tag:blogger.com,1999:blog-8858116695865638602024-02-19T18:28:04.267-08:00Collectif Libertaire Anti-SexisteEtincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.comBlogger249125tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-19894247678085973272019-05-06T15:41:00.002-07:002019-05-06T15:41:51.903-07:00Inclassable n°3 : Prostitution : Liberté sexuelle ou liberté de consommer du sexe?<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><b><a href="http://www.mediafire.com/file/ahohvi1cc1vs9n0/inclassable3.pdf/file" target="_blank">Inclassable n°3 à télécharger en PDF ici</a></b></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwKcBxGLqZaFkRjQH26GQv7r0_DDVOv6nr-_TgBeI1aj0FRKEAkxeIJzYVKiIhhTVZ_Qc76SfUw3Td0jw7KijEWXFlKWPQBTvr7GLTkFzCy0f2PMJz-ik1PVyfXhQ4Rpty8G251AeotBgE/s1600/inclassable3.JPG" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="823" height="248" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwKcBxGLqZaFkRjQH26GQv7r0_DDVOv6nr-_TgBeI1aj0FRKEAkxeIJzYVKiIhhTVZ_Qc76SfUw3Td0jw7KijEWXFlKWPQBTvr7GLTkFzCy0f2PMJz-ik1PVyfXhQ4Rpty8G251AeotBgE/s400/inclassable3.JPG" width="400" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><br /></span></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-36348057120561074022019-04-22T12:44:00.000-07:002019-04-22T12:44:05.383-07:00L’autre héritage de 68 : la face cachée de la révolution sexuelle<div class="crayon article-chapo-888 chapo surlignable">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtLcfdFW0RpYKPCmkuTJLJ7YVL0ZC1uLEArE0MX288cteBiao7F281Yu38Ico7Ab9iusFt9_iZzYayl4ZHi_yEJsH2tjTDcb3wBECH2ZY8xz8eR7XeQRf9k66fA18U0xh6SaKWVoveSl6p/s1600/68.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1600" data-original-width="1039" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtLcfdFW0RpYKPCmkuTJLJ7YVL0ZC1uLEArE0MX288cteBiao7F281Yu38Ico7Ab9iusFt9_iZzYayl4ZHi_yEJsH2tjTDcb3wBECH2ZY8xz8eR7XeQRf9k66fA18U0xh6SaKWVoveSl6p/s320/68.jpg" width="207" /></a>Enfant en mai
68, adolescente au moment de la loi Veil, historienne, féministe,
abolitionniste, Malka Marcovich saisit 68 à rebrousse poil. Alors que
tout un chacun s’accorde à vanter la libération de la sexualité que
cette « révolution » aurait permise, elle jette un pavé dans la mare.</div>
Loin
d’elle l’idée d’effacer les acquis, réels, du mois de mai ou de prêcher
les bienfaits du temps d’avant. Simplement, elle estime le temps venu
de briser le silence qui enveloppe les violences subies pendant ces
années de « liberté », une liberté souvent vécue par les plus jeunes aux
conditions des dominants. Bref, d’énoncer les dérives de la
« révolution sexuelle ».<br />
<br />
Au moyen de nombreux entretiens et de mois passés à compulser livres,
films et documentaires, elle propose d’abord de sonder le terreau qui a
vu germer 68 : avortements clandestins, contrôle des naissances,
rock’n’roll, Brigitte Bardot à St Trop… Elle revisite ensuite, dans le
sillage de mai 68, la naissance d’une société du tout sexuel : explosion
de la pornographie, avènement de la sexologie, banalisation de la
transgression. C’est le temps où les films Emmanuelle, Histoire d’O ou
Le dernier tango à Paris (où l’actrice Maria Schneider est violée par
Marlon Brando en accord avec le réalisateur Bertolucci) sont portés aux
nues, où Les valseuses livrent une version romantique du viol. Le
photographe David Hamilton inonde le pays de ses nymphettes, Léonid
Kameneff passe pour un bienfaiteur de la jeunesse sur son Ecole en
bateau, avant qu’éclate la longue liste des plaintes pour agressions
sexuelles et viols. Une pétition dans Le Monde, aux prestigieuses
signatures, soutient deux pédophiles passibles de la Cour d’Assises sur
l’argument des « enfants consentants ». Et des jeunes femmes se lancent
dans la prostitution en y voyant un geste d’émancipation…<br />
Paradoxalement, 68 va aussi permettre la libération de la parole des
femmes, le procès de Bobigny (1972) et bientôt le premier procès pour
viol devant une Cour d’Assises (1978). Pour l’auteure, il s’agit
aujourd’hui de tirer de cette période les enseignements nécessaires. A
l’heure où le choix se réduit entre voile ou sexe marchandise, à nous
de trouver la voie entre pseudo-liberté prédatrice ou nouvel
obscurantisme. Loin de tous les dogmes.<br />
<br />
Pour le commander : <a href="https://www.albin-michel.fr/ouvrages/lautre-heritage-de-68-9782226402455" target="_blank">https://www.albin-michel.fr/ouvrages/lautre-heritage-de-68-9782226402455</a> Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-86755560425839656962019-04-22T12:42:00.000-07:002019-04-22T12:42:06.810-07:00Andrea Dworkin parle de la liberté d’expression, de l’hétérosexualité, des productions « érotiques » et de son travail d’écriture<br />
<div style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;">
<img alt="cov Intercourse" class=" wp-image-3665 alignright" data-attachment-id="3665" data-comments-opened="1" data-image-description="" data-image-meta="{"aperture":"0","credit":"","camera":"","caption":"","created_timestamp":"0","copyright":"","focal_length":"0","iso":"0","shutter_speed":"0","title":"","orientation":"0"}" data-image-title="cov Intercourse" data-large-file="https://tradfem.files.wordpress.com/2018/03/cov-intercourse.jpg?w=136&h=237?w=170" data-medium-file="https://tradfem.files.wordpress.com/2018/03/cov-intercourse.jpg?w=136&h=237?w=170" data-orig-file="https://tradfem.files.wordpress.com/2018/03/cov-intercourse.jpg?w=136&h=237" data-orig-size="170,297" data-permalink="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/cov-intercourse/" height="237" src="https://tradfem.files.wordpress.com/2018/03/cov-intercourse.jpg?w=136&h=237" width="136" /> <strong> </strong></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<em>Dans le texte ci-dessous, Andrea
Dworkin parle de sa vie et de l’avenir du féminisme avec les
journalistes Elizabeth Braeman et Carol Cox. L’intégralité de cette
interview a été publiée pour la première fois en 1991 dans le numéro du
dixième anniversaire de la revue féministe américaine <strong>Off Our Backs</strong> (</em><a href="http://rancom.wordpress.com/">http://rancom.wordpress.com</a>)<em>.</em></div>
<em> </em>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<strong>Elisabeth Braeman : Le thème principal de <em>Letters from a War Zone – Writings 1976-1989</em> est que les femmes n’ont pas de liberté d’expression. Que voulez-vous dire exactement par là ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Andrea Dworkin : Eh bien, je pense que ce
qui nous empêche de prendre la parole fonctionne à plusieurs niveaux.
Il y a le niveau superficiel qui concerne ce qu’il nous faut afficher
pour accéder aux médias grand public ; il s’agit d’une conformité
complète et totale, pas seulement au plan stylistique, mais en termes de
contenu. Vous devez dire ce qui correspond à leur représentation du
monde, à ce qu’ils veulent entendre. Si vous ne le faites pas, vous ne
pourrez pas publier ; on vous rendra la vie impossible. Cela est vrai
partout, pour n’importe quelle personne politique. Mais cela fonctionne
d’une manière beaucoup plus impitoyable pour les féministes parce que
les hommes considèrent l’analyse féministe comme une contestation
sexuelle et l’éprouvent de cette façon : ils ont donc une réaction
viscérale et vengeresse envers les formes d’« expression » qu’ils
détestent. Ils vivent, selon moi, beaucoup d’écrits féministes radicaux
comme s’il s’agissait d’une véritable agression sexuelle à leur
endroit ; et comme la plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est une
agression sexuelle, ils ont le privilège de réagir de façon aussi
exagérée.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ensuite, à un niveau plus profond, l’une
des choses que j’ai apprises au cours des quinze dernières années, c’est
à quel point les femmes sont réduites au silence par des agressions
sexuelles. La simple expérience d’être agressée, que ce soit en tant
qu’enfant ou en tant qu’adulte, a un impact incroyable sur toute votre
façon de percevoir le monde qui vous entoure, de sorte que ou bien vous
ne pensez pas pouvoir parler parce que vous avez peur des représailles,
ou bien vous n’avez pas suffisamment confiance en votre expérience de la
réalité pour oser parler – cela arrive à beaucoup de victimes
d’inceste. Ou on vous empêche physiquement de parler – les femmes
battues par leur conjoint n’ont aucune liberté de parole. Donc, cela
fonctionne à ce niveau.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGCK99oGjWyKht3u0361Xk5sDEs6aJGec0QiThLd-fuHOIdmh9GXDO5MMXmNGPszKcEVl3HRqstVIKKco2iRx65XpkpFhX1SfcJ-f5IPuM_sZLf3LHsgkJcLFyBSVlCJKghVML0X7nT85f/s1600/cov-letters-war-zone.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGCK99oGjWyKht3u0361Xk5sDEs6aJGec0QiThLd-fuHOIdmh9GXDO5MMXmNGPszKcEVl3HRqstVIKKco2iRx65XpkpFhX1SfcJ-f5IPuM_sZLf3LHsgkJcLFyBSVlCJKghVML0X7nT85f/s1600/cov-letters-war-zone.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans <em>Letters from a War Zone</em>,
j’ai cité Hannah Arendt, une femme brillante mais certainement pas
féministe, et elle fait valoir que sans la liberté de mouvement, vous ne
pouvez avoir aucune liberté. Et en fait, la plupart d’entre nous vivons
encore comme de quasi-recluses afin de nous assurer une certaine
sécurité. Si vous pensez à tous les endroits où nous n’allons jamais, à
toutes les limites que nous devons accepter pour rester en vie, puis aux
limites supplémentaires que nous ajoutons comme une sorte de zone
tampon afin d’avoir l’impression d’être en sécurité – que nous le soyons
ou non – notre liberté de mouvement est extrêmement restreinte. Et
puis, je parlais aussi de la restriction, de la restriction physique du
corps des femmes dans les vêtements féminins, dans des choses comme les
chaussures à talons hauts, les gaines, les vêtements qui enserrent le
corps, où l’objectif est de transformer la femme en une sorte d’ornement
et, lorsqu’elle est transformée en ornement, elle est alors privée,
littéralement, de la capacité physique de bouger, ou alors cette
capacité est gravement contrainte. Je pense donc que cela fonctionne à
tous ces niveaux et je pense que toute femme qui pense avoir la liberté
d’expression ou la liberté de mouvement nie absolument la réalité.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : L’argument utilisé pour la
défense de la pornographie est qu’elle constitue une liberté
d’expression et que, comme les femmes ont la liberté d’expression, nous
pouvons combattre la pornographie sur le « marché des idées ». Ce que
vous venez de dire s’applique certainement au présupposé que nous
pouvons concurrencer librement sur le marché des idées et que nos mots
ont un impact égal aux mots des pornographes.</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Je pense que c’est un raisonnement
précis et qu’il est très important d’y répondre précisément. D’abord, le
Premier amendement [de la Constitution des États-Unis] ne protège que
les paroles qui ont déjà été exprimées et il les protège seulement
contre des sanctions de l’État. Il n’empêche pas un homme de vous
assommer pour des choses que vous avez dites. Il y a normalement
d’autres lois qui le font, mais en fait elles ne le font pas. Le Premier
amendement n’empêche personne d’utiliser des sanctions économiques
contre vous à cause de ce que vous dites. Il n’empêche personne de
décider que vous êtes une salope arrogante à cause de ce que vous dites
et qu’ils vont vous faire du mal parce que vous avez dit quelque chose
qu’ils n’aiment pas. Dans les relations interpersonnelles que les femmes
ont avec des hommes, pensez au nombre de fois où les femmes sont
insultées verbalement ou physiquement blessées à cause de ce que nous
disons. Nous disons quelque chose qui est perçu comme étant
insuffisamment respectueux, puis nous prenons de tels propos et nous les
exprimons publiquement, dans la sphère de la réalité sociale. Il ne
fait aucun doute que le Premier amendement n’épargne aucunement aux
femmes tous les types de punitions auxquelles les femmes sont
constamment soumises.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ensuite, le Premier amendement protège
les personnes qui ont accès aux médias, et dans notre pays, cela
signifie surtout les gens qui ont de l’argent. Il ne protège personne
qui ne possède pas cet accès ; cela n’a jamais été son intention. Cette
loi a été écrite par des hommes blancs qui possédaient des femmes
blanches et des esclaves noir·e·s. Beaucoup d’entre eux possédaient des
esclaves noir·e·s, et aucun·e de ces esclaves n’a jamais bénéficié de la
moindre protection du Premier amendement. En fait, s’il existe une
corrélation entre le Premier amendement et le présent statu quo, soit
l’accaparement de la richesse par les privilégiés, il concerne
spécifiquement l’alphabétisation. Les hommes blancs, qui possédaient des
biens, qui possédaient des femmes en tant que biens, qui possédaient
des esclaves noir·e·s, étaient également ceux qui savaient lire et
écrire ; il existait même des lois dans les états esclavagistes qui
interdisaient d’apprendre à lire à un·e esclave : c’était illégal. Le
Premier amendement n’a rien changé à cela. Aujourd’hui, les avocats ont
toutes sortes de raisons pour justifier cet état de choses. C’est sans
importance. Le fait est que le Premier amendement est aujourd’hui
utilisé comme une métaphore en faveur de la liberté d’expression, comme
si le Premier amendement protégeait la liberté d’expression de tout le
monde, alors que ce n’est pas le cas. Il n’offre en rien une liberté de
parole aux gens. Si c’était le cas, vous pourriez aller au gouvernement
et vous pourriez leur dire : « J’ai besoin de quatre minutes sur NBC.
J’ai quelque chose à dire. » Vous ne pouvez pas faire ça [rires]. J’ai
toujours trouvé les arguments axés sur le Premier amendement
incroyablement naïfs, absolument incapables de traiter de la réalité du
pouvoir masculin, de la signification de l’argent dans notre société, et
j’ai été profondément déçue de ne pas voir les féministes formuler une
analyse qui aborde de front la marginalité imposée à la parole des
femmes et en particulier à celle des gens de couleur, qui n’ont pas non
plus ce genre d’accès. Je crois que la pire démission libérale du
mouvement des femmes a été celle d’accepter tout ce baratin sur la
liberté d’expression de la part des gars blancs, qui eux disposent de
cette liberté d’expression du fait de posséder argent et accès aux
médias.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Carol Cox : Vous avez écrit dans
« La pornographie et le deuil », en 1978 : « Peut-être ai-je trouvé la
véritable source de mon désespoir : nous ne sommes pas encore devenues
un mouvement révolutionnaire. » Pensez-vous que nous nous rapprochons de
la création d’un mouvement révolutionnaire, ou l’inverse ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Honnêtement, je ne le sais pas. Le
mouvement a énormément changé. D’une part, il y a eu une incroyable
diffusion mondiale du féminisme, ce qui fait que le féminisme
international est extrêmement dynamique et que c’est très prometteur
pour l’avenir des femmes sur la planète. Mais aux États-Unis, l’épidémie
de violence contre les femmes s’est énormément intensifiée. À mon avis,
la situation des femmes est beaucoup plus grave, et une très grande
part de ce qu’était le mouvement des femmes il y a douze ans a, en
quelque sorte, pris ses jambes à son cou. Elles ont pris ce que le
mouvement des femmes a pu leur donner, à savoir une sorte de promotion
économique minimale si vous êtes de la classe moyenne et que vous avez
certaines compétences, surtout si vous êtes une universitaire ou une
avocate. Beaucoup de femmes du mouvement sont au fond des démocrates
libérales. Le féminisme est de plus en plus devenu un mot associé à un
style de vie.</div>
<div style="text-align: justify;">
D’un autre côté, je pense qu’est apparue
une meilleure compréhension des idées féministes radicales, ainsi que
plus d’activités radicales de la base, probablement plus que jamais
aujourd’hui, même si cela n’est pas représenté dans les médias. Il y a
aussi ce que je considère comme un développement relativement nouveau,
la présence d’hommes qui ont été au moins partiellement formés par des
idées féministes et qui sont, dans certains cas, des activistes contre
la violence masculine contre les femmes.</div>
<div style="text-align: justify;">
En même temps, je vois en train de
s’effondrer la grande catégorie mitoyenne, que chaque mouvement doit
posséder. Je suis une radicale, mais je suis une radicale qui croit en
la nécessité de rassembler la gamme complète des gens. On a besoin de
féministes traditionnelles, on a besoin de réformistes, on a besoin de
gens qui ont tous ces différents types d’activités, et je ne sais pas ce
que cela signifie si on a des féministes très brillantes et pleines de
ressources partout qui font de l’action directe, qui font un travail
d’organisation populaire, mais qui sont très pauvres et n’ont pas accès
aux mass médias dans un pays où ceux-ci façonnent la réalité pour autant
de gens.</div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai l’impression qu’au début du
mouvement des femmes – et je n’étais pas là pour ça, je vivais en Europe
à l’époque – les femmes étaient très enflammées, enthousiastes et
fêtardes et tous ces mots que je trouve plutôt positifs : arrogantes,
effrontées et audacieuses. Cependant, elles ne s’attendaient apparemment
pas à ce que les détenteurs du pouvoir soient si réticents à
l’abandonner et qu’ils pourraient commencer à réellement les combattre.
Quand ils se sont mis à le faire, du sang a coulé parce qu’ils avaient
les moyens de nous faire très mal. Nous avons perdu les modérées du
mouvement parce que les représailles infligées aux féministes ont été
très sérieuses et très systématiques. Maintenant, les femmes prennent
des décisions en fonction de leur survie individuelle plutôt que par
solidarité politique et au nom de ce que j’appellerais, l’honneur
politique.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : Quand vous dites que croire
qu’il existe beaucoup d’actions plus radicales de base, est-ce une chose
que vous avez constatée autour de vous ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Vous ne pouvez pas vraiment entendre
parler de la plupart de ces actions. Elles ne sont pas signalées, même
dans la presse féministe, qui est beaucoup plus superficielle qu’avant
et beaucoup moins en contact avec les femmes qui font réellement les
choses. Je connais beaucoup de ces femmes parce que je voyage
constamment à travers le pays et que je le constate. J’assiste à ces
actions. Si je n’étais pas là et que je ne les voyais pas, je ne saurais
pas qu’elles ont lieu.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8csKEhyK8yRfRspySs_xL7Eq-IeSGipFM4oDe0sfbszyiWzulLKjxWFQc-w92-ikKzJYO9N_OiYUx9lRj0IK0cQ9qz1d-ulM3ObTnqZIpVNJnOMWjLcZmeymg5Zc4Cwhw-qgh_qwotIwX/s1600/dworkin-we-are-not-animals-photo.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="378" data-original-width="250" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8csKEhyK8yRfRspySs_xL7Eq-IeSGipFM4oDe0sfbszyiWzulLKjxWFQc-w92-ikKzJYO9N_OiYUx9lRj0IK0cQ9qz1d-ulM3ObTnqZIpVNJnOMWjLcZmeymg5Zc4Cwhw-qgh_qwotIwX/s320/dworkin-we-are-not-animals-photo.jpg" width="211" /></a> Le féminisme libéral est le féminisme que
les médias nous reflètent. Mais du fait de voyager, je peux vous dire
qu’il y a des femmes partout, dans tous les coins du pays, dans toutes
les petites villes, sur toutes les routes de campagne, qui font quelque
chose pour les femmes. Une partie de ce travail est de l’action directe,
une partie est ce que l’on appelle des services sociaux, face à la
violence conjugale et face au viol. Je pense qu’aujourd’hui plus que
jamais, il existe une compréhension du rôle de la violence masculine
dans la sujétion des femmes. Comment cela va-t-il s’exprimer de sorte
que toute la société doive affronter ces problèmes spécifiques est une
autre question. Le mouvement des femmes s’est, en ce sens, approfondi, a
touché plus de gens, mais l’un des problèmes que nous avons est que
certaines d’entre nous, de différentes manières et à des moments
différents, sommes vraiment des féministes ghettoïsées. Vous savez, nous
nous connaissons nous-mêmes et nos cinq amies et c’est ainsi que nous
percevons le féminisme.
</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais, en fait, tout mouvement politique
qui va vraiment réussir va devoir impliquer non seulement des gens que
vous ne connaissez pas, mais des gens qui diffèrent beaucoup de vous.
L’une des choses intéressantes à propos du féminisme est que ce n’est
plus le mouvement urbain, de classe moyenne, qu’il était à ses débuts ;
c’est que vous trouvez des féministes dans les Appalaches, vous trouvez
des féministes à Rock Springs, Wyoming, qui sont les plus ferventes
féministes que vous ne verrez jamais de vos vies, et elles tiennent tête
à ces hommes là-bas et c’est assez passionnant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : En ce sens, quel changement percevez-vous dans le rôle des lesbiennes au sein du féminisme radical de la base ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Ce que je vois me trouble beaucoup.
Je vois des femmes plus jeunes que moi, j’ai quarante-trois ans, et je
vois des femmes qui ont dix ans de moins que moi et qui pensent – et
peut-être qu’elles ont raison parce que ce sont des femmes intelligentes
– qu’elles doivent garder secrète leur orientation sexuelle. Des femmes
qui, il y a dix ans, n’auraient jamais toléré de demeurer dans le
placard sont aujourd’hui exceptionnellement déterminées à avoir une
existence très schizoïde, unw vie professionnelle dans laquelle elles
fonctionnent d’une autre manière. Cela me bouleverse et me déprime
au-delà de tout ce que je peux vous dire. Je pense qu’elles ont regardé
l’environnement dans lequel elles vivaient et l’ont probablement évalué
correctement, mais je déteste qu’elles le fassent, et beaucoup de
lesbiennes font cela.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour ce qui est de l’ensemble du pays, je
vois des femmes dans les groupes de base adopter des positions de
soutien aux lesbiennes, même si celles-ci gardent leur secret. Par
exemple, pour revenir un instant aux femmes de Rock Springs, elles
incluent des propos sur les lesbiennes dans tout ce qu’elles font, et je
pense que beaucoup de femmes du pays considèrent cela comme un
impératif moral. Les lesbiennes sont encore responsables d’une bonne
part du leadership dans tout ce qui se passe au pays, mais il y a
beaucoup plus de prudence, de secret et de duplicité, et je trouve cela
vraiment effrayant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Pensez-vous que cela a à voir avec la montée de la droite ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM7ZsFl3NJbTfJBSz01B2Q9OK9I9T6hA349SiCx_m2i2uy4pthV-Q3uWW9a7Y_L-J6VUriNYmMujhlM7tS-gJ9z60fsKWLwO56Cw54ZP_61vHjFUr7ww9HBMEV4PkJyt4Mj3_n1bucOv-B/s1600/couv-femmesdedroite-fullsize-noms.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="362" data-original-width="242" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgM7ZsFl3NJbTfJBSz01B2Q9OK9I9T6hA349SiCx_m2i2uy4pthV-Q3uWW9a7Y_L-J6VUriNYmMujhlM7tS-gJ9z60fsKWLwO56Cw54ZP_61vHjFUr7ww9HBMEV4PkJyt4Mj3_n1bucOv-B/s320/couv-femmesdedroite-fullsize-noms.jpg" width="213" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong> </strong>AD : Je n’ai entendu personne proposer
une explication différente pour tout ce qui se passe depuis l’élection
de Reagan. Mais c’est une hypothèse trop simple. Je vais vous le dire
franchement : je pense que c’est à cause de la pression des gens qui
entourent les femmes et je constate que les gens qui entourent les
femmes sont habituellement des hommes libéraux. C’est le point de
contact, c’est là que la pression est efficace. Vous pouvez attribuer ce
ressac à un environnement conservateur, mais le fait est que ces
hommes, ceux qui sont près de vous, ceux dont vous êtes proches, ceux
avec qui vous travaillez, veulent croire que vous êtes là pour eux et
qu’ils peuvent vous baiser. La pression vient d’eux.
</div>
<div style="text-align: justify;">
Les Amérikain·e·s, ce qui veut dire pour
moi les gens qui vivent aux États-Unis, ont une attitude incroyablement
puérile au sujet du changement social. L’écrivaine Robin Morgan a appelé
cela une « politique éjaculatoire » : si cela n’arrive pas tout de
suite, cela ne compte pas. Le mouvement des femmes dans ce pays a
exactement les mêmes caractéristiques que la culture dans laquelle nous
vivons : la gratification à court terme, l’épanouissement personnel,
l’avancement personnel, et, oui, le fait de sortir du placard en tant
que lesbienne peut faire obstacle à cela. Les libéraux et les hommes de
gauche ont recolonisé les femmes autour de la peur de la droite. Cela me
trouble, ça me donne l’impression que nous sommes réellement naïves.
Nous avons toujours vécu dans un monde de droite. Le monde a toujours
été de droite à l’égard des femmes. La croissance et l’ascendance de la
droite ont beaucoup à voir avec le statut des femmes. Mais entretenir
une sorte de mentalité de bunker à propos de la droite, comme si vous
deviez vous protéger d’une contamination par cette philosophie politique
ou par ces gens désolants, n’est pas la bonne façon d’y faire face. La
bonne façon est la confrontation et le dialogue. Je vois des femmes
faire beaucoup d’exercices de pureté politique qui n’ont aucun contenu
pour elles-mêmes. Elles ne font rien d’autre que dénoncer la droite. Si
vous leur demandez « Qu’avez-vous fait pour les femmes hier ? », il n’y a
rien ; et ce qu’elles auraient pu faire, elles ne l’ont pas fait parce
qu’elles ne pouvaient pas tout faire. En d’autres termes, l’on doit se
rendre à cent pour cent parfaite avant d’oser faire quoi que ce soit
dans le monde autour de soi pour le rendre différent. C’est tout
simplement stupide. Vous ne serez jamais parfaite, nous vivons avec nos
limites, nous vivons avec nos échecs, et je pense qu’il est important de
faire tout ce que l’on peut faire et de ne pas avoir toutes ces excuses
métaphysiques exquises pour n’avoir rien fait. Je suis vraiment vieille
école à cet égard.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : L’un des thèmes récurrents dans <em>Letters from a War Zone</em>
est votre isolement en tant qu’autrice écrivant sur la pornographie.
Pensez-vous qu’il est inhérent à votre pratique de l’écriture, ou y
a-t-il des façons de créer de nouveaux modèles pour nous soutenir les
unes les autres et ne pas écrire dans l’isolement ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkC4qEto1mtY3FcRGQGHn5z_8BLyMTKX8UTNHpb5wTa5QWbeBpul4tztBJtfk0urUNB0hihVZHyl3vIGQwm0qbIv_w62eqz25_xYOx86iqjLAuKAHyHcyvnLa-Us8s2ntkFJw0cegf2Q3M/s1600/cov-pornography.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="298" data-original-width="169" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkC4qEto1mtY3FcRGQGHn5z_8BLyMTKX8UTNHpb5wTa5QWbeBpul4tztBJtfk0urUNB0hihVZHyl3vIGQwm0qbIv_w62eqz25_xYOx86iqjLAuKAHyHcyvnLa-Us8s2ntkFJw0cegf2Q3M/s1600/cov-pornography.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong> </strong> AD : Il y a quelque chose d’inhérent à
l’écriture qui est très solitaire, et je pense que les écrivains
finissent souvent leur vie de façon aussi terrible parce que c’est
presque un abus total du système humain que d’utiliser l’esprit comme on
l’utilise quand on écrit. Mais à l’époque où je rédigeais <em>Pornography : Men Possessing Women</em>,
soit de 1977 à 1980, il n’y avait pas le soutien qu’il y aurait
aujourd’hui. Ce n’était pas seulement la solitude parce que l’écriture
est un processus solitaire. C’était la solitude parce que les féministes
ne voulaient pas traiter de la pornographie. Elles ne voulaient même
pas envisager que c’était quelque chose qui devait être fait, et cela a
rendu le processus bien pire. Et, fondamentalement, j’ai failli mourir à
cause de l’écriture de <em>Pornography</em>. Je ne pouvais pas gagner
ma vie. Le livre que j’ai publié n’est qu’un tiers du livre que j’avais
prévu d’écrire, parce qu’il m’a été impossible de continuer à y
travailler. Je me demande souvent ce qui serait arrivé si j’avais pu en
écrire davantage, parce que la partie suivante du livre, le deuxième
tiers du livre, portait spécifiquement sur la façon dont la pornographie
socialise la sexualité des femmes. Comme beaucoup des articles
subséquents ont porté là-dessus, il m’a toujours semblé que je
fonctionnais un peu comme amputée d’une jambe. Vous vous dites : où est
cette autre jambe sur laquelle je voulais que ce livre repose ? Mais je
ne pouvais pas survivre et continuer à écrire ce livre. À cet égard, je
pense que le mouvement des femmes a laissé tomber beaucoup d’écrivaines
et beaucoup de femmes et, oui, les choses auraient pu se passer
différemment.
</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Comment les choses pourraient-elles être différentes si vous écriviez <em>Pornography</em> aujourd’hui ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : D’une part, le livre a aidé à créer
le type de soutien social qui aurait rendu son écriture plus facile.
L’analyse politique entourant la pornographie s’est développée de telle
sorte qu’il existe un consensus social très solide sur l’importance de
traiter cette question. Je pense que l’expérience de regarder réellement
la pornographie serait toujours bouleversante et difficile et
aliénante, mais quand j’ai amorcé mon travail sur <em>Pornography</em>,
les femmes ne voulaient pas la regarder. Les diaporamas (assemblés par
Women Against Pornography, à New York) ont fait une énorme différence
dans la compréhension par les femmes de ce dont nous parlons ici. Mais
quand j’ai rédigé <em>Pornography</em>, ce que je croyais était que je
devais transcrire tout cela parce que les femmes ne la regarderaient pas
et que, par conséquent, une partie de mon travail consiste à leur dire
ce qu’il y a là-dedans, parce que si elles le savaient, elles
n’avaleraient pas tous ces arguments que leur assènent les hommes qui en
consomment. Ce fut une expérience extraordinaire pour moi. Année après
année après année, des hommes m’ont dit : il n’y a pas de violence ici,
il n’y a pas de violence ici, il n’y a pas de violence ici, et je
regardais la photo et je disais : il la frappe, que voulez-vous dire,
« pas de violence » ? Ce que j’en suis finalement venue à comprendre,
c’est qu’ils parlaient de leur réaction sexuelle à l’image. Ils ne
parlaient jamais de ce qui arrivait à la femme.</div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai dû parcourir cette expérience du
début à la fin pour essayer de comprendre ce que les gens veulent dire
quand ils disent ceci ou cela ; comment fonctionne cette photo dans leur
système sexuel, qui n’est pas mon système sexuel. Ce n’est pas que je
n’aie pas été partiellement formée par ce système. Je l’ai été. Mais j’y
ai aussi résisté, et cette résistance a changé la façon dont je vois
ces images. Je pense qu’il y a maintenant dans le monde beaucoup plus de
soutien pour les femmes qui prennent toutes sortes de risques face à la
pornographie. Ce n’est toujours pas facile, mais il n’y a pas le même
genre d’isolement. Des femmes ont agi contre cela ; des femmes ont
intégré cette lutte dans leur programme de rébellion contre le pouvoir
des hommes. Cela fait une grande différence.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : Dans « A Woman Writer and
Pornography », vous répondez à la question que beaucoup d’entre nous ont
voulu vous poser : comment êtes-vous affectée par votre immersion dans
la pornographie ? Accepteriez-vous d’en dire plus sur cette question et
de nous dire pourquoi vous êtes prête à continuer à vous y exposer de
cette façon ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : C’est difficile à expliquer. Je vois
la pornographie comme un centre nerveux des agressions sexuelles, du
viol, de la violence conjugale, de l’inceste, de la prostitution ; et je
vois la prostitution et le viol comme des réalités fondamentales pour
les femmes. Quand je suis devenue féministe, sur le tard par rapport à
beaucoup de femmes de mon âge, j’ai été enthousiasmée par la littérature
féministe et j’ai été enthousiasmée par le féminisme. Ce fut
extrêmement – pour reprendre un mot trop galvaudé – « libérateur » pour
moi. Mais j’ai aussi vu quelque chose qui y manquait, et j’ai senti que
j’avais quelques-unes des pièces manquantes. Si je pouvais offrir ma
compréhension de ces enjeux, je rendrais le féminisme plus entier et
plus vivant pour plus de femmes, en particulier pour les femmes pauvres,
en particulier pour les femmes qui sont dans la prostitution, en
particulier pour les femmes qui ont subi des tortures sexuelles d’une
forme ou d’une autre. Mon engagement est vraiment venu de cela.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Est-ce en partie à cause de votre expérience d’un mari qui vous a battue ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Cela en fait certainement partie. Je
n’ai pas beaucoup parlé publiquement de ma vie, et la seule chose dont
j’aie vraiment parlé est la violence conjugale. J’ai écrit seulement
deux essais à ce sujet, dans <em>Letters From a War Zone</em>. J’ai
écrit celui sur Hedda Nussbaum, qui se trouve à la fin de la version
américaine du livre, parce que je ressentais une urgence absolue de la
défendre et aussi en partie pour moi parce que cela me rappelait
tellement de souvenirs. J’ai été mariée pendant trois ans et demi. C’est
une très petite partie de ma vie, mais cela a eu un grand impact sur
moi parce que j’ai été torturée et que quiconque survit à la torture
n’en sort pas indemne. Vous mourez ou vous trouvez un moyen d’utiliser
les choses que vous avez apprises.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a d’autres choses qui ont à voir
avec ça dont je n’ai pas parlé, à propos desquelles j’ai choisi de ne
pas écrire. Je suis très troublée par le fait que tout ce que je dis
publiquement sur moi-même se retrouve dans les pages du magazine <em>Hustler</em>.
Je n’aime pas que ma vie soit transformée en pornographie pour les
hommes. Je trouve cela insupportable. On parle souvent d’un effet
paralysant ; cette tactique a vraiment eu sur moi un effet paralysant,
sur ce dont je suis prête à parler et ce que je suis prête à écrire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Carol Anne Douglas a écrit une recension de votre livre <em>Intercourse</em><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/#_edn1" name="_ednref1">[i]</a> dans la revue <em>Off Our Backs</em>,
en juin 1987. L’une de ses principales critiques vis-à-vis du livre
était que vous ne parliez pas d’alternatives au coït, d’une sexualité
alternative. Elle dit : « Même critiquer le lesbianisme serait mieux que
de le passer sous silence. » Comment réagissez-vous à cela ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Je ne suis pas d’accord. J’ai décidé
d’écrire un livre sur le coït en tant qu’institution de la politique
sexuelle et d’essayer de comprendre le rôle du coït dans la sujétion des
femmes. Le coït en tant que tel n’a rien à voir avec les lesbiennes ou
avec la sexualité lesbienne, et c’est pourquoi celle-ci n’apparaît pas
dans le livre. Je me souviens que j’étais en Angleterre quand <em>Pornography</em>
a été publié, et une femme de l’un des groupes de lesbiennes radicales a
demandé pourquoi je n’utilisais jamais le mot « hétérosexualité » et,
étrangement, c’était le même enjeu. Je lui ai répondu que je ne parlais
pas de l’hétérosexualité, mais de la suprématie masculine. Parler
d’hétérosexualité implique l’existence d’une égalité dans la relation ;
et cela occulte la réalité de la position dominante de l’homme.</div>
<div style="text-align: justify;">
Au cours des quinze dernières années,
j’ai beaucoup affiné mes objectifs politiques. Ma cible au sens le plus
large est le pouvoir masculin. J’ai pris une décision à propos d’<em>Intercourse</em>.
