ABROGATION DES ORDONNANCES SUR LA LOI TRAVAIL XXL !
Lois de sécurisation de l’emploi du 14/06/2013,
Rebsamen du 17/08/2015, Macron du 06/08/2015, Loi Travail El Khomri du
08/08/2016, Ordonnances du 31/08/2017… Tous ces textes de loi visent
l’annulation des acquis, un nivellement vers le bas de tous les droits,
la suppression des élu-e-s des salarié-e-s et de leurs moyens de se
former par l’expérience.
Les femmes ont subi depuis 30 ans le développement
des contrats précaires, l’éclatement des horaires, les situations de
« multi-employeur »… 58 % des salariés en CDD, 83 % des salariés à temps
partiel sont des femmes. Les écarts de salaires entre les hommes et les
femmes - en moyenne de 26 % - demeurent.
60 % des entreprises de plus de 300 salariés, et 70 %
de celles de 50 à 300 salariés n’ont pas signé d’Accord sur l’égalité
professionnelle entre femmes et hommes. Peu de sanctions à ce jour…
Dans les petites entreprises, la sous-traitance, le
nettoyage, la distribution, les services à la personne, les femmes sont
les premières à subir le temps partiel et la syndicalisation est
difficile. Cependant, celle-ci progresse et a permis d’obtenir des
améliorations des conditions de travail, des requalifications de CDD en
CDI, de temps partiels en temps complets, l’intégration de personnels de
sous-traitance chez le donneur d’ordres... A Paris, grâce à la
coordination syndicale, les luttes contre le travail du dimanche et les
fermetures tardives ont permis d’obtenir plusieurs condamnations.
Depuis les années 2000, une jurisprudence favorable
aux salariés a été constituée, en matière d’application du droit du
travail, de respect des droits syndicaux, de lutte contre les
discriminations sexistes. Les grèves, les sanctions financières, se sont
avérées être les seuls moyens efficaces pour contraindre les employeurs
à respecter les droits des salarié-e-s.
Mais le recul a déjà eu lieu. Depuis des années, la
situation des salariées est déjà bien en deçà de ce qui a été prévu par
« notre code du travail ». Du fait des textes récents, contester les
abus - comme le non-paiement d’heures de travail, les CDD successifs, la
sous-traitance non justifiée, les pratiques discriminatoires… - devient
très difficile.
L’inversion de la hiérarchie des normes, encore plus néfaste pour les femmes
L’inversion de la hiérarchie des normes, encore plus néfaste pour les femmes
La prédominance des Accords d’entreprise sur les
Accords de branche, et de ces derniers sur la loi, est possible à titre
dérogatoire depuis bien longtemps et a été réaffirmée dans plusieurs
domaines par la loi Travail de 2016, puis AUJOURD’HUI par les
ordonnances. Le « principe de faveur », qui faisait prévaloir en toute
circonstance le texte le plus favorable aux salarié-e-s, déjà écorné, se
détricote définitivement.
Le droit du travail se déclinera selon des Accords de
branche OU d’entreprise - notamment en matière d’aménagement du temps
de travail. Certains salariés conserveront des congés payés
supplémentaires, d’autres non. Certaines salariées verront LA DURẺE DU
CONGẺ MATERNITẺ MAINTENUE OU ALLONGẺE PAR UNE CONVENTION COLLECTIVE,
d’autres diminuée ! Les allègements d’horaires pour les femmes
enceintes, les aménagements de congés de maternité ou pour maladie
d’enfants et autres congés entreraient dans la négociation d‘entreprise
et pourraient être amoindris.
Le rapport de force pour négocier un Accord
d’entreprise prenant en compte les intérêts des femmes n’existera pas,
alors que celles-ci demeurent à la périphérie des Instances
représentatives du personnel - même si elles y sont assidues - et que la
majorité des porteurs de mandats syndicaux restent des hommes.
