c’est, fondamentalement, un élément de caractère. Les éléments que la plupart des spectateurs considèrent comme crédibles et louables, au théâtre ou dans la vraie vie, sont les convictions de quelqu’un au sujet du caractère éthique de ce qu’il fait, si ce quelqu’un est un homme et qu’il pose des choix comportementaux fidèles à l’identité sexuelle masculine – et ce, quoi qu’il fasse et quel qu’en soit le coût. Étant un « il », il a droit de vie ou de mort sur les autres, au sens figuré et parfois même littéral, et ce du simple fait d’être aussi sincère dans son faux-semblant, aussi entier dans son accaparement de la vie d’une autre personne, aussi résolument passionné à trahir la confiance de quelqu’un, aussi flamboyant à récuser ses engagements. Quand les hommes sont appelés à rendre compte de ce qu’ils font aux femmes dans leur vie, ce qui se produit relativement rarement, on constate que leurs œillères, leur négligence des conséquences de leurs gestes, leur égoïsme et leur obstination sont autant de facteurs qui ont tendance à excuser plutôt qu’à aggraver leurs plus horribles fautes interpersonnelles. En contrepartie, une femme fait l’objet d’un traitement très différent. On attend d’elle de l’hésitation, des remords, de l’incertitude sur la rectitude de ce qu’elle fait, et ce même lorsqu’elle se comporte correctement. Elle devrait jouer son rôle, aurait sans doute dit Aristote, comme si elle avait constamment le trac, qualité avenante chez une personne inférieure comme elle. Et lorsqu’on lui demande des comptes, ce qui arrive relativement souvent, non seulement n’a-t-elle jamais d’excuse, mais l’absence d’une faiblesse féminine de convention peut servir à la blâmer encore plus sévèrement.

Le blâme joue, bien sûr, un rôle prépondérant dans ce qui se produit lorsqu’un homme viole une femme : l’homme commet le viol, et c’est la femme qui en est blâmée. Si le viol n’était pas coloré par une éthique sexospécifique, cette évaluation des responsabilités apparaîtrait à juste titre comme un non-sens. Mais en matière de viol, cet illogisme est perçu comme expliquant ce qui est arrivé et ses raisons : si un homme viole une femme, la femme est responsable, et donc le viol n’est pas un viol. À quoi rime ce blâme absurde ? En quoi éclaire-t-il la structure de cette éthique sexospécifique ?
Selon l’éthique tacite de l’identité sexuelle masculine, quelqu’un qui souhaite incarner ce personnage bien particulier – « un homme et non une femme » – doit nécessairement croire que les diverses actions appropriées à ce personnage sont correctes et qu’il n’y a absolument rien de mal à faire quoi que ce soit qui demeure conforme aux objectifs du personnage. Bien sûr, le viol est un tel acte dans le sens où il est presque exclusivement commis par ceux qui incarnent le personnage d’« un homme et non une femme ». Le viol n’est pas le seul acte cohérent avec l’éthique tacite de l’identité sexuelle masculine. La violence conjugale, par exemple, en est un autre. Le sont aussi d’ailleurs toutes sortes de choses que les hommes font quotidiennement aux femmes, les humiliant par manque de confiance, d’attention et de responsabilité – des actes que les hommes effectuent impunément et que les femmes subissent en silence parce que « les hommes sont comme ça ». Si jamais une femme décide de ne pas subir de tels affronts en silence – si, par exemple, elle décide de ne pas tolérer d’être traitée en nférieure – et si elle décide de tenir tête à un homme en des termes qui commencent à mettre en lumière l’éthique sexospécifique de ce qu’il a fait (« Tu t’es comporté exactement comme un homme. Tu m’as traitée comme si je n’avais aucune importance pour la seule raison que je suis une femme »), elle le verra sans doute se défendre avec une violence vengeresse et tenter de la rejeter complètement. Ce triste scénario est lui aussi cohérent avec l’éthique tacite d’actualisation de l’identité sexuelle masculine. En effet, l’éthique sexospécifique est tacite et doit le demeurer, faute de quoi le masque tombe (1).