Je voulais que ce soit un livre très rigoureux à propos du coït comme
acte particulier. Deuxièmement, je ne voulais pas y intégrer la moindre
nuance, ombre ou soupçon de « <em>happy ending</em> ». Ou quelque
suggestion que le lesbianisme était la réponse à cet ensemble
particulier de problèmes, parce que je ne le pense pas qu’il le soit ;
et si j’avais pu un jour le penser, les sadomasochistes lesbiennes m’ont
désillusionnée à ce sujet. Je ne peux pas écrire sur le lesbianisme en
ces termes. Ma conception de ce qu’est<em> Intercourse</em> est politiquement différente de l’idée qu’a Carol Anne de ce qu’il devrait être.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR28OSJ6D40U2tCEX2dpK9pOC08iW2yuiKTUEOvAvfDp3aD31ma_K0W5BPczHmPoJDEyNaYkyK-zdo87yum1YQIjdHtvF0Ik2YxI3-fwMHxAhLXHmnpzsUcUpqfFJl9USgS1IkCpP8E9Sx/s1600/cov-pornography-civil-rights.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="368" data-original-width="700" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR28OSJ6D40U2tCEX2dpK9pOC08iW2yuiKTUEOvAvfDp3aD31ma_K0W5BPczHmPoJDEyNaYkyK-zdo87yum1YQIjdHtvF0Ik2YxI3-fwMHxAhLXHmnpzsUcUpqfFJl9USgS1IkCpP8E9Sx/s400/cov-pornography-civil-rights.jpg" width="400" /> </a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
AD : Il y a quelque chose d’inhérent à
l’écriture qui est très solitaire, et je pense que les écrivains
finissent souvent leur vie de façon aussi terrible parce que c’est
presque un abus total du système humain que d’utiliser l’esprit comme on
l’utilise quand on écrit. Mais à l’époque où je rédigeais <em>Pornography : Men Possessing Women</em>,
soit de 1977 à 1980, il n’y avait pas le soutien qu’il y aurait
aujourd’hui. Ce n’était pas seulement la solitude parce que l’écriture
est un processus solitaire. C’était la solitude parce que les féministes
ne voulaient pas traiter de la pornographie. Elles ne voulaient même
pas envisager que c’était quelque chose qui devait être fait, et cela a
rendu le processus bien pire. Et, fondamentalement, j’ai failli mourir à
cause de l’écriture de <em>Pornography</em>. Je ne pouvais pas gagner
ma vie. Le livre que j’ai publié n’est qu’un tiers du livre que j’avais
prévu d’écrire, parce qu’il m’a été impossible de continuer à y
travailler. Je me demande souvent ce qui serait arrivé si j’avais pu en
écrire davantage, parce que la partie suivante du livre, le deuxième
tiers du livre, portait spécifiquement sur la façon dont la pornographie
socialise la sexualité des femmes. Comme beaucoup des articles
subséquents ont porté là-dessus, il m’a toujours semblé que je
fonctionnais un peu comme amputée d’une jambe. Vous vous dites : où est
cette autre jambe sur laquelle je voulais que ce livre repose ? Mais je
ne pouvais pas survivre et continuer à écrire ce livre. À cet égard, je
pense que le mouvement des femmes a laissé tomber beaucoup d’écrivaines
et beaucoup de femmes et, oui, les choses auraient pu se passer
différemment.</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Comment les choses pourraient-elles être différentes si vous écriviez <em>Pornography</em> aujourd’hui ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : D’une part, le livre a aidé à créer
le type de soutien social qui aurait rendu son écriture plus facile.
L’analyse politique entourant la pornographie s’est développée de telle
sorte qu’il existe un consensus social très solide sur l’importance de
traiter cette question. Je pense que l’expérience de regarder réellement
la pornographie serait toujours bouleversante et difficile et
aliénante, mais quand j’ai amorcé mon travail sur <em>Pornography</em>,
les femmes ne voulaient pas la regarder. Les diaporamas (assemblés par
Women Against Pornography, à New York) ont fait une énorme différence
dans la compréhension par les femmes de ce dont nous parlons ici. Mais
quand j’ai rédigé <em>Pornography</em>, ce que je croyais était que je
devais transcrire tout cela parce que les femmes ne la regarderaient pas
et que, par conséquent, une partie de mon travail consiste à leur dire
ce qu’il y a là-dedans, parce que si elles le savaient, elles
n’avaleraient pas tous ces arguments que leur assènent les hommes qui en
consomment. Ce fut une expérience extraordinaire pour moi. Année après
année après année, des hommes m’ont dit : il n’y a pas de violence ici,
il n’y a pas de violence ici, il n’y a pas de violence ici, et je
regardais la photo et je disais : il la frappe, que voulez-vous dire,
« pas de violence » ? Ce que j’en suis finalement venue à comprendre,
c’est qu’ils parlaient de leur réaction sexuelle à l’image. Ils ne
parlaient jamais de ce qui arrivait à la femme.</div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai dû parcourir cette expérience du
début à la fin pour essayer de comprendre ce que les gens veulent dire
quand ils disent ceci ou cela ; comment fonctionne cette photo dans leur
système sexuel, qui n’est pas mon système sexuel. Ce n’est pas que je
n’aie pas été partiellement formée par ce système. Je l’ai été. Mais j’y
ai aussi résisté, et cette résistance a changé la façon dont je vois
ces images. Je pense qu’il y a maintenant dans le monde beaucoup plus de
soutien pour les femmes qui prennent toutes sortes de risques face à la
pornographie. Ce n’est toujours pas facile, mais il n’y a pas le même
genre d’isolement. Des femmes ont agi contre cela ; des femmes ont
intégré cette lutte dans leur programme de rébellion contre le pouvoir
des hommes. Cela fait une grande différence.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : Dans « A Woman Writer and
Pornography », vous répondez à la question que beaucoup d’entre nous ont
voulu vous poser : comment êtes-vous affectée par votre immersion dans
la pornographie ? Accepteriez-vous d’en dire plus sur cette question et
de nous dire pourquoi vous êtes prête à continuer à vous y exposer de
cette façon ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : C’est difficile à expliquer. Je vois
la pornographie comme un centre nerveux des agressions sexuelles, du
viol, de la violence conjugale, de l’inceste, de la prostitution ; et je
vois la prostitution et le viol comme des réalités fondamentales pour
les femmes. Quand je suis devenue féministe, sur le tard par rapport à
beaucoup de femmes de mon âge, j’ai été enthousiasmée par la littérature
féministe et j’ai été enthousiasmée par le féminisme. Ce fut
extrêmement – pour reprendre un mot trop galvaudé – « libérateur » pour
moi. Mais j’ai aussi vu quelque chose qui y manquait, et j’ai senti que
j’avais quelques-unes des pièces manquantes. Si je pouvais offrir ma
compréhension de ces enjeux, je rendrais le féminisme plus entier et
plus vivant pour plus de femmes, en particulier pour les femmes pauvres,
en particulier pour les femmes qui sont dans la prostitution, en
particulier pour les femmes qui ont subi des tortures sexuelles d’une
forme ou d’une autre. Mon engagement est vraiment venu de cela.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<strong>EB : Est-ce en partie à cause de votre expérience d’un mari qui vous a battue ?</strong></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Cela en fait certainement partie. Je
n’ai pas beaucoup parlé publiquement de ma vie, et la seule chose dont
j’aie vraiment parlé est la violence conjugale. J’ai écrit seulement
deux essais à ce sujet, dans <em>Letters From a War Zone</em>. J’ai
écrit celui sur Hedda Nussbaum, qui se trouve à la fin de la version
américaine du livre, parce que je ressentais une urgence absolue de la
défendre et aussi en partie pour moi parce que cela me rappelait
tellement de souvenirs. J’ai été mariée pendant trois ans et demi. C’est
une très petite partie de ma vie, mais cela a eu un grand impact sur
moi parce que j’ai été torturée et que quiconque survit à la torture
n’en sort pas indemne. Vous mourez ou vous trouvez un moyen d’utiliser
les choses que vous avez apprises.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a d’autres choses qui ont à voir
avec ça dont je n’ai pas parlé, à propos desquelles j’ai choisi de ne
pas écrire. Je suis très troublée par le fait que tout ce que je dis
publiquement sur moi-même se retrouve dans les pages du magazine <em>Hustler</em>.
Je n’aime pas que ma vie soit transformée en pornographie pour les
hommes. Je trouve cela insupportable. On parle souvent d’un effet
paralysant ; cette tactique a vraiment eu sur moi un effet paralysant,
sur ce dont je suis prête à parler et ce que je suis prête à écrire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Carol Anne Douglas a écrit une recension de votre livre <em>Intercourse</em><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/#_edn1" name="_ednref1">[i]</a> dans la revue <em>Off Our Backs</em>,
en juin 1987. L’une de ses principales critiques vis-à-vis du livre
était que vous ne parliez pas d’alternatives au coït, d’une sexualité
alternative. Elle dit : « Même critiquer le lesbianisme serait mieux que
de le passer sous silence. » Comment réagissez-vous à cela ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Je ne suis pas d’accord. J’ai décidé
d’écrire un livre sur le coït en tant qu’institution de la politique
sexuelle et d’essayer de comprendre le rôle du coït dans la sujétion des
femmes. Le coït en tant que tel n’a rien à voir avec les lesbiennes ou
avec la sexualité lesbienne, et c’est pourquoi celle-ci n’apparaît pas
dans le livre. Je me souviens que j’étais en Angleterre quand <em>Pornography</em>
a été publié, et une femme de l’un des groupes de lesbiennes radicales a
demandé pourquoi je n’utilisais jamais le mot « hétérosexualité » et,
étrangement, c’était le même enjeu. Je lui ai répondu que je ne parlais
pas de l’hétérosexualité, mais de la suprématie masculine. Parler
d’hétérosexualité implique l’existence d’une égalité dans la relation ;
et cela occulte la réalité de la position dominante de l’homme.</div>
<div style="text-align: justify;">
Au cours des quinze dernières années,
j’ai beaucoup affiné mes objectifs politiques. Ma cible au sens le plus
large est le pouvoir masculin. J’ai pris une décision à propos d’<em>Intercourse</em>.
Je voulais que ce soit un livre très rigoureux à propos du coït comme
acte particulier. Deuxièmement, je ne voulais pas y intégrer la moindre
nuance, ombre ou soupçon de « <em>happy ending</em> ». Ou quelque
suggestion que le lesbianisme était la réponse à cet ensemble
particulier de problèmes, parce que je ne le pense pas qu’il le soit ;
et si j’avais pu un jour le penser, les sadomasochistes lesbiennes m’ont
désillusionnée à ce sujet. Je ne peux pas écrire sur le lesbianisme en
ces termes. Ma conception de ce qu’est<em> Intercourse</em> est politiquement différente de l’idée qu’a Carol Anne de ce qu’il devrait être.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUYnenLS34AqdtK31Se34TRawKKkl9NfAw7L5-4VuhHE1pKh48svv6_iq53fneQnjCVtr0wvPhFshGTqoTzL1NB2tyY24Db9qpgeGsr4yTfyustORf1HFhvJm7tPH73ApV7M-y8ow92o85/s1600/111-ceb2f.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="407" data-original-width="247" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUYnenLS34AqdtK31Se34TRawKKkl9NfAw7L5-4VuhHE1pKh48svv6_iq53fneQnjCVtr0wvPhFshGTqoTzL1NB2tyY24Db9qpgeGsr4yTfyustORf1HFhvJm7tPH73ApV7M-y8ow92o85/s320/111-ceb2f.jpg" width="194" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh376rUyRvM7RjzU9XJDJcS5ss8g-biibRTKKBNCMTxraB1XVbrHVcS_Y0jhEgUU2T_X9hO69_SFe8EuH5aWfkRIaFfXnqKVrHJU3vGvLThNOqxS6hEkh8uayD6_rMbC_NqF6BJQ-4gxAld/s1600/11-16941.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="457" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh376rUyRvM7RjzU9XJDJcS5ss8g-biibRTKKBNCMTxraB1XVbrHVcS_Y0jhEgUU2T_X9hO69_SFe8EuH5aWfkRIaFfXnqKVrHJU3vGvLThNOqxS6hEkh8uayD6_rMbC_NqF6BJQ-4gxAld/s320/11-16941.jpg" width="228" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Dans « <em>Women Lawyers and Pornography</em> »
(Les avocates et la pornographie) (1980), vous dites : « Chaque fois
que vous obtenez pour n’importe quelle femme – qu’elle soit prostituée,
épouse, lesbienne, ou tout cela et plus encore – un brin de justice
réelle, vous lui donnez, comme au reste d’entre nous, un peu plus de
temps, un peu plus de dignité, et ce temps et cette dignité nous donnent
l’occasion de nous organiser, de prendre la parole, de riposter. »
Qu’est-ce que cela nous apprend en termes de stratégie ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Cela correspond à mon inquiétude de
voir le mouvement des femmes perdre ce que je continue à appeler sa
section mitoyenne. Je crois que les femmes qui s’engagent à réaliser
différents types de réformes et d’améliorations dans la vie des femmes,
plutôt que de tenter d’en changer la structure complète, sont très
importantes et qu’elles sont de moins en moins nombreuses. Je pense que
cela veut dire que vous pouvez sauver la vie d’une femme en faisant
quelque chose qui l’aide à surmonter le problème que nous n’avons pas
été capables de résoudre au plan social. Cette femme est là. Elle est
quelqu’un qui a des connaissances, qui a de la créativité et elle peut
utiliser ces ressources. J’ai des convictions politiques très fortes et
je fais les choses en fonction de ces convictions, de certaines façons
face auxquelles d’autres femmes ont des réticences. Mais j’ai aussi
beaucoup de respect pour ce que peuvent accomplir les gens qui font les
choses différemment.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je pense que les femmes qui travaillent
dans ce que j’appellerais la section réformiste du mouvement ont très,
très peu de tolérance pour celles qui œuvrent dans sa section radicale.
En d’autres termes, elles ne comprennent pas que nous leurs sommes
nécessaires, mais je pense que beaucoup d’entre nous comprenons qu’elles
aussi nous sont nécessaires. Chaque fois que vous aidez à prolonger la
vie d’une femme de quelque façon que ce soit, vous nous donnez à toutes,
ainsi qu’à elle, plus de chances.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : Dans votre travail sur la
violence contre les femmes, vous traitez régulièrement des problèmes de
race et de classe. Comment cette analyse affecte-t-elle les stratégies
que nous pourrions mettre de l’avant pour combattre la violence contre
les femmes et que nous pourrions adopter en tant que mouvement ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : C’est une question cruciale. La
première chose est que le simple fait d’agir contre la pornographie et
la prostitution en tant qu’enjeux politiques brûlants inclut dans le
mouvement certaines femmes qui en ont été exclues jusqu’à présent.
Toutes les caractérisations péjoratives du mouvement en tant
qu’exclusivement de classe moyenne étaient fausses à bien des égards. Le
mouvement des femmes a toujours invité et intégré des femmes de tous
les secteurs de la société. Mais, je dirais que beaucoup de femmes qui
sont impliquées dans le mouvement des femmes sont en quête de
respectabilité. Elles veulent être reconnues comme des êtres humains
décents, entiers et honnêtes. C’est bon et équitable, mais il y a
énormément de femmes qui vivent dans une situation équivalant à de…
l’esclavage n’est pas le mot juste, ce n’est pas de l’esclavage, c’est
une sorte de marginalité à peine reconnue. Elles aussi sont des êtres
humains et elles sont utilisées, jour après jour, par les hommes d’une
manière dont les autres femmes sont protégées de certaines façons. Le
mouvement des femmes n’a jamais rien eu à voir avec ces femmes jusqu’à
ce que nous commencions à aborder la pornographie, ce qui nous a
conduites à aborder la prostitution de façon réelle, pas de façon
libérale du style « Prenons toutes du bon temps et certaines d’entre
nous veulent être des prostituées. »</div>
<div style="text-align: justify;">
En
ce sens, le simple fait d’aborder la question a changé la politique du
mouvement des femmes, et je pense qu’une grande part de ce que les gens
appellent la division dans le mouvement des femmes est essentiellement
une division de classe. Cela fait des années que j’ai cette impression :
les femmes qui ont utilisé le mouvement des femmes pour atteindre une
certaine respectabilité (ce qui ne veut pas dire qu’elles étaient
nécessairement issues de la classe moyenne, mais qu’elles ont accédé à
la classe moyenne parce que le féminisme leur a conféré certaines
capacités professionnelles qui n’étaient pas là pour elles auparavant),
ces femmes veulent maintenir cette respectabilité par-dessus tout. Or,
vous ne pouvez pas maintenir votre respectabilité et traiter en même
temps du statut des femmes dans la pornographie et la prostitution.
C’est comme si les femmes disaient : « Nous ne voulons pas de cette
puanteur sur nous, il n’en est pas question, nous ne voulons pas avoir
cette odeur. »</div>
<div style="text-align: justify;">
De plus, la raison pour laquelle la loi
sur les droits civiques de Minneapolis a été adoptée et la raison pour
laquelle cela a eu un tel retentissement politique – que personne n’a
jamais relaté correctement – sont que cette initiative traitait de la
réalité de l’impact de la pornographie sur les pauvres et sur les gens
de couleur dans les villes, c’est-à-dire que nous avons parlé des
règlements de zonage, du fait que les politiciens déversent la
pornographie là où vivent les gens de couleur. Cela est vrai dans toutes
les villes des États-Unis, même si le groupe ethnique ou racial peut
changer de ville en ville. Le cas de Minneapolis est extraordinaire.
Cette ville est blanche à 96 % et presque toute la pornographie est
déversée sur 4 % des gens, qui sont principalement des Indiens
d’Amérique – c’est leur terme de préférence ; elles et ils n’aiment pas
le mot « Autochtones » – et des Noir·e·s. À Boston, ce sont les
Asiatiques et à Washington, ce sont les Noir·e·s. Quand vous traversez
le pays, c’est ce que vous constatez. Nous avons bâti, pour la première
fois, une véritable coalition entre toutes ces personnes : des gens qui
étaient pauvres, des gens à qui cela arrivait et qui voyaient augmenter
une violence très réelle dans leur environnement à cause de cela et dont
la dépossession économique empirait à cause de cela. Ces personnes se
sont assemblées pour faire face à la pornographie et pour traiter toutes
les questions de pouvoir entourant la pornographie, des enjeux
immobiliers à la corruption du gouvernement local, en passant par la
misogynie et le racisme sexualisé dans la pornographie elle-même.</div>
<div style="text-align: justify;">
Une grande partie de la lutte entourant
la pornographie touche au cœur même du mouvement des femmes. Est-ce que
ce sera un mouvement pour les femmes qui veulent simplement de
meilleures chances de carrière, ou va-t-il réellement traiter de la
façon dont les femmes pauvres et les femmes de couleur sont
véritablement exploitées ? Encore une fois, à Minneapolis, dans les
spectacles pornos présentés en ville, presque toutes les femmes sont des
femmes de couleur. Je n’ai jamais compris comment des gens qui
prétendent être de gauche pouvaient fermer les yeux sur ces faits à
propos de la pornographie ; néanmoins, ils y arrivent brillamment. Ce
qui s’est passé, c’est que nous avons énormément élargi la base du
mouvement des femmes, mais nous l’avons élargie à des gens qui ne
comptent pas pour l’élite. La chose horrible, c’est que ces gens ne
comptent pas pour ces femmes blanches universitaires qui ont leur liste
de mots en « -isme » auxquels elles s’opposent. Elles ont une profusion
de bons principes de gauche : elles déplorent le racisme, mais elles ne
font rien pour y remédier. Elles détestent la pauvreté – mais surtout
pour ne jamais vouloir la vivre. Le fait que ce qui est essentiellement
la base du mouvement des femmes se soit élargi à cause de ce travail sur
la pornographie est totalement dénué d’importance à leurs yeux parce
que les femmes n’ont aucune importance pour elles. Elles ne s’en
soucient pas du tout.</div>
<div style="text-align: justify;">
Si vous voyez un exemple de haine raciale
qui amène les hommes à l’orgasme et qui est vendu pour gagner de
l’argent, vous agissez contre ça. Allez-vous vivre dans le monde de la
théorie ou allez-vous vivre dans le monde ? Ce qui a toujours été le
point fort de la théorie féministe, c’est qu’elle est censée avoir
quelque chose à voir avec le monde. Ce que nous voyons maintenant, c’est
une sorte de fracture du mouvement des femmes entre des gens qui vivent
dans le monde et des gens qui vivent dans le monde universitaire.
L’université est devenue l’endroit sûr pour les féministes. Elle est
certainement plus sûre que la rue.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Dans « Interview à cran » (1978), l’interviewer fictif dit : <em>« Si le privé est politique, comme disent les féministes, pourquoi n’êtes-vous pas plus disposée à parler de votre vie privée ?</em> »
en lui répondant que vous avez besoin d’intimité pour avoir une vie
privée et que « la presse outrepasse son droit légitime de savoir quand
elle se met à traquer la vie privée des individus… » Ressentez-vous
toujours les choses de cette façon et si oui, pourriez-vous en dire
plus ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj36yqOQ89EwcOKH0g4tgen3swqiA5KQsy5FVbd6SZLp-fwdIq_HM3rZ-aPEnlS21DkYPq6Jy8Bzo-0_HKm2f8xem3aWgoSzDjploka0dYe_NlzPgNsptzd5c4yo5nOxTUFChpCm5zyceAZ/s1600/cov-hustler.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="259" data-original-width="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj36yqOQ89EwcOKH0g4tgen3swqiA5KQsy5FVbd6SZLp-fwdIq_HM3rZ-aPEnlS21DkYPq6Jy8Bzo-0_HKm2f8xem3aWgoSzDjploka0dYe_NlzPgNsptzd5c4yo5nOxTUFChpCm5zyceAZ/s1600/cov-hustler.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
AD : Depuis que j’ai écrit cela, les
trucs que les pornographes m’ont faits ont vraiment eu un impact énorme
sur moi. J’ai intenté un procès au magazine <em>Hustler</em> pour des
caricatures de moi qui m’ont essentiellement transformée en
pornographie, et les tribunaux m’ont dit, vous avez couru après, si vous
voulez ouvrir votre grande gueule, à quoi donc vous attendez-vous ? Je
suis allée au tribunal et j’ai dit que j’avais été violée, que ces gens
m’avaient violée. Ils m’ont prise, ils ont pris ma sexualité, ils ont
pris mon corps et ils en ont fait de la pornographie. Le tribunal a dit,
eh bien, si vous n’aviez pas ouvert votre grande gueule, cela ne serait
pas arrivé, alors c’est de votre faute. Je ne comprends pas comment
quelqu’une est censée vivre avec cela, sans aboutir à un arrangement
fondé sur le silence des femmes. Que vous n’ouvriez plus jamais votre
grande gueule.
</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Ma compréhension de la phrase « le privé
est politique » est aussi que ce que vous avez vécu dans votre vie
personnelle a une dimension politique et que vous pouvez utiliser ce que
vous savez pour lui donner une utilité sociale. Ce n’était pas
seulement un vécu personnel. C’était quelque chose qui avait à voir avec
les femmes de partout, d’une manière ou d’une autre. En un sens, c’est
devenu mon engagement actuel. Mon engagement est d’utiliser ce que je
sais d’une manière politique.</div>
<div style="text-align: justify;">
La question de la célébrité dans ce pays
est très importante et très politique, et je crois que c’est un enjeu où
les féministes ont été exceptionnellement mesquines et malheureuses.
Beaucoup de femmes ont été détruites parce qu’elles sont devenues
célèbres d’une façon ou d’une autre, généralement pendant une très
courte période, et que le fardeau que les autres féministes s’attendent à
ce qu’elles portent en est un que personne ne peut porter. Vous ne
pouvez pas porter un fardeau de pureté. Vous ne pouvez pas porter le
fardeau d’être un symbole pour les autres. Vous devez continuer à
fonctionner en respectant votre conscience. Vous ne pouvez pas rendre
des comptes à des millions de personnes. C’est impossible. Vous ne
pouvez rendre des comptes qu’aux personnes que vous connaissez
réellement. C’est, en un sens, une partie de la différence. Je dois
tracer une ligne de responsabilité et en même temps, je vois, de plus en
plus, mon comportement avoir un impact sur d’autres femmes que je ne
connais pas. Ensuite, il y a une sorte de responsabilité que j’ai à leur
égard, mais laquelle ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a beaucoup de choses dont j’aimerais parler, mais je ne veux rien lire à ce sujet dans <em>Hustler</em>.
Je ne veux pas que ma vie soit utilisée contre moi, je veux utiliser ma
vie pour les femmes. C’est la partie que je ne sais vraiment pas
comment gérer. Là où je pense avoir un vécu personnel dont il serait
approprié de parler maintenant, je n’en parlerai pas. Je ne peux pas.
Les gens parlent de liberté d’expression, et tous ces trouducs férus de
libertés civiles vont en cour se plaindre de ce qui risque d’avoir un
effet paralysant sur le discours de quelqu’un quelque part. Eh bien moi,
je veux vous dire que mon discours est paralysé à mourir alors que je
suis écrivaine. Ce qui m’est arrivé est vraiment important et la façon
dont j’ai appris ce que je sais est vraiment importante et les femmes
ont un droit réel d’avoir une idée de ce que sont ces choses, mais les
pornographes ont réussi, de concert avec les tribunaux, à créer un
environnement social où je ne peux pas survivre en abordant ces sujets.
Mon discours est aussi paralysé qu’il peut l’être.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : Trouvez-vous que parler de votre vie peut être fait davantage par le biais de la fiction ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Je travaille actuellement à un roman et j’ai écrit <em>Ice and Fire</em>
et je pense que beaucoup de gens choisissent d’affronter des enjeux par
le biais de la fiction. Je veux être claire quand je dis que c’est de
la fiction. Ce n’est pas la réalité documentaire, mais oui, c’est plus
facile à gérer par le biais de la fiction. Par contre, aborder n’importe
quoi au moyen de la fiction ne vous protège pas de ce genre
d’agression. Par exemple, certains types ont publié un livre cet été qui
disait toutes sortes de choses horribles à mon sujet, y compris que
j’avais agressé une certaine femme. Il y avait une citation de sa part
disant qu’elle avait dit cela. Je possède une déclaration assermentée de
sa part où elle affirme ne pas l’avoir dit, que cela ne s’est jamais
produit, et en fait cela ne s’est jamais produit. Les phrases qu’ils
utilisent pour étayer leurs arguments sur le genre de personne que je
suis sont en grande partie des citations de mes œuvres de fiction. Ils
citent mes nouvelles comme si ces textes parlaient de moi. Ce qu’ils
essaient de dire, c’est que je suis une pornographe, une dominatrice et
ils me comparent au marquis de Sade. Mais tous leurs arguments à cet
effet sont tirés de mes œuvres de fiction.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : La question que je voulais vous poser concerne votre vie avec John Stoltenberg. Pourquoi avez-vous fait ce choix ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
AD : Nous vivons ensemble depuis plus de
quinze ans et nous vivons ensemble parce que nous nous aimons
profondément et c’est la réponse à la question. J’ai toujours considéré
que la façon dont je rendais des comptes au mouvement des femmes passait
par mon travail : que si mon travail continuait à être ce qu’il devrait
être, alors je n’avais à répondre à aucune question de ce genre. Dans
les premiers jours où nous avons cohabité, ce fut très dur ; je ne
pouvais pas arriver quelque part sans être insultée parce que John et
moi vivions ensemble. Maintenant, les gens semblent avoir adopté une
attitude d’indifférence bénigne. Je pense que son travail a été très
important aussi. Il a fait beaucoup de travail de mobilisation contre la
pornographie, et son livre <strong>Refuser d’Être un Homme</strong><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/#_edn2" name="_ednref2">[ii]</a>
est un ouvrage génial et exceptionnel. Mais ce n’est pas pour cela que
nous vivons ensemble. Il est une personne très généreuse et nous nous
aimons vraiment.<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDO_0tN7_9bfsQiZD0JVFZwIgrkOjxIgy2O4Bfznz5ZaUMSbdWFNIsSElpbZcxc9frmtYlOydidBev_HXnj2kyxc34o5-uVYcw9_2LxTwlNSLNhdc7tTykydFXTJ4x9c-fD7F21_TSC_xe/s1600/John+Stoltenberg.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="252" data-original-width="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgDO_0tN7_9bfsQiZD0JVFZwIgrkOjxIgy2O4Bfznz5ZaUMSbdWFNIsSElpbZcxc9frmtYlOydidBev_HXnj2kyxc34o5-uVYcw9_2LxTwlNSLNhdc7tTykydFXTJ4x9c-fD7F21_TSC_xe/s1600/John+Stoltenberg.jpg" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<strong>CC : L’une des déclarations les plus puissantes de <em>Letters</em> aborde la question de la censure. Vous notez dans « <em>Voyage in the Dark : Hers and Ours</em> »
(Voyage dans l’obscurité : le sien et le nôtre) (1987) que l’œuvre de
Jean Rhys a été effacée. Vous écrivez ensuite : « Je ne sais pas
pourquoi nous, écrivaines, pensons que nos livres vont survivre. » Que
suggérez-vous que fassent les femmes pour que les œuvres des écrivaines
de la présente génération ne soient pas effacées ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : C’est une question vraiment importante et difficile. <strong>La Politique du sexe</strong> est épuisé. <strong>La Dialectique du sexe</strong>
est épuisé. Ce que les femmes doivent faire, c’est prendre état du fait
que nous vivons dans une société dont la censure est simplement plus
efficace que la censure de l’État. Les gens doivent prendre état du
pouvoir de l’industrie de l’édition et des médias dans le contrôle de la
pensée et de l’expression. L’on doit comprendre que c’est une question
de pouvoir et d’argent et qu’il faut faire preuve de moins de passivité
en ce qui concerne les livres. Les femmes doivent prendre leur argent,
même si elles en ont très peu, et elles doivent acheter des livres
écrits par des féministes. Elles doivent développer une compréhension
beaucoup plus affinée du fonctionnement de l’industrie du livre. La
première édition d’un livre comme <em>Letters from a War Zone</em> était
pratiquement mort-née dès sa publication. Si elle est encore dans les
librairies dans deux mois, ce sera un miracle. Les gens doivent
comprendre que tout ce qu’on entend constamment sur le fait que tout
peut être publié dans ce pays est un mensonge et qu’une partie de la
fonction sociale de l’industrie de l’édition est de racheter des droits
et d’oblitérer certains titres pour que personne ne puisse plus se les
procurer. Ils doivent cesser de s’imaginer vivre dans le monde libéral
rêvé où l’égalité est déjà atteinte. Elle n’est pas atteinte. Vous
pouvez être égale dans votre cœur, mais cela ne vous rend pas égale dans
le monde. Je pense que le refus de comprendre ce que deviennent les
livres de femmes va de pair avec ce refus libéral de reconnaître que le
pouvoir est une réalité et que ce n’est pas nous qui l’avons. Ce que je
dis, c’est que les femmes doivent commencer à faire face à la réalité.
Vous ne pouvez construire aucun mouvement en faveur du changement sur la
base de vœux pieux. Le vœu pieux est que nous possédons déjà ce que
nous voulons et ce dont nous avons besoin. Nous ne les possédons pas.
Pour les femmes qui veulent écrire et communiquer – ce qui est difficile
à faire dans un grand pays – cela devient de plus en plus difficile
pour elles. Il n’y a pas plus d’accès, il y a moins d’accès. Les gens
doivent prendre au sérieux les réalités économiques de l’industrie de
l’édition et comprendre que très peu d’écrivaines survivront parmi
celles qui n’écrivent pas selon les exigences du marché, c’est à dire
selon l’exigence d’écrire des livres que vous pouvez consommer aussi
passivement qu’une émission de télévision. C’est à peu près la norme.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>EB : Y a-t-il quelque chose d’autre que vous aimeriez dire ?</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
AD : Je veux dire plus que tout que le
mouvement des femmes a aujourd’hui l’occasion de faire quelque chose de
miraculeux, qui serait de démolir ces hiérarchies de sexe et de race et
de classe. Nous pouvons le faire, mais la façon de le faire ne passe pas
par des dénonciations rhétoriques de l’injustice. On le fait en
attaquant les institutions de l’injustice à travers l’action politique.