Désormais, les élu-e-s suppléant-e-s ne siègeront plus et donc les
intérêts des salariées risquent d’être perdus de vue !
Les Conventions et Accords collectifs des branches
qui emploient un taux élevé de femmes sont souvent DÉJÀ inférieurs au
code du travail, notamment dans l’aide à domicile ou la propreté. Donc,
jusqu’à maintenant, une femme informée récupérait ses droits en allant
en justice et obtenait l’application du principe de faveur, c’est-à-dire
des dispositions du code du travail. Avec ces ordonnances, c’est
l’inscription dans le marbre d’un salariat féminin de deuxième zone.
L’affaiblissement des Institutions représentatives du personnel
Le rôle des Institutions représentatives du personnel
- IRP - est essentiel pour faire respecter le droit du travail et les
législations en matière d’égalité professionnelle et salariale.
La fusion des Institutions représentatives du personnel - DP, CE, CHSCT :
C’est la disparition des élus délégués du personnel
réunis chaque mois par l’employeur - titulaires et suppléants - pour
traiter les questions individuelles et collectives du quotidien au
travail ET QUI DISPOSENT D’UN DROIT D’ALERTE EN MATIẼRE NOTAMMENT DE
HARCẼLEMENT ET DE VIOLENCES SEXUELLES.
C’est la disparition du Comité d’Hygiène et de
Sécurité des Conditions du Travail - CHSCT - par site, dont la vocation
est la prévention de tous les risques de santé physique et mentale liés à
l’organisation du travail, aux cadences, aux équipements, pour chaque
salarié(e).
C’est aussi la disparition programmée des élu-e-s
suppléant-e-s du Comité d’Entreprise, en charge de questionner et de
comprendre la stratégie d’entreprise, aux fins de prévenir et
d’anticiper la diminution des effectifs notamment.
Cette concentration des IRP va entraîner :
Cette concentration des IRP va entraîner :
L’effondrement des effectifs des élu-e-s et des
syndicalistes susceptibles de s’informer et de défendre l’intérêt des
salarié-e-s.
L’éloignement géographique encore plus grand des élus
par rapport aux salariés. Jusqu’ici ils étaient au siège social - pour
le Comité d’entreprise - ou au site de proximité - pour les CHSCT et les
DP. Désormais ils seront tous au siège et en petit nombre.
La disparition des suppléants parmi les élus - TROP
SOUVENT DES SUPPLẺANTES - qui deviendraient des doublures, reléguées
dans les coulisses, sans présence aux réunions, sans possibilité
d’observation, de prise de notes, d’investissement dans la commission
formation, la commission logement, les réunions des IRP.
Dans le nouveau Comité social et économique - CSE -
les élus et les représentants syndicaux vont s’épuiser ou sélectionner
un axe de compétence au détriment des femmes, car là aussi nous aurons
une concentration d’élus-hommes et un renforcement des comportements
stéréotypés !
La suppression des CHSCT - compétents pour traiter
des questions relatives aux violences envers les femmes, au droit à la
santé tant physique que mentale, à la prévention de l’épuisement
professionnel - aura des conséquences néfastes pour les femmes.
Déjà Mme Dati, Ministre de la justice, a contribué à
la réduction des Conseils de Prud’hommes, qui a conduit à un allongement
considérable de la durée des procédures. Et aujourd’hui, les délais
pour la saisine du même Conseil des prud’hommes ont déjà été raccourcis
de 30 ans à 5 ans, puis à 2 ans et ils passeraient maintenant à UN AN !
La négociation collective : les femmes passeront à la trappe !
Dans le cadre de la compétence du Comité d’entreprise :La négociation collective : les femmes passeront à la trappe !
Avec la loi Rebsamen, le Rapport de situation
comparée prévu par la loi Roudy de 1983 a été intégré dans un ensemble
beaucoup plus vaste : Base de données économiques et sociales, mise à
disposition par l’employeur.