Les diverses actions appropriées au personnage « d’homme et non de femme » sont profondément influencées par la présence du viol parmi elles. Cette série d’actes n’a pas la dissonance d’un groupe de notes jouées au hasard, sans harmonie. Il s’agit plutôt d’un accord, dont la note fondamentale colore de ses harmoniques chaque note jouée plus haut. Le viol s’apparente à cette note fondamentale ; jouée parfois fortissimo, parfois pianissimo et parfois en simple écho, elle détermine néanmoins les harmoniques de tout l’accord. « Parfois », « juste un peu », « de temps à autre », « seulement à l’occasion » – quelle que soit la façon dont on souhaite qualifier l’élément clé de la série, le geste de forcer quelqu’un à admettre une pénétration sexuelle sans son assentiment entier et éclairé crée à tel point la valeur étalon des comportements définissant le masculin qu’il n’est pas du tout inexact de suggérer que l’éthique de l’identité sexuelle masculine est essentiellement celle du violeur.

Cette éthique du violeur est un système définitif et cohérent d’assignation de valeurs aux conduites : les concepts du bien et du mal existent tous les deux dans l’éthique du violeur ; ce n’est pas un système occultant ou minimisant tout blâme ou condamnation morale. L’éthique du violeur accommode bien une vision structurelle de la responsabilité personnelle de l’acte ; mais c’est la personne à qui on le fait qui est perçue comme responsable de l’acte, à l’instar d’un automobiliste qui croirait que l’arbre situé en bordure de la route a forcé sa voiture à le frapper. Écoutons, par exemple, le témoignage d’une victime de viol :
Il était là, un homme qui avait la force physique de me retenir et de me violer, sans menace réelle de sanction sociale, et qui me disaitque je l’opprimais parce que j’étais une femme ! Ensuite, il s’est mis à me dire qu’il pouvait comprendre comment des hommes en venaient parfois à aller violer des femmes. […] Il m’a regardée en me disant : « Ne me force pas à te faire mal. » Comme si, en ne lui cédant pas, je le forçais à me violer. C’est ainsi qu’il a justifié toute l’affaire. Il ne cessait de dire que les femmes le forçaient à les violer, en n’étant pas là quand il avait besoin d’elles (cité dans Russell, The Politics of Rape, 1975 : 99). 

Cette inversion de responsabilité morale n’est pas un cas isolé ; elle est caractéristique de presque tous les actes commis dans les limites de l’éthique propre à l’identité sexuelle masculine. C’est un genre de projection, le geste de transférer son propre « tort » sur la personne à qui on fait du tort, ce qui équivaut à affirmer qu’on n’est pas dans son tort. Des sociologues ayant enquêté sur les attitudes de détenus signalent que « les délinquants sexuels sont deux fois plus susceptibles d’insister sur leur innocence que l’ensemble de la population carcérale » et que ceux-ci « voient fréquemment leurs victimes comme des personnes agressives, répréhensibles, qui les forcent à adopter des comportements anormaux » (Karpman, The Sexual Offender and his Offenses, 1954 : 72).

Enfin, un psychiatre qui a beaucoup travaillé avec des violeurs avérés prévient : Il devient de plus en plus difficile pour ces hommes de percevoir leurs gestes comme criminels, ou comme si ce n’était rien de plus que la réaction masculine normale devant une femme (2).