Cela n’a pas changé. C’est ce que nous devons faire. L’autre chose que
j’aimerais dire est de faire quelque chose. Vous n’avez pas à tout
faire. Vous n’avez pas à être parfaite, vous n’avez pas à être pure,
faites ce que vous pouvez faire. Faites-le. La vie est courte et vous ne
savez pas quand elle va se terminer pour vous, alors faites-le,
faites-le maintenant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiogbYrXlvHzgytjQ6ZYftdvk2ydrjdJPllJ7o04NDTwR3cMGc0ypnq6tt6UVC3FlSNl0M3HOrQ2bSPql5RF05BUIjD7asuE3ava5FJvKg4JWW3HYKFg0qq8ezr83BtL-Zq2qwLJ17h-t7H/s1600/dworkin_main-levc3a9e.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="423" data-original-width="564" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiogbYrXlvHzgytjQ6ZYftdvk2ydrjdJPllJ7o04NDTwR3cMGc0ypnq6tt6UVC3FlSNl0M3HOrQ2bSPql5RF05BUIjD7asuE3ava5FJvKg4JWW3HYKFg0qq8ezr83BtL-Zq2qwLJ17h-t7H/s320/dworkin_main-levc3a9e.jpg" width="320" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Version originale : <a href="https://rancom.wordpress.com/2011/12/30/andrea-dworkin-interview/" rel="nofollow">https://rancom.wordpress.com/2011/12/30/andrea-dworkin-interview/</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Traduction : <a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/" target="_blank">TRADFEM, avec l’accord de la succession d’Andrea Dworkin.</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/#_ednref1" name="_edn1">[i]</a> Version française sous presse : <strong>Coïts</strong>, traduit par Martin Dufresne.</div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/03/11/andrea-dworkin-parle-de-la-liberte-dexpression-de-lheterosexualite-des-productions-%e2%80%89erotiques%e2%80%89-et-de-son-travail-decriture/#_ednref2" name="_edn2">[ii]</a> Traduit par TRADFEM et publié chez M Éditeur, Montréal, et Syllepse, Paris, 2013, avec un avant-propos de Christine Delphy.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-81819193887653380682019-04-17T12:28:00.000-07:002019-04-17T12:28:02.473-07:00Parler de « masculinité saine » est comme parler d’un « cancer sain ». Voici pourquoi.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuIUY2f0mVfzEv8GgOmHTLQYzO1aLYlGPMYoVDCz5tZqnxvVpQAZmCCwEGUqkhK2vISA60de6goc4Ki3DX2WTZQ-qBxfTCCC5YYXTJ576nnHmVSBMR8HxCXnjigt8ncnvJ8vKU54MAFIFX/s1600/John.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="150" data-original-width="150" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuIUY2f0mVfzEv8GgOmHTLQYzO1aLYlGPMYoVDCz5tZqnxvVpQAZmCCwEGUqkhK2vISA60de6goc4Ki3DX2WTZQ-qBxfTCCC5YYXTJ576nnHmVSBMR8HxCXnjigt8ncnvJ8vKU54MAFIFX/s1600/John.jpg" /></a></div>
<div align="JUSTIFY">
Par <b>John Stoltenberg</b></div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Je
comprends – je le comprends vraiment – pourquoi beaucoup de personnes
éduquées à devenir des hommes cherchent une identité personnelle genrée
qui soit bien distincte de tout ce qui a été qualifiée, ces derniers
temps, de masculinité toxique. De nos jours, une personne dotée d’un
pénis<a class="sdfootnoteanc" href="https://scenesdelavisquotidien.com/2018/02/26/parler-de-masculinite-saine-est-comme-parler-dun-cancer-sain-voici-pourquoi/#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>*</sup></a>
devrait vraiment faire l’autruche pour ne pas remarquer tous ces
comportements visant à prouver sa virilité qui ont été critiqués comme
contraires au bien-être (le nôtre et celui des autres). Cependant,
autant la personne dotée d’un pénis accepte la critique croissante de la
masculinité traditionnelle, autant il peut raisonnablement se demander
quels sont les comportements authentifiant la masculinité qui échappent à
cette critique. Quelles sont les manières d’ « agir comme un homme »
qui permettent à chacun de se distinguer définitivement des« hommes qui
se comportent mal » ? Ou, sur un mode plus personnel : Que faut-il faire
exactement de nos jours pour habiter une identité de genre à la fois
masculine et positive qui soit ressentie – et soit réellement – digne de
respect (à nos yeux et à ceux des autres) ?</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Au
même moment – comme dans un univers parallèle – il existe des légions
de personnes éduquées à être des hommes qui ont été exposés à la
critique de la masculinité, mais qui la rejettent et y résistent de
toutes leurs forces, quasiment au niveau cellulaire, de la même façon
que le système immunitaire génère des anticorps pour repousser une
infection envahissante. Pour ces personnes dotées d’un pénis, la
critique de n’importe quelle masculinité est éprouvée comme une attaque
contre toute masculinité. Bouillonnement d’amertume, colère explosive et
retour du bâton (<i>backlash</i>) ne sont que quelques-uns des
symptômes de leur crispation. Ce qui se passe à l’intérieur – là où ils
ressentent leur authentique « Voila ce que je suis » – est une lutte à
finir contre ce qu’ils perçoivent comme porteur de leur annihilation
personnelle.</span></span><span id="more-591"></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Dans
un souci de clarté, je vais nommer ces deux ensembles Réformateurs et
Conservateurs. Bien sûr, ce ne sont pas les seules parties de la
population dotée d’un pénis. Mais je vais prendre pour acquis qu’ils
sont tous les deux suffisamment visibles pour que, à la lecture, la
plupart des gens les reconnaissent dans leurs grandes lignes. Et je vais
également prendre pour acquis que la plupart des lecteurs effectuent
une forme ou une autre d’appréciation de ces deux rôles. La plupart des
gens se disent probablement <i>L’un est meilleur que l’autre</i>. <i>L’un est le Bon Gars et l’autre est le Mauvais Gars</i>.
Et, que vous considériez les Réformateurs ou les Conservateurs comme
étant les vrais bons gars importe peu ; ce qui est probablement présent
dans votre tête, c’est que l’un réussit mieux que l’autre à « incarner
la masculinité » , alors que l’autre y arrive moins bien.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Remarquez-vous comment le schéma de catégorisation <i>mieux-que/moins-bien-que</i>
entre mentalement en jeu ? Il s’impose comme une habitude, dès que le
cortex supérieur et acculturé d’une personne se retrouve face à toute
question ayant à voir avec le principe masculin. Le cerveau a été
conditionné depuis l’enfance pour percevoir l’identité sociale due genre
masculin à travers les lunettes du <i>mieux-que/moins-bien-que</i>.
C’est de cette manière que nous avons tous et toutes appris à ressentir
de l’identité, et c’est de cette manière que nous savons tous et toutes
reconnaître « qui est l’homme ici » . C’est aussi de cette manière que
certains d’entre nous endossons une masculinité crédible si nous le
pouvons et quand nous le pouvons, et c’est ce dont nous tous et toutes
essayons de nous préserver si et quand nous n’y arrivons pas. Parce que
cette typologie interne <i>supérieur/inférieur</i> est irréductiblement
liée à la connaissance interactionnelle de l’identité masculine, il
n’est pas surprenant que ni les Résistants, ni les Conservateurs n’ont
trouvé le temps de réfléchir vraiment à cette grille. </span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Mais nous devons le faire. Nous le devons vraiment. Nos vies en dépendent.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Pour
des raisons implicites dans mon paragraphe d’ouverture sur les
Réformateurs, la notion de « masculinité saine » s’est propagée dans de
nombreux milieux ces dernières années. Des gens se réunissent à ce
sujet, s’organisent et font des ateliers à ce sujet, twittent et
bloguent à ce sujet, et de manière générale travaillent
consciencieusement à donner une signification viable et de qualité à ce
concept, remplissant un vide dans la vie des Réformateurs – le vide
immense laissé lorsque, depuis quelques décennies, la phrase « Il se
comporte en homme » a commencé à acquérir un sens plus péjoratif
qu’élogieux.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Les
Conservateurs, bien sûr, ne pensent pas qu’il y ait quoi que ce soit en
crise dans la masculinité. Et ils croient farouchement que la
masculinité ne devrait pas être mise en doute – comme elle l’est, en
réalité – par l’expression « masculinité saine ». Imaginez ce que
seraient les sentiments du patient d’une clinique oncologique si son
compagnon de chambre, éclairé par une nouvelle révélation, commençait à
se réjouir d’avoir un cancer <i>sain</i>. Il serait probablement
offensé, voire peut-être dégoûté. De façon similaire, un Conservateur ne
sera jamais convaincu que la masculinité à laquelle il aspire et qu’il
incarne est <i>non</i> saine, ou qu’elle correspond, d’une façon ou
d’une autre, à une maladie. Le Conservateur considérera plutôt ce que
suggère l’expression « masculinité saine » comme étant en soi une forme
d’attaque de sa vie même.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">A
présent, qualifiez-moi de naïf si vous le voulez, mais je ne vois pas
beaucoup d’espoir à long terme à ne parler qu’à des Réformateurs, ou
qu’à des Conservateurs. Et je ne vois vraiment aucun intérêt à diffuser
un message – celui d’une « saine masculinité » – qui va sûrement
exacerber l’anxiété de genre de quiconque n’est pas déjà convaincu que
le fait d’endosser une masculinité cliché nuit à la santé des gens. Le
choix de rompre a priori toute communication avec les Conservateurs en
parlant de « masculinité saine et malsaine » est au mieux vaniteux et
contre-productif et, au pire, provocateur. Numériquement, les
Conservateurs représentent beaucoup de personnes dotées d’un pénis ; ils
en représentent probablement plus que les Réformateurs, qui sont encore
minoritaires au sein d’une culture dominée par les Conservateurs. Mais
en plus de provoquer et de faire décrocher les Conservateurs, je
remarque un problème encore plus grave à parler de « masculinité saine »
: ce concept est fondé sur une prémisse bien intentionnée mais qui est,
en définitive, incorrecte. Ce n’est pas la bonne solution au problème.
C’est en fait un « remède » qui revigore une « maladie ».</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Beaucoup
de gens de bonne volonté souhaitent voir résolu pour de bon ce qui
semble clocher dans l’identité sociale de genre masculin. Leur espoir
est que cette solution permettra d’éviter toutes ces explosions
d’identité de genre masculin, dont on connaît de mieux en mieux les
dommages collatéraux. Ces personnes souhaitent vivre dans un monde où il
n’est pas besoin d’avoir peur de quelqu’un simplement parce qu’il est
né avec un pénis et qu’il a été socialisé à être un homme. En deux mots,
ils veulent plus d’harmonie entre les êtres humains que ce à quoi nous
sommes présentement habitués sur cette planète. »</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Mais
il y a un hic : aucune mobilisation ou campagne visant à remédier au
principe masculin ne peut se permettre de reproduire l’obsession
hiérarchique du <i>mieux-que/moins-bien-que</i> qui définit et ancre
dans la tête de chacun le principe masculin. A chaque fois que nos
cerveaux acculturés veulent désigner certaines personnes dotées d’un
pénis qui « incarnent la masculinité » de manière supérieure, nous
réactivons les mêmes scénarios mentaux qui se sont imprimés en nous
quand nous regardions, ou participions, à nos premiers combats à mains
nues. L’un était le gagnant ; l’autre était le perdant. Voilà la façon
dont nous avons appris le sens de la « masculinité ». Et ce prototype
définitionnel – le binôme gagnant/perdant, dominant/dominé – ne
disparaît pas simplement de lui-même.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Au
lieu de cela, nous devons imaginer un moyen de reformater les cerveaux
et de redéfinir précisément ce qui pose problème. Pour expliquer ce que
je veux dire, je vais digresser un peu et parler de ce qu’on appelle <i>la formation à l’intervention du spectateur</i>.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">En
deux mots, la formation à l’intervention du spectateur est un programme
qui vise à doter les personnes ayant un pénis de facultés de
communication, d’empathie, d’intelligence affective, de tactiques
relationnelles et d’un sens de la responsabilité personnelle qui les
autorise à intervenir lorsqu’elles voient une autre personne dotée d’un
pénis s’apprêter à commettre une agression sexuelle. La formation à
l’intervention du spectateur est généralement considérée comme l’un des
moyens les plus efficaces de prévention en première ligne des agressions
sexuelles dans des situations sociales comme les bars et les fêtes, où
des gens sont souvent en position d’observateurs.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Une
bonne part de ce programme consiste à apprendre aux recrues (qui
tendent à être des Réformateurs) comment s’adresser à une ou plusieurs
autres personnes dotées d’un pénis (qui sont souvent mais pas toujours
des Conservateurs) d’une façon qui interrompra efficacement une
agression éventuelle encours, qui créera une option de sortie pour
l’éventuelle victime, et – voilà le point délicat – qui ne précipitera
pas un combat de coqs avec l’agresseur éventuel.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Il
y a beaucoup d’aspects valables dans ces formations à l’intervention du
spectateur, mais celui qui m’intéresse surtout est le suivant : <i>c’est pratiquer la mise en acte de notre aptitude morale sans chercher à prouver notre masculinité</i>.
C’est une discipline que l’on peut apprendre, que l’on peut reproduire
et dont on peut se souvenir. L’une des raisons qui convainquent une
recrue de l’importance de cette discipline est qu’il sait parfaitement
ce qui arrivera s’il fait le contraire et essaie de prouver sa
masculinité dans une telle situation : le contretemps créé tournera à
une forme ou l’autre de combat, parce que le simple fait de tenter de
faire preuve de sa masculinité vis-à-vis une autre personne dotée d’un
pénis poussera cette personne à une preuve symétrique de masculinité
(une attitude qui est déjà activée, comme l’indique l’agression sexuelle
amorcée). </span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Et
quand une recrue surmonte sa propre angoisse de ce qui risque de lui
arriver s’il intervient – quand dans la vie réelle il « y va » et dit ou
fait quelque chose qui interrompt ce qui aurait pu aboutir tragiquement
– il apprend une autre leçon importante : « J’ai fait ça. J’ai dit ça.
J’ai interrompu ça. » Ou, formulé autrement : « J’ai agi à partir de ma
propre position morale et j’assume la responsabilité personnelle de la
conséquence de cette action. »</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ces
mots ne sont, bien sûr, pas exactement ceux qui viennent à l’esprit de
la personne qui se détache du rôle de simple spectateur. Mais un
sentiment distinct naît à ce moment-là. C’est le ressenti d’un geste
ancré dans la conscience personnelle et le ressenti d’être qui on <i>est</i>. </span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Je
vous soumets que lorsque nous prenons conscience de moments comme
ceux-là – des exemples en temps réel d’éthique et de reddition de
comptes incarnée – le problème apparaîtra sous un nouveau jour et avec
une nouvelle conscience de sa solution.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Apprendre
à exercer de façon cohérente notre propre faculté de sujet moral – à
faire appel à notre propre capacité à poser un choix éthique, d’une
façon qui suscite chez les autres une <i>attente </i>de ce comportement – n’est ni un comportement <i>genré</i> (cela n’est pas lié à une tuyauterie particulière), ni un comportement qui <i>crée du genre </i>(cela ne rend pas une personne plus masculine, mais simplement plus humaine).</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Une autre digression.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Avez-vous
remarqué combien souvent les mots « Les vrais hommes ne… » figurent
dans les campagnes de prévention des violences à principe masculin<a class="sdfootnoteanc" href="https://scenesdelavisquotidien.com/2018/02/26/parler-de-masculinite-saine-est-comme-parler-dun-cancer-sain-voici-pourquoi/#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>#</sup></a>?
« Les vrais hommes n’achètent pas de filles. » « Les vrais hommes ne
frappent pas les femmes. » « Les vrais hommes ne violent pas. » Et la
liste s’allonge… « Les vrais hommes ne … » est devenu un leitmotiv des
Réformateurs. …</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Mais
il y a trois problèmes avec l’approche fondée sur le recours aux
« vrais hommes ». Le premier est qu’elle dissimule et occulte la
dynamique réelle qui existe entre la démonstration de masculinité et la
violence à principe masculin. Les hommes violent <i>dans le but</i> de s’éprouver en tant que vrais hommes. Les hommes frappent les femmes <i>dans le but</i> de montrer qui est l’homme dans la situation. Les hommes achètent des femmes et des enfants prostitué-e-s <i>dans le but</i>
de se lâcher comme un vrai homme – ce qui est l’aboutissement promis et
promu par la pornographie. (Et c’est la fonction de ce que l’on appelle
le « <i>money shot</i> », le gros plan obligé d’une éjaculation par une
personne dotée d’un pénis, dans un contexte qui l’authentifie en tant
que vrai homme).</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Le
second problème avec la phrase « Les vrais hommes ne… » découle du
premier : c’est qu’il s’agit d’un message dénué de sens pour l’auditoire
auquel il est destiné. Annoncer que « les vrais hommes » ne commettent
pas de violence masculine n’est absolument pas convaincant pour
quiconque se ressent comme un « vrai homme » par l’exercice de la
violence masculine, justement.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Et
le troisième problème avec « Les vrais hommes ne… » est que tout en
prêchant la bonne parole aux convaincus, soit les Réformateurs, il leur
adresse un message inutile. Il maintient le fait d’exercer un choix
moral enfermé dans une identité de genre, au lieu de lui permettre
d’exprimer une identité morale. Il maintient le « qui je suis ici et
maintenant » dans la camisole du « Je ne suis personne si je ne suis pas
un homme. » De plus, en évoquant le concept artificiel de masculinité
véritable, l’invite « Les vrais hommes ne … » réactive et concrétise
l’anxiété qui a imprégné l’éducation de chaque personne dotée d’un pénis
: « Suis-je suffisamment un vrai gars ? » « Suis-je suffisamment un
vrai homme ? » « Comment puis-je m’en convaincre, moi et les autres ? »</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Ce
dernier problème posé par l’expression « Les vrais hommes ne… »
souligne le problème fondamental inscrit dans l’idée de « masculinité
saine ». Parler de « masculinité sain » sonne bien – au moins aux
oreilles des Réformateurs et des personnes qui souhaitent les aimer.
Cette approche offre un répit individuel aux incessants gros titres à
propos des crimes commis par des hommes contre les femmes et contre
d’autres hommes ; cela fonctionne comme une exonération confortable de
la responsabilité de s’engager. Cela aide chaque personne à appartenir à
une tribu d’autres adeptes de la « masculinité saine » – une
camaraderie rassurante dans laquelle on peut se sentir protégé de toutes
ces périlleuses contestations que rencontre notre masculinité ailleurs.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Et
malgré cela, l’idée de « masculinité saine » ne libère pas la
conscience du genre. La « masculinité saine » maintient la conscience
genrée. Alors qu’elle ne l’est pas.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">La conscience est humaine. Humaine seulement. Et seulement humaine.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="RIGHT">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>John Stoltenberg</b></span></span><br />
<br />
<div style="text-align: left;">
<span style="font-family: "dejavu sans" , sans-serif;"><span style="font-size: small;">Source : <a href="https://scenesdelavisquotidien.com/2018/02/26/parler-de-masculinite-saine-est-comme-parler-dun-cancer-sain-voici-pourquoi/" target="_blank">https://scenesdelavisquotidien.com/2018/02/26/parler-de-masculinite-saine-est-comme-parler-dun-cancer-sain-voici-pourquoi/ </a><b><br /></b></span></span></div>
</div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-78910745554959960222019-04-17T12:24:00.000-07:002019-04-17T12:24:03.970-07:00Lettre ouverte d’une athlète brésilienne au Comité International Olympique<strong>par Ana Paula Henkel</strong><br />
<br />
<h3>
"Est-il juste de prétendre à l’absence de différences biologiques
indéniables, au nom d’un programme politique et idéologique qui aura
pour effet de réduire un espace si durement gagné par les femmes au
cours des siècles ?"</h3>
<h3>
<em>Ceci est une lettre ouverte aux dirigeants du Comité international
olympique (CIO), qui est également adressée aux dirigeants du Comité
olympique brésilien (COB), de la Fédération Internationale de Volleyball
(FIVB) et de la Confédération brésilienne de volleyball (CBV), en vue
de défendre la pratique des sports professionnels par les femmes.</em></h3>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIPgAmyS5LHBr2DWZAy9Kam4TCnd50Om8u2eJI6Dmcgtk7lqwzV334Fls5Boelx7V9cMHz5t0aZ5ifDIEM8OrxBnqc0AwniO7DNI1hxzkZVewyfr7HvzQWEbWj7Zhb_4N7CETwq6cnWWGt/s1600/photo-ana-paula-volei.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="197" data-original-width="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIPgAmyS5LHBr2DWZAy9Kam4TCnd50Om8u2eJI6Dmcgtk7lqwzV334Fls5Boelx7V9cMHz5t0aZ5ifDIEM8OrxBnqc0AwniO7DNI1hxzkZVewyfr7HvzQWEbWj7Zhb_4N7CETwq6cnWWGt/s1600/photo-ana-paula-volei.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><h5>
Ana Paula Henkel, deux fois championne mondiale de volley-ball</h5>
</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
Messieurs,</div>
<div style="text-align: justify;">
Tout d’abord, je voudrais remercier le
COB et le CBV pour avoir eu l’opportunité de représenter mon pays à
quatre Jeux Olympiques et à plusieurs championnats du monde volleyball
intérieur et de plage. Ce furent des années de sacrifices énormes et de
plaisir, témoignant quotidiennement des vaillants idéaux du baron de
Coubertin, idéaux qui vivront toujours dans mon âme.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pouvoir représenter son pays parmi les
meilleur·e·s athlètes au monde est le plus grand honneur dont on puisse
rêver dans sa carrière. Parmi les titres obtenus, la confiance placée en
moi pour représenter le sport brésilien avec respect et dignité pendant
24 ans de ma vie, compte parmi les réalisations les plus importantes de
ma carrière.</div>
<div style="text-align: justify;">
C’est avec respect mais avec une grande
inquiétude que j’adresse cette missive, à toutes les autorités
responsables du sport, concernant la menace actuelle d’une distorsion
complète des épreuves féminines du fait d’intégrer à des épreuves
féminines des athlètes qui sont nés hommes, qui ont développé une
musculature, des os, et une capacité pulmonaire et cardiaque d’hommes,
dans des modalités crées et formatées spécifiquement pour les femmes. Si
quelqu’un doit prendre la parole publiquement et payer un prix pour
faire valoir la vérité, le bon sens et les faits, je suis prête à
supporter ces conséquences. Tout l’espace gagné avec intégrité par les
femmes dans le sport est aujourd’hui en jeu.</div>
<div style="text-align: justify;">
Je suis fière d’être l’héritière des
valeurs qui ont construit la civilisation occidentale, la plus libre, la
plus prospère, la plus tolérante et plurielle de l’histoire de
l’humanité. Cet héritage socioculturel unique nous a permis de conquérir
notre espace dans la société, le marché et le sport. En célébrant nos
différences, nous devenons encore plus unis, hommes et femmes, sur le
terrain comme en-dehors. Et c’est seulement avec cet héritage que nous
pouvons considérer chaque individu comme un être unique et spécial.</div>
<div style="text-align: justify;">
A une époque où l’activisme politique
condense et résume la pensée à des messages idéologiques simplistes qui
nient la réalité, il n’est pas difficile d’identifier le piège dans
lequel les organismes sportifs sont tombés et qui risque de détruire
l’ensemble du sport féminin. Nous connaissons le pouvoir du sport pour
élever l’esprit humain au-dessus des guerres et des conflits,
spécialement tous les quatre ans, quand nous sommes témoins, pendant
trois semaines magiques, de ce que nous avons de meilleur et de plus
noble. C’est cet héritage que nous devons défendre.</div>
<div style="text-align: justify;">
La vérité la plus évidente et la plus
respectée pour l’ensemble des protagonistes du sport est la différence
biologique entre les hommes et les femmes. Si elle n’existait pas,
pourquoi aurait-il été nécessaire d’établir des catégories différenciées
par le sexe ? Pourquoi mettre le filet de volleyball masculin à 2,43 m
de hauteur et le filet féminin à 2,24 m ? Il suffit d’une analyse rapide
avec un minimum de bon sens au sujet des traits physiques des joueurs
et joueuses de basket-ball pour comprendre qu’ils et elles ne sont pas
interchangeables.</div>
<div style="text-align: justify;">
La nageuse étasunienne Allison Schmitt a
établi le record du monde de 200 mètres (style libre) en 1: 53.61, un
exploit admirable, mais comparé à la performance de 1: 42.96 de Michael
Phelps dans le même événement, cela ne fait que démontrer la différence
physique entre hommes et femmes. Les équipes de soccer féminin ont
l’habitude de s’entraîner (et de perdre) souvent contre des équipes
masculines de moins de 17 ans. Les exemples sont infinis de comment il
est absurde de mélanger les hommes et les femmes dans des compétitions
où la force physique a une influence sur le résultat final.</div>
<div style="text-align: justify;">
Est-il juste de prétendre que ces
différences biologiques indéniables n’existent pas, au nom d’un
programme politique et idéologique qui servira à réduire un espace si
durement gagné par les femmes au cours des siècles ? Comment accepter
des hommes « biologiques » dans des compétitions de combat, où ceux-ci
frapperont sans pitié des femmes, en gagnant en plus de l’argent, de la
gloire et des médailles pour cela? Avons-nous perdu la carte au point de
permettre un recul de cette envergure ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Les médecins commencent déjà à se
prononcer sur l’avantage évident des athlètes transsexuels dans le sport
féminin et à contester la recommandation faite par le CIO de permettre
aux athlètes trans de concurrencer les femmes ayant seulement une année
de faibles niveaux de testostérone. De nombreux physiologistes ont déjà
témoigné que ce paramètre fixé par le CIO n’inverse pas les effets de
l’hormone mâle sur la construction déjà achevée des os, des tissus, des
organes et des muscles durant des décennies. Des entraîneurs de
volleyball au Brésil et en Italie signalent déjà que des agents sportifs
offrent des places sur des équipes de volleyball féminin à des athlètes
trans, des hommes biologiques qui prendront des places de femmes dans
ces équipes. Combien de temps allons-nous regarder tout cela sans rien
dire ? Je refuse ce silence.</div>
<div style="text-align: justify;">
Les sportifs en général, et les joueuses
de volleyball en particulier, connaissent une surveillance et une
restriction de leur liberté d’expression. Beaucoup n’expriment pas leur
indignation face à l’absence totale de protection de la part des
organismes sportifs, complices de ces absurdités. « C’est une très
grande différence et nous nous sentons impuissantes », explique Juliana
Fillipeli, une athlète de l’équipe de volleyball de Pinheiros, après
avoir vu Tiffany Abreu, anciennement Rodrigo, battre son équipe et
redevenir recordman aux points. Tiffany, qui a joué dans la Superligue
masculine brésilienne sous le nom de Rodrigo, est maintenant le meilleur
buteur de la Superligue féminine en seulement quelques matchs,
dépassant la championne olympique Tandara, l’une des meilleures
attaquantes du Brésil et au monde.</div>
<div style="text-align: justify;">
Durant mes 24 années dédiées au
volley-ball, j’ai été soumise au contrôle antidopage le plus rigoureux
de toutes les organisations sportives, y compris l’Agence mondiale
antidopage (AMA). J’ai été testée dans et hors des compétitions pour
prouver que mon corps n’a été construit à aucun moment de ma vie avec de
la testostérone. De tous les tests, l’un des plus importants pour les
femmes est précisément celui qui mesure le niveau de l’hormone
masculine, interdite d’utilisation ou même d’être produite naturellement
à toutes les étapes de la vie d’une athlète, au-delà du niveau permis.</div>
<div style="text-align: justify;">
Bref, depuis l’adolescence j’ai dû
prouver, scientifiquement, que j’étais une femme pour pouvoir concourir
et, ensuite, pour conserver mes acquis, titres et médailles. Combien de
femmes n’ont pas perdu de titre ou ont été bannies du sport
spécifiquement à cause de cette hormone qui demeure dans un corps
masculin normal ? Il existait autrefois une relation de confiance
mutuelle entre les athlètes, les entités et les fédérations pour assurer
un sport propre, juste et honnête, sans raccourcis ni tromperie. Cette
relation est aujourd’hui au bord d’être brisée.</div>
<div style="text-align: justify;">
Les échantillons recueillis il y a des
années pour les tests antidopage de tou·te·s les athlètes, comme
moi-même, sont encore conservés aujourd’hui : on peut à tout moment y
avoir accès et les retester. Une nouvelle mesure qui établirait des
niveaux de testostérone incompatibles avec un corps féminin peut
supprimer rétroactivement des titres et des réalisations enregistrées
des années ou des décennies plus tôt. Ce niveau de rigueur a été
totalement abandonné pour faire place à des transsexuels qui, jusqu’à
récemment, étaient des hommes, certains d’entre eux ayant concouru
professionnellement en tant qu’hommes. Que révélerait un échantillon
d’athlètes transsexuelles féminines prélevé il y a des années ? C’est
tout simplement inacceptable.</div>
<div style="text-align: justify;">
La lutte contre les préjugés envers les
personnes transsexuelles et homosexuels est une discussion juste et
pertinente. L’inclusion des personnes transgenres dans la société doit
être respectée, mais la présente décision hâtive et irréfléchie
d’inclure des hommes biologiques, nés et construits avec la
testostérone, avec la hauteur, la force et la capacité aérobie des
hommes, dépasse les limites de la tolérance et réprime, embarrasse,
humilie et exclut les femmes.</div>
<div style="text-align: justify;">
Nous voyons actuellement des entités
sportives fermer les yeux sur la biologie humaine dans le but de tromper
la science au nom de programmes politiques et idéologiques. Nous
assistons à une immense moquerie à l’égard des femmes et à la complicité
des responsables du sport dans le monde avec une forme extrême de
misogynie. Une déclaration de bonnes intentions de la part des entités
chargés de protéger la nature scrupuleuse et correcte du sport ne suffit
pas à justifier une si énorme absurdité.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le sport a toujours été un véhicule
grandiose et respecté des réalisations des femmes, une arme qui a
toujours souligné la valeur des femmes face à ceux qui ont essayé
d’imposer des limites aux rêves de toutes celles qui ont lutté et se
sont battues pour montrer notre valeur, notre talent, nos capacité de
succès et de mérite. Dans une semaine où nous célébrons Martin Luther
King Jr., que les dirigeants du sport mondial méditent l’une de ses plus
célèbres phrases : « Nos vies commencent à prendre fin le jour où nous
devenons silencieux à propos des choses qui comptent vraiment. »</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Ana Paula Henkel</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<strong><em>Ana Paula Henkel est une
joueuse brésilienne de volley-ball professionnel, qui a participé à
quatre Olympiades et a été deux fois reconnue comme championne du monde.
Elle est aussi architecte et politologue, diplômée de l’université
UCLA. On peut la suivre sur Facebook et Twitter à </em></strong><a href="https://www.facebook.com/pages/Ana-Paula-v%C3%B4lei/109878719042087"><strong><em>Ana Paula (vôlei).</em></strong></a></div>
Version anglaise de cette lettre traduite par <a href="https://www.facebook.com/M0chaS0ul"><strong>Cátia Freitas</strong></a>: <a href="https://docs.google.com/document/d/17nH0FJLRtrFBye1T-VR0cUT_lTnh59YhgsoiA05oFa8/edit">https://docs.google.com/document/d/17nH0FJLRtrFBye1T-VR0cUT_lTnh59YhgsoiA05oFa8/edit</a><br />
Version portugaise originale : <a href="http://politica.estadao.com.br/blogs/ana-paula-henkel/carta-aberta-ao-comite-olimpico-internacional/">http://politica.estadao.com.br/blogs/ana-paula-henkel/carta-aberta-ao-comite-olimpico-internacional/</a><br />
<br />
Traduction : <a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/02/21/lettre-ouverte-dune-athlete-bresilienne-au-comite-international-olympique/" target="_blank">TRADFEM</a><br />
<br />
<strong>Sa lettre est actuellement diffusée par l’organisation <a href="http://fairplayforwomen.com/" rel="nofollow">http://FairPlayForWomen.com</a> au moment où de plus en plus d’hommes s’accaparent des prix et des places qui appartenaient aux femmes:</strong><h3>
</h3>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<strong><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhljlZ-ZxYjO8RW2HMFU-7XBkqzW5MPRLRjTXlc7uy8mKYGKH4J_LiyVy7ndZt103SgKXs1QoZesMiqCJcUAfolT5SII4b2WadlgP1tzvhoYMH4N_UbfbME92XdTU0rxj7jFweTZ0wmMsfz/s1600/MtoF-athletes.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="974" data-original-width="565" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhljlZ-ZxYjO8RW2HMFU-7XBkqzW5MPRLRjTXlc7uy8mKYGKH4J_LiyVy7ndZt103SgKXs1QoZesMiqCJcUAfolT5SII4b2WadlgP1tzvhoYMH4N_UbfbME92XdTU0rxj7jFweTZ0wmMsfz/s1600/MtoF-athletes.jpg" /></a></strong></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-49185335709734487662019-04-17T12:17:00.000-07:002019-04-17T12:17:03.191-07:00Geneviève Fraisse : «La peur du puritanisme est une ritournelle, un refrain entendu depuis deux siècles» <span class="authors">Par
<span class="author">
<a href="https://www.liberation.fr/auteur/4337-philippe-douroux"><span>Philippe Douroux</span></a></span></span><br />
<br />
<span class="authors"><span class="author"><span> <table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="1453" data-original-width="960" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNnK1pNOML8sAK7lbeRctsJp4a0kts4Cx2p7e60iz7tOqAmkPEeUgstSfMIW6qF8sqZnCiHnyB7buFUhGuaPmvW8ImnEHcZKu2Q7iTxzUp4M25OJo798urkwEchDhqCblCUWQGD7glYS5J/s400/1095240-consentementjpg.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="263" /></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span class="desc">Illustration Christelle Enault. </span></td></tr>
</tbody></table>
</span></span></span><span class="authors"><span class="author"><span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<span class="authors"><span class="author"><span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<b><span style="font-size: small;">La philosophe
et spécialiste du féminisme vient de signer la préface d’un essai de
l’auteur des «Liaisons dangereuses», Choderlos de Laclos. Ce court texte
du XVIIIe siècle, qui appelait à l’émancipation des femmes, lui permet
de jeter un regard neuf sur le mouvement #MeToo et les rapports entre
les sexes.</span></b></div>
</span></span></span><span class="authors"><span class="author"><span><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
</span></span></span><br />
<div class="article-body read-left-padding">
Souvent, les maisons d’édition courent après l’actualité
et parfois, rarement, l’actualité vient à leur rencontre. En août,
Gallimard choisit de ressortir en poche <em>Muse de la raison, </em>publié
une première fois en 1995, dans lequel Geneviève Fraisse détaille
comment la femme va être poussée hors de la République naissante,
cantonnée aux affaires familiales. Au printemps, le Seuil demande aussi à
la philosophe du mouvement féministe d’écrire une postface pour son
livre <em>Du Consentement.</em> Elle choisit de traiter du refus de
consentir. L’édition augmentée paraît en octobre 2017, alors que
l’affaire Weinstein vient de démarrer à Los Angeles. Puis c’est le
Passager clandestin qui republie en janvier <em>la Fabrique du féminisme,</em>
regroupant des textes de Geneviève Fraisse parus depuis le milieu des
années 70, et les éditions Equateurs parallèles qui ont l’idée de
demander à la philosophe de préfacer une réédition d’un court essai, <em>De l’éducation des femmes </em>(janvier 2018).