Les négociations portant sur l’égalité salariale
entre les femmes et les hommes ont disparu, pour être intégrées dans une
négociation sur « l’égalité professionnelle et la qualité de la vie au
travail ».
Avec les ordonnances de 2017, les conditions de
validation d’un Accord d’entreprise ont été assouplies, et un Accord
pourrait être négocié sans la présence d’une organisation syndicale.
Un Accord d’entreprise pourrait décider du contenu et
de la périodicité des négociations d’entreprise, et de la nature des
informations à transmettre par l’employeur…
Le nombre de représentants du personnel et
d’inspecteurs du travail susceptibles de se préoccuper de vérifier la
fourniture des données comparatives entre femmes et hommes sur le plan
des salaires et des carrières, déjà insuffisant, serait plus restreint
encore.
Les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO)
pourraient être remplacées par des négociations tous les 3 ou 4 ans.
Autant dire que les patrons feraient tout ce qu’ils voudraient !
Des licenciements encore plus faciles !
Des licenciements encore plus faciles !
Les licenciements ont été rendus encore plus faciles,
depuis la loi du 14/06/2013, du fait d’une modification des modalités
des plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) et de la possibilité d’une
modification substantielle du contrat unilatérale par l’employeur
imposant la mobilité géographique.
Avec la loi Travail de 2016 et les ordonnances de
2017, des accords dits « de préservation de l’emploi » s’imposent
désormais au salarié et priment sur son contrat de travail.
Concrètement, un employeur pourrait modifier unilatéralement la partie
variable d’un salaire, la classification, la durée du travail, le lieu
de travail. Des baisses de salaires pourraient être imposées.
La dimension européenne, voire internationale, pour
apprécier la réalité de difficultés économiques dans le cadre d’un Plan
de Sauvegarde de l’Emploi - PSE - disparaît.
Des plans de rupture conventionnelle collectifs pourraient être négociés et mis en oeuvre !
Des plans de rupture conventionnelle collectifs pourraient être négociés et mis en oeuvre !
Avec les ordonnances, le plafonnement des indemnités
prud’homales serait institué. Le plafond serait de 6 mois de salaire, en
cas de licenciement abusif.
Certes, en cas de discrimination - sexiste ou autre
- de harcèlement ou « d’atteinte aux libertés fondamentales d’un
salarié », les 6 mois d’indemnités deviennent un plancher… Cependant, il
faut que cela fasse suite à une action en justice ou que cela concerne
une représentante du personnel et il faut prouver la discrimination ou
le harcèlement !
Tout cela va faciliter les licenciements à caractère
sexiste, notamment pour les femmes qui ont de fortes contraintes
familiales (mères isolées…) ou bien syndicalistes.
Une remise en cause du CDI
Les ordonnances verraient donner la primauté aux
Accords de branche en ce qui concerne la règlementation des CDD : ce qui
peut aboutir à faire disparaître la limitation de renouvellement et la
durée maximum de 18 mois, ainsi que les délais de carence entre deux
CDD.
Des contrats courts, dérogatoires à la loi, existent
depuis 1982 - les « CDD d’usage » ou « contrats d’extras », très
utilisés dans les commerces et l’hôtellerie - qui permettent de
contourner toutes les obligations légales... Leur utilisation serait
encore étendue, de même que celle des « contrats de projet » ou « CDI de
chantier », dont le concept apparaîtrait dans la loi.
Un recul de l’encadrement du temps partiel
Un recul de l’encadrement du temps partiel
L’encadrement du travail à temps partiel n’est plus à l’ordre du jour au niveau national :
La négociation par branche devrait désormais décider
de cette question. Le minimum de 24 heures hebdomadaires, prévu en cas
de temps partiel par la loi du 14/06/2013, ne reste applicable, pour les
nouveaux contrats signés, qu’en cas d’absence d’un Accord de branche.
D’ores et déjà, la plupart des branches qui recourent
fortement à du temps partiel ont signé des Accords prévoyant un horaire
minimal hebdomadaire inférieur au seuil de 24 H - 16 H, par exemple,
dans la propreté.