Dans la logique tordue de l’éthique du violeur, c’est la victime qui est coupable au bout du compte ; la victime est responsable, c’est elle qui a commis la faute. De façon absurde, les faits les plus évidents et les plus absolus au sujet de l’acte – qui a fait quoi à qui – deviennent complètement obscurcis parce qu’on impute à la victime la responsabilité d’un acte commis par quelqu’un d’autre. Les idées reçues liées à cette éthique prolifèrent : les femmes veulent être violées, les femmes méritent d’être violées, les femmes provoquent le viol, les femmes doivent être violées, et les femmes aiment être violées. Le poids social de ces idées est tel que beaucoup de victimes de viol craignent de révéler à quiconque ce qui leur est arrivé, s’imaginant en être elles-mêmes la cause.

Par exemple, plusieurs années après avoir subi un viol collectif à l’âge de quatorze ans, une femme a témoigné :
J’avais l’impression d’avoir déclenché ce qu’il y avait de pire chez ces hommes du simple fait d’avoir été un corps de femme  accessible sur la route. J’avais l’impression que si je n’avais pas  été là, ces hommes seraient moralement restés dans la bonne  voie, et que c’était de ma faute s’ils avaient été abaissés au point  de me violer (Russell, 1975 : 48).  Elle se souvient également de ceci : Je eur ai pardonné immédiatement. J’avais l’impression que  c’était entièrement de ma faute d’avoir été violée. Je me disais :  « Après tout, ce sont des hommes. Ils ne peuvent pas s’empêcher.  Les hommes sont comme ça » (Russell, 1975 : 48).

Les deux axiomes de l’éthique du violeur sont implicites dans ces sentiments dont la victime se souvient. Violer, c’est bien ; se faire violer, c’est mal. Ces axiomes se traduisent souvent en un précepte encore plus désolant, mais sans doute plus proche du cœur de l’érotisme de la domination masculine : être un homme est bien, être une femme est mal. Ou, comme le dit un personnage qui vient de violer, battre et sodomiser de force son épouse dans le roman pornographique Histoire de Juliette, du marquis de Sade :
Toutes les passions ont deux sens […] : l’un très injuste, relativement à la victime ;l’autre, singulièrement juste, par rapport à celui qui l’exerce (Sade, Histoire de Juliette, 1997 : 141).
Être un homme est bien, être une femme est mal ; donc, tout ce qui est fait contre une femme pour parvenir aux fins de notre vraie passion – la réalisation de l’identité sexuelle masculine – est justifiable et bon dans le cadre de l’éthique du violeur.
Dans le viol, en plus de l’acte physique, se produit une transaction qui peut être analysée comme un écrasement de l’identité morale de la victime. Dans un acte de viol, la structure éthique masculine du bien et du mal bloque ou détruit chez la victime le sentiment d’exister comme personne responsable de ses actions ; l’éthique du violeur désintègre en elle son expérience des actes et des conséquences, son expérience du lien entre elle-même et ses propres actes. Elle se considère « en faute » pour l’agression, « pardonnant » peut-être à son assaillant du même coup, endossant tout blâme à assigner, et ce parce que le lien le plus fondamental a été tranché, celui entre son identité et ses propres actes réels. Cet écrasement identitaire peut entraîner une éclipse quasi totale de son sentiment d’exister en tant qu’être doté d’intégrité et ayant déjà possédé une capacité de décision morale, de pensée rationnelle et d’action consciencieuse. Celui qui viole, pour sa part, se perçoit comme réintégré, miraculeusement redevenu entier, plus vital et plus réel. Souvent, les violeurs nous disent s’être sentis « mal » avant de violer – c’est la raison, affirment-ils, pour laquelle ils se sont mis en chasse –, mais qu’ils se sont sentis « mieux » après, que le viol lui-même avait été stimulant, excitant, agréable et divertissant. La désintégration du sentiment d’identité personnelle de la victime est, pourrait-on dire, un prérequis à l’intégration du sentiment d’identité du violeur – une dynamiquere produite chaque fois que l’on s’en tient aux limites de la structure éthique que constitue l’identité sexuelle masculine. Comme le disait un homme, résumant succinctement le dilemme masculin moderne et traditionnel : « Un homme doit avoir une femme ou il ne sait pas qu’il est un homme » (cité dans Gittelson, Dominus : A Woman Looks at Men’s Lives, 1978 : 79).