Dans ce livre, Pierre Choderlos de Laclos appelle, en 1783, les femmes à
se libérer de l’esclavage dans lequel les hommes les tiennent,
prophétisant que l’émancipation des femmes sera l’œuvre des femmes
elles-mêmes. Pour l’auteur des <em>Liaisons dangereuses</em> (1782), cette liberté et cette égalité entre les deux sexes ne tuent pas l’amour, elle le permet.<br />
<h5>
Pourquoi republier en 2018 De l’éducation des femmes, écrit par Choderlos de Laclos en 1783 ?</h5>
<em></em>C’est le texte qui répond à mes yeux aux interrogations qui
reviennent sans cesse depuis le début de l’affaire Weinstein. Ne va-t-on
pas vers trop de morale, trop de censure ? Ne va-t-on pas vers trop de
puritanisme ? Ou, posée autrement : nous, en France, sommes le pays du
libertinage, pourquoi nous laisser envahir par cette culture
nord-américaine ? Cette question des rapports entre hommes et femmes,
nous l’avions déjà rencontrée au milieu des années 90 avec la défense de
notre «belle mixité» sexuelle à la française. J’appelle cela une
ritournelle, au sens prosaïque du terme, une interrogation qui revient
comme un refrain, et se repose sans cesse. J’ai tout de suite répondu à
ces deux questions en refusant de rentrer dans cette opposition entre la
culture puritaine d’un côté et la culture du libertinage de l’autre. Il
y a des différences, c’est une évidence. La mixité filles-garçons aux
Etats-Unis ne ressemble pas à celle que nous pratiquons en France. Mais
faut-il pour autant pointer du doigt le puritanisme ? Il y a là un
raccourci volontaire qui est en fait une construction idéologique. Une
différence de réalité devenant un débat médiatique, il y a sûrement des
raisons à cela. Choderlos de Laclos nous aide à comprendre 2018 avec
deux textes, les <em>Liaisons dangereuses,</em>écrit en 1782, et <em>De l’éducation des femmes,</em> rédigé un an plus tard, ou il écrit : <em>«Venez
apprendre comment nées compagne de l’homme, vous êtes devenues son
esclave. Apprenez qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande
révolution. Cette révolution est-elle possible ? C’est à vous seule de
le dire.» </em>Dans ce texte, il décrit leur détermination à <em>«combattre sans cesse, vaincre quelquefois».</em><br />
<h5>
L’émancipation des femmes n’avance donc pas…</h5>
Je n’ai pas dit cela. Je pense que ceux qui nous disent aujourd’hui
apporter un élément au débat ne font que répéter un refrain, une
ritournelle, entendu depuis deux siècles. Au début du XIX<sup>e</sup> on
s’inquiète de la disparition de l’amour entre les femmes et les hommes,
au profit de l’amitié. Laclos, à la fin du siècle précédent, avait donc
déjà répondu à cette crainte en écrivant successivement le roman du
libertinage et des jeux de séduction entre M<sup>me </sup>de Merteuil et
M. de Valmont, et son essai sur la contradiction entre éducation et
esclavage des femmes. Au lendemain de la Révolution française, la femme
se trouve exclue de l’espace public et cantonnée à l’espace privé, la
maison, la famille, suivant en cela les recommandations de Jean-Jacques
Rousseau. Mais, dans le même temps, on entre dans l’univers démocratique
de l’égalité. L’imaginaire est devenu démocratique, on s’interroge sur
le «pour tous» et «pour toutes». Cette question est dans la tête des
gens à défaut de l’être dans le réel de la société.<br />
<h5>
Une démocratie qui prône l’égalité et qui n’intègre pas les femmes.</h5>
C’est une «démocratie exclusive» et non excluante comme dans
l’Antiquité. L’exclusion est implicite et non explicite ; égalité
démocratique oblige. L’égalité des sexes reste en suspens. Quand
en 1801, Sylvain Maréchal, journaliste, avocat de formation, corédacteur
du Manifeste des égaux de Babeuf propose, au moment même de
l’élaboration du code civil, un projet de loi intitulé <em>Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes,</em>
il fait «un coup» où, sous couvert de plaisanterie, il traite une
problématique sérieuse. Car son objectif est de maintenir une hiérarchie
entre les sexes. Ce texte sera d’ailleurs réédité deux fois au milieu
du XIX<sup>e</sup> siècle avec le sujet de l’accès des filles au savoir, à l’école.<br />
<h5>
La question démocratique pose la question des rapports femmes-hommes.</h5>
C’est le débat que nous retrouvons aujourd’hui. Si nous sommes égaux,
si nous sommes pareils, il ne peut plus y avoir d’amour, seulement de
l’amitié ; ou de la confusion entre les sexes. Il faut de la différence
pour qu’il existe de l’amour et des rapports de séduction, sous entendu,
avec un dominant et une dominée. L’autre question, en parallèle,
concerne la création à opposer à la procréation. Complémentarité contre
égalité : la femme est la muse inspiratrice de l’artiste. Elle ne doit
pas perdre ses nuits à rimer ! Elle a autre chose à faire… On peut s’en
amuser mais surtout voir un rappel à l’ordre. Les 100 femmes qui ont
signé une tribune défendent l’exception française du savoir-faire
séducteur («c’est affreux, un homme ne pourra plus toucher une femme…»),
sont pour la séparation et l’assignation des sexes car, sans le vouloir
sans doute, elles s’en tiennent à l’unilatéralité. On retrouve la
matrice de 1800, des lendemains de la Révolution de 1789. Là est la
répétition, la «ritournelle».<br />
<h5>
Ce que dit Laclos…</h5>
Laclos écrit avec beaucoup de force que l’amour, l’amour galant, les
jeux de séduction, du désir ne sont pas condamnés par l’égalité. Au
contraire, les femmes doivent se libérer de l’esclavage pour que la
séduction soit possible. Quand Laclos, en 1783, évoque les femmes qui
«surent à leur gré faire naître et diriger les désirs : ainsi naquirent
la beauté et l’amour<em>»,</em> ce fut une réponse historique à
l’asservissement décrit précédemment à propos du consentement primitif :
les hommes «s’occupèrent à les contraindre, ou à les persuader de
s’unir à eux. Soit par force, soit par <em>persuasion».</em> La tension
entre égalité et érotisme est le résultat d’une longue histoire de
domination et de ruse. Et c’est le pari de l’émancipation des femmes.<br />
<h5>
Est-ce qu’il faut revoir la question du consentement ?</h5>
L’époque moderne a donné au consentement un double sens : dire oui ou
se résoudre, dire oui ou accepter. La notion de consentement mutuel se
met en place à partir du XVII<sup>e</sup>, par exemple avec Milton qui
défend le divorce comme «désaccord mutuel». Ce droit est instauré en
France en 1792, disparaît en 1816, est rétabli pour faute en 1884. La
mutualité du consentement n’est reconnue qu’en 1975 ! «Mutuel» cela
signifie symétrique, comme une représentation possible du mot égalité.
Mais «consentir» est, on l’a compris, un mot à double sens, donc un mot
confus. On dit : «Elle a consenti.» On sait aujourd’hui qu’il faut
examiner les conditions de ce consentement. Et Laclos, encore lui, fait
de l’anthropologie avant la lettre en cherchant l’origine des choses : «<em>La nature ne crée que des êtres libres ; la société ne fait que des tyrans et des esclaves»</em> et il souligne que «la première qui céda forgea les chaînes de tout son sexe».<em> </em><br />
<h5>
Il faut changer de mot pour exprimer le «oui» ?</h5>
Dans le langage juridique, ce n’est pas à l’ordre du jour ! Mais, à
mon niveau, dans l’espace politique dans lequel nous nous exprimons en
ce moment, on peut dire : je n’emploie plus le mot consentement qui a
trop d’ambiguïté, trop flou, pour proposer le mot volonté ou «accord».
Dans Du consentement<em>,</em> j’examinais ce mot à la lumière du débat
sur la prostitution et le port du foulard islamique. On dit : «Elle
consent à la prostitution, elle consent au port du foulard, alors où est
le problème ?» Eh bien le problème réside précisément dans le statut du
mot consentement. Cela peut être un argument individuel, dont personne
ne contestera l’indice de vérité, mais à aucun moment un argument
politique qui engage «tout son sexe» en vue du monde de demain.
L’addition des consentements intimes fait-il un espace politique ? Ma
réponse est non. Pascal écrit une chose extrêmement importante : le
consentement, c’est d’abord le consentement de soi à soi, de «vous-mêmes
à vous-mêmes». Il y a donc toujours débat. Aussi, en 2007, quand Du
consentement paraît, je ne conclus pas. Je publie ce livre sans apporter
de réponse.<br />
<h5>
Ce livre souligne l’embarras vis-à-vis du mot, sans offrir de porte de sortie.</h5>
Oui, quand l’éditeur propose de le rééditer l’année dernière, il
m’offre l’occasion d’écrire un épilogue. Je décide de travailler sur le
non, sur le refus. Pour sortir du silence, du «qui ne dit mot consent»,
pour trouver des actes qui firent date. J’écris le texte en mai 2017 en
soulignant des gestes individuels de Louise Michel ou de Virginia Woolf,
de Valérie Solanas ou de Monique Wittig, qui donnent une expression à
la révolte. La parole de chacune de ces femmes construit une lignée,
donc un «nous», donc du politique. Là, nous avons une pensée, une
histoire. Cette perspective d’historicité, au-delà de chaque présence
dans l’histoire, s’oppose au «de tout temps, les hommes ont disposé du
corps des femmes», assertion atemporelle. L’histoire est sexuée et les
sexes font l’histoire. Nous sommes Sisyphe(s) et il faut imaginer une
Sisyphe heureuse.<br />
<h5>
Est-ce que l’affaire Weinstein est un événement appelé à marquer un avant et un après ?</h5>
Oui, ce qui se produit est très intéressant. Des hommes décident
aujourd’hui de porter plainte. Et là, il pourrait y avoir une inversion
de la preuve. Ce ne serait plus aux femmes de se justifier mais aux
dominants de le faire ; même s’ils se voient comme des victimes,
victimes de diffamation. J’observe aussi que Roy Moore, accusé de
harcèlement, se présentait en Alabama pour être élu au Sénat dans une
circonscription qui ne pouvait échapper au Parti républicain et a été
battu, grâce à la mobilisation des femmes. Tout cela nous éloigne des
questions morales. Les conséquences seront multiples.<br />
<br />
<span class="authors">
<span class="author">
<a href="https://www.liberation.fr/auteur/4337-philippe-douroux">Philippe Douroux </a></span></span></div>
<div class="article-body read-left-padding">
<span class="authors"><span class="author">
</span>
</span>
<span class="work_infos">DE L’ÉDUCATION DES FEMMES de PIERRE CHODERLOS DE LACLOS Préface de GENEVIÈVE FRAISSE Les Equateurs (2018), 124pp., 10€.<br />
<br />
Source : <a href="https://www.liberation.fr/debats/2018/02/09/genevieve-fraisse-la-peur-du-puritanisme-est-une-ritournelle-un-refrain-entendu-depuis-deux-siecles_1628642" target="_blank">https://www.liberation.fr/debats/2018/02/09/genevieve-fraisse-la-peur-du-puritanisme-est-une-ritournelle-un-refrain-entendu-depuis-deux-siecles_1628642</a> </span>
</div>
<h2 class="article-standfirst read-left-padding">
<span style="font-size: small;"> </span></h2>
<span class="authors"><span class="author"><span></span></span></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-8640419709002474452019-04-12T12:13:00.000-07:002019-04-12T12:13:05.888-07:00Pornographie, surveillance et objectivation<div align="JUSTIFY" style="text-align: left;">
<strong><span lang="fr-FR">Publié sur: </span><span lang="fr-FR"><a href="http://eitherand.org/exhibitionism/pornography-surveillance-and-objectific/" rel="noopener" target="_blank">http://eitherand.org/exhibitionism/pornography-surveillance-and-objectific/</a></span></strong></div>
<div align="JUSTIFY">
<strong><span lang="fr-FR">par Dr <a href="https://www.rmit.edu.au/contact/staff-contacts/academic-staff/t/tyler-dr-meagan" rel="noopener" target="_blank">Meagan Tyler</a> PHD, 2012. </span></strong><a href="http://rmit.academia.edu/MeaganTyler" rel="noopener" target="_blank"><strong>http://rmit.academia.edu/MeaganTyler</strong></a></div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMuUwTX_wkgTba3Hsr8Qs9PbRNfRKgpgw08D0zUz8jKtgoS2XgM5Y-mywbzvPsdqazy0Jj1XyQd7aurigSxRWiZzkiGIoqmekz_pbEnpvIbn-WPOx8ghqX3mpkNmDN_pS3Z2OUzJ9V_tUQ/s1600/91ehlyizfl.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="987" data-original-width="700" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiMuUwTX_wkgTba3Hsr8Qs9PbRNfRKgpgw08D0zUz8jKtgoS2XgM5Y-mywbzvPsdqazy0Jj1XyQd7aurigSxRWiZzkiGIoqmekz_pbEnpvIbn-WPOx8ghqX3mpkNmDN_pS3Z2OUzJ9V_tUQ/s400/91ehlyizfl.jpg" width="282" /></a></div>
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">« Un changement de paradigme a
sans aucun doute eu lieu dans les études universitaires sur la
pornographie au cours de la dernière décennie. La compréhension
dominante de la pornographie au sein du milieu universitaire « intègre à
présent fréquemment des perspectives théoriques et des préoccupations
devenues centrales dans les études culturelles » [1], en particulier,
une reconnaissance de la nature polysémique des textes et la </span><span lang="fr-FR">fluidité</span><span lang="fr-FR">
potentielle des lectures. Un des problèmes avec cette approche est
qu’elle a tendance à se concentrer uniquement sur l’individu et les
lectures possibles qu’il peut faire en occultant la compréhension de la
dominante culturelle et les questions de pouvoir social [2]. Il n’est
donc pas surprenant que les travaux actuels sur la pornographie,
émergeant des études culturelles et des études cinématographiques,
évitent de plus en plus de participer à des débats féministes
traditionnels sur la pornographie et la condition des femmes. En fait,
certains travaux ont commencé à caractériser les questions liées à la
politique sexuelle comme désuètes [3] ou non pertinentes [4] à la
poursuite de la compréhension de la pornographie au 21e siècle.</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">En conséquence, les discussions au
sujet de la pornographie au sein du milieu universitaire sont devenues
davantage autoréflexives, à l’image des débats retrouvés couramment à
l’intérieur de l’industrie pornographique et parmi les consommateurs. Au
lieu de chercher à comprendre comment l’omniprésence des images
pornographiques peut accroître la surveillance et promouvoir
l’objectivation, on aboutit à des questions comme « est-ce que le porno
amateur est mieux que le porno commercial ?» et « est-ce que le contenu
porno généré par les consommateurs constitue, si non une véritable
révolution pornographique, tout du moins une démocratisation de la
photographie sexuellement explicite ? » (Attwood, 2012) [5]. Cet
article, en réponse à « La nudité maison : La politique de l’amateurisme
dans la pornographie en ligne » de Feona Attwood, vise à repositionner
les préoccupations féministes au sujet de la pornographie,
particulièrement en ce qui concerne l’objectivation sexuelle et sexiste,
comme essentielles pour comprendre les nouvelles formes de
pornographie.</span></div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Le « défi » de la pornographie produite par l’utilisateur</span></div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">L’un des moyens par lesquels
les critiques féministes de la pornographie sont couramment mises à
l’écart est de mettre l’accent sur les formes amatrices et
non-commerciales de pornographie. <strong>D’abord, il convient de noter
que la séparation entre le porno amateur et la pornographie commerciale
repose sur une fausse distinction.</strong> La pornographie soi-disant
« amatrice », où les individus performants ne sont pas directement
rémunérés, a été cooptée par la pornographie commerciale depuis des
décennies, tel que Attwood [6] et [7] Paasonen le concèdent. La
confusion entre le porno amateur et professionnel est également
manifeste en ligne. Des sites tels que « Faites l’amour, pas le porno »,
par exemple, se présentent comme amateurs, distincts du courant
dominant de la pornographie commerciale [8]. Par contre, « Faites
l’amour, pas le porno » fait payer des frais de téléchargement aux
utilisateurs ainsi que pour les visionnements de chaque téléchargement
pour une période de temps définie. <strong>En dépit de sa promotion en
tant que site « amateur », il s’agit bien d’une entreprise commerciale
dans laquelle autant le site d’hébergement que ceux qui sont présentés
dans les vidéos sont là pour faire un profit.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Au mieux, il pourrait être
considéré que les nombreux contenus amateurs ou générés par les
utilisateurs sont moins commerciaux que la pornographie « mainstream »,
plutôt que non-commerciaux. Même dans les cas où ni l’utilisateur ni le
diffuseur paie pour ses interactions, comme avec beaucoup de sites
« tube » par exemple, <span style="text-decoration: underline;"><strong>un tiers parti en tire quand même presque toujours des profits.</strong></span>
L’arrivée de nouvelles sociétés comme Manwin, qui possède des chaines
gratuites comme payantes, est un excellent exemple de la façon dont des
bénéfices peuvent être faits <strong>même lorsque les utilisateurs ne paient pas directement</strong> [9]. </span></div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Surveillance</span></div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">La hausse des contenus
« libres » et générés par les utilisateurs, n’échappant jamais
complètement aux limites de la zone commerciale, a conduit à une
augmentation de la confusion envers la production et la consommation. Ce
changement, reconnu dans l’utilisation de termes tels que
« prosommateur », est parfois représenté comme défiant la compréhension
traditionnelle de la marchandisation de la sexualité dans la
pornographie commerciale. Toutefois, l’augmentation de contenus générés
par les utilisateurs peut en fait être considérée comme favorisant
l’exploitation par le capitalisme plutôt qu’un retrait de la
commercialisation. <strong>Les consommateurs performent désormais
gratuitement du travail qui était auparavant rémunéré. Loin de
représenter une forme d’économie de don, l’utilisation des médias
interactifs peut être comprise comme « l’augmentation de l’exploitation
économique des formes de surveillance des consommateurs » [10]. Plus les
interactions humaines peuvent se déplacer en ligne et être suivies,
plus grandes sont les possibilités de surveillance.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<strong><span lang="fr-FR">Le problème ne concerne pas seulement les questions entourant le concept bien connu de </span><span lang="fr-FR">Big</span> <span lang="fr-FR">Brother</span></strong><span lang="fr-FR"><strong>
sur la surveillance des individus par l’état, mais plutôt la nature de
plus en plus normalisée et internalisée de la surveillance et la façon
dont cela change le comportement et l’expérience de tout un chacunE.
Tout comme le taylorisme a souligné la manière dont la surveillance
pouvait être utilisée pour créer plus d’efficacité et de productivité
chez les travailleurs, Andrejevic [11] soutient que la surveillance à
travers l’utilisation des médias sociaux et interactifs nous rend plus
productifs dans la production de contenus offerts gratuitement à
d’autres personnes</strong>. Nous en venons à penser notre vie et nos
expériences en se demandant comment elles apparaitraient si nous étions
surveillés. Nous ne faisons plus de différence qu’il s’agisse de la mise
à jour d’un statut Facebook ou du téléversement d’un contenu
sexuellement explicite sur X-Tube. <strong>Le contenu est produit gratuitement par les utilisateurs, au moins en partie, pour être vu par d’autres.</strong> </span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">L’objectivation </span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Les préoccupations actuelles sur
la surveillance de plus en plus intériorisée grâce à la normalisation
des médias interactifs sont remarquablement similaires aux
préoccupations féministes à propos de l’objectivation. Attwood déclare
que « Il y a en fait très peu de preuves pour démontrer que des concepts
comme l’objectivation… peuvent expliquer de manière convaincante les
façons anciennes et établies de regarder du porno » [12]. <strong>Cependant,
il n’est pas clair pourquoi deux décennies de recherches féministes sur
l’objectivation ne seraient pas autant applicables à la pornographie
qu’elles le sont à d’autres formes de médias. Certes, il est peu
probable que la plupart des utilisateurs de porno admettent qu’en
regardant de la pornographie ils s’engagent dans un processus
d’objectivation, mais cela ne signifie pas que l’objectivation n’a pas
lieu.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">La théorie de l’objectivation
« prend pour acquis que les femmes vivent dans une culture où leurs
corps sont – quelque en soit la raison – examinés, évalués et
potentiellement toujours objectivés » [13]. La théorie de
l’objectivation accepte également que cela a lieu dans le contexte plus
large de l’inégalité entre les hommes et les femmes. Cela étant, il y a
eu une emphase considérable mise sur la compréhension de la nature
genrée de l’objectivation, notamment de l’objectivation sexuelle, soit
la réduction d’une jeune fille ou d’une femme à son corps et à ses
parties et fonctions sexuelles [14]. La recherche sur l’objectivation
sexuelle inclut souvent des cas d’expériences quotidiennes vécues par
les femmes, telles que « l’évaluation de leur apparence, des sifflements
ou des commentaires sexuels inappropriés » [15]. De ce point de vue, il
est <strong>impossible de comprendre la pornographie comme existant en
dehors de la norme culturelle de l’inégalité sexuelle et de
l’objectivation, d’autant plus que la pornographie est particulièrement
axée sur le corps et les fonctions sexuelles.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Une compréhension féministe de
l’objectivation propose également un correctif utile à l’idée que des
pornographies alternatives, en présentant certaines sous-cultures ou des
types de corps et des sexualités non normatifs, offriraient une
approche progressive. Attwood [16] mentionne, par exemple, la différence
entre des sites pornos tels que </span><strong><span lang="fr-FR">Suicide Girls</span></strong><span lang="fr-FR"><strong> qui « s’appuie sur les signes de sous-cultures des jeunes</strong>
tels que les tatouages et les piercings » et Abby Winters qui « préfère
un look sans fioritures » comme suggéré par son slogan « que des
saveurs naturelles ». Cependant, au sein d’une culture de surveillance
normalisée et d’objectivation, cela ne semble<strong> pas représenter une différence radicale mais plutôt l’extension d’une tendance</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR"><strong>En outre, la normalisation
de l’objectivation crée une culture dans laquelle les femmes (et les
hommes, dans une moindre mesure) deviennent plus susceptibles de
s’objectiver elles-mêmes. Avec l’aide des progrès technologiques, il
n’est pas étonnant de voir un bassin croissant de pornographie générée
par les utilisateurs. Tandis que la pornographie devient de plus en plus
omniprésente, elle possède le pouvoir culturel de déterminer les normes
sur l’objectivation sexuelle, créant ainsi un climat de surveillance
pornographique internalisée.</strong> Par conséquent, même s’il est
souvent suggéré que le contenu généré par les utilisateurs est la
réalisation d’un choix individuel et l’expression de leur propre plaisir
sexuel, c<strong>es choix ne se produisent pas dans un vide social ou politique.</strong> En effet, les théories sur la socialisation postulent que « avec l’exposition répétée à des pressions extérieures subtiles », <strong>les gens en viennent à voir leur assentiment à ces pressions comme normales, librement choisies, ou encore « naturelles »</strong>. [17].</span></div>
<div align="JUSTIFY">
<span lang="fr-FR">Il est important de préciser que
la reconnaissance de la normalisation et de l’internalisation de la
surveillance et de l’objectivation ne veut pas dire qu’il n’y a pas de
possibilité de résister à cette culture. C’est précisément la raison
pour laquelle une analyse de la politique sexuelle est encore si
importante : aucune norme sociale est si vaste et puissante qu’elle ne
puisse être contestée. Toutefois, la reconnaissance de la normalisation
et de l’internalisation de la surveillance et de l’objectivation, ainsi
que la centralité de ces concepts pour les nouvelles (et les anciennes)
formes de pornographie produites, signifie que <strong>le simple fait de produire plus de porno ou du « meilleur » porno n’est pas une stratégie efficace pour obtenir du changement.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div align="JUSTIFY">
</div>
<div style="text-align: justify;">
*<em>Dr Meagan Tyler PHD, est <a href="http://rmit.academia.edu/MeaganTyler" rel="noopener noreferrer" target="_blank">enseignante-chercheuse à l’Université RMIT</a>
de Melbourne, Australie. C’est une spécialiste reconnue
internationalement dans le champ des études du genre et de la sexualité.
Elle est l’autrice de <a href="http://www.academia.edu/927863/Selling_Sex_Short_The_pornographic_and_sexological_construction_of_womens_sexuality_in_the_West" rel="noopener noreferrer" target="_blank">Selling Sex Short: The pornographic and sexological construction of women’s sexuality in the West</a> (non traduit) et a codirigé l’ouvrage <a href="https://www.amazon.com/FREEDOM-FALLACY-LIMITS-LIBERAL-FEMINISM/dp/1925138542/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1427255355&sr=1-2" rel="noopener noreferrer" target="_blank">Freedom Fallacy: The Limits of Liberal Feminism</a> (non traduit). </em><span lang="fr-FR">Ses
intérêts de recherche tournent autour du genre et de la sexualité, en
particulier, la thérapie sexuelle, la pornographie et la prostitution.
Meagan a publié son travail dans </span><span lang="fr-FR">Women’s Studies International Forum</span><span lang="fr-FR"> et L</span><span lang="fr-FR">es femmes et la thérapie</span><span lang="fr-FR">.
Ses recherches sur la pornographie et la prostitution ont été publiées
dans un certain nombre de collections éditées telles que </span><em><span lang="fr-FR">Everyday Pornography</span></em><span lang="fr-FR"> (Boyle, éd., 2010) et </span><em><span lang="fr-FR">Prostitution, Harm and Gender</span> <span lang="fr-FR">Inequality</span></em><span lang="fr-FR"> (Coy, éd. 2012). </span></div>
<em>Suivez-la sur Twitter :<a href="https://twitter.com/DrMeaganTyler" rel="noopener noreferrer" target="_blank"> https://twitter.com/DrMeaganTyler <span lang="en-CA">@DrMeaganTyler.</span></a></em><br />
Tous ses textes que nous avons traduits : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/meagan-tyler/" rel="noopener" target="_blank">https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/meagan-tyler/</a><br />
<br />
TRADUCTION : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2018/01/19/pornographie-surveillance-et-objectivation/" target="_blank">Claudine G. pour le Collectif Ressources Prostitution.</a><br />
<br />
POUR ALLER PLUS LOIN :<br />
Nos traductions sur l’industrie pornographique : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/pornographie/" rel="noopener noreferrer" target="_blank">https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/pornographie/</a><br />
Nos dossiers de presse en ligne : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/pornographie/" rel="noopener noreferrer" target="_blank">https://ressourcesprostitution.wordpress.com/pornographie/</a><br />
<span lang="en-CA">Références</span><br />
<span lang="en-CA">[1] Attwood, Feona. (2006). ‘Sexed Up: Theorizing the sexualization of culture’. </span><span lang="en-CA">Sexualities</span><span lang="en-CA">, 9(1), 2006, 93.</span><br />
<span lang="en-CA">[2] Boyle, Karen. ‘The Boundaries of Porn Studies’. </span><span lang="en-CA">New Review of Film and Television Studies,</span><br />
<span lang="en-CA">4(1), 2006, 1-16.</span><br />
<span lang="en-CA">[3] Williams, Linda. ‘Proliferating Pornographies On/Scene: An introduction’. In Linda Williams (ed). </span><span lang="en-CA">Porn Studies</span><span lang="en-CA">. Durham, N.C., 2004, 1-26.</span><br />
<span lang="en-CA">[4] Paasonen, Susanna. ‘Labors of Love: Netporn, Wen 2.0, and the meanings of Amateurism’.</span><br />
<span lang="en-CA">New Media and Society</span><span lang="en-CA">, 12(8), 2010, 1297-1312.</span><br />
<span lang="en-CA">[5] Attwood, Feona. ‘Homemade Nudity? The politics of amateurism in online pornography.’</span><br />
<span lang="en-CA">Paper commissioned on ‘Network Society and the Spectacle: Photography and Exhibitionism’</span><br />
<span lang="en-CA">for Either/And. 2012.</span><br />
<span lang="en-CA">[6] Ibid.</span><br />
<span lang="en-CA">[7] Paasonen, Susanna. ‘Labors of Love: Netporn, Wen 2.0, and the meanings of Amateurism’.</span><br />
<span lang="en-CA">New Media and Society</span><span lang="en-CA">, 12(8), 2010, 1297-1312.</span><br />
<span lang="en-CA">[8] Tozer, Joel. ‘Titillate the public with your sex life – Yes, yours!’ </span><span lang="en-CA">The Global Mail</span><span lang="en-CA">, 13</span><span lang="en-CA">th</span> <span lang="en-CA">September, 2012. See also: </span><span lang="en-CA"><a href="https://makelovenotporn.tv/" rel="nofollow">https://makelovenotporn.tv</a> </span><span lang="en-CA">Accessed: 13/9/2012.</span><br />
<span lang="en-CA">[9] Dines, Gail. ‘Exposing the Myth of Free Porn’. </span><span lang="en-CA">Australian Broadcasting Corporation</span><br />
<span lang="en-CA">Online</span><span lang="en-CA">. </span><span lang="en-CA"><a href="http://www.abc.net.au/religion/articles/2011/12/21/3396048.htm" rel="nofollow">http://www.abc.net.au/religion/articles/2011/12/21/3396048.htm</a> </span><span lang="en-CA">21</span><span lang="en-CA">st </span><span lang="en-CA">December, 2011.</span><br />
<span lang="en-CA">Accessed: 16/9/2012.</span><br />
<span lang="en-CA">[10] Andrejevic, Mark. ‘The work of being watched: Interactive media and the exploitation of </span><span lang="en-CA">self-disclosure.’ </span><span lang="en-CA">Critical Studies in Media Communication</span><span lang="en-CA">, 19(2), 2002, 231.</span><br />
<span lang="en-CA">[11] Ibid.</span><br />
<span lang="en-CA">[12] Attwood, Feona. ‘Homemade Nudity? The politics of amateurism in online pornography.’</span><br />
<span lang="en-CA">Paper commissioned on ‘Network Society and the Spectacle: Photography and Exhibitionism’</span><br />
<span lang="en-CA">for Either/And. 2012.</span><br />
<span lang="en-CA">[13] Fredrickson, Barbara & Tomi-Ann Roberts.
‘Objectification Theory: Toward understanding women’s lived experiences
and mental health risks.’ </span><span lang="en-CA">Psychology of Women Quarterly</span><span lang="en-CA">, 21, 1997, 177.</span><br />
<span lang="en-CA">[14] Moradi, Bonnie & Yu-Ping Huang. ‘Objectification Theory and Psychology of Women: A</span><br />
<span lang="en-CA">decade of advances and future directions.’ </span><span lang="en-CA">Psychology of Women Quarterly</span><span lang="en-CA">, 32, 2008, 377-398.</span><br />
<span lang="en-CA">[15] Ibid. 385.</span><br />
<span lang="en-CA">[16] Attwood, Feona. ‘Homemade Nudity? The politics of amateurism in online pornography.’</span><br />
<span lang="en-CA">Paper commissioned on ‘Network Society and the Spectacle: Photography and Exhibitionism’</span><br />
<span lang="en-CA">for Either/And. 2012.</span><br />
<span lang="en-CA">[17] Fredrickson, Barbara & Tomi-Ann Roberts.
‘Objectification Theory: Toward understanding women’s lived experiences
and mental health risks.’ </span><span lang="fr-FR">Psychology of Women Quarterly</span><span lang="fr-FR">, 21, 1997, 179.</span><br />
<div align="JUSTIFY">
<br /></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-87511873344027433522019-04-12T12:11:00.000-07:002019-04-12T12:11:02.459-07:00SEXE, GENRE ET ÉGALITÉ DE DROITS<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDYR-BM7vLu22e8OyCJ3mQY3p6V9sYBgCzO1ClInVfvL1-zxxZQBfg5lMnY4zv4ez551sqmtEgV5cs_VijJUXOtfiaQHGQ5K7z1BQo-SC_TrQCiShA4lPWHW-H4QqSDoav9cMUVr8nwlF-/s1600/tradfem.JPG" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="155" data-original-width="207" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhDYR-BM7vLu22e8OyCJ3mQY3p6V9sYBgCzO1ClInVfvL1-zxxZQBfg5lMnY4zv4ez551sqmtEgV5cs_VijJUXOtfiaQHGQ5K7z1BQo-SC_TrQCiShA4lPWHW-H4QqSDoav9cMUVr8nwlF-/s1600/tradfem.JPG" /></a></div>
<strong>RAPPEL DE QUELQUES FAITS:</strong><br />
<div style="text-align: justify;">
Suite à la publication du Rapport sur l’égalité des transgenres (<em>Transgender Equality</em>)<sup>1</sup>, le
gouvernement britannique a l’intention de mener une consultation
concernant une modification de sa Loi sur la reconnaissance du genre (<em>Gender Recognition Act</em>).
Cette démarche aura des impacts significatifs sur les personnes trans
et sur d’autres, en particulier les femmes, les enfants et les
communautés gaie et lesbienne.</div>
<div style="text-align: justify;">
La présente fiche d’information, préparée par la <strong>Sex And Gender Ethics Society (SAGES)</strong>,
explique les changements proposés et certaines de leurs incidences. La
Sex and Gender Ethics Society (SAGES) existe pour promouvoir des
approches fondées sur des preuves empiriques en ce qui concerne les
enjeux de sexe et de genre au Royaume-Uni. Nous préconisons de
privilégier la recherche dans les domaines de l’éducation, de la
formation et du développement de services. Notre objectif principal est
d’assurer la protection des droits égaux de l’ensemble des personnes,
sans distinction de sexe ou de genre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Définitions</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Le genre signifie des rôles, des caractéristiques et des
comportements socialement construits : par exemple, les femmes peuvent
être perçues comme plus capables d’empathie et adaptées à des rôles de
soignantes, tandis que les hommes peuvent être considérés comme
logiques, aguerris et adaptés aux emplois techniques.</li>
<li>Le sexe fait référence à des caractéristiques biologiques et
physiologiques : par exemple, les hommes ont un pénis, les femmes ont un
vagin. En Grande-Bretagne, les expressions « male » et « female » sont
utilisées sur les certificats de naissance pour indiquer le sexe de
chaque personne.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Dans le langage courant, les mots « sex »
et « gender » sont souvent utilisés de façon interchangeable.
Cependant, dans la recherche scientifique, les mots « sex » et
« gender » sont traités séparément. Dans cette fiche informative, nous
utilisons « male » et « female » pour désigner le sexe constaté à la
naissance. Nous utilisons le mot « femme » (<em>woman</em>) pour désigner une personne dont le sexe à la naissance est féminin. Nous utilisons l’expression « homme trans-identifié » (<em>trans identified male</em>)
pour désigner une personne trans dont le sexe de naissance est masculin
(ceux-ci peuvent se désigner comme femme, femme trans, transsexuel·le
ou personne non binaire, par exemple).</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>La réassignation de genre est le processus de transition d’un genre à
l’autre. Une faible proportion des personnes trans-identifiées
subissent un traitement médical (hormones, chirurgie ou les deux)<sup>2</sup>, et beaucoup transforment leur apparence, mais ces changements ne sont pas obligatoires<sup>3</sup>.</li>
<li>Il est impossible de changer de sexe, même avec un traitement médical.</li>
<li>L’identité de genre est le sentiment interne qu’a une personne de
son propre genre, qu’il soit ou non conforme aux normes sociétales.</li>
<li>La dysphorie de genre est le terme médical servant à désigner le
vécu d’une personne qui souffre parce qu’elle s’identifie à un genre qui
diffère de son sexe enregistré à la naissance.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>La loi actuelle et les changements proposés</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Le sexe et le genre réassigné sont tous deux des caractéristiques protégées en vertu de la Loi de 2010 sur l’égalité (<em>Equality Act 2010</em>).</li>
<li>En vertu de la Loi de 2004 sur la reconnaissance du genre (<em>Gender Recognition Act 2004</em>),
toute personne souhaitant changer son genre légal peut demander un
Certificat de reconnaissance de genre. Cette personne doit avoir vécu
selon son nouveau genre pendant deux ans et avoir reçu un diagnostic
médical de dysphorie de genre, mais l’on ne requiert pas de traitement
médical.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Le Rapport sur l’égalité des transgenres<sup>1</sup> a formulé les <strong>recommandations</strong> suivantes (entre autres) :</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Auto-déclaration. Pour faciliter les changements légaux de genre des
personnes trans-identifiées, la nécessité d’un diagnostic médical
devrait être retirée. Les certificats de reconnaissance du genre
devraient être émis aux termes d’un processus administratif simple
d’auto-déclaration de l’identité de genre. Cette règle s’appliquerait
aux adultes et aux 16-17 ans.</li>
<li>La caractéristique protégée de « genre réassigné » inscrite dans la
Loi de 2010 sur l’égalité devrait être remplacée par celle d’« identité
de genre ».</li>
<li>Il ne doit exister aucune exclusion de personnes trans-identifiées,
sous aucune circonstance. Une personne possédant un certificat de
reconnaissance du genre ne doit jamais être exclue d’une occupation ou
d’un service unisexe réservé aux personnes de son genre acquis.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Qu’est-ce que cela signifie en pratique?</strong></div>
<blockquote>
<h3>
Cette démarche aura des impacts significatifs sur les personnes
trans et sur d’autres, en particulier les femmes, les enfants et les
communautés gaie et lesbienne.</h3>
</blockquote>
<div style="text-align: justify;">
Actuellement, les organisations qui
proposent des services unisexes dans des situations délicates peuvent
exclure les personnes de l’autre sexe si c’est un moyen pondéré
d’atteindre un but légitime<sup>3,4</sup>. Par exemple, un service
destiné aux femmes ayant subi une agression sexuelle pourrait empêcher
un homme trans-identifié d’y travailler comme thérapeute ou d’avoir
accès à un groupe de thérapie pour femmes à cet endroit.</div>
<div style="text-align: justify;">
Selon les nouvelles recommandations, ce
ne serait plus le cas. Un homme pourrait légalement changer de genre
pour se désigner comme « féminin » ou « femme » par auto-déclaration –
aucun diagnostic médical de dysphorie de genre ou autre évaluation ne
serait nécessaire, et il n’aurait pas besoin de modifier quoi que ce
soit dans sa vie, comme changer d’apparence ou subir un traitement
médical.</div>
<div style="text-align: justify;">
Cette personne serait alors admissible à
fréquenter le service de thérapie réservé aux femmes dans notre exemple
ou d’y travailler<sup>1</sup>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>La communauté trans du Royaume-Uni</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>On estime à environ 650 000 personnes (1 sur 100) la communauté trans du Royaume-Uni<sup>2</sup>, mais seulement quelques-unes de ces personnes possèdent un certificat de reconnaissance du genre.</li>
<li>En 2015, environ 5% des personnes trans au Royaume-Uni avaient
demandé un traitement médical. On s’attend à ce qu’environ 20% d’entre
elles le fassent au bout du compte<sup>2</sup>.</li>
<li>Le nombre de personnes présentant une dysphorie de genre est
beaucoup plus faible que le nombre de personnes trans-identifiées.