Les majorations d’heures complémentaires pourraient
être très réduites. Un salarié qui effectue des heures complémentaires
pendant 12 semaines consécutives pouvant exiger l’intégration de ces
heures à son contrat, la loi du 14/06/2013, qui autorise la pratique des
avenants temporaires à un contrat (jusqu’à 8 par an) a déjà rendu la
revalorisation d’un contrat plus difficile.
Une nouvelle dérèglementation des horaires
Une nouvelle dérèglementation des horaires
L’émiettement des emplois, le temps partiel imposé et
les horaires séquencés et/ou éclatés sur toute la semaine sont le lot
de nombreuses femmes. Des mères isolées voient leur emploi menacé du
fait du non-respect des délais de prévenance en cas de modification
d’horaires et, globalement, de pratiques quotidiennes abusives des
employeurs.
Refuser des heures complémentaires et supplémentaires
devient impossible. Les possibilités d’allongement des horaires, en cas
d’Accord d’entreprise ou d’établissement, ou à défaut, en cas d’un
Accord de branche ont été portées à 12 H par jour et 46 H par semaine
sur 12 semaines. Les délais de prévenance en cas de changement
d’horaires pouvant être réduits à 3 jours au lieu de 7.
Disparition des rémunérations majorées pour heures
supplémentaires ou complémentaires. La rémunération majorée pourrait
être ramenée à 10 % - au lieu de 25 % - par un Accord de branche. La loi
Aubry avait annualisé le temps de travail à 1607 heures, ce qui est
déjà compliqué à gérer. En cas d’un Accord de branche, le cumul des
heures travaillées pourrait s’effectuer sur 3 ans, ce qui autoriserait
la disparition des majorations d’heures supplémentaires.
Les possibilités d’horaires excentrés, de fermetures
tardives, de travail de nuit, sont encore étendues. La dérèglementation
des horaires, déjà très forte, risque d’être si forte que nombre de
femmes pourront difficilement conserver leur emploi, étant donné leurs
responsabilités familiales.
Une nouvelle extension des abus liés à la sous-traitance
La sous-traitance d’activités a connu une extension
démesurée depuis 30 ans, et elle ne peut souvent être justifiée - ni par
la nature spécifique des tâches externalisées ni par le caractère
variable de l’activité.
L’application de l’article L. 1224-1 (anciennement L.
122-12) relative à la reprise des salariés en cas de passation d’un
marché ou de cession d’entreprise tendrait à disparaître, alors que
jusqu’à maintenant elle était modulée selon des jurisprudences récentes.
La convention collective devrait prévoir les modalités du transfert des
contrats de travail – le maintien des avantages individuels acquis
(portant sur divers éléments de rémunération), à défaut d’un nouvel
accord collectif, pouvant être supprimé.
Donc des baisses de salaires ou des licenciements
encore facilités pour des personnels avec ancienneté : Encore des
femmes, toujours les femmes !
ABROGATION DES LOIS TRAVAIL 1 ET 2, DE SẺCURISATION DE L’EMPLOI DE 2013, MACRON ET REBSAMEN DE 2015…
ABROGATION DES LOIS TRAVAIL 1 ET 2, DE SẺCURISATION DE L’EMPLOI DE 2013, MACRON ET REBSAMEN DE 2015…
COLLECTIF FEMMES CONTRE LES PRECARITÉS, LE CHOMAGE ET
LES DISCRIMINATIONS - 18/09/2017 Contact : Maison des femmes de Paris,
163 rue de Charenton, Esc 13, Bat 4. 75 012 Paris
Adresse mail : femmescontreprecarites@outlook.fr
Source : http://www.ac-chomage.org/spip.php?article2399
Adresse mail : femmescontreprecarites@outlook.fr
Source : http://www.ac-chomage.org/spip.php?article2399
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