Certaines actions conformes à l’éthique du violeur sont commises avec ce qui paraît être une « conscience » qui n’est pas tout à fait claire. Il semblerait que, tout en commettant l’acte avec une entière,conviction, l’acteur qui le fait vit également un certain remords. Cet étalage familier de contrition apparaît clairement dans le compte rendu suivant d’unefemme qui parle de son époux de vingt-quatre ans :

Il ne m’a pas simplement battue, il m’a mordue et arraché des cheveux. J’ai une cicatrice sur le bras à l’endroit où il m’a arraché un morceau de chair avec ses dents. La seule façon de faire cesser ses raclées était de devenir soumise, alors ça pouvait durer des heures et des heures jusqu’à ce que, complètement à bout, je m’effondre en sanglotant, et alors il continuait à me donner des coupsd e pied. Puis, il me ramassait, essuyait mes larmes et me disait à quel point il était désolé. Et il me demandait de ne pas sortir pour que les gens ne voient pas mon œil au beurre noir et mes bleus. Une autre routine qu’il m’imposait était de me répéter à quel point il trouvait lourd de se sentir coupable de me battre (Russell, 1975 : 75-76).

À première vue, le remords, le regret ou la culpabilité semble contredire la conviction sans équivoque avec laquelle un homme applique l’éthique du violeur, puisque toute responsabilité d’un tort est imputée à la victime, la femme, celle à qui l’acte est imposé. Étonnamment, on assiste parfois à un genre de danse rituelle de repentir après certains actes, particulièrement brutaux, par lesquels les hommes réalisent l’identité sexuelle masculine. C’est comme si l’on pouvait entendre chez l’homme un murmure lyrique, nostalgique, expiatoire et qui se veut apaisant : « Je suis désolé, pardonne-moi, je ne voulais pas ça, je m’excuse ; je promets de ne plus jamais le faire. » La promesse classique de se retenir, qui ne vise qu’à retenir l’autre.

Quel est les ous-texte érotique de cette transition rapide de la violence brutale aux tourments du remords ? Comment devons-nous interpréter ce qui arrive lorsqu’un homme a raillé (peut-être) ou manipulé, ou trahi ou humilié, ou attaqué ou terrorisé une femme et qu’il commence soudainement à se repentir et indique tout aussi soudainement que ce qu’il veut maintenant est la baiser ?
Et que devons-nous penser de ses appels au pardon, à une autre chance, à la réconciliation ? Des reproches qu’il s’adresse avec énergie ? De son regard piteux ? Existe-t-il en dernière analyse dans l’éthique du violeur quelque chose comme une conscience morale authentique des conséquences véritables de ses actes pour un autre être humain ?

Il me semble quel a réponse est non.
Je crois que, pour ceux qui s’efforcent d’atteindre l’identité sexuelle masculine, se pose constamment le problème crucial de comment gérer ses affaires de façon à toujours conserver le soutien d’une déférence et d’une soumission féminine – une femme à qui faire les choses qui permettront de réaliser adéquatement notre masculinité. Le soutien doit être de nature personnelle, venant d’une ou de plusieurs femmes avec qui l’on est en relation personnelle. La demande de « pardon » dans toute relation de ce genre a pour fonction de piéger et de retenir de force toute femme qui pourrait avoir envisagé de retirer à cet homme son soutien. Le pardon demandé – bien qu’il soit presque toujours exigé, parce que même ici il y a une pression – est une forme d’insistance pour qu’elle reste en relation avec lui. Après tout, celui qui vit en fonction de l’éthique du violeur risque constamment d’aliéner les objets de ses pressions et de ses passions, et pour cause. Mais le pardon arraché lors de ces moments critiques séduit la femme en la ramenant à la position de victime. Privée de cette relation, l’identité sexuelle masculine se flétrit. Comme le dit un homme :
Quand les femmes perdent leur volonté d’être des femmes […]
comment les hommes peuvent-ils être des hommes ? Que nous reste-t-il comme raison pour être des mâles, bordel ? (Gittelson, 1978 : 13).