Environ 1 homme adulte sur 14 700 et 1 femme adulte sur 38 500 souffrent
de dysphorie de genre<sup>5</sup>.</li>
<li>Si la dysphorie de genre est supprimée comme condition d’un
changement de genre légal, beaucoup plus de personnes trans-identifiées
auront le privilège de franchir cette étape et d’avoir accès à des
services de nature délicate réservés aux personnes de l’autre sexe.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Espaces, services et autres dispositions réservées aux femmes</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Les changements proposés permettraient aux hommes trans-identifiés
d’accéder à des espaces réservés aux femmes comme les vestiaires, les
refuges, les salles d’hôpital, les prisons et les dortoirs, sans
exceptions.</li>
<li>80 à 95% de ces hommes trans-identifiés n’auront pas reçu de traitement médical dans le cadre de leur transition<sup>2</sup>.</li>
<li>Les trois quarts des crimes violents<sup>6</sup> et 98% des délits sexuels<sup>7</sup> sont commis par des hommes.</li>
<li>Les renvois à des services de réassignation de genre de prisonniers
reconnus coupables de délits sexuels graves sont beaucoup plus nombreux
que les renvois de prisonniers reconnus coupables de délits non sexuels<sup>8</sup>.</li>
<li>On avertira les femmes et les filles que se plaindre de la présence
d’hommes trans-identifiés dans leurs vestiaires constitue maintenant un
crime à caractère haineux<sup>9</sup>.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Soins et contacts intimes et services réservés aux femmes</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Les femmes handicapées et âgées qui préfèrent une aide-soignante
pour se laver, s’habiller et ainsi de suite n’auront plus la certitude
d’en obtenir une.</li>
<li>Les femmes qui veulent rencontrer une professionnelle pour une
thérapie ou pour des soins intimes tels un essayage de soutien-gorge ou
des soins gynécologiques, comme un test de frottis, une mammographie,
une contraception, une grossesse et un accouchement, risquent de trouver
ces procédures difficiles à organiser.</li>
<li>Des policiers et des agents de sécurité masculins trans-identifiés pourront effectuer des fouilles corporelles sur des femmes.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Sports</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>On voit déjà des hommes trans-identifiés participer à des compétitions sportives de femmes et y remporter des médailles.</li>
<li>Les directives du Comité olympique international sur les catégories
de genre dans les sports se contentent d’établir des règles sur les taux
de testostérone admis<sup>10</sup>. Mais les hommes mesurent en moyenne
14 cm de plus, avec 10% de plus de capacité pulmonaire et des os plus
solides. Ces avantages sont conservés par les hommes trans-identifiés
qui ont subi un traitement médical.</li>
<li>Dans certaines écoles et universités, des enfants et des jeunes
trans-identifiés peuvent participer à des compétitions en fonction de
leur identité de genre, sans avoir subi de traitement médical.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Enfants et jeunes</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>La recherche scientifique dans ce domaine est encore embryonnaire et
il n’y a pas de consensus entre les spécialistes sur les causes
sous-jacentes de la dysphorie de genre chez les enfants ou la meilleure
approche pour la traiter<sup>11</sup>.</li>
<li>Les références aux services de réassignation de genre des moins de
18 ans ont augmenté de 2000% au cours des huit dernières années<sup>12</sup>, et l’on observe des indications d’une contagion sociale<sup>13</sup>.</li>
<li>Un nombre croissant de personnes cherchent à inverser leur processus de transition de genre<sup>14,15</sup>, mais tous les changements ne peuvent pas être inversés.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Faciliter le processus de transition
risque d’augmenter le nombre de jeunes personnes vulnérables qui
regretteront de s’y être livrées.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>La communauté lesbienne et gaie</strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Les lesbiennes et les hommes gais sont attirés par les personnes sur
la base de leur sexe et non de leur identité de genre. Les nouvelles
lois sur l’identité de genre peuvent les empêcher de mettre sur pied des
événements et des organisations unisexes.</li>
<li>Les lesbiennes en particulier sont victimes d’intimidation et
accusées de transphobie parce qu’elles tiennent à s’allier à des femmes
et non à des hommes qui s’identifient comme femmes<sup>16</sup>; elles sont attaquées même lorsque ces hommes conservent leur pénis.</li>
<li>La majorité des enfants souffrant de dysphorie de genre cessent
d’être dysphoriques à l’âge adulte, mais une proportion élevée d’entre
eux et d’entre elles deviennent attiré·e·s par les personnes du même
sexe<sup>17</sup>. L’homophobie demeure très répandue au Royaume-Uni et
est le deuxième motif en importance des crimes à caractère haineux
(après l’origine ethnique)<sup>18</sup>. Cela suggère que, dans certains
cas, l’homophobie peut être le motif amenant à la transition de genre
des personnes attirées par les gens de leur sexe ou amenant des parents à
encourager leurs enfants à transiter et être donc considérés comme
hétérosexuels.<br />
<h3>
Faciliter le processus de transition risque d’augmenter le nombre de
jeunes personnes vulnérables qui regretteront de s’y être livrées.</h3>
</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<strong>L’importance des mots </strong></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Les changements juridiques proposés enlèveront toute signification
au mot « femme ». Les femmes sont les adultes de sexe féminin : les
membres de la classe de sexe susceptibles d’être enceintes. Avec la
nouvelle loi, une « femme » deviendra « quiconque s’identifie comme
femme ».</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Cela ne changera pas la réalité
matérielle. La moitié de la population qui possède la capacité réelle ou
perçue de porter des enfants continuera à subir une discrimination en
raison de son sexe et continuera à devoir s’organiser ensemble pour en
parler<sup>19</sup>.</div>
<div style="text-align: justify;">
La <em>Sex and Gender Ethics Society</em>
estime que les personnes trans-identifiées doivent avoir le droit de
vivre leur vie comme elles le veulent, avec une protection complète
contre les violences et la discrimination et l’apport de services
appropriés et sensibles. Mais d’autres secteurs de la société, en
particulier les femmes et les enfants, les lesbiennes et les gais,
méritent une considération égale, et les changements envisagés à la loi
n’atteignent pas cet équilibre. Nous appelons à une considération égale
des droits, de la sécurité, de la dignité et de la protection de tous
ces groupes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong><u>Notes : </u></strong></div>
<div style="text-align: justify;">
1 House of Commons Women and Equalities Commitee. <em>Transgender equality</em>, First report of session 2015-16, 2016.</div>
<div style="text-align: justify;">
2 Reed T. Written evidence submitted by GIRES to the Transgender Equality Inquiry, 2015.</div>
<div style="text-align: justify;">
3 <em>Equality Act 2010 statutory code of practice</em>. Services, public functions and associations.</div>
<div style="text-align: justify;">
4 Whitfield L. <em>How legislation protects women-only spaces and services: an overview</em>, 2016.</div>
<div style="text-align: justify;">
5 Arcelus J et al. <em>Eur Psychiatry</em> 30:807–815 (2015).</div>
<div style="text-align: justify;">
6 Office of National Statistics (ONS), <em>Overview of violent crime and sexual offences</em>, 2017.</div>
<div style="text-align: justify;">
7 Ministry of Justice, Home Office – ONS. <em>An overview of sexual offending in England and Wales</em>, 2013.</div>
<div style="text-align: justify;">
8 Barret J. Written evidence submited by
British Association of Gender Identity Specialists to the Transgender
Equality Inquiry, 2015.</div>
<div style="text-align: justify;">
9 CPS. <em>Lesbian, gay, bisexual and transgender hate crime</em>. Schools project.</div>
<div style="text-align: justify;">
10 IOC consensus meeting on sex reassignment and hyperandrogenism, Nov 2015.</div>
<div style="text-align: justify;">
11 Vrouenraets LJ et al. <em>J Adolesc Health</em> 57(4):367–373 (2015).</div>
<div style="text-align: justify;">
12 NHS. GIDS referrals figures for 2016/17.</div>
<div style="text-align: justify;">
13 Litman L. <em>J Adolesc Health</em> 60(2):S83–S126 (2017).</div>
<div style="text-align: justify;">
14 Stella C. <em>Female detransiton and reidentification: Survey results and interpretation</em>, 2016.</div>
<div style="text-align: justify;">
15 Hurst G. « Bath Spa University bars research into transgender surgery regrets ». <em>The Times</em>, 23 Sept 2017.</div>
<div style="text-align: justify;">
16 Yardley M. « The confict between feminism and the transgender movement ». <em>Morning Star</em>, 24 Dec 2014.</div>
<div style="text-align: justify;">
17 APA. <em>DSM-5</em>, 2013.</div>
<div style="text-align: justify;">
18 Home Office. <em>Hate crime, England and Wales</em>, 2015/16, 2016.</div>
<div style="text-align: justify;">
19 Tunks K. « Sex matters ». <em>Morning Star</em>, 9 Aug 2017.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>© Sex and Gender Ethics Society
2017. Ce document peut être copié et rediffusé, sans modification et
seulement de façon intégrale, à des fins non lucratives.</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Version originale : <a href="http://sages.org.uk/publications/pdfs/Quick-facts-Sex-gender-and-equal-rights-SAGES-2017.pdf">http://sages.org.uk/publications/pdfs/Quick-facts-Sex-gender-and-equal-rights-SAGES-2017.pdf</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Traduction : <a href="https://tradfem.wordpress.com/2017/12/14/sexe-genre-et-egalite-de-droits/" target="_blank"><strong>TRADFEM</strong>, avec l’accord de la SAGES.</a></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-67702255497536232372019-04-12T12:10:00.000-07:002019-04-12T12:10:03.339-07:00Agressions, harcèlement : "Et si assumer d’être victime pouvait être libérateur ?"<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_vNXoyxE3KMgeNOrEnZDKqQ0mVmWyCrN0FKn_GKBzVYQt_g7gfyv05soUrMFcnbR7dw5oe59b1bcPMfYlK3q0nj3Yf_UGBxiboVhim2uDzF-XhRE6ff8J0mZLU3QZgZhnt1hglmaajI2g/s1600/16387676.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="306" data-original-width="633" height="192" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_vNXoyxE3KMgeNOrEnZDKqQ0mVmWyCrN0FKn_GKBzVYQt_g7gfyv05soUrMFcnbR7dw5oe59b1bcPMfYlK3q0nj3Yf_UGBxiboVhim2uDzF-XhRE6ff8J0mZLU3QZgZhnt1hglmaajI2g/s400/16387676.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div class="ObsArticle-chapo full">
<h2 style="text-align: justify;">
<span style="font-size: small;">TRIBUNE. "Arrêtons de blâmer
les victimes et n’ayons plus honte de l’être", répond Pauline Arrighi,
militante féministe, aux 100 signataires d'une tribune sur un "climat
puritain" post-Weinstein.</span></h2>
</div>
<div style="text-align: justify;">
Par Pauline Arrighi</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Dans <a href="https://www.nouvelobs.com/societe/20180109.OBS0320/une-tribune-de-femmes-denonce-un-climat-puritain-post-weinstein.html" rel="noopener noreferrer" target="_blank">une tribune</a>
publiée mardi dans "le Monde", 100 femmes, dont Catherine Deneuve,
dénonçaient la "vague purificatoire" qui aurait suivi l'affaire
Weinstein. "C'est là le propre du puritanisme que d'emprunter [...] les
arguments de la protection des femmes et de leur émancipation pour mieux
les enchaîner à un statut d’éternelles victimes", écrivaient-elles
notamment. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><b>Pauline Arrighi, militante féministe</b>, leur
répond dans nos colonnes : "Arrêtons de blâmer les victimes et n’ayons
plus honte de l’être." Sa tribune a recueilli les signatures de 100</i><i> militantes, artistes, étudiantes, enseignantes... La voici.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
Selon la réaction de 100 signataires inquiètes, le mouvement de
dénonciation de violences sexuelles "me too" aurait créé d’"éternelles
victimes" et les femmes qui ont courageusement pris la parole se sont
changées de ce fait en "pauvres petites choses à protéger". Et si, au
contraire, assumer le statut de victime permettait de s’en libérer et
d’entamer une reconstruction ?
</div>
<div style="text-align: justify;">
Dénoncer un acte de violence revient à endosser un statut de
victime, en effet. En quoi ce statut est-il honteux ? Dirait-on d’une
personne qui a subi un vol de portable, un piratage de carte bleue ou un
cambriolage qu’elle se place en "éternelle victime" ? Oserait-on
l’ironie de la formule "petite chose à protéger" à propos d’une victime
d’attentat terroriste ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Seules les femmes victimes de violences sexuelles devraient se taire,
voire dans l’idéal, approuver l’acte qui les blesse. Or le mouvement
"me too" l’a montré : les femmes victimes refusent de souffrir en
silence. Celles qui le peuvent, et le souhaitent, ont décidé de
protester et d’arrêter de subir.</div>
<div style="text-align: justify;">
C’est cela, se dire "victime". C’est refuser la violence en rappelant un interdit. C’est choisir les bons termes.</div>
<div style="text-align: justify;">
"Main sur le genou", "baiser volé"... Les signataires de la tribune
sur la "liberté d’importuner" peuvent bien user de formulations
charmantes, la réalité reste la même : tout acte de nature sexuelle
imposé par la contrainte ou la surprise est une agression sexuelle,
qualifiée juridiquement comme telle. Comme ces termes sonnent mal,
"agression sexuelle", avec ce "gr" qui heurte l’oreille et toutes ces
vilaines connotations de peur, de douleur, d’humiliation et de choc
contre l’intégrité. Ce n’était qu’un "baiser volé", dira l’agresseur
sexuel, et il se prendra bientôt pour un héros romantique.</div>
<div style="text-align: justify;">
Dire "je suis victime", c’est refuser d’être abusée par les mots des
agresseurs – et de leurs complices. La sexualité est la rencontre de
désirs, du plaisir échangé, un bel élan vital. L’affirmer fait-il de
nous des "puritaines" ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Une agression est subie, elle nie la personne en tant que sujet et la
rabaisse au rang de chose à posséder. Elle donne une sensation de vide,
de dépossession de soi, elle tétanise. L’exact inverse de l’érotisme.
Une victime peut également ressentir de la confusion face à l’étrangeté
de la situation ou un mal-être diffus qu’elle rejettera hors de son
champ de conscience. Dans tous les cas, sa dignité de sujet a été niée.</div>
<div style="text-align: justify;">
La "victime" met dans l’embarras : elle implique l’existence d’un
agresseur, c’est-à-dire, sauf dans les cas d’irresponsabilité pénale
qu’il faudra démontrer, d’un adulte responsable de ses actes qui fait un
choix, celui d’agresser l’autre. S’il a des "pulsions", qu’il les
réfrène. En tant que sujet, tout le monde en est capable.</div>
<div style="text-align: justify;">
Que personne n’essaie de nous faire croire qu’une agression est un
"accident", un risque inévitable ou une simple maladresse. Seuls les
agresseurs ont intérêt à nous maintenir dans la confusion entre
rabaissement et plaisir, entre humiliation et excitation, entre pulsion
de vie et meurtre symbolique. Chaque être humain sait reconnaître les
signes de désir ou d’absence de désir chez l’autre. Chacun fait le choix
d’ignorer un refus ou un silence, ou d’agir par surprise. L’agresseur
est responsable de son acte, il avait le choix et il a pris la décision
d’agresser. Ne faisons pas l’insulte aux hommes d’excuser leur violence.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le mouvement "me too" a mobilisé des milliers de femmes qui avaient
besoin d’exprimer leur colère et leur sentiment d’injustice. Elles ont
montré que le statut de victime peut être libérateur.</div>
<div style="text-align: justify;">
La voici, la "libération sexuelle" que chacune réclame à grands cris :</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Refuser la confusion entretenue entre séduction et harcèlement ;</li>
<li>Connaître la frontière entre l’érotisme et la violence, entre ce qui
peut être souhaitable, agréable ou beau, et ce qui n’est jamais
excusable ;</li>
<li>Savoir dire "je suis victime, et voici mon agresseur" lorsque cet
agresseur nous y contraint Se libérer du sentiment de culpabilité et de
la haine de soi, en être sûre : le coupable, c’est lui, il n’avait pas
le droit, reconquérir sa dignité et éventuellement rétablir la justice.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Reconnaître que l’on a été victime d’un agresseur permet justement de
dépasser cet état et de se réaffirmer en tant que sujet intègre,
autonome et désirant.</div>
<div style="text-align: justify;">
Arrêtons de blâmer les victimes et n’ayons plus honte de l’être. Le
statut de victime est la première étape nécessaire vers une
reconstruction sereine et la libération.</div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Pauline Arrighi</b>, ex-porte-parole d'Osez le féminisme, créatrice du blog "<a href="http://jeconnaisunvioleur.tumblr.com/" rel="noopener noreferrer" target="_blank">Je connais un violeur</a>" et formatrice à l'égalité femmes-hommes.</div>
<br />
<b>Les premier.es signataires :</b><br />
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
<br />Sandrine Goldschmidt, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Françoise Morvan, présidente de la Coordination française pour le Lobby européen des femmes, membre de la Commission Nationale consultative des Droits de l'Homme, membre du Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Suzy Rotjman, porte parole du Collectif National pour les Droits des Femmes ;</div>
<div style="color: #6e6c6c; font-family: arial; font-size: 14px; font-stretch: normal; font-style: normal; font-variant: normal; font-weight: bold; line-height: normal;">
Betty Lachgar, fondatrice et présidente de l'association MALI (Maroc) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Carole Galand, journaliste à l'initiative du mouvement "Me too dans la vraie vie" ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Collectif International Vaincre les Injustices Faites aux Femmes (CIVIFF) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Chiara Condi, fondatrice et présidente de l'association Led By HER ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Claire Mays Poumadère, secrétaire générale de l'association Led By HER ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Anne Tchangodeï, Conseillère nationale du Parti socialiste ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Francine Sporenda, ex-maître de conférences en relations internationales et journaliste (Etats-Unis) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Judith Gariepy, docteure en neurosciences et consultante en communication santé ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Dominique Nouet, secrétaire général aux Droits des femmes du Parti radical de gauche ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Richard
Poulin, éditeur, professeur émérite de sociologie (Université d'Ottawa)
et professeur associé à l'Institut de recherches et d'études féministes
(UQAM) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Flo Marandet, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Karine Plassard, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Isabelle Giovacchini, artiste, co-administratrice de la page Les Fées Ministes ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Collectif les Fées Ministes ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Frédéric Yermia, enseignant-chercheur en physique des particules ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Léna Trouvé, militante féministe et créatrice du collectif Les Veilleuses ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Corinne Leriche, enseignante et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Leocadia Medes, militante féministe, consultante, relectrice-correctrice ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Nadège Térébénec, rédactrice en chef ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Solene Assouan, architecte ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Stéphanie Roza, chercheuse au CNRS ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Agnès Setton, médecin ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Lucile Cillart, sage-femme ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Anna Marmiesse, scénariste et réalisatrice ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Daniela Levy, Collectif 13 Droits de femmes ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Marjolaine Christen-Charrière, créatrice de l'antenne d'Arles d'Osez le féminisme ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Marjorie Leroux, ex-présidente de l'antenne de Lyon d'Osez le féminisme ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Christelle Raspolini, Co-fondatrice du Mouvement Ni Putes Ni Soumises ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Lauréline Pierre, Co-fondatrice de la Brigade Antisexiste ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Malika Bonnot, cadre de l'action sociale et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Anne Averseng, thérapeute ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Christelle Di Pietro, conservatrice des bibliothèques ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Martine Arrighi, enseignante à la retraite ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Helena Platero, cheffe d'entreprise et enseignante (Argentine et Espagne) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Frédérique Herbigniaux, sociologue (Belgique) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Corinne Roche-Goy, traductrice de presse ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
BauBô, street-artiste et rappeuse ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Peggy Dirson, psychologue sociale ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Françoise Mariotti, psychologue ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Frédérique Angoulvent, auteure ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Marie-Hélène Vaurs, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Emmanuelle Lancien, étudiante en psychologie ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Céline Omer, styliste et créatrice de mode ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Noémie Defernez, professeure de chant et militante Osez le féminisme ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Eva Schmitthenner, consultante et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Thelma Louise, Emma Labrèche et Maï Rasamy, administratrices du bar associatif lesbien et féministe aux 3G , Marseille ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Caroline Bréhat, auteure, psychopraticienne ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Sahar Amarir Si, étudiante (Harvard) ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Celine Jarnot, violoncelliste, poétesse et féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Marguerite Stern, activiste féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Emilie Cau, cheffe d'entreprise ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Visant, dessinateur de presse ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Yamina Chaïb-Péchiné, professeure ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Alix Chazeau-Guibert, administratrice d'association culturelle ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Marion Baie, traductrice et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Martin Dufresne, traducteur proféministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Dorothée F-Jolly photographe, portraits féministes sur le désir féminin ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Emmeline Céron, rédactrice web et correctrice, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Anne Marie Viossat, féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Denis Sénamaud, commerçant et proféministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Samira Achaach, féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Virginie Malthiery, militante féministe, adhérente Femen ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Svetlana Tiran, humaniste, traductrice en soutien des "sans defenses", porte parole de "reconnaissance à temps" ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Johanna Vrillaud, étudiante en histoire de l'art et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Matti King , Ecrivaine, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Floréane Marinier, journaliste ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Morgane Dourga Craye, éducatrice spécialisée et féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Stéphanie Fourrier, artiste plasticienne ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Catherine Anthony, psychosociologue et auteure ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Stéphanie Canteaut, enseignante ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Claire Chartier-Grimaud, sexologue ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Stéphanie Wexler, assistante de direction et militante féministe ; </div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Linda Bouifrou-Shadil, militante des droits humains et féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Pauline Didier, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Léna Trouvé, créatrice du collectif féministe Les Veilleuses ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm;">
Stéphanie Boucontet Lahoulette, militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Léna Younes, étudiante en droit à la Sorbonne et membre du Collectif féministe Les Veilleuses ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Anne-Lise Leonio-Niclou, activiste féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Karine Bertrand, enseignante, référente égalité à l'Education nationale ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Caroline Bréhat, psychopraticienne et auteure ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Martine Roucole, retraitée et militante féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Katy Longo, éclairagiste et féministe laïque ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Camille Lamouche, consultante indépendante ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Jacques Angot, coach formateur et bénévole à l'association Led by HER ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Claire Fougerol, kinésithérapeute et écoféministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Catherine Moreau, experte en Responsabilité sociale des entreprises ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Bérénice Moreau, étudiante en art ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Elsa Barthélemy, pharmacienne et féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Amandine Fouillard, militante féministe insoumis.e ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Emilie Allaire, infirmière ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Johanna Moreira, professeure de yoga ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Lucile Thirion, assistante de direction ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Alicia Galas, étudiante ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Nathalie Catalo, féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Sabine Larchier, féministe ;</div>
<div align="LEFT" style="color: #6e6c6c; font: normal normal bold normal 14px arial; margin-bottom: 0cm; text-decoration: none;">
Charlotte Prud'homme, féministe.<br />
<br />
Source : <a href="https://www.nouvelobs.com/societe/20180110.OBS0427/agressions-harcelement-et-si-assumer-d-etre-victime-pouvait-etre-liberateur.html" target="_blank">https://www.nouvelobs.com/societe/20180110.OBS0427/agressions-harcelement-et-si-assumer-d-etre-victime-pouvait-etre-liberateur.html </a></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-85993796537468660502019-04-09T12:27:00.004-07:002019-04-09T12:27:57.191-07:00Janice Turner : Payer pour du sexe est toujours un abus de pouvoirpar<strong> Janice Turner</strong>, d’abord publié dans <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/paying-for-sex-is-always-an-abuse-of-power-nnr3np5lm">The TIMES</a><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbVoQv0CYCnkwa5LVM_wAcXkLr_vIgNu8MKGDutQd5f_OMcZAAqSAG_ZwECvd2pj6n24kNxNEda-8e9fcwgybzQAZTWGKrotJGL6b6OHOCVXO7CEoxshMOkz1EZb8kaMKkS4PwxSXf2Zqf/s1600/methode2ftimes2fprod2fweb2fbin2f831be016-138b-11e8-aa39-e7299ff3a5e8.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="160" data-original-width="160" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbVoQv0CYCnkwa5LVM_wAcXkLr_vIgNu8MKGDutQd5f_OMcZAAqSAG_ZwECvd2pj6n24kNxNEda-8e9fcwgybzQAZTWGKrotJGL6b6OHOCVXO7CEoxshMOkz1EZb8kaMKkS4PwxSXf2Zqf/s1600/methode2ftimes2fprod2fweb2fbin2f831be016-138b-11e8-aa39-e7299ff3a5e8.jpg" /></a></div>
<strong>Comme Jeremy Corbyn, leader du
Parti travailliste, les organisations d’aide humanitaire colportent le
point de vue toxique que la prostitution est essentiellement un mode de
vie choisi.</strong>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Kate Allen, la directrice britannique d’Amnesty International, s’est dite, à l’antenne du magazine <em>Woman’s Hour</em>,
« choquée » par le scandale des exactions perpétrées par les
travailleurs humanitaires d’Oxfam en Haïti. Elle a réclamé une enquête –
pour que « des leçons en soient tirées ». J’espérais que l’animatrice
Jenni Murray allait lui répondre : « Alors que pense Amnesty des
travailleurs humanitaires qui, dans les pays pauvres, paient des femmes
pour des rapports sexuels ? » Mais comme elle ne l’a pas demandé, je
l’ai fait moi-même.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pourquoi la question est-elle
importante ? Parce qu’en 2015, Amnesty International, une organisation
mondiale comptant sept millions de membres, a modifié sa politique en
matière de prostitution pour en réclamer la décriminalisation intégrale.
Les féministes ont été consternées : 3 000 personnes, dont Gloria
Steinem, ont signé une pétition exprimant leur horreur qu’Amnesty
légitime non seulement la location des corps des femmes, mais aussi les
proxénètes et les tenanciers de bordels qui les exploitent.</div>
<div style="text-align: justify;">
Leurs pressions sont restées lettre
morte. Amnesty a été détournée par des partisans de la politique
d’identité libertaire qui considèrent la prostitution non pas comme un
système de violence sexuelle qui mise sur l’adversité économique et
l’inégalité, mais comme un choix personnel ou une identité sexuelle, à
l’instar du fait d’être gay. Même, semble-t-il, dans des zones
sinistrées comme Haïti.</div>
<div style="text-align: justify;">
« La pauvreté ou la marginalisation
peuvent inciter une personne à décider de vendre des services sexuels »,
affirme en page 17 le <a href="https://www.amnesty.be/IMG/pdf/position_ai_fr.pdf">nouveau document de politique</a>
d’Amnesty. « Toutefois, ces situations n’affectent en rien la valeur de
son consentement. » Les seules exceptions reconnues par l’organisation
sont les « circonstances particulières s’apparentant à de la contrainte,
à savoir si cette personne subit des menaces, des violences ou un abus
d’autorité ». Mais la position générale d’Amnesty est qu’elle « <a href="https://www.amnesty.org/fr/qa-policy-to-protect-the-human-rights-of-sex-workers/">ne soutient ni ne condamne le commerce du sexe </a>».</div>
<div style="text-align: justify;">
Que pense alors l’organisation du
débarquement de Roland van Hauwermeiren et ses compères d’Oxfam à
Port-au-Prince, en vestes safari et lunettes de soleil griffées, leurs
4×4 bourrées d’antibiotiques et de lait maternisé ? Est-ce pour eux un
« abus d’autorité » que de rassembler quelques prostituées en ville, les
amener à leur villa et s’amuser un peu en échange de quelques dollars
et d’un T-shirt d’Oxfam ? Ou devons-nous respecter l’idée que ces jeunes
femmes vivant dans un pays dévasté, avec des parents malades ou des
bébés affamés, ont, selon les termes d’Amnesty, « <a href="https://www.amnesty.be/IMG/pdf/position_ai_fr.pdf">la décision libre et éclairée de prendre part à une activité sexuelle</a> » dans le cadre du « travail du sexe » ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Où finit l’exploitation et où débute le
consentement ? J’ai appelé Amnistie pour obtenir des éclaircissements.
La réponse que m’a faite Kate Allen est un chef-d’œuvre en matière de
langue de bois. « Le cas épouvantable des travailleurs humanitaires qui
paient pour du sexe dans un contexte où ils travaillent et fournissent
des services à des personnes extrêmement vulnérables dans des situations
de crise est distinct de la question du statut juridique du travail du
sexe. »</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais l’est-il vraiment ? En Haïti,
316 000 personnes étaient mortes, il y avait des millions de sans-abri,
toute l’infrastructure était détruite. Oxfam « fournissait des
services » à tout un pays. Amnesty pense-t-elle oui ou non qu’il était
mal pour van Hauwermeiren de prostituer une femme rencontrée, par
exemple, dans un centre de distribution d’aide, mais qu’il était correct
pour lui de sélectionner des femmes tout aussi appauvries au bordel
local ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Compte tenu de la position neutre
d’Amnesty à propos du sexe tarifé, est-elle à l’aise avec le recours de
son personnel à des personnes prostituées, ai-je demandé ? « Les
contrats d’emploi d’Amnesty stipulent clairement que ses employés ne
doivent pas se comporter de manière à discréditer l’organisation »,
m’a-t-on répondu, « et à la lumière de l’affaire Oxfam, nous avons
amorcé un examen complet de toutes les politiques pertinentes. » Cette
réponse ressemble moins à une véritable position de principe qu’à un
effort bâclé de relations publiques : en d’autres mots, nous avons senti
l’humeur publique et nous ne voulons pas perdre de dons. Ce n’est que
face à mon insistance que l’on m’a finalement dit : « Tout membre du
personnel qui utiliserait des travailleuses du sexe dans le cadre de son
travail ferait l’objet d’une enquête immédiate et d’éventuelles mesures
disciplinaires. » Ce qui contredit mot pour mot la propre politique
d’Amnesty ! Qu’en est-il de leur neutralité, de la « décision libre et
éclairée » de ces femmes et de la non-pénalisation des prostitueurs ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Amnesty n’est pas la seule à s’emmêler
dans ses pinceaux néolibéraux. Le Parti travailliste a été
particulièrement silencieux sur le scandale du recours d’Oxfam à la
prostitution. Leur secrétaire au développement international, Kate
Osamor, a défini cet esclandre comme un défaut de « sauvegarde », ce qui
réduit le problème à ne pas avoir protégé des filles mineures ou
empêché la coercition, en contournant la question centrale, plus
délicate. Pourtant, en 2016, Jeremy Corbyn a déclaré : « Je suis en
faveur de la décriminalisation de l’industrie du sexe. » Approuve-t-il
alors les ébats de Roland au bord de sa piscine ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Aux yeux de Corbyn, la décriminalisation
est une approche « plus civilisée ». C’est un fait qu’aucune des
féministes ayant signé la pétition contre la nouvelle politique
d’Amnesty ne souhaite punir des femmes aux abois. La plupart d’entre
elles préconisent plutôt le modèle nordique, qui a maintenant force de
loi en France, en Suède, en Irlande et dans d’autres pays (dont le
Canada), où l’on a légalisé la vente de sexe mais criminalisé son achat
(NDT : et l’exploitation de celle d’autrui). La décriminalisation totale
entraîne toujours l’expansion du commerce du sexe. Et alors qu’Amnesty
distingue le trafic (coercitif = mauvais) du travail sexuel (consensuel =
bien), quand la demande masculine monte en flèche, le marché réclame
plus de « produit » et l’on sait que des camionnettes verrouillées et
emplies de filles albanaises affluent dans les mégabordels d’Amsterdam
ou du quartier Reeperbahn à Hambourg.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="float: left; margin-right: 1em; text-align: left;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1nNlrKfg6GN986xTKczEB_CvSjjQTN3_eDlbRj1f9UnXIqHBgkydBz5OPndrPW7ZQi2biOQJW-_9JAv5qI-pVhnz51O6Z-kYVLU4Lz-SsAbkouCkuIFrtK_BHFy5jyIZXJKPPg2w-LZbe/s1600/photo-roland-van-hauwermeiren.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1nNlrKfg6GN986xTKczEB_CvSjjQTN3_eDlbRj1f9UnXIqHBgkydBz5OPndrPW7ZQi2biOQJW-_9JAv5qI-pVhnz51O6Z-kYVLU4Lz-SsAbkouCkuIFrtK_BHFy5jyIZXJKPPg2w-LZbe/s1600/photo-roland-van-hauwermeiren.jpg" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Roland van Hauwermeiren de Oxfam</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai entendu le lobby de la
décriminalisation affirmer qu’Haïti est un cas spécial : ces raclures
d’Oxfam échangeaient du sexe contre de l’aide. Les femmes étaient
particulièrement vulnérables : les hommes, trop privilégiés. Donc
serait-ce OK s’ils avaient payé en argent plutôt qu’en lait maternisé ?
Ou s’ils n’avaient pas été des travailleurs humanitaires mais de simples
touristes occidentaux ? Quelqu’un peut-il préciser la dynamique de
pouvoir exacte, les circonstances économiques et géopolitiques où un
homme payant une femme pour du sexe n’exerce pas un abus de pouvoir ?
Est-ce le cas face aux mères célibataires assistées sociales du quartier
de Leeds, ou auprès des <em>junkies</em> désespérées de Brixton Hill ?
Des hommes de gauche m’ont dit qu’il était cruel de les empêcher de
gagner leur croûte. Mais comme le dit Rachel Moran, survivante de la
prostitution et <a href="http://christy5519.over-blog.com/2016/12/read-paid-for-my-journey-through-prostitution-by-rachel-moran-book-online-or-download-pdf.html">autrice</a>, quand une femme a faim, mettez-lui dans sa bouche des aliments, pas un pénis.</div>
<div style="text-align: justify;">
J’observe l’affrontement de deux idées.
Celle validée par le mouvement #MoiAussi que, du Parlement au
Presidents’ Club, les hommes ne doivent pas tirer parti de leur pouvoir
et de leurs privilèges pour extorquer des faveurs sexuelles à des femmes
vulnérables, et l’idée que le « travail du sexe » est bien, et même
habilitant, même si celles qui sont poussées à la prostitution comptent
parmi les femmes les plus vulnérables d’entre toutes.</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme l’illustre le scandale d’Oxfam, ces deux idées ne peuvent être vraies simultanément.</div>
Version originale : <a href="https://www.thetimes.co.uk/article/paying-for-sex-is-always-an-abuse-of-power-nnr3np5lm">https://www.thetimes.co.uk/article/paying-for-sex-is-always-an-abuse-of-power-nnr3np5lm</a><br />
<br />
Traduction : <a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/02/21/janice-turner-payer-pour-du-sexe-est-toujours-un-abus-de-pouvoir/" target="_blank"><strong>TRADFEM</strong></a>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-42659698814076515042019-04-09T12:08:00.001-07:002019-04-09T12:08:15.121-07:00La Marche des femmes de Vancouver fait l’objet de menaces misogynes adressées à des femmes<div style="text-align: justify;">
<strong><em>La Marche des femmes a regroupé quelque <a href="https://www.vox.com/2017/1/22/14350808/womens-marches-largest-demonstration-us-history-map">4,2 millions de manifestant-e-s</a> le weekend dernier, aux États-Unis uniquement, en faisant la plus grande manifestation de l’histoire de ce pays.<br />
Mais l’opposition masculiniste ne dérougit pas.<br />
Une femme remettant en question l’idéologie de l’identité de genre, lors
de la Marche des femmes de Vancouver, est devenue l’objet d’une vague
d’insultes et de menaces sur Internet.</em></strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
22 janvier 2018, par <strong>MEGHAN MURPHY</strong>, sur le blogue <a href="http://www.feministcurrent.com/2018/01/22/vancouver-womens-march-becomes-opportunity-misogynist-threats-women/">FeministCurrent.com</a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un peu plus d’une semaine avant la tenue de la Marche des femmes à Vancouver, en Colombie-Britannique, <em><a href="https://marchoncanada.ca/">March On</a></em> (l’organisme responsable de l’organisation de l’événement cette année) a <a href="https://twitter.com/MarchOnVan/status/951162049886760960">annoncé</a> que l’un de ses conférenciers serait un homme s’identifiant comme « <a href="https://twitter.com/SadistHailey">dominatrice sexuelle</a> ».
Des femmes de partout ont exprimé leur stupeur et leur colère face à ce
choix. Il s’agissait, après tout, d’une manifestation destinée aux
femmes, en réaction initiale à la présidence de Donald Trump, un défilé
destiné à renforcer la solidarité entre les femmes, à soutenir nos
droits humains et reproductifs et à combattre la misogynie et la
violence masculine envers les femmes. Pourquoi diable, alors, serait-il
approprié d’inviter un homme pour promouvoir la prostitution et la
violence sexualisée lors de cet événement ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<em>March On Vancouver</em> a immédiatement <a href="https://twitter.com/MeghanEMurphy/status/951400434047991809">bloqué</a>
sur son fil Twitter toutes les personnes qui remettaient en cause cette
décision, en indiquant clairement que non seulement elle n’était pas
sujette à discussion, mais que les femmes troublées par leur choix de
conférenciers n’étaient pas les bienvenues à l’événement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Inutile de dire que je n’ai pas participé
à cette manifestation samedi. Mais beaucoup d’autres femmes l’ont fait,
dont une qui portait une pancarte où l’on pouvait lire, d’un côté :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJF_Li6UcUIZ7HmQ-y5TkARkbqsRZEwLRZo98ysQWgLWlsnlXxdaojBdToTVAazuqPGSfxzwEqvG4AnVkwNEPujo3EBxvjEWCBbXIJx2zOs-5Txg-Ln-CUQWGlVRLC4Ba_jVlNsQBDxdj/s1600/patriakou-sign-1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="600" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyJF_Li6UcUIZ7HmQ-y5TkARkbqsRZEwLRZo98ysQWgLWlsnlXxdaojBdToTVAazuqPGSfxzwEqvG4AnVkwNEPujo3EBxvjEWCBbXIJx2zOs-5Txg-Ln-CUQWGlVRLC4Ba_jVlNsQBDxdj/s400/patriakou-sign-1.jpg" width="320" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« Les transfemmes sont des hommes. La vérité n’est pas la haine. Ne vous
laissez pas duper. L’idéologie trans est misogyne et homophobe. Être
femme n’est pas un « sentiment », un costume ou la représentation d’un
stéréotype. Être femme est une réalité biologique. Il n’existe aucune
raison éthique ou morale de mentir pour apaiser l’ego masculin. »</td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
On pouvait lire de l’autre côté du panneau :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiLK6Ly8pTHCgGsEBp_LoFw9bc__WPfql0LfeaQG5w0ilAZNX4sAz56t9riS5gIPfimNvJQuJNC4VV4wr6VM4BS8AtJPBO8hBPLmV-aT819YFJ-HTTyVWlzj9RUvfYiqQ01JimL9G5UXjS/s1600/patriakou-sign-2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="525" data-original-width="700" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiLK6Ly8pTHCgGsEBp_LoFw9bc__WPfql0LfeaQG5w0ilAZNX4sAz56t9riS5gIPfimNvJQuJNC4VV4wr6VM4BS8AtJPBO8hBPLmV-aT819YFJ-HTTyVWlzj9RUvfYiqQ01JimL9G5UXjS/s400/patriakou-sign-2.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">« Ne me qualifiez pas de ‘cis’. Arrêtez les stéréotypes. Je ne suis ni
conforme ni non-conforme au genre. Mon préfixe préféré n’est ni ‘cis’ ni
‘trans’. Je suis une femme. Résistez à la novlangue orwellienne. »</td><td class="tr-caption" style="text-align: center;"> </td></tr>
</tbody></table>
<div style="text-align: justify;">
J’ai d’abord pris connaissance de cette pancarte parce qu’une femme
nommée Meaghan Jackson-Doucet s’était permis d’afficher sur Facebook, en
mode « Public »*, une <a href="https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10155245032801914&set=p.10155245032801914&type=3&theater">photo</a>
de cette femme avec son affiche, en l’accusant de « haine transphobe ».
Ce message et la photo ont tout de suite connu une diffusion immense.
Au moment où j’écris ces lignes, le message de Jackson-Doucet compte
près de 2000 commentaires, dont j’ai lu la plupart. Beaucoup d’entre eux
exhibent un niveau stupéfiant de vitriol et de haine. Une foule de gens
ont appelé à dévoiler l’identité de cette manifestante et beaucoup
d’autres l’ont ouvertement menacée de violence. D’autres encore ont dit
que sa pancarte aurait dû être détruite et qu’elle aurait dû être
expulsée de la manifestation.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai parlé à cette manifestante, qui a
demandé à rester anonyme, et elle m’a dit que Jackson-Doucet avait pris
la photo subrepticement, à partir du niveau de sa taille, pendant un
discours, sans tenter de parler à la femme qu’elle photographiait.</div>
<div style="text-align: justify;">
Le transfemme Morgane Oger,
vice-président de la section Colombie-Britannique du Nouveau parti
Démocratique et président de la Trans Alliance Society, a également <a href="https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2117146715180309&set=a.1388774824684172.1073741830.100006550020969&type=3&theater">affiché l’image</a>
sur sa page Facebook, en demandant au public d’identifier la femme qui
tenait le panneau. « C’est un discours de haine, » a prétendu Oger qui
annoncé son intention de porter plainte pour offense aux droits de la
personne contre cette manifestante, en disant qu’il avait besoin de
l’identifier à cette fin.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour dire les choses clairement, une
femme est aujourd’hui menacée d’actes de violence et de répercussions
juridiques pour avoir déclaré, lors d’une marche destinée aux femmes,
que les femmes sont de sexe féminin et pour avoir contesté une idéologie
qui prétend que<a href="https://tradfem.wordpress.com/2017/03/03/le-projet-de-loi-c-16-presente-de-graves-problemes-auxquels-nont-pas-encore-reflechi-la-plupart-des-canadiennes-et-des-canadiens/"> le genre est une réalité interne</a>
et biologique, plutôt qu’imposé par une société patriarcale. Non
seulement a-t-on martelé aux femmes qu’elles n’avaient pas le droit de
mettre l’accent sur leur corps lors des nombreuses marches de femmes
organisées partout au monde, mais, lorsqu’elles osent défier l’idée que
les hommes s’identifiant comme trans devraient avoir le haut du pavé
lors de ces manifestations, elles sont expulsées et harcelées.</div>
<div style="text-align: justify;">
Messages affichés sur Twitter le 20 janvier par un autre transfemme britannique, Munroe Bergdorf :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixFGkDVYuVW3pQK-YFdawrenhx1cyMpDgYQUuQj3GRtaClp5FDP_J2vz68dFRQLi8bp1FmVF5jJNq8-diKc99zD3h3WFld8O2tzDT0vVF4amovL6Q53-ukLh8Mmavm3uXqNTM0HZMUfLYz/s1600/bergd.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="84" data-original-width="84" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEixFGkDVYuVW3pQK-YFdawrenhx1cyMpDgYQUuQj3GRtaClp5FDP_J2vz68dFRQLi8bp1FmVF5jJNq8-diKc99zD3h3WFld8O2tzDT0vVF4amovL6Q53-ukLh8Mmavm3uXqNTM0HZMUfLYz/s1600/bergd.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
<div style="padding-left: 30px; text-align: justify;">
C’EST VRAIMENT FINI! (détournement du slogan « C’est fini » du mouvement féministe contre les agressions sexuelles)</div>
<div style="padding-left: 30px; text-align: justify;">
« Protester n’est pas
pour tout le monde, mais si vous êtes à Londres et que vous êtes prêt ou
capable de prêter votre voix et votre présence au rallye
@womensmarchlon de demain, vous devriez le faire, la sororité a besoin
de vous! »</div>
<div style="padding-left: 30px; text-align: justify;">
« Je tiens également à
souligner que si vous y assistez, il est CRUICIAL (sic) que vous le
fassiez avec un état d’esprit INTERSECTIONNEL. Donner la priorité aux
systèmes reproductifs au cœur de ces manifestations est réducteur et
excluant. »</div>
<div style="padding-left: 30px; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEincw54TgEf6NV46gHhoKyeBzjiSn-40dLjUPdMs-EBEw7kPhqyvvkjC5_C8NELCPpY7L4dRukJON5-qdb4ScqALzo9uSLWM3IEhXnBm516F2vCmk3K4X8clMky6Etv6bwfVFLeo39C4pmc/s1600/march-on.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="247" data-original-width="262" height="377" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEincw54TgEf6NV46gHhoKyeBzjiSn-40dLjUPdMs-EBEw7kPhqyvvkjC5_C8NELCPpY7L4dRukJON5-qdb4ScqALzo9uSLWM3IEhXnBm516F2vCmk3K4X8clMky6Etv6bwfVFLeo39C4pmc/s400/march-on.jpg" width="400" /></a></div>
<div style="padding-left: 30px; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La femme qui tenait cette pancarte à Vancouver m’a dit que beaucoup de gens ont hué et grommelé pendant le <a href="https://twitter.com/SadistHailey/status/954808090066436096">discours de Kreut</a> (la dominatrice), proposeur d’une <a href="http://www.feministcurrent.com/2016/12/06/27-years-montreal-massacre-misogynist-violence-remains-norm/">politique </a>récente
de boycottage et de désaffiliation de l’organisme Vancouver Rape Relief
au congrès 2016 de la BC Federation of Labour. Dans son discours, Kreut
(dont le nom de dominatrice est « Hailey Heartless ») a préconisé une
décriminalisation des proxénètes, des propriétaires de bordels et des
acheteurs de sexe. (La <a href="http://www.feministcurrent.com/2014/04/23/open-letter-in-support-of-adopting-the-nordic-model-in-canada-garners-over-800-signatures/">loi canadienne</a> actuelle a <a href="http://www.feministcurrent.com/2015/02/16/canadas-new-prostitution-law-separating-fact-from-fiction/">décriminalisé</a>
les personnes qui vendent du sexe et maintenu la criminalisation de
ceux qui en achètent, ainsi que celle des proxénètes et des tenanciers
de bordels). Il s’en est également pris aux centres de crise pour
victimes de viol et aux féministes qui soutiennent le modèle nordique.
Kreut a dit, bizarrement, que les « travailleurs du sexe » comme lui
étaient précieux parce qu’ils pouvaient donner aux femmes des conseils
de maquillage et de vernis à ongles. Il a ajouté :</div>
<div style="text-align: justify;">
« Quand vous nous accueillerez dans vos
espaces, et que vous nous permettrez d’être ouverts et francs, vous
constaterez que nous avons tant de connaissances à vous apporter, et pas
seulement sur la façon d’avoir des rapports sexuels incroyables.</div>
<div style="text-align: justify;">
« Nous pouvons vous enseigner des
compétences de vie, comment prendre des selfies magnifiques, comment
utiliser Bitcoin, comment se créer un auditoire dans les médias sociaux.</div>
<div style="text-align: justify;">
« Nous pouvons vous enseigner des leçons
sur vous-même, comme l’art de pratiquer une excellente hygiène, comment
se tracer des contours incroyables pour les lieux peu éclairés, ou
comment prendre soin de soi de manière radicale. »</div>
<div style="text-align: justify;">
Promouvoir la prostitution comme un
travail comme un autre ou comme un choix habilitant est une position
incroyablement inappropriée à défendre lors d’une manifestation
féministe. Voir un homme promettre d’inculquer à des femmes comment se
faire les ongles et « prendre des selfies étonnants » lors d’un tel
événement devrait être interprété comme une parodie, mais c’est
apparemment la nouvelle normalité, en ce qui concerne les responsables
de l’événement March On.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce à quoi nous assistons n’est pas une
nouvelle vague, mais un mouvement de ressac. Nous ne devons pas
permettre que notre mouvement soit détourné par des hommes qui font la
promotion d’idées et d’industries misogynes, comme le commerce du sexe.
La Marche des femmes est destinée aux femmes. Reprenons-la en main.</div>
<h4>
*NOTE DE L’ÉDITRICE – 23/01/2018: Ce message public affiché sur
Facebook a été supprimé depuis. Le texte ci-dessus a été modifié pour y
inclure le commentaire de Jackson-Doucet joint à l’image affichée.</h4>
<strong>Meghan Murphy</strong><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKKSDABGWwbgesRdHaSEaePfA0A_BrVTKnGYoAXt6yX60TiwJQhFtBNBIpLiBbpivGHWO0WEtc1Ym4XvUnEFt2iRa55hpDTYKaZ0_rarUrwqQGOysisxAY_CGuCFnjb7uBZ_lQN-TrXXt2/s1600/orwell-quote.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="394" data-original-width="700" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKKSDABGWwbgesRdHaSEaePfA0A_BrVTKnGYoAXt6yX60TiwJQhFtBNBIpLiBbpivGHWO0WEtc1Ym4XvUnEFt2iRa55hpDTYKaZ0_rarUrwqQGOysisxAY_CGuCFnjb7uBZ_lQN-TrXXt2/s400/orwell-quote.jpg" width="400" /> </a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
Version originale : <a href="http://www.feministcurrent.com/2018/01/22/vancouver-womens-march-becomes-opportunity-misogynist-threats-women/" rel="nofollow">http://www.feministcurrent.com/2018/01/22/vancouver-womens-march-becomes-opportunity-misogynist-threats-women/</a><br />
<br />
Traduction: <a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/01/23/la-marche-des-femmes-de-vancouver-fait-lobjet-de-menaces-misogynes-adressees-a-des-femmes/" target="_blank"><strong>TRADFEM</strong></a><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-40661688105082724492019-04-09T12:01:00.002-07:002019-04-09T12:01:35.961-07:00Il est temps de cesser d’invoquer une théorie régressive de l’évolution pour justifier la chosification sexuelle des femmes.<span style="font-size: small;"><i>Même de « bons gars » continuent à
défendre un droit d’accès des hommes aux corps des femmes sous prétexte
d’une théorie discréditée de l’évolution.</i></span><br />
<br />
<span style="font-size: small;">Publié sur Feminist Current, le 15 novembre 2017</span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i>, </i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">par</span></span><i> </i><a href="http://www.feministcurrent.com/tag/heather-brunskell-evans/"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"><b>Heather Brunskell-Evans</b></span></span></a><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiai1yj49FU3uoeSE8qHNQE91Wd45zG8aQ-DquV4_peL_RYu0-h5QIn2SgVZlK1SNvW99hP4QB2vZbywlHL6tE6K-UvKX-zaIFNZfqK8IK-xa8Ywq9M4hCS2al4-YLNnqL2pyTp8e6jDsAP/s1600/screen-shot-2017-11-15-at-3-50-09-pm.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="168" data-original-width="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiai1yj49FU3uoeSE8qHNQE91Wd45zG8aQ-DquV4_peL_RYu0-h5QIn2SgVZlK1SNvW99hP4QB2vZbywlHL6tE6K-UvKX-zaIFNZfqK8IK-xa8Ywq9M4hCS2al4-YLNnqL2pyTp8e6jDsAP/s1600/screen-shot-2017-11-15-at-3-50-09-pm.png" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Une campagne de réactions hostiles est apparue en parallèle à la campagne #MeToo. </span></span><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/01/30/il-est-temps-de-cesser-dinvoquer-une-theorie-regressive-de-levolution-pour-justifier-la-chosification-sexuelle-des-femmes/#.WgbWDLacZEI"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">Brendan O’Neill</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">, rédacteur en chef </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">de</span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i> Spiked</i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
et farouche défenseur de la liberté d’expression, qualifie de « chasse
aux sorcières » collective la prise de parole libre des femmes qui
dénoncent les comportements sexuels prédateurs des hommes. O’Neill nous
explique que « l’hystérie à propos du harcèlement sexuel est
intrinsèquement hostile à l’idée même de justice naturelle, voire, elle
la détruit. » Selon ses dires, des hommes se trouvent « accusés de faits
que seuls les esprits les plus prudes et immatures qualifieraient de
crimes ou de délits ». Il poursuit en évoquant un « enfer kafkaïen » et
« une injonction dogmatique à croire les femmes », avant de conclure :</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">« Le
scandale du ‘harcèlement sexuel en politique’ n’est plus seulement
bizarre et agaçant. Il devient dangereux, car il repose sur des
accusations minces et sur un tourbillon de rumeurs, alliées à une
propension peu libérale à croire sur parole toute personne isolée qui
pointe un doigt accusateur en hurlant au prédateur. »</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Réduire
la prise de conscience collective des femmes à de l’hystérie est une
analyse grossière qui relève de vieux mythes culturels solidement
ancrés. Ce cliché associe la parole collective de femmes au préjugé
contre la vengeresse, isolée, assoiffée de justice sommaire et motivée
par le soi-disant geste sans conséquence d’un homme innocent et sans
méfiance. Il perpétue également le mythe culturellement ancré selon
lequel le témoignage des femmes n’est pas fiable et ne doit pas être
cru. Il tente d’attiser la peur à propos de la campagne #MeToo en la
comparant à l’irrationalité des chasses aux sorcières du XVII</span></span><span style="color: #545353;"><sup><span style="font-size: small;">e</span></sup></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"> siècle, occultant au passage l’idée que ce sont les femmes elles-mêmes qui réclament une justice raisonnée.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">L’analyse
de Brendan O’Neill fait l’impasse sur l’histoire plutôt que d’en tirer
les leçons. Ce sont la ténacité, l’opiniâtreté et le courage des prises
de parole par les femmes qui ont permis d’accumuler des victoires
réelles au fil des siècles face à un patriarcat qui se mobilise de
manière intéressée en dénigrant leur parole. Malgré les avancées
sociales des femmes dans les démocraties libérales occidentales au XXI</span></span><span style="color: #545353;"><sup><span style="font-size: small;">e</span></sup></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
siècle, un malaise profond et purulent continue de peser sur les
questions de genre, faisant planer une ombre sur l’émancipation
féminine. Leur prise de parole met à mal l’image inconsciente, mais
profondément ancrée, du « bon gars », doté de l’aura culturelle du père
de famille, et néanmoins toujours convaincu de posséder un droit d’accès
au corps des femmes. La parole des femmes à propos du comportement
sexualisé des hommes rappelle cette vérité dérangeante.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">En
consommant de la pornographie, les hommes hétérosexuels démontrent la
persistance historique de l’idée que les femmes constituent une
catégorie sexuelle à disposition des hommes.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">J’ai
récemment interviewé un médecin, que nous appellerons Richard, à propos
de son usage de la pornographie. Richard m’a confié être fasciné par le
fait de regarder des corps de femmes nues en grande quantité. Il m’a
assuré que la pornographie sur Internet est la solution moderne idéale
au dilemme moral de l’homme civilisé. Elle lui permet de céder à son
ascendant évolutionnaire tout en se conformant aux règles de la société.
Pour Richard, le microbiologiste à lunettes penché toute la journée sur
son microscope est autant déterminé sur le plan biologique par la
testostérone et le chromosome « Y » que ne l’était son ancêtre primitif
qui écumait avidement les steppes européennes. « Voilà pourquoi la
pornographie est bien pratique », dit-il, « Elle permet à l’homme
civilisé d’exercer un contrôle sur ses pulsions primaires en les
canalisant vers des fantasmes inoffensifs. »</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Richard
exprimait ainsi certaines convictions, qu’il n’avait vraisemblablement
encore jamais verbalisées ou dont il n’avait même pas pris conscience.
Je lui ai demandé pourquoi, si la pornographie lui semblait si utile à
titre personnel et social, il avait caché sa consommation à toutes ses
amoureuses et partenaires. Il m’a répondu en comparant la consommation
de pornographie au fait de déféquer. À l’instar de son ancêtre primitif,
l’homme civilisé doit répondre à l’appel de la nature, mais il doit le
faire discrètement et en privé. Mater de la pornographie n’est pas une
infidélité envers son épouse, se dit Richard pour se rassurer, et cela
ne l’empêche pas de respecter les femmes dans la « vraie vie », comme en
témoigneraient certainement ses filles adultes, ses amies et ses
collègues.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">À
ce stade, vous ressentez peut-être de la sympathie pour les arguments
de Richard. Approfondissons un peu ses explications pour découvrir
combien les fondements anthropologiques de ses affirmations s’alignent
parfaitement avec le point de vue traditionnel sur la consommation de
pornographie. Par exemple, </span></span><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/01/30/il-est-temps-de-cesser-dinvoquer-une-theorie-regressive-de-levolution-pour-justifier-la-chosification-sexuelle-des-femmes/#1"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">des sites de conseils médicaux </span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">en
santé sexuelle masculine racontent aux hommes qu’il existe un « chaînon
de l’évolution » justifiant leur recours à la pornographie. Les
cerveaux des hommes sont « câblés pour faciliter l’excitation et être
prêts à avoir un rapport sexuel dès qu’une occasion se présente (genre,
pour perpétuer l’espèce.) », leur dit-on. On encourage également les
femmes à comprendre qu’il est naturel que leur homme regarde de la
pornographie et qu’« il n’y a pas lieu de s’inquiéter ».</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Le magazine </span></span><a href="https://www.womenshealthmag.com/sex-and-love/reasons-guys-watch-porn"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">Women’s Health</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
tient un discours semblable. Son chroniqueur masculin explique aux
femmes que les hommes sont biologiquement programmés pour être « excités
par stimulation visuelle ». En outre, du fait que les hommes ont un
devoir de procurer des orgasmes aux femmes au lit (si seulement c’était
vrai !), la pornographie leur procure un peu de temps et d’espace « rien
que pour eux ». Les hommes recherchent le plaisir de leur partenaire
« en lisant le langage corporel des femmes, en s’assurant que leur pic
de jouissance ne survient pas trop tôt et en retenant toutes leurs
fonctions biologiques peu sexy ». Par conséquent, la pornographie
procure aux hommes « un plaisir coupable aussi passif que le fait de
regarder une série télévisée (mais en nu, vous voyez le tableau ?) ».
Les femmes devraient comprendre que le « porno complète la sexualité de
leur couple, sans la remplacer ». </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Lorsqu’un
« bon gars », comme un père de famille, un mari ou un médecin se
masturbe devant de la pornographie, est-il mû par la biologie ou par le
patriarcat ? La doctrine naturaliste charrie un discours bien connu,
extrapolé de la théorie de l’évolution de Darwin. On prétend que les
hommes de l’Antiquité étaient des risque-tout, dotés d’une
prédisposition biologique à la promiscuité et à la fécondation de
plusieurs partenaires ; dans ce scénario, les femmes de l’Antiquité se
comportaient avec plus de psychologie, en se concentrant sur la
monogamie, la construction d’un foyer et les soins à leur progéniture.
Toujours selon cette doctrine, la combinaison de ces caractéristiques
des hommes et des femmes a assuré la réussite de l’humanité au fil de
l’évolution.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_983700255&feature=iv&src_vid=_mYeZ9by-eM&v=n691pLhQBkw"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">Steven Pinker</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,
un psychologue cognitif plutôt progressiste, qui se qualifie de
féministe, est un chantre respecté de cette doctrine de l’évolution. Il
affirme volontiers que des conséquences de l’évolution comme
l’agressivité des hommes et l’intelligence émotionnelle des femmes ne
devraient pas </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i>édicter</i></span></span><i> </i><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">les règles d’organisation</span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
des relations sociales. Non, non, non… Dans la démocratie libérale du
XXIe siècle et en vertu du principe d’égalité des sexes, personne ne
devrait cautionner, soutenir ou prescrire une attitude prédatrice des
hommes. Néanmoins, Pinker préconise qu’une réflexion logique et
objective (comme la sienne) nous amène à reconnaître les fondements
évolutionnistes de certains comportements. Les féministes de mon espèce
peuvent dénoncer le patriarcat jusqu’à en perdre haleine, il demeure,
selon lui, que les fondamentaux factuels de la théorie de l’évolution
forment un enchaînement inéluctable de répercussions sur les cerveaux et
le comportement des humains d’aujourd’hui. En quoi le simple constat de
conclusions scientifiques objectives serait-il sexiste ?</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Mais, cette théorie de l’évolution est-elle vraiment issue de la science ?</span></span> « <span style="font-size: small;">Non », répond </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=wZLO5wuYz-4"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">Cordelia Fine</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,
professeure d’histoire et de philosophie des sciences. Elle reproche
aux psychologues, biologistes et neuroscientifiques adeptes de la
théorie de l’évolution de manquer cruellement de pensée rationnelle et
d’objectivité, à un point qui ferait se retourner Darwin dans sa tombe.
En effet, ces scientifiques substituent le genre au sexe et
essentialisent le genre comme une « catégorie naturelle » (c’est-à-dire
biologique, fixe, distincte et invariante, indépendamment de l’époque et
du lieu). Ce faisant, ils interprètent la théorie de l’évolution
« complètement de travers ».</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Dans son</span></span><a href="http://books.wwnorton.com/books/Testosterone-Rex/"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"> plus récent ouvrage</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,
Fine crée le néologisme de « Testostérone Rex » pour dépeindre le mythe
qui amalgame les prétentions au sujet de l’évolution, des cerveaux, des
hormones, des chromosomes et du comportement genré. </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Ce livre, </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i>Testosterone Rex</i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,</span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
propose une explication convaincante des inégalités persistantes et qui
paraissent insurmontables entre les sexes dans la société. Jeter aux
orties ce mythe du Testostérone Rex comme cadre explicatif permet de
mettre en lumière d’autres hypothèses, qui dressent un tableau plus
complexe. L’analyse de Cordelia Fine n’exige pas de nier la théorie de
l’évolution, les différences sexuelles ou la biologie – bien au
contraire !</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">En
effet, les conseils contemporains de santé sexuelle transpirent un
scientisme traditionnel, et non la science. Sous couvert d’objectivité,
les propos du </span></span><a href="http://www.mermaidsuk.org.uk/assets/media/GIRES%20doh-children-and-adolescents.pdf"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">UK National Health Service</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
alimentent la tendance « cerveau rose, cerveau bleu » qui s’est emparée
de l’imaginaire collectif. Elle présuppose et contribue donc à bâtir ce
que la science devrait remettre en cause selon Fine, à savoir, cette
croyance que les garçons et les filles, les hommes et les femmes forment
</span></span><a href="http://www.cambridgescholars.com/transgender-children-and-young-people"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">deux espèces distinctes</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">, non seulement dans leurs capacités reproductives, mais aussi dans leurs inclinations, leurs compétences et leurs désirs.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">En </span></span><a href="http://www.feministcurrent.com/2017/02/22/podcast-academia-pop-culture-body-hair-porn-culture-permeated-almost-every-aspect-lives/"><span style="font-size: small;">endossant la consommation de pornographie</span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,</span></span> <span style="font-size: small;">l’histoire de la médecine aussi repose sur la construction de genres différenciés</span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">. L’association caritative </span></span><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"><a href="https://www.brook.org.uk/">Brook</a> </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">qui s’occupe de santé sexuelle illustre parfaitement la généralisation de cette doctrine.</span></span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=eh2-_u76RIw"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"> Hannah Witton</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,
sa joyeuse ambassadrice insolente et très à l’aise avec les médias,
recommande aux jeunes femmes, à l’ère de l’égalité des chances, de
prendre part, elles aussi, aux plaisirs du sexe. Elle invite les jeunes
femmes à reconnaître les bienfaits de la pornographie : regarder des
ébats sexuels est excitant et le plaisir sexuel est une bonne chose,
affirme-t-elle. Witton nous explique que « la consommation de porno
devrait être séparée de sa production », car cette dernière relève d’une
« tout autre conversation » (conversation qu’elle n’aborde jamais).
Elle recommande à celles d’entre nous qui s’interrogeraient sur le sens
politique de cette consommation de ne pas condamner la pornographie,
mais de « garder un esprit ouvert sans humilier personne ».</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Cependant,
la pornographie en soi, tant dans sa production que dans sa
consommation, ne fait justement rien d’autre que d’humilier les femmes.
Prenons l’une des figures les plus orthodoxes, répandues et qui figure
peut-être parmi les moins violentes de la pornographie contemporaine :
une femme giflée, tirée par les cheveux et soumise à une pénétration
anale en se faisant traiter de « salope ». Ou réfléchissons à une autre
représentation courante : une femme à genoux entourée d’hommes lui
faisant subir une pénétration orale à tour de rôle jusqu’à ce qu’elle
s’étrangle et que le maquillage de ses yeux et le sperme éjaculé
ruissellent sur son visage. En Occident, la pornographie s’est inscrite
dans le sillage de la religion en désignant les femmes comme appartenant
à deux catégories : celles que les hommes doivent respecter (épouses,
partenaires, mères, sœurs et filles) et les autres, les « putes »
(mères, sœurs ou filles de quelqu’un d’autre), que les hommes peuvent
légitimement violer et abuser sexuellement par le biais de la
pornographie (et de la prostitution).</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Certains
soi-disant « progressistes » préfèrent dépolitiser leur consommation de
pornographie en présentant leurs désirs comme une pulsion naturelle et
en adoptant, au moins en public, le terme aseptisé de « travailleuses du
sexe ». Cependant, la pornographie incarne le legs renié de l’idéologie
chrétienne et des récits anciens sur Adam et Ève ; c’est loin d’être
une façon d’y échapper, contrairement à ce que clament les pornographes
et leurs défenseurs.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://www.amazon.co.uk/Pornland-How-Porn-Hijacked-Sexuality/dp/0807001546/ref=reader_auth_dp"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">Gail Dines</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">, sociologue et fondatrice de l’organisation</span></span><a href="http://www.culturereframed.org/"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"> Culture Reframed</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">,
soutient qu’en faisant la promotion de la pornographie comme facteur de
santé sexuelle, les recommandations médicales se mettent finalement au
service d’une puissante industrie. Le monde de la pornographie a un
intérêt financier à occulter les ravages imposés à la santé physique et
psychologique de ses actrices et, en fait, à nombre de ses
consommateurs, notamment les enfants et les jeunes. Et dès que la
légalité de ses pratiques est mise en cause, l’industrie ressort la
grosse artillerie : The Free Speech Coalition (Coalition pour la liberté
d’expression).</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">The
Free Speech Coalition, créée en 1991 et largement subventionnée par
ladite industrie, défend celle-ci dans les contentieux et lui fournit ce
que Gail Dines décrit comme : « une image socialement responsable » en
l’inscrivant dans le cadre de la « liberté d’expression ». Mais quelle
liberté d’expression les pornographes et la législation autorisent-ils
ou entravent-ils ? La pornographie reflète un pouvoir sexuel masculin
ancré dans l’histoire, mais livre désormais son message grâce à la
technologie numérique et à un renversement ironique digne de la </span></span><a href="https://medium.com/@GappyTales/you-aint-no-feminist-bruv-the-battle-for-feminism-6a6df0fb2461"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">novlangue de George Orwell</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">. Larry Flynt et Hugh Hefner, des pornographes devenus milliardaires en exploitant des femmes, baignent dans leur </span></span><a href="https://twitter.com/spikedonline/status/913877261836783616"><span style="font-size: small;">autopromotion</span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
et dans celle de soi-disant progressistes, comme défenseurs de
l’égalité des sexes et de la liberté d’expression, chère à Brendan
O’Neill, pour avoir libéré les femmes de la domination sexuelle
masculine.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">En
fait, Testostérone Rex règne sur les tournages de films pornos et dans
les salles de casting de Hollywood. Il existe surtout dans l’imagination
sexuelle collective, convoquée aussi bien sur les images pornos des
écrans d’ordinateur familiaux des maris, pères et médecins que sur les
écrans d’ordinateur parlementaires de nos politiciens et commentateurs
sociaux.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Joanna Williams, une autre chroniqueuse de </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i>Spiked</i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">, </span></span><a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/01/30/il-est-temps-de-cesser-dinvoquer-une-theorie-regressive-de-levolution-pour-justifier-la-chosification-sexuelle-des-femmes/#.Wgb8zbacZEI"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">affirme</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
que « le féminisme a longtemps monté les hommes contre les femmes.