La femme qui nepardonne pas est la femme qui juge, la femme en colère, la femme qui se refuse ; elle a perdu sa volonté d’être une femme telle que les hommes la définissent.Le pardon d’une femme représente son engagement continu à être présente pourlui, à rester en relation avec lui, à lui permettre de demeurer mâle parcontraste. Sa charité, sa miséricorde, sa grâce (ce n’est pas pour rien que leshommes ont personnifié chacune de ces abstractions comme féminines dans lalégende et l’art !) sont en fait les emblèmes de la subordination féminine àl’éthique du violeur.

J’ai esquissé la structure d’une éthique particulière, l’éthique de l’identité sexuelle masculine – son système de valeurs, sa dynamique, ses scénarios de base, la façon dont elle fonctionne pour créer l’identité sexuelle masculine à partir des cendres de l’abnégation féminine. C’est le système de valeurs dans lequel certains actes sont considérés comme « bons » et « corrects » parce qu’ils servent à rendre réelle l’idée qu’un individu se fait de la virilité, et que d’autres sont jugés « mauvais » ou « incorrects » parce qu’ils émoussent cette idée. À ce stade, le lecteur ou la lectrice peut bien se demander : à quoi bon ? Cet « à quoi bon ? » a pour sens : tout semble san sespoir. Il a aussi pour sens : quelle est la valeur pratique de tout cela ? À quoi bon savoir que l’expérience érotique, l’éthique et l’identité sexuelle sont fondamentalement liées ?

Si nous ne saisissons pas cette interrelation, il est vrai qu’il n’y a pas d’espoir. Par contre, il est extrêmement prometteur de percevoir le genre comme un phénomène doté d’une construction éthique – une croyance que nous créons par la façon dont nous décidons d’agir plutôt que par quelque chose que nous « sommes » automatiquement, en raison de la façon dont nous sommes nés. Pour qu’un espoir réel de changement existe, il est certain que nous, les hommes, devons examiner de façon scrupuleuse et honnête nos comportements réels, comme les faits véritables au sujet de nos actes et de nos responsabilités et, au final, ce qui en résulte et pour qui. Et nous devons reconnaître et assumer les conséquences de ce que nous avons fait. Les hommes vont devoir mettre fin à la manipulation cynique de l’éthique du violeur – celle qui qualifie d’« oppressive » quiconque refuse la soumission, celle qui ignore le mot « non » et nie complètement la réalité de quiconque ne se limite pas à la déférence, la flatterie et l’admiration pour notre prérogative masculine. Et les hommes n’auront plus le droit de défendre nos choix – car ce sont bel et bien des choix – en invoquant ces chères substances que sont nos cellules cerébrales, nos hormones, nos glandes sexuelles et notre ADN. Eh oui, il est vrai que l’idée d’abandonner notre attachement profond à l’éthique du violeur est terrifiante au début. Toutefois, j’ai la conviction que lorsque des hommes commenceront à voir réellement la façon dont nous agissons comme un artifice pour recréer une certitude à propos d’une élusive identité de genre, et la façon dont notre identité de genre est le résultat et non la cause des valeurs violentes de notre conduite – alors nous pourrons commencer à saisir qu’il est tout à fait possible de changer nos comportements.
Pour qu’il y ait de l’espoir, rien n’est plus important.

1. Voir les études pionnières de Shere Hite (1983, 1988).
2. Cité dans un document non daté distribué par l’organisation Boston Women Against Violence Against Women.
Traducteurs : Martin Dufresne, Yeun L-Y et Mickaël Merlet, de la collective TRADFEM

Commentaires