Toutefois, il dresse de plus en plus les femmes l’une contre l’autre. »
Elle intente au féminisme un faux procès, en prétendant que les
féministes culpabilisent « les femmes qui refusent de les rejoindre dans
un discours victimaire ». Cette vision réductrice occulte la réalité,
l’histoire et l’objet du féminisme en tant qu’analyse politique sérieuse
qui prend en considération les conditions sociales des femmes et des
hommes depuis deux siècles. L’analyse féministe actuelle de la parole
des femmes ne monte pas les hommes contre les femmes ni les femmes entre
elles, en termes d’intérêts collectifs. De plus, cette analyse est
nettement plus optimiste envers la capacité éthique des hommes qu’ils ne
le sont eux-mêmes.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Le
féminisme affirme en effet que le règne de Testostérone Rex n’a rien
d’inéluctable, comme pourrait le démontrer la confrontation avec le
pouvoir patriarcal sexualisé. Ce dinosaure pourrait même très vite se
dessoufler, si nous cessions collectivement de voir en lui une figure
naturelle. Les femmes qui dénoncent collectivement l’omniprésence du
comportement prédateur des hommes dans la campagne </span></span><a href="http://www.feministcurrent.com/2017/10/30/metoo-bold-demonstration-reality-male-violence-women-next/"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;">#MeToo</span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"> ne se présentent pas en faibles victimes, contrairement à ce qu’</span></span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=LgopE_fdgbk&index=1&list=PLUW304lJeu3Wq792ZuY62Cq7gWzbygo5F&t=1s"><span style="font-size: small;">affirme</span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">
Joanna Williams. Elles expriment au contraire la vérité sur la
socialisation masculine et sur le pouvoir dans un monde patriarcal. Si
nous respectons sincèrement la liberté d’expression, l’égalité des
sexes, une justice équitable et un accès réel des hommes et des femmes
aux recours juridiques, nous devons en finir avec Testostérone Rex et
reléguer aussi son fidèle compagnon « scientifique » aux archives du
patriarcat.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;">Souvenons-nous
que les premières chasses aux sorcières, dont Brendan O’Neill évoque le
symbole pour diaboliser la campagne #MeToo, ont été perpétrées par des
hommes contre des femmes (et une minorité d’hommes) dont le discours
allait à l’encontre des idées orthodoxes et patriarcales. En tant que
femmes, ignorons les allégations de « chasse aux sorcières » lancées par
des hommes (et certaines femmes) pour devenir plutôt des agentes
actives et efficaces. Refusons de préserver les secrets sexuels des
hommes, faisons vigoureusement changer la honte de camp. Au nom de la
justice naturelle, de la liberté sexuelle et de la liberté tout court,
exerçons notre droit de liberté d’expression et rugissons haut et fort
ensemble : </span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i>« </i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i><b>Plus jamais !</b></i></span></span><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><i> »</i></span></span></div>
<span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i>Madame
Heather Brunskell-Evans, Ph. D., est autrice, sociologue, philosophe et
directrice de recherche au King’s College, à Londres. Avant d’en être
« purgée », elle était jusqu’au 20 février porte-parole nationale de la
politique visant à éradiquer les violences envers les femmes et les
enfants du <strong>Women’s Equality Party</strong>, administratrice du mouvement </i></span></span></span><a href="https://filia.org.uk/"><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i>FiLia</i></span></span></span></a><span style="color: #545353;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i> et cofondatrice de l’organisation <strong>Resist Porn Culture</strong>.<br />
Elle vient de publier un nouveau livre intitulé : </i></span></span></span><a href="https://www.researchgate.net/publication/313479073_Born_In_Your_Own_Body_Transgender_Children_and_Young_People"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i>Born In Your Own Body: Transgender, Children and Young People</i></span></span></a><span style="color: #00d1b0;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i>. </i></span></span></span><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA"><i>(Né·e dans ton propre corps : enfants et ados transgenres.</i></span></span><i> </i><span style="font-size: small;"><span lang="fr-CA">Non encore traduit en français – On en trouvera le résumé traduit au <span style="color: red;"><a href="http://bit.ly/2om6rAH" rel="nofollow">http://bit.ly/2om6rAH</a></span> )</span></span><br />
Version originale : <a href="http://www.feministcurrent.com/2017/11/15/time-stop-using-regressive-evolutionary-theory-justify-mens-sexual-objectification-women/">http://www.feministcurrent.com/2017/11/15/time-stop-using-regressive-evolutionary-theory-justify-mens-sexual-objectification-women/</a><br />
<br />
Traduction : <a href="https://tradfem.wordpress.com/2018/01/30/il-est-temps-de-cesser-dinvoquer-une-theorie-regressive-de-levolution-pour-justifier-la-chosification-sexuelle-des-femmes/#.WgbWDLacZEI" target="_blank"><strong>TRADFEM</strong></a><br />
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-69733172485795860892019-04-09T11:59:00.000-07:002019-04-09T11:59:14.472-07:00Le féminisme ne se réduit pas à une question de « choix »<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj05hTvDUCZMWUYDxSEJMAN5b4sx4Rj009z4GIym5QVm9L026oimoEv_duygmT97fgQn-1y0kDDNvQF5hCkyzhlIh47n0_sttoAdDmhwqGMMwfMkg91032ww3bO9eZV_UgKzn6t65vOrO9K/s1600/image-20150428-18170-1xdy4cx.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="484" data-original-width="700" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj05hTvDUCZMWUYDxSEJMAN5b4sx4Rj009z4GIym5QVm9L026oimoEv_duygmT97fgQn-1y0kDDNvQF5hCkyzhlIh47n0_sttoAdDmhwqGMMwfMkg91032ww3bO9eZV_UgKzn6t65vOrO9K/s320/image-20150428-18170-1xdy4cx.jpg" width="320" /></a></div>
<a href="https://theconversation.com/no-feminism-is-not-about-choice-40896" rel="noopener" target="_blank"><strong>par Meagan Tyler</strong></a><br />
<br />
<div style="text-align: center;">
<em>‘<span lang="fr-FR">Le féminisme individualiste et néo libéral ne vous demande rien de vous n’offre rien en retour. » photo de </span><span lang="fr-FR">Floriane Legendre</span></em></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Le
féminisme est de nouveau à la mode. Alors que la pression pour
s’approprier ce mot en F (« the f-word) s’est intensifiée, les
personnalités publiques, les entreprises et les principaux médias ont
propulsé une version convenue du féminisme dans la conscience populaire.
Il s’agit d’un féminisme qui ne parle jamais de la libération des
femmes, mais préfère opter pour une célébration du « choix ».</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Lisez
presque n’importe quel article en ligne sur le féminisme et vous verrez
bientôt les commentaires se transformer en un débat sur « le choix ». Il
importe peu quel est le sujet de départ, les gens reformulent
rapidement le problème comme une question d’autonomisation des femmes et
de leur droit de choisir. Ce procédé autorise une diversion pour éviter
de parler des structures de pouvoir plus larges et des normes sociales
qui limitent les femmes, de différentes façons, tout autour du monde.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Mars 2015 fut important pour ce féminisme axé sur la notion de « choix » (</span><a href="http://www.salon.com/2014/09/01/the_crisis_of_bad_feminism_is_worse_than_you_think/" rel="noopener" target="_blank">choice feminism</a><span lang="fr-FR">). </span><span lang="fr-FR">À la fin du mois, le magazine de mode Vogue a lancé en Inde la vidéo « </span><span lang="fr-FR">Mon choix »</span><span lang="fr-FR"> dans le cadre de sa campagne « </span><span lang="fr-FR">Vogue Empower »</span><span lang="fr-FR">, réduisant littéralement l’autonomisation des femmes à une série de choix.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">La vidéo est devenue virale et, comme la journaliste Indienne <a href="http://qz.com/372373/deepika-padukones-video-for-vogue-is-not-empowering-its-hypocritical/">Gunjeet Sra</a> l’a fait remarquer</span><span lang="fr-FR">,</span><span lang="fr-FR">
l’hypocrisie de cette « industrie qui repose sur le fétichisme,
l’objectivation et le renforcement des normes sexistes de beauté pour
les femmes », faisant supposément la promotion du féminisme, est
largement passée inaperçue.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Cette
marque néo libérale de ce féminisme du « choix » a ensuite été suivie
d’une conclusion « logique » et absurde lorsqu’un candidat
libéral-démocrate aux élections britanniques a essayé </span><a href="http://www.dailymail.co.uk/news/article-3034312/The-married-Lib-Dem-feminist-drunken-strip-club-night-temptation-caught-camera.html"><span lang="fr-FR">de s’expliquer</span></a><span lang="fr-FR">
sur un enregistrement embarrassant de lui dans un strip club de
« danseuses » par cette idée du « choix des femmes ». Apparemment, tout
cela faisait partie de sa « mission </span><a href="http://www.camdennewjournal.com/Maajidstatement" rel="noopener" target="_blank">féministe »</a><span lang="fr-FR"> pour </span><span lang="fr-FR">aider ces femmes « à être autonomes dans les choix judicieux qu’elles font, et non pas de juger les choix qu’elles font ».</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Même Playboy a récemment décidé </span><span lang="fr-FR">d’intervenir </span><span lang="fr-FR">dans
les subtilités de la théorie féministe et s’est prononcé en faveur du
droit des femmes à être soumises au regard pornographique. Ce qui, bien
sûr, s’inscrit très bien dans leur propres intérêts commerciaux.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Ce sont des incidents comme ceux-ci, ainsi que des arguments éculés à savoir si <a href="http://www.salon.com/2013/05/22/actually_beyonce_is_a_feminist_partner/">Beyoncé</a> est une féministe </span><span lang="fr-FR">ou si les hommes politiciens devraient porter des T-shirts avec le slogan « voici à quoi ressemble un féministe » (</span><a href="http://www.theguardian.com/world/2014/oct/27/david-cameron-feminist-t-shirt-refusal" rel="noopener" target="_blank">This is What a Feminist Looks Like</a><span lang="fr-FR">)</span><span lang="fr-FR"> qui ont inspiré une nouvelle <a href="http://www.readings.com.au/event/book-launch-the-freedom-fallacy" rel="noopener" target="_blank">collection</a> d’écrits féministes </span><span lang="fr-FR">:</span><span lang="fr-FR"> l’Illusion de la liberté : Les limites du féminisme libéral.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Dans
ce livre dont je suis la coéditrice, 20 d’entre nous élaborons ce propos
sur différents sujets qui font partie du paysage du féminisme « du
choix » : De la pornographie et la prostitution aux mutilations
génitales, des magazines pour femmes et du mariage à la violence
sexuelle, etc. Bien que partant de perspectives différentes, nous sommes
toutes critiques de l’idée selon laquelle ‘le choix’ devrait être
l’ultime arbitre de la liberté des femmes.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Beaucoup
d’entre nous affirmons que l’accroissement de ce pop-féminisme est en
fait plus insidieux que le laisse entendre l’amusement que l’on peut
avoir envers l’extrême ineptie du slogan absurde « Je choisis mon
choix » (</span><a href="http://sfonline.barnard.edu/hbo/montemurro_02.htm" rel="noopener" target="_blank">I choose my choice</a><span lang="fr-FR">).</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR"><strong>Tout
d’abord, les arguments du ‘choix’ sont fondamentalement faussés car ils
supposent un état de liberté absolue pour les femmes qui n’existe tout
simplement pas. Oui, nous faisons des choix, mais ceux-ci sont façonnés
et contraints par l’inégalité des conditions dans lesquelles nous vivons
toutes.</strong> Il ne serait logique de célébrer sans critique le ‘choix’ que dans un monde post-patriarcal.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR"><strong>Deuxièmement,
l’idée que plus de choix équivaut automatiquement à plus de liberté,
est un mensonge. Il s’agit essentiellement de vendre le néolibéralisme
avec un zeste de féminisme.</strong> Oui, maintenant les femmes peuvent
par exemple travailler ou rester à la maison si elles ont des enfants,
mais ce ‘choix’ est assez restreint quand « élever les enfants »
continue à être considéré comme un ‘travail de femmes’, alors qu’il n’y a
pas suffisamment de soutien d’État pour la garde des enfants et quand
les femmes sans enfant sont décriées comme étant égoïstes</span><span lang="fr-FR">. </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<strong><span lang="fr-FR">Troisièmement, l’accent mis sur « le choix des femmes » comme étant le summum du féminisme a entraîné un climat </span><span lang="fr-FR">pervers de condamnation des victimes et une distraction des vrais problèmes auxquels font toujours face les femmes. </span></strong><span lang="fr-FR">Si
vous n’êtes pas satisfaite de la façon dont vont les choses, il ne faut
pas accuser la misogynie et le sexisme, l’écart de rémunération, les
rôles figés de genre, le manque de représentation dans les conseils
d’administration et au parlement, ou une épidémie de violence contre les
femmes. Vous n’avez que vous à blâmez. Vous avez évidemment fait de
mauvais choix.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Comme le souligne la sociologue Natalie Jovanovski dans son chapitre de </span><a href="http://www.academia.edu/11364148/Freedom_Fallacy_The_limits_of_liberal_feminism"><span lang="fr-FR">Freedom Fallacy</span></a><span lang="fr-FR">,</span><span lang="fr-FR"> il n’est pas surprenant que ce genre de féminisme libéral ait pris autant d’importance. <strong>En privilégiant les choix individuels par-dessus tout, le statu quo n’a pas à être contesté.</strong> </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<strong><span lang="fr-FR">Il n’exige pas d’importants changements sociaux, et il sape de manière efficace l’appel à l’action collective. </span></strong><span lang="fr-FR">Fondamentalement, il ne vous demande rien et ne vous offre rien en retour.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR"><strong>Au
lieu d’une résistance, nous voyons maintenant des activités qui étaient
autrefois considérées comme les archétypes de la subordination des
femmes être présentés comme des choix personnels libérateurs.</strong> Le harcèlement sexuel a été reformulé comme une plaisanterie inoffensive </span><span lang="fr-FR">pouvant être apprécié par les femmes. Le mariage est reconstruit comme une manifestation pro-féministe. </span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">La labioplastie est perçue comme une amélioration esthétique</span> <span lang="fr-FR">utile à l’estime de soi. La pornographie est </span><a href="http://www.feministpress.org/books/feminist-porn-book"><span lang="fr-FR">rebaptisée</span></a><span lang="fr-FR"> ‘émancipation sexuelle’. L’objectivation est la nouvelle autonomie (</span><a href="http://thesocietypages.org/socimages/2012/07/02/sexual-objectification-part-1-what-is-it/" rel="noopener" target="_blank"> » empowerment »</a><span lang="fr-FR">)</span><span lang="fr-FR">.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Au
lieu de proposer une vision pour un avenir plus juste et équitable, nous
restons au niveau des discussions introspectives et inutiles, à savoir
si les femmes sont individuellement de bonnes ou de ‘mauvaises’
féministes. Ou dans ce que la journaliste Sarah Ditum a appelé le jeu du
« pouvez-vous être féministe et … » (</span><a href="http://www.newstatesman.com/politics/2015/04/nice-try-maajid-nawaz-you-didn-t-go-lapdancing-club-because-you-re-feminist" rel="noopener" target="_blank">can you be a feminist and …</a><span lang="fr-FR">)</span><span lang="fr-FR">.
Comme si la véritable question de l’évolution de la situation des
femmes était de savoir si oui ou non nous pouvons correspondre à un
idéal imaginaire du féminisme.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<strong><span lang="fr-FR">L’individualisation
de ce « féminisme » du « choix » est si répandue que lorsque des femmes
critiquent certaines industries, institutions ou constructions
sociales, elles sont souvent accusées d’attaquer les femmes qui y
participent. L’importance d’une analyse structurelle a été presque
complètement perdue dans cette compréhension populaire du féminisme.</span></strong></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<strong><span lang="fr-FR">À
titre de comparaison, il semble tout à fait ridicule de penser qu’en
faisant une critique du capitalisme, un marxiste attaque les salariés.
Il serait de même très étrange de penser que ceux qui critiquent Big
Pharma détestent les gens qui travaillent dans les entreprises
pharmaceutiques. Ou que ceux qui remettent en question notre dépendance à
l’égard de la restauration rapide ont quelque chose contre les jeunes
qui travaillent derrière les comptoirs des McDonald’s.</span></strong></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">Finalement, la promotion du ‘choix’ et le mythe d’une <a href="http://www.beatrixcampbell.co.uk/books/end-of-equality-manifestos-for-the-21st-century/" rel="noopener" target="_blank">égalité</a> déjà atteinte </span><span lang="fr-FR">ont <strong>entravé notre capacité</strong> de contester les institutions mêmes qui maintiennent les femmes en arrière. Mais, <strong>le combat n’est pas terminé.</strong></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<span lang="fr-FR">De
nombreuses femmes réaffirment que le féminisme est un mouvement social
nécessaire à l’égalité et à la libération de toutes les femmes, pas
seulement une question de « choix « pour certaines.</span></div>
<div align="JUSTIFY" style="text-align: justify;">
<em><span lang="fr-FR">L’Illusion de la liberté : Les limites du féminisme néo libéral </span><span lang="fr-FR">a été </span><a href="http://feministcurrent.com/11182/on-being-a-feminist-killjoy/" rel="noopener" target="_blank">lancé</a> <span lang="fr-FR">en Australie en mars 2015. Il est également disponible </span><a href="http://www.bookdepository.com/Freedom-Fallacy/9781925138542" rel="noopener" target="_blank">disponible</a> <span lang="fr-FR">à l’échelle internationale.</span></em></div>
*<em>Dr Meagan Tyler PHD, est <a href="http://rmit.academia.edu/MeaganTyler" rel="noopener noreferrer" target="_blank">enseignante-chercheuse à l’Université RMIT</a>
de Melbourne, Australie. C’est une spécialiste reconnue
internationalement dans le champ des études du genre et de la sexualité.
Elle est l’autrice de <a href="http://www.academia.edu/927863/Selling_Sex_Short_The_pornographic_and_sexological_construction_of_womens_sexuality_in_the_West" rel="noopener noreferrer" target="_blank">Selling Sex Short: The pornographic and sexological construction of women’s sexuality in the West</a> (non traduit) et a codirigé l’ouvrage <a href="https://www.amazon.com/FREEDOM-FALLACY-LIMITS-LIBERAL-FEMINISM/dp/1925138542/ref=sr_1_2?s=books&ie=UTF8&qid=1427255355&sr=1-2" rel="noopener noreferrer" target="_blank">Freedom Fallacy: The Limits of Liberal Feminism</a> (non traduit). </em><br />
<em>Suivez-la sur Twitter :<a href="https://twitter.com/DrMeaganTyler" rel="noopener noreferrer" target="_blank"> https://twitter.com/DrMeaganTyler</a></em><br />
Ses autres articles que nous avons traduits : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/meagan-tyler/" rel="noopener" target="_blank">https://ressourcesprostitution.wordpress.com/tag/meagan-tyler/</a><br />
<br />
TRADUCTION : <a href="https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2017/12/30/le-feminisme-ne-se-reduit-pas-a-une-question-de-choix/" target="_blank">Claudine G. pour le Collectif Ressources Prostitution.</a><br />
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-23150469250562658702019-03-23T14:44:00.000-07:002019-03-23T14:44:26.495-07:00Collectif « Avortement en Europe, les femmes décident ! »
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjx3RZ34hO3TaFs_R-Z6pDLu00pgSOZBvyNH6HTjvNDtPZC1sptdWmhjlBOxokP1B_hJfbqBSQkNQOSCBSpgW9bCiV9E5nkl9-GoKUpkMoBZYFD7xrpBbhFd1OXWuvArTqMYuD69B-BWps8/s1600/avortement.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="700" data-original-width="700" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjx3RZ34hO3TaFs_R-Z6pDLu00pgSOZBvyNH6HTjvNDtPZC1sptdWmhjlBOxokP1B_hJfbqBSQkNQOSCBSpgW9bCiV9E5nkl9-GoKUpkMoBZYFD7xrpBbhFd1OXWuvArTqMYuD69B-BWps8/s200/avortement.jpg" width="200" /></a></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><b>COMMUNIQUÉ
de PRESSE</b></span></span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><b>Pour
la suppression de la double clause de conscience </b></span></span>
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: medium;"><b>dans
la loi de 1975 !</b></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">La
clause de conscience spécifique sur l'avortement a été
instaurée par la loi de 1975 : Article L2212-8 du Code de la
Santé Publique qui stipule qu'« un médecin n'est jamais tenu
de pratiquer une interruption volontaire de grossesse, mais il doit
informer, sans délai, l'intéressée de son refus et lui communiquer
immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette
intervention »</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Cette
clause a servi, sous forme de compromis, à faire «passer» en 1975,
la loi sur l'avortement, vu les farouches oppositions exprimées à
l'époque.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Il
existe aussi une clause de conscience générale à tous
les médecins : « Hors le cas d'urgence et celui où il
manquerait à ses devoirs d'humanité, un médecin a le droit de
refuser ses soins pour des raisons professionnelles ou
personnelles. » Article R4127-47 du Code de la Santé Publique.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">On
constate donc que l'IVG est considérée comme un acte médical à
part puisque justifiant d'une clause de conscience spécifique.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Nous
ne sommes plus en 1975 où il a fallu arracher le droit à
l'avortement par une lutte acharnée. L'IVG, malgré les nombreux
obstacles dressés, est devenue une pratique courante. En 2014, un
sondage IFOP montrait que 75% des Français.e.s étaient pour
l'avortement.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">Il
est donc largement temps de supprimer cette double clause de
conscience spécifique d'un autre âge,</span></span><span style="color: red;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">
</span></span></span><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">tout
en maintenant l'obligation de communiquer le nom d'autres praticiens.</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;">C'est
pourquoi, nous, Collectif "Avortement en Europe, les femmes
décident !", nous soutenons et soutiendrons toutes les
initiatives parlementaires allant dans ce sens.</span></span></div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Comic Sans MS, cursive;"><span style="font-size: x-small;"><b>Pour
contacter le Collectif</b></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Comic Sans MS, cursive;"><span style="font-size: x-small;">Danièle
Gaudry : 06 60 95 50 77 ; gaudry.danielle-simone@orange.fr></span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Comic Sans MS, cursive;"><span style="font-size: x-small;">Suzy
Rojtman : 06 61 83 12 56 ;
collectifdroitsdesfemmes@gmail.com</span></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Comic Sans MS, cursive;"><span style="font-size: x-small;">Nelly
Martin : 06 80 63 95 25 ; mail : </span></span><span style="color: blue;"><u><a href="mailto:marchfem@rezisti.org"><span style="font-family: Comic Sans MS, cursive;"><span style="font-size: x-small;">marchfem@rezisti.org</span></span></a></u></span></div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: small;"><b>Le
Collectif "Avortement en Europe, les femmes décident ! "
comprend : </b></span></span>
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">Alliance
des Femmes pour la Démocratie, Alternative et autogestion,
Alternative Libertaire, Assemblée des Femmes, Association La Case
Bordeaux, Association Nationale des Centres d'IVG et de
Contraception, Association Nationale des Etudes Féministes,
Association Pan-africaniste des droits civiques des femmes,
Association Pleiraa Grenoble, Association Pour l'Initiative Autonome
des Femmes Toulouse, Association Rue'L, Attac France, Attac
Toulouse, Bagdam Espace lesbien Toulouse, Caféministe 26/07, Centre
de conseil familial de Nouméa, CFDT, CGT, CGT Santé et Action
sociale, Chiennes de Garde ,</span></span></span></span><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">Collectif
CIVG Tenon, </span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">Collectif
National pour les Droits des Femmes, Collectif 13 Droits des Femmes ,
Collectif 84 Droits des Femmes</span></span></span></span><span style="color: #0100ff;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">, </span></span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">
Collectif Midi-Pyrénées pour les Droits des Femmes, Collectif
Fary Koumba, Collectif des Polonais à l'étranger Democracy is OK,
Commission féministe Europe Ecologie Les Verts, Coordination des
Associations pour les Droit à l'Avortement et la Contraception,
Coordination Lesbienne en France, Coordination nationale des Comités
de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Coordination
pour le Lobby Européen des Femmes, Elles sans Frontières, Emission
Femmes libres sur Radio Libertaire, « Encore féministes ! »,
Les effronté-es, Ensemble !, Europe solidaire sans frontières
(ESSF), Fasti, Fédération Nationale des Centres d’Information
sur les Droits des femmes et des Familles, Fédération SUD Santé
Sociaux, FEMEN, Femmes contre les intégrismes, Femmes Egalité,
Femmes Solidaires, Féministes Insoumises, Féministes pour une
autre Europe, FièrEs, France Grèce Solidarité, FSU, FSU 13, LIbres
MarianneS, Ligue du droit international des Femmes , Ligue
Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (LIFPL),
Marche Mondiale des Femmes, Marche Mondiale des Femmes 26/07, Marche
Mondiale des Femmes Midi-Pyrénées, Marche Mondiale des Femmes
PACA, Marche Mondiale des Femmes 22, Mouvement de l’Economie
solidaire, Mouvement Ecolo, Mouvement Jeunes Communistes de France,
Mouvement Jeunes socialistes Paris, Nous d’abord Pologne, NPA,
Nuit Féministe, Osez le Féminisme, Parti Socialiste, PCF, </span></span></span></span><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">Le
Planning Familial, Le Planning Familial 35</span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-family: Trebuchet MS, sans-serif;"><span style="font-size: x-small;"><span style="font-weight: normal;">,
Regards de Femmes, Réseau féministe 37, Réseau Féministe «
Ruptures », Réseau Syndical international de Solidarité et de
Luttes, REVHO Réseau Entre la Ville et l'Hôpital pour
l'Orthogénie, Sauvons l’Europe, SKB Union des Femmes socialistes
Turquie, SNPES-PJJ-FSU, SNES-FSU, SNUEP-FSU, SNUipp-FSU 13, SNUASFP
FSU, Solidaires31 , SOS Sexisme, SUD éducation Nord, SUD Santé
Sociaux, SUD santé Sociaux 31, « Tou.te.s Contre les Violences
Obstétricales et Gynéco » , UNEF, Union syndicale de la
Psychiatrie, Union Syndicale Solidaires, Zeromacho, </span></span></span></span>
</div>
<div align="LEFT" style="line-height: 0.18cm; margin-top: 0.42cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br /><br />
</div>
<div align="JUSTIFY" style="margin-bottom: 0cm; orphans: 0; widows: 0;">
<br />
</div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-24935912551585240532019-03-12T03:50:00.000-07:002019-03-12T03:50:05.916-07:00Kate Millett, vue par Andrea Dworkin<br />
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">"Kate Millett est née en 1934 à St Paul, dans le
Minnesota et est décédée à Paris le 6 septembre 2017. Diplômée de
l’Université du Minnesota en 1956, elle a travaillé comme professeure
d’anglais au Barnard College et en tant que sculptrice. Elle a obtenu
son doctorat à l’université de Columbia en 1970 et écrit une série de
livres féministes radicaux, y compris des traités politiques et
culturels et une autobiographie. Elle a réalisé le film Three Lives
(1971) et a été active en politique féministe, militant pour l’Equal
Rights Amendment aux États-Unis et pour les droits des femmes en Iran.
Elle a vendu des arbres de Noël produits dans sa ferme et y a dirigé une
résidence d’artistes. Son livre principal a été La politique du mâle
(1970). Elle est réapparue sur la scène internationale avec The Politics
of Cruelty (1994), une enquête sur l’usage de la torture à travers le
monde. Parmi ses œuvres plus personnelles figurent Sita (1977), une
histoire d’amour lesbienne, et Mother Millett (2001), le récit des
dernières années de sa mère."</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Extrait d’une anthologie de Dworkin, traduite par la
collective TRADFEM, à paraître cet automne aux Éditions du remue-ménage
et Syllepse</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtJmGB1Pp7q7qOMxfqGgcRx7GVxMOhUtRLPfnXkVk1Sa4cH-p4ADKKnr2nb2ID3eISP1z3I6LIwrg_5p4NvwckthlfoK1-frupkDlZo5lSfZZCOHqDV7KcFVWyFf5b7cWIe6g1M1p7NltI/s1600/11-16941.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="457" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtJmGB1Pp7q7qOMxfqGgcRx7GVxMOhUtRLPfnXkVk1Sa4cH-p4ADKKnr2nb2ID3eISP1z3I6LIwrg_5p4NvwckthlfoK1-frupkDlZo5lSfZZCOHqDV7KcFVWyFf5b7cWIe6g1M1p7NltI/s320/11-16941.jpg" width="228" /></a></span></div>
<big><br />
<span style="font-size: small;">[Original accessible ici : « Dworkin on Millett » – <a class="spip_url spip_out auto" href="http://www.newstatesman.com/node/145869" rel="nofollow external">http://www.newstatesman.com/node/145869</a> ]</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Andrea Dworkin</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Le monde dormait et Kate Millett l’a réveillé. Betty
Friedan avait écrit sur un problème qui n’avait pas de nom. Kate Millett
a nommé, illustré, exposé et analysé ce problème. En 1970, Kate Millett
a publié le livre Sexual Politics1. Les mots étaient nouveaux. À quoi
tenait cette « politique sexuelle » ? Le concept était nouveau. Millett
voulait « prouver que le sexe est une catégorie sociale ayant des
implications politiques ». Elle a identifié la domination masculine dans
les rapports sexuels, y compris dans la pénétration. Contestant le
statu quo, elle a soutenu que : « Aussi discrète que puisse être
actuellement son apparence, la domination sexuelle est sans doute
l’idéologie la plus répandue de notre culture et lui fournit son concept
de puissance le plus fondamental. »kate millet</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRbOngaddJ_UJzdkVVowDgZwzENkt89ilG23QyrM7m5jlY-1s4meqLRdlrXj-3_PHlkLBkdfWNUSVBiY2QwVxZlXSDurCGyDeyIoRhiD6IA6QcQlyGPZ9md3K6hbYPUsVBqu2N7irxP9hV/s1600/kate-millet-d5f71.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="152" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRbOngaddJ_UJzdkVVowDgZwzENkt89ilG23QyrM7m5jlY-1s4meqLRdlrXj-3_PHlkLBkdfWNUSVBiY2QwVxZlXSDurCGyDeyIoRhiD6IA6QcQlyGPZ9md3K6hbYPUsVBqu2N7irxP9hV/s400/kate-millet-d5f71.jpg" width="253" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Trente-trois ans plus tard, il est difficile de
se rappeler ou d’imaginer l’impact convulsif qu’a eu cette nouvelle
idée. La préséance de l’homme sur la femme avait été considérée comme
une fatalité physique, semblable à la force gravitationnelle. Rien de ce
qui avait à voir avec le sexe n’était alors envisageable en termes de
pouvoir, de domination ou de hiérarchie. L’origine et la détermination
des rôles sociaux de sexe découlaient de la biologie ou d’une divinité
surnaturelle. Le mâle était la personnification de l’action, et même de
l’héroïsme. Lui seul était fait à l’image de Dieu : il régnait dans la
religion, le mariage et la politique dans leur acception
conventionnelle. Sa place souveraine comme chef de famille était
incontestée. Millett a qualifié cet ordre de « patriarcat », qu’elle a
décrit ainsi : « l’homme dominera la femme ; parmi les hommes, le plus
âgé dominera le plus jeune ».</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Millett a décrit le « consentement » de la femme à ce
paradigme de la préséance masculine comme un processus de socialisation
dans lequel les femmes étaient contraintes d’être passives, ignorantes,
reconnues uniquement pour porter des enfants, une fonction partagée
avec les animaux ; les hommes eux étaient différenciés par les
caractéristiques distinctement humaines. Les femmes étaient socialisées à
accepter la supériorité des hommes et leur propre infériorité, ce qui
était ensuite justifié par des assertions de la supériorité biologique
masculine : les hommes étaient physiquement plus forts. Le patriarcat
lui-même était considéré comme découlant immanquablement de la force
physique supérieure de l’homme. Millett a ensuite émis l’hypothèse d’une
civilisation prépatriarcale ; si cette civilisation a existé,
déduisit-elle, la force de l’homme ne pouvait pas être la raison à la
base du patriarcat.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Millett a également attaqué le genre en tant que tel.
Les phénomènes biologiques associés au fait d’être mâle ou femelle
étaient trop variés pour réifier tout déterminisme biologique simpliste.
Elle a interprété les éléments constitutifs du genre comme socialement
déterminés, idéologiquement renforcés par la domination sexuelle du
maître.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Millett a également décrit les aspects économiques de
la politique sexuelle : les femmes travaillaient pour rien ou pour
moins d’argent. Elle a décrit les façons dont les femmes avaient
toujours travaillé, mais sans paiement convenable, ce qui avait aidé à
maintenir les femmes sous l’emprise des hommes. Elle a aussi décrit
l’utilisation de la force contre les femmes, y compris les phénomènes de
la grossesse forcée et du viol. Elle a analysé le rôle de l’État dans
le maintien de l’infériorité des femmes, de même que le rôle des
systèmes juridiques dans diverses sociétés.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Étonnamment, elle a signalé comment « les allusions à
la violence conjugale provoquent invariablement le rire et un peu
d’embarras ». Les blagues sur les femmes battues abondaient, alors que
la société affirmait que cette brutalité n’existait pas vraiment.
Millett a affirmé que l’hostilité envers les femmes s’exprimait par le
rire et la « littérature misogyne », qu’elle appelait « principal
véhicule de l’hostilité masculine », étant à la fois une « exhortation
et un genre comique. De toutes les formes artistiques qui fleurissent au
sein du patriarcat, c’est elle qui avoue le plus franchement son rôle
de propagande. Son but est de retrancher plus solidement chacune des
deux factions dans son propre camp. »</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">La méthodologie de Millett était nouvelle. Tout en
utilisant l’anthropologie, la sociologie, l’économie et l’histoire pour
ancrer son argumentaire, c’est dans la littérature qu’elle a trouvé le
sens de la politique sexuelle et du pouvoir sexuel. Elle a contourné les
écoles antérieures de critique littéraire, qualifiant sa propre
critique de « mutation » : « Je suis partie du principe qu’il y avait
place pour une critique prenant en compte le contexte culturel dans
lequel la littérature est conçue et produite. »</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Millett a utilisé la littérature contemporaine pour
démontrer son concept de « politique sexuelle ». Alors que d’autres
critiques dansaient sur les tombes d’écrivains décédés, Millett a
elle-même creusé de nouvelles tombes. Elle a surtout mis l’accent sur
les œuvres de D.H. Lawrence (décédé, mais largement lu comme s’il était
un contemporain), Henry Miller (vivant à l’époque), Norman Mailer
(vivant) et Jean Genet (vivant à l’époque). Après avoir traité de façon
générale la littérature antique, médiévale et de la Renaissance, en
Occident et en Orient, comme des remparts d’une hiérarchie misogyne,
elle a débuté son livre par trois scènes de rapports sexuels, tirées
respectivement de Sexus d’Henry Miller, Un rêve américain de Norman
Mailer et le Journal d’un voleur de Jean Genet. Elle a explicité la
dynamique du pouvoir dans chacune de ces scènes de sexe – Genet étant en
contrepoint, car il abordait la « hiérarchie sexuelle à partir d’un
angle oblique qui est celui d’un système de domination homosexuelle ».
Elle a utilisé Genet parce qu’il traitait de l’oppression sexuelle.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Quand Millett a écrit La politique du mâle, Miller,
Mailer et Lawrence étaient les références de la libération sexuelle. Ces
écrivains avaient une influence de premier plan sur la génération
naissante des années 1960. Il est difficile aujourd’hui d’appréhender
l’emprise qu’ils avaient sur l’imagination. Pour la gauche et la
contre-culture naissante, ils étaient les écrivains de la subversion. En
fait, ils ont contribué à acculturer une génération dans la conviction
que la force et la violence étaient des éléments précieux du sexe.
L’analyse de Millett a détruit leur autorité.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">À mes yeux, personne n’est comparable à Kate Millett
pour ce qu’elle a fait, avec ce seul livre. Il reste l’alpha et l’oméga
du mouvement des femmes. Tout ce que les féministes ont fait est
préfiguré, prédit ou encouragé par La politique du mâle.</span></div>
<span style="font-size: small;">Source : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/09/08/kate-millette-vue-par-andrea-dworkin/" rel="nofollow external">https://tradfem.wordpress.com/2017/09/08/kate-millette-vue-par-andrea-dworkin/</a></span><br />
<br />
<div align="justify">
<br /></div>
</big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-24572846404668301952019-03-11T03:47:00.000-07:002019-03-11T03:47:08.722-07:00La diabolisation actuelle du réseau internet Mumsnet n’est que la plus récente incarnation de la chasse aux sorcières.<big></big><br />
<div align="justify">
<big><span style="font-size: small;"><i>"PRÉSENTATION DE CET ENJEU : Mumsnet est un
grand réseau internet reliant des parents – et surtout des mères – au
Royaume-Uni. Certaines d’entre elles ont manifesté de l’inquiétude face
aux démarches du lobby transgenriste dont les présentations dans les
écoles et même les classes maternelles incitent de plus en plus
d’enfants à douter de leur identité sexuelle. (Lire à ce sujet les sites
web <a class="spip_url spip_out auto" href="https://4thwavenow.com/" rel="nofollow external">https://4thwavenow.com/</a>, <a class="spip_url spip_out auto" href="https://gendertrender.wordpress.com/" rel="nofollow external">https://gendertrender.wordpress.com/</a> et le livre Transgender Children and Young People : Born in Your Own Body (recension : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://tradfem.wordpress.com/2018/05/11/ceci-est-une-experience/" rel="nofollow external">https://tradfem.wordpress.com/2018/05/11/ceci-est-une-experience/</a> et extraits : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/les-enfants-et-les-jeunes-face-a-lideologie-transgenriste/" rel="nofollow external">https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/les-enfants-et-les-jeunes-face-a-lideologie-transgenriste/</a>).
Le lobby trans a réagi en exigeant le droit de censurer ces propos de
mères, qualifiés de « transphobes », en créant un site Twitter intitulé
« MumsnetTranphobia », et en harcelant les annonceurs de Mumsnet pour
qu’ils en retirent leurs annonces."</i><br class="autobr" />
Une chroniqueuse britannique, Glosswitch, rappelle le contexte historique de pareils projets de bâillonner les femmes. (TRADFEM)</span></big></div>
<big><span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Naturellement, cela en inquiète certains de penser à ce qu’un groupe de mères pourrait réellement exiger.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Par Glosswitch, <a class="spip_out" href="https://www.newstatesman.com/politics/feminism/2018/05/demonisation-mumsnet-just-latest-incarnation-witch-hunting" rel="external">The New Statesman</a></span><br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBnbrcBotOFoh3bT5vx7kUiKZVl53deAguKhL9U3rCNbQ2n1CIJoLmrTq_IZsJ6ItA54hyuPhKWjPw0XmaPPL76i1_jMksH2_JKaukK5yxiubGbOYKuusv6rpZ8wBzHlh5g-_1IjqOorLS/s1600/gravure-fileuses.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="700" height="285" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiBnbrcBotOFoh3bT5vx7kUiKZVl53deAguKhL9U3rCNbQ2n1CIJoLmrTq_IZsJ6ItA54hyuPhKWjPw0XmaPPL76i1_jMksH2_JKaukK5yxiubGbOYKuusv6rpZ8wBzHlh5g-_1IjqOorLS/s400/gravure-fileuses.jpg" width="400" /> </a></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">« Le retrait délibéré des femmes à l’écart des
hommes a presque toujours été perçu comme un acte potentiellement
dangereux, ou hostile, comme une conspiration, une subversion, quelque
chose de ridicule et inutile, » écrivait Adrienne Rich dans Naître d’une
femme (1980), une exploration novatrice de la politique de la
maternité. Qu’il s’agisse des fileuses qui comméraient en cercle ou des
vieilles épouses transmettant un savoir à leurs cadettes au sujet de la
contraception et de l’avortement, les femmes réunies en l’absence
d’hommes sont depuis longtemps vues avec suspicion. Que pourraient-elles
se dire ? Que pourraient-elles comploter ? Et comment, surtout,
pouvait-on les contrôler ?</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">C’est un problème qui n’a jamais disparu, même si le
contexte a changé. L’anxiété suscitée par la parole des femmes – qui a
entraîné de violents mouvements de ressac, comme les procès faits aux
sorcières et les brides imposées aux « mégères » – a surgi à une époque
où, pour citer l’écrivaine Marina Warner, « les femmes dominaient les
réseaux de l’information et du pouvoir ; c’étaient le quartier, le
village, le puits, le lavoir, les boutiques, les étals, la rue qui
étaient leur arène d’influence, et pas seulement le logis. »</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">On pourrait dire que les choses sont différentes en
2018. L’évolution des modalités du travail et une plus grande séparation
des espaces publics et privés ont conduit à une fragmentation des
communautés domestiques dirigées par les femmes. Comme le dit la
protagoniste d’un roman d’Elisa Albert de 2015, After Birth :</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Il y a deux cents ans – il y a même cent ans – une
enfant se voyait entourée d’autres femmes : sa grand-mère, sa mère, ses
sœurs, ses cousines, ses belles-sœurs, sa belle-mère. […] Elles
t’aidaient, te tenaient compagnie, t’apprenaient les choses. Ensuite, tu
faisais la même chose. […] Aujourd’hui, tu gagnes peut-être ta vie, tu
apprends peut-être à te connaître selon tes propres valeurs. […] Mais
voici que, tranchée sans ménagement par le milieu, on te remet un
nouveau-né et on te renvoie à domicile dans ton petit réservoir
d’isolement : vas-y et ne te mêle pas d’afficher trop de photos. Tu ne
veux pas être une de « ces mères-là »…</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Elle a raison. Bien que le travail de gestation,
d’accouchement et de maternage ait peu changé, les liens de solidarité
qui le soutenaient – tout en terrifiant les hommes – se sont
désintégrés. Cependant… il y a toujours Mumsnet.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">J’adore Mumsnet (même si les utilisatrices de Mumsnet
ne m’ont pas toujours aimée). Que vous en compreniez ou non la
pertinence politique, la simple existence de ce réseau, en tant
qu’avatar moderne du cercle de fileuses/sorcières, nous rappelle à la
fois la résistance des femmes à la marginalisation et la peur que cette
résistance provoquait dans leur entourage.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Comme auparavant vis-à-vis des commères et des
vieilles filles, les propos tenus aujourd’hui envers les mamans de
Mumsnet sont un indicateur de la façon dont toutes les mères – et par
extension toutes les femmes – restent perçues. Je ne veux pas suggérer
par là que toutes les femmes sont des mamans Mumsnet, mais rappeler que
les réactions envers ces femmes sont un jalon de ce qui est alloué à
l’ensemble d’entre nous.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Vous ne souhaitez peut-être pas dire ou faire les
mêmes choses que les femmes de Mumsnet. Mais le fait est que vous n’y
arriveriez pas sans être réprimandée ou sans essuyer une kyrielle de
fausses représentations, de propos réducteurs et de calomnies. Cela nous
en apprend beaucoup sur le statut actuel de la parole féminine, et sur
la façon dont la crédibilité d’une femme est minée non pas par ce
qu’elle dit, mais par le contexte de son discours s’il est tenu au sein
de cercles où les femmes prédominent.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">J’ai commencé à bloguer en 2012, coincée dans cette
ornière embarrassante qu’est le fait d’être « désœuvrée chez soi avec
des enfants en bas âge ». Peu de temps après, je me souviens avoir dit à
mon père que j’avais écrit quelques textes pour Mumsnet et que j’allais
en parler à une table ronde devant elles. Sa réponse a été : « Mais
elles sont tellement “classe moyenne” ! » Mon père est avocat.
Suggérait-il que nous n’étions pas, nous aussi, de la classe moyenne ?
Je ne le crois pas, mais d’une façon ou d’une autre, je savais ce qu’il
voulait dire.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Les mamans de Mumsnet étaient ultra-conventionnelles,
avec leurs sacs à couches griffés, leurs nounous sous-payées et leur
socialisme bobo, d’une manière différente de la nôtre (après tout, nous
étions des gens du Nord !). Je savais que mon père n’avait jamais
vraiment visité le site Mumsnet. Son jugement était celui des chroniques
du Daily Mail, arbitre renommé des seins et des ruses de La Femme.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">À l’époque, la maman Mumsnet était accusée de deux
crimes principaux : être trop privilégiée (comme en témoignent les
termes familiers « yummy mummy » et « Highgate mum ») et être follement
obsédée par des questions insignifiantes (comme l’illustre le fil
Twitter @Mumsnet_madness, où l’autoparodie rigolarde des utilisatrices
de Mumsnet est constamment lue au premier degré et citée afin de les
tourner en ridicule). C’est seulement au cours des deux dernières années
que la maman Mumsnet a vu son statut passer de dinde à diabolique, en
devenant « tweevil » aux yeux de ses critiques, un amalgame d’adjectifs
péjoratifs visant à discréditer les paroles de femmes mûres).</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Ces accusations hâtives sont-elles justifiées ? Alors
que les mamans que j’ai croisées sur Mumsnet viennent d’une foule
d’horizons différents, je dirais que les femmes blanches de classe
moyenne comme moi y sont en effet surreprésentées, mais qu’elles sont
aussi l’objet de fausses représentations, réduites à des caricatures
misogynes. Comme si le fait même de prendre soin de son propre enfant
(ou non, selon le cas) est reformulé comme l’expression d’un nombrilisme
impardonnable. Quant à l’accent mis sur leurs intérêts qualifiés de
banals, eh bien, cette critique ne tient simplement pas la route. Ce
qu’elle reflète réellement est la pudibonderie et la stigmatisation qui
entourent toujours l’idée que des femmes puissent être débonnaires et
salaces – surtout celles qui sont âgées ou mères, c’est-à-dire les
femmes qui ne sont plus considérées comme baisables.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmqckfxVYmash04xeUsi6F_braxJEPPzWxoYICxgY8iqoiZNLuH0LURirDQtzBgm__gbISdWfOl2riQCxob2Lfmwndrn1Q_A8sMoMDsoo9sPB-bbrn6rYEF2RUUxWPSSTjO8BJXatJ383U/s1600/muselic3a8re-moyen-age.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="411" data-original-width="640" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgmqckfxVYmash04xeUsi6F_braxJEPPzWxoYICxgY8iqoiZNLuH0LURirDQtzBgm__gbISdWfOl2riQCxob2Lfmwndrn1Q_A8sMoMDsoo9sPB-bbrn6rYEF2RUUxWPSSTjO8BJXatJ383U/s320/muselic3a8re-moyen-age.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="justify">
</div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">« La commère vieillissante », écrit Marina
Warner, « a été instituée comme l’allégorie symbolisant les
transgressions indignes d’une épouse, la désobéissance, l’opinion
personnelle, la colère, le franc-parler et un manque général de
soumission face aux désirs et aux ordres masculins. » Si on ne peut plus
aujourd’hui clouer une femme au pilori pour avoir osé divulguer au
monde le rituel du bécher pénien, on peut au moins laisser entendre
qu’elle est stupide, ou qu’elle ne comprend même pas ses propres
blagues. Ah !, ces mamans Mumsnet au cerveau dévoré par leurs bébés, que
n’iront-elles pas inventer d’autre ? (Ou peut-être ne pas « inventer » –
elles n’ont sans doute accès qu’à des « intuitions » de nos jours…)</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Comme le sait toute visiteuse régulière de leur fil
« Am I Being Unreasonable ? » (Suis-je déraisonnable ?), le réseau
Mumsnet excelle absolument dans la plaisanterie cinglante et subtile,
maniée par des femmes qui ont atteint l’âge adulte lorsque le badinage
et la misogynie « ironique » étaient la coqueluche des célibataires de
sexe mâle. Il y a quelque chose de tout à fait jouissif à constater que
des femmes – et même de simples mamans – s’avèrent bien plus douées dans
cet art que les messieurs à la date de péremption dépassée qui s’en
serviraient pour gâcher notre plaisir. Les acronymes bizarres dont
s’amuse Mumsnet (DD1, DS3, DH, AIBU…) sont eux-mêmes une forme de
provocation. Bien sûr qu’ils agacent les gens ! Imaginez des mamans qui
se régalent de mots de code « secrets » (pas si secrets que ça et tout à
fait drolatiques) pour commenter le caca et les haricots verts de la
routine domestique ! Il est certain que le fait de découvrir que votre
maman plaisante à propos de tous les tracas que vous lui occasionnez
peut être pire que de découvrir que vos parents ont des relations
sexuelles.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Mais, j’entends déjà votre question : qu’en est-il de
la face cachée de Mumsnet, de son âme sombre ? S’il est vrai que des
assemblées de femmes ont pu être décrites à tort comme maléfiques par le
passé, n’est-ce pas particulièrement le fait de ce regroupement-ci ?
C’est ce qu’a affirmé chaque nouvel inquisiteur gynocidaire depuis la
nuit des temps.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Je sais pertinemment que Mumsnet ne se limite pas à
des blagues sur le pénis et à des évaluations de boissons fruitées. Une
grande partie des échanges – en fait, leur plus grande partie – est
profondément politique. Les campagnes #webelieveyou (#OnVousCroit) et
Let Toys Be Toys (Contre les jouets sexistes) ont d’abord pris racine
dans les échanges Mumsnet. Le fait que plusieurs utilisatrices de ce
réseau contestent les excès idéologiques contemporains de l’« identité
de genre », en particulier le langage qui prétend « redéfinir » la
biologie de la reproduction, ne devrait donc surprendre personne.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZxaPt2hwU55IOgq9DGBdXPOhSHl0tfFGUnBWWe-ZWBRAtoJoXCjMNL6grm31BI6wG-ZwnNiGUIpuRNjNjIvR3ee6KxdU6f-i3-ERSHjSQUWuIrRJg3XSZsi-Bg1yMWmURoHA0cM90ktsw/s1600/so-many-genders-4060b.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="125" data-original-width="404" height="123" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZxaPt2hwU55IOgq9DGBdXPOhSHl0tfFGUnBWWe-ZWBRAtoJoXCjMNL6grm31BI6wG-ZwnNiGUIpuRNjNjIvR3ee6KxdU6f-i3-ERSHjSQUWuIrRJg3XSZsi-Bg1yMWmURoHA0cM90ktsw/s400/so-many-genders-4060b.png" width="400" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Bien qu’on ne puisse pas rendre compte des
motivations de chaque internaute du réseau qui s’exprime sur ce sujet,
ou défendre chaque approche employée, j’aimerais suggérer ici que, comme
ailleurs, la maman de Mumsnet se heurte au préjugé répandu qu’elle est
incapable de saisir les implications de ses propres mots. Ces mamans,
estime-t-on, sont tout simplement trop limitées pour avoir lu Judith
Butler ou Julia Serano. Quand quelqu’un qui est dans les couches jusqu’à
la tête décide de remettre en question un concept décontextualisé de
genre, sans égard pour ses dimensions sociales intersectionnelles, elle
le fait certainement par pure méchanceté.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Et pourtant, qu’il y ait méchanceté ou non, si l’on
ne tient pas compte de la peur historique et de la diabolisation des
femmes qui discutent hors de toute surveillance masculine, il est
franchement bizarre de voir des militants s’improviser contrôleurs des
conversations de Mumsnet à propos de la relation entre sexe et genre.
C’est à la fois déplacé et contraire à un travail réellement marquant de
démantèlement des stéréotypes.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">L’engagement politique des mères et des femmes âgées
est important. Il est naturel que cela fasse peur aux gens d’imaginer ce
que ces groupes hautement exploités pourraient exiger – et les services
qu’ils pourraient cesser de fournir – si ces femmes atteignaient un
niveau d’organisation suffisant. Cela a toujours été le cas, bien avant
l’arrivée d’internet. C’est dans ce contexte que nous devrions
interpréter l’actuelle campagne anti-Mumsnet, alors que d’autres réseaux
sociaux beaucoup plus offensants sont, étrangement, moins vilipendés.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Bien sûr, vous pouvez être d’accord avec tout cela ou
non. Vous pouvez me voir comme une autre maman qui déblatère à propos
de choses qu’elle ne comprend pas, alors qu’elle devrait être en train
de repasser l’uniforme scolaire des enfants (et vous auriez à demi
raison).</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Mais voyons les choses d’une autre façon : imaginez
que vous mettez en place votre propre communauté, consacrée à des
échanges sur la grossesse, l’accouchement et le quotidien des personnes
qui ont vécu ces choses. Cela peut se faire sur internet ou d’une autre
façon, peu importe. Vous voulez juste créer un endroit où la classe de
gens qui vivent la gestation, qui accouchent et qui assurent le gros du
travail domestique puisse partager des blagues, des idées, des problèmes
et des objectifs politiques, en cherchant la solidarité malgré tout ce
qui les divise. Peu importe le nom que vous donnez à ces gens ; vous ne
présumez en rien de leurs identités. L’identité n’est pas la raison
d’être de cette communauté (et oui, il se peut que vous ne compreniez
pas le sens d’un tel espace commun, mais ce n’est pas une raison pour
l’empêcher d’exister).</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Imaginez maintenant votre groupe cinq ans plus tard.
Dix ans plus tard. Soyez honnête. Que diraient les gens à son sujet ?
Comment percevraient-ils votre autorité et celle de vos membres ?
Auriez-vous vraiment, réellement rompu avec l’image du cercle démoniaque
des fileuses, des sorcières, du lieu inquiétant où ces personnes
s’assemblent ?</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Est-ce que vos expériences et vos souhaits politiques
bénéficieraient d’un espace à vos propres conditions ? Arriveriez-vous
encore à y conserver la parole ? Et si vous pensez que la réponse est
oui, je vous défie de le faire. Je voudrais que cela fonctionne. Mais
pendant que nous attendons, le reste d’entre nous devra faire avec ce
qui existe maintenant. Suis-je déraisonnable de penser que c’est la
moindre des choses à laquelle s’attendre ?</span></div>
<span style="font-size: small;">Glosswitch est une mère féministe de trois enfants qui travaille dans le monde des médias.</span><br />
<span style="font-size: small;">Version originale : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://www.newstatesman.com/politics/feminism/2018/05/demonisation-mumsnet-just-latest-incarnation-witch-hunting" rel="nofollow external">https://www.newstatesman.com/politics/feminism/2018/05/demonisation-mumsnet-just-latest-incarnation-witch-hunting</a></span><br />
<span style="font-size: small;">Traduit par <a class="spip_out" href="https://tradfem.wordpress.com/2018/05/14/la-diabolisation-actuelle-du-reseau-internet-mumsnet-nest-que-la-plus-recente-incarnation-de-la-chasse-aux-sorcieres/" rel="external">TRADFEM</a></span><br />
<br />
<br /></big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-29977030505136134352019-03-10T03:46:00.000-07:002019-03-10T03:46:04.517-07:00Andrea Dworkin : « Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas »<big>Une anthologie des textes de la grande féministe américaine Andrea
Dworkin est parue fin 2017. Souvenez-vous, résistez, ne cédez pas est
une lecture essentielle et inspirante à l’heure où les femmes se battent
pour se faire entendre et pour dénoncer les violences masculines.</big><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtJmGB1Pp7q7qOMxfqGgcRx7GVxMOhUtRLPfnXkVk1Sa4cH-p4ADKKnr2nb2ID3eISP1z3I6LIwrg_5p4NvwckthlfoK1-frupkDlZo5lSfZZCOHqDV7KcFVWyFf5b7cWIe6g1M1p7NltI/s1600/11-16941.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="640" data-original-width="457" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtJmGB1Pp7q7qOMxfqGgcRx7GVxMOhUtRLPfnXkVk1Sa4cH-p4ADKKnr2nb2ID3eISP1z3I6LIwrg_5p4NvwckthlfoK1-frupkDlZo5lSfZZCOHqDV7KcFVWyFf5b7cWIe6g1M1p7NltI/s320/11-16941.jpg" width="228" /></a></div>
<big>Éditions Syllepse et Éditions du Remue-ménage 2017, 192 p., 15 eur.<br />
<div align="justify">
Ses textes, poignants et radicaux, ont plus de 20 ou
30 ans, mais n’ont rien perdu de leur force de frappe. Andrea Dworkin,
autrice féministe américaine morte en 2005, a laissé un nombre
impressionnant d’écrits, consacrés principalement au viol, aux violences
et à la pornographie : les grands combats de sa vie.</div>
<div align="justify">
Elle s’est surtout fait connaître au début des années
1980 pour une proposition d’ordonnance, rédigée avec une juriste,
Catherine MacKinnon, visant à faire reconnaître la pornographie comme
une discrimination sexuelle et une violation des droits civils des
femmes. Avec l’objectif de permettre aux femmes lésées par la
pornographie de poursuivre les producteurs et les distributeurs et de
réclamer des dédommagements. Pour Dworkin et MacKinnon, le porno est
l’antichambre du viol.</div>
<div align="justify">
Dworkin explique son combat contre le porno en ces
termes : « Je dois combattre une industrie qui encourage les hommes à
mettre en actes l’agression des femmes – leurs fantasmes –, pour
reprendre leur doux euphémisme. Et j’enrage de voir les gens accepter
partout où je vais, inconditionnellement, cette fausse idée de la
liberté. La liberté de faire quoi ? À qui ? La liberté de me torturer ?
Cela n’est pas la liberté pour moi. » Le projet d’ordonnance a toujours
été rejeté, au nom de la liberté d’expression.<br class="autobr" />
Dire l’indicible</div>
<div align="justify">
Andrea Dworkin prend la plume avec colère. Elle est
cash, elle est crue. Mais l’indignation n’entache pas la beauté de la
langue. « Je ne voulais pas continuer à écarter les cuisses, cette
fois-ci en prose », raconte-t-elle dans son texte « Ma vie
d’écrivaine ». Et d’expliquer pourquoi elle écrit : « J’ai utilisé
l’écriture pour emmener le langage là où était la souffrance des femmes –
et leur peur – et j’ai continué mes fouilles à la recherche de mots
capables de porter le fardeau, de dire l’indicible. »</div>
<strong>J’ai utilisé l’écriture pour emmener le langage là où était la souffrance des femmes.</strong><br />
<div align="justify">
Dworkin dénonce aussi dans plusieurs de ses textes
les violences masculines à l’aune de ses expériences personnelles,
marquées par la violence conjugale et la prostitution, et plus
généralement la domination des hommes dans toutes les sphères de la
société. Elle revient aussi sur un viol qu’elle a subi en prison. En
1965, elle manifeste contre la guerre au Vietnam : elle est arrêtée et
incarcérée. Deux médecins masculins lui infligent un examen interne.
« Ils m’ont déchirée à l’intérieur avec un spéculum en acier et je
voyais leur plaisir à le faire », raconte Dworkin.<br class="autobr" />
Trêve sans viol</div>
<div align="justify">
De viol, il en est aussi question dans un texte
puissant de 1983. Invitée à une conférence d’une organisation visant à
« changer » les hommes (la « National Organisation for Changing Men »),
Dworkin appelle les 500 membres de l’assemblée masculine à faire une
trêve de 24 heures sans viol. « Je veux un jour de répit, leur dit-elle,
un jour de pause, un jour au cours duquel de nouveaux corps ne
s’amoncelleront pas. […] Même dans les guerres, il y a des jours de
trêve. Allez-y, organisez une trêve. Faites obstacle à votre camp pour
un jour. Ce jour de trêve, nous commencerons la pratique réelle de
l’égalité. »</div>
<div align="justify">
Andrea Dworkin n’a bien sûr pas fait l’unanimité. On a
dit d’elle qu’elle était « outrancière » ou, à l’inverse,
« puritaine ». Lui était aussi reprochée sa « haine des hommes ».
Pourtant, son combat, comme elle l’expliquait, visait à ce que « tant
les femmes que les hommes fassent l’expérience réelle de la liberté. »</div>
<div align="justify">
Dans le dernier texte de cette anthologie, qui a
donné son nom à l’ouvrage, Dworkin se réjouit que les femmes aient
atteint « le stade politique de briser le silence », qu’elles aient osé
parler, dénoncer des réalités jusqu’alors non reconnues par les
autorités. Mais elle met en garde contre un silence plus profond :
« Celui qui va au cœur de la tyrannie, qui dicte non seulement qui peut
dire quoi et particulièrement ce que peuvent dire les femmes. […] Ce
silence sur lequel sont basés les systèmes politiques, nos idées de
démocratie et d’égalité, nos principes de liberté. » Celui contre lequel
il est toujours urgent de résister, et auquel il ne faut pas céder.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
Source : <a class="spip_url spip_out auto" href="http://www.axellemag.be/andrea-dworkin-anthologie/" rel="nofollow external">http://www.axellemag.be/andrea-dworkin-anthologie/</a></big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-58514581892920063152019-03-09T03:44:00.000-08:002019-03-09T03:44:03.938-08:00« De la haine à l’état brut » : ce pour quoi le mouvement des « InCel » cible et terrorise les femmes<span style="font-size: small;">par Zoe Williams, publié dans The Guardian le 25 avril 2018</span><br />
<div align="justify">
<span style="font-size: small;"><i>L’homme accusé d’avoir perpétré l’attentat à la
camionnette de Toronto aurait des liens avec la communauté en ligne des
InCel (pour « Célibataires Involontaires »). Le langage qu’ils utilisent
peut paraitre ridicule, mais la menace qu’ils représentent pourrait
bien être mortelle. </i></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJs_-YyX44xzsuRjhHoPlu6JjTtsNFlqbin8R7o33wqlxvXjOCst7TFt4ctKDWymrp1-7D6RvKo0GvZSIb0ZMGxCLAofUNNS_VX8VKw0K1lSPWggWoujtGxF9ueo_SK6K84MpJrq2bZKX9/s1600/10661-7ec64.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="367" height="191" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJs_-YyX44xzsuRjhHoPlu6JjTtsNFlqbin8R7o33wqlxvXjOCst7TFt4ctKDWymrp1-7D6RvKo0GvZSIb0ZMGxCLAofUNNS_VX8VKw0K1lSPWggWoujtGxF9ueo_SK6K84MpJrq2bZKX9/s320/10661-7ec64.jpg" width="320" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<br />
<big></big><br />
<div align="justify">
<big><i></i></big></div>
<div align="justify">
<big><i><span style="font-size: small;">Lorsqu’une fourgonnette a été lancée le lundi 23
avril sur un trottoir de Toronto, tuant 10 personnes et en blessant 15
autres, le chef de police Mark Saunders a déclaré que même si l’incident
semblait être prémédité, il n’y avait aucune preuve de terrorisme. Le
ministre canadien de la Sécurité, Ralph Goodale, a soutenu cette
opinion, en annonçant immédiatement que l’événement « ne faisait pas
partie d’un complot terroriste organisé ». Le Canada a des règles à cet
égard : pour être considéré comme du terrorisme, l’agresseur doit avoir
une motivation politique, religieuse ou sociale, au-delà de « vouloir
semer la terreur ».</span></i></big></div>
<big><i><span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Pourquoi les autorités ont-elles si rapidement rejeté
l’idée de terrorisme (considérant que cela peut encore changer, la
tragédie étant très récente) ? Peu de temps avant l’attaque, un message
est apparu sur le profil Facebook du suspect, saluant le début de la
« Rébellion des InCel », y compris la phrase « Recrue d’infanterie
00010, souhaite parler au Sergent 4chan s’il vous plaît. C23249161. »
(« 4chan est la principale plateforme de mobilisation sur Internet d’un
courant de l’extrême droite, l’Alt-Right », explique Mike Wendling,
auteur du livre Alt-Right : from 4Chan to the White House.)</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Il y a une réticence à considérer que le mouvement
des « InCel » possède quelque chose d’aussi construit qu’une
« idéologie », ou à traiter leur pensée comme développée et cohérente,
en partie parce que sa conception est aussi farfelue.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La formule « Célibataire involontaire » a été créée
il y a 20 ans par une femme dénommée Alana ; elle a choisi cette
appellation en vue d’un forum de discussion en ligne à l’intention des
célibataires, essentiellement un groupe de cœurs esseulés. Elle dit
aujourd’hui : « J’ai l’impression d’être la scientifique qui a découvert
la fission nucléaire et qui apprend ensuite que celle-ci est utilisée
comme arme de guerre », pour parler de son sentiment de voir son projet
se transformer en point de ralliement d’une misogynie violente sur la
plateforme Reddit.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La nébuleuse des InCel fait partie du réseau
masculiniste en ligne (la « manosphère »), mais se distingue de
l’activisme habituel des droits des hommes du fait que selon Wendling –
qui est aussi rédacteur en chef de BBC Trending, l’unité d’enquête sur
les médias sociaux du radiodiffuseur britannique – elle invite ses
membres à une « haine absolue. C’est abject. Leurs propos sont
incroyablement tordus et complètement disjonctés de la réalité : de la
haine à l’état brut. » Leur idéologie a une certaine accointance avec
celle de la suprématie blanche, en ce sens que ses membres se retrouvent
dans les mêmes espaces en ligne et partagent une partie de la même
terminologie, mais les InCel se distinguent par des figures types
chargées de haine : les Bonnes (les femmes séduisantes) ; les
Beaux-gosses (les hommes séduisants) ; et les Normies (les personnes qui
ne sont pas InCel, c’est-à-dire qui peuvent trouver des partenaires,
mais sans avoir nécessairement belle apparence). Fondamentalement, les
InCel disent ne pas arriver à coucher et ils haïssent violemment
quiconque y arrive.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La cause en est, à leurs yeux, les hommes attirants
qui ont des rapports sexuels avec trop de femmes – « Nous devons faire
quelque chose au sujet du problème de la polygamie », a déclaré un
membre, dans un étonnant monologue de trois heures mis en ligne à propos
de l’attaque de Toronto –, mais bien sûr, la cause principale de leur
problème tient aux femmes elles-mêmes, qui deviennent des ennemies en
tant que personnes, mais aussi en tant que classe politique. On trouve
sur les sites InCel beaucoup d’échanges sur les meilleures façons de les
« punir », avec des fantasmes de viol en masse et des conseils pour
pister les femmes sans être arrêtés, juste pour le plaisir de savoir
qu’elles en sont conscientes. Le féminisme est tenu pour responsable de
l’incapacité de coucher d’un mec, et la régulation des naissances aurait
permis aux « femmes d’avoir des rencarts seulement avec des
Beaux-gosses. Cela a toutes sortes de ramifications sociales néfastes »,
prétendent-ils.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Il n’y a pas de chiffres sur le nombre d’hommes qui
adhèrent à cette doctrine ni d’étude sur leur degré d’extrémisme, « mais
ce n’est pas un petit réseau sur Reddit », dit Wendling. « C’est gros.
Cela pèse lourd. C’est un mouvement de dizaines de milliers de personnes
qui visitent ces plateformes, ces sous-Reddit. Il s’agit d’espaces sûrs
pour eux. »</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Angela Nagle est l’auteure de Kill All Normies :
Online Culture Wars from 4Chan and Tumblr to Trump and the Alt-Right.
Elle voit « un paradoxe vraiment intéressant dans le style de quasi
politique des InCel : ils réagissent contre une vision de la romance et
des relations humaines proche de l’idéologie libertarienne d’Ayn Rand
mais y adhèrent simultanément. Ils se plaignent de la solitude, de
l’isolement et de l’individualisme liés à la vie moderne, mais ils
semblent aussi les défendre, en ce sens qu’ils adorent le discours des
forts qui triomphent des faibles. Mais ce sont eux qui sont les
faibles. »</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Leur conception est semée de contradictions tout à
fait insolubles : « Ils diront combien c’est terrible que la gauche ait
gagné les guerres culturelles et que nous devrions retourner aux
hiérarchies traditionnelles, mais alors ils utiliseront des expressions
comme “baiser les salopes”, ce qui n’a aucun sens, non ? », continue
Nagle. « Parce qu’il faut choisir. Ils veulent la disponibilité sexuelle
des temps modernes et pourtant, en même temps, ils expriment du dégoût
pour la promiscuité. »</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Les InCel sont obsédés par leur défaut à attirer des
femmes : ils divisent le monde en Alphas et Bêtas, où les Bêtas sont le
mec moyen, frustré et idiot, et les Omegas, comme les InCel se nomment
souvent, sont la lie de l’humanité, déprimés, méprisés par tous – et ils
se drapent de cette identité pour s’isoler du monde. Ils considèrent
que cela les rend intouchables dans leur quête de suprématie sur les
salopes.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Ils empruntent beaucoup au vocabulaire de l’égalité
et des droits civiques – ils diront que la société « traite les hommes
célibataires comme des ordures, et cela doit cesser. Les gens qui ont le
pouvoir, les femmes, peuvent changer cela, mais elles refusent de le
faire. Elles ont du sang sur les mains », a-t-on pu lire sur un de leurs
sites le matin après l’attaque de Toronto. Ils voient fondamentalement
leur virginité comme une question de discrimination ou d’apartheid, et
croient que seul un programme étatique de distribution de partenaires
sexuelles, interdisant d’avoir plusieurs amantes, peut rectifier cette
injustice colossale. Pourtant, en même temps, ils détestent les
victimes, les idéalistes, les progressistes, ceux qui militent pour
toute forme d’égalité réelle.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Plus leur perspective est insensée, plus elle
présente une certaine logique rudimentaire. La cohérence, la consistance
du langage et la raison sont autant d’outils qui nous permettent de
nous comprendre, de nous adapter les uns aux autres, de nous intégrer et
de nous écouter. Mais dans une vision autoritariste du monde, ce sont
les principes qu’il est le plus jouissif de transgresser. Cela rend très
difficile de réagir à ce discours, sur le plan intellectuel et encore
plus sur le plan pratique : on ne peut pas argumenter devant une pensée
dont le principe est qu’elle ne tolère aucune contre-argumentation. Mais
la solution de rechange habituelle – ridiculiser de telles idées –
n’est pas nécessairement sage, ou équitable.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Elliot Rodger, le tueur qui a sévi dans la
collectivité californienne d’Isla Vista, a affiché sur Youtube une vidéo
à propos de sa volonté de « punir » des femmes séduisantes qui ne
voulaient pas coucher avec lui (et des hommes séduisants avec qui elles
le feraient) avant d’abattre six personnes en 2014. Le Southern Poverty
Law Centre (qui suit à la trace les activités d’extrême droite aux
États-Unis) l’a désigné comme le premier terroriste du mouvement
« alt-right ». Donc, même si les InCel ne couvrent pas tout le spectre
de l’activité d’extrême droite, ils ont été jusqu’ici son sous-groupe le
plus dévastateur.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Il existe un fossé immense entre la menace que
représentent ces hommes – un danger mortel même si nous reconnaissons
que Rodger n’y a joué qu’un rôle de fantassin – et les propos, souvent
absurdes, qu’ils tiennent. Chez eux, la séduction est militarisée dans
une guerre des sexes : il y a énormément de discussions sur les moindres
aspects de cet affrontement, mais l’objectif ultime et unique est
d’amener des femmes à coucher avec vous (et à vous obéir) en les
insécurisant.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Lorsque, bizarrement, ce procédé ne fonctionne pas,
les InCel sont engloutis dans le siphon de la « pilule noire » : ils
déterminent alors que les dés sont pipés dès le départ. Tout tient à
l’apparence personnelle. Si vous ne la possédez pas, vous avez déjà
perdu. Cette idée dégénère en fantasme violent, car si le jeu est
truqué, la seule chance d’amener au lit des femmes séduisantes est la
contrainte. Les hommes séduisants deviennent des dommages collatéraux
dans ce fantasme de violence, mais il est révélateur qu’alors que les
forums en ligne accueillent une pléthore de fantasmes de viols de masse,
les claviers deviennent muets quand un homme commence à fantasmer sur
la castration de son colocataire.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Depuis la façon dont les modérateurs de « chat
rooms » laissent passer les menaces de violence contre les femmes,
jusqu’à la réticence des autorités à reconnaître chez les InCel une
dynamique terroriste, j’ai l’impression inquiétante que c’est parce que
les InCel veulent principalement tuer, mutiler ou agresser des femmes
qu’ils ne sont simplement pas pris autant au sérieux que s’ils voulaient
tuer n’importe qui d’autre. Serait-ce à cause du sentiment répandu que
tout le monde a envie de tuer des femmes, à un moment ou un autre ? Ou à
tout le moins leur ficher une bonne frousse ?</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Leur comportement est souvent ridicule – l’un d’eux a
la semaine dernière affiché une photo d’un tatouage, sur tout son bras,
du visage de Jordan Peterson (le philosophe à la mode du masculinisme).
Le héros mythique des InCel est le sorcier vierge de 30 ans – si vous
pouvez atteindre 30 sans avoir de relations sexuelles, vous deviendrez
doté de pouvoirs magiques. Et leurs échanges sont si pathétiques qu’il
est difficile d’en ressentir autre chose qu’une impression de pitié (sur
le site Wiz Chan – dont le sous-titre est « ignorer les femmes,
découvrir la magie » – un fil intitulé « Comment je vis dans ma
bagnole » relève de la littérature.)</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Étonnante sur le plan de l’abstraction, mais
étrangement incontournable en chair et en os, leur position combine le
pathétique humour-qui-n’en-est-pas-vraiment des années 90 (« Hé, je
plaisantais quand je disais que je voulais te violer, à moins que nous
soyons dans une ruelle et qu’il n’y ait personne d’autre autour »), un
auto-apitoiement rageur, des costumes de superhéros et d’appropriation
culturelle, le tout livré avec une colère assourdissante du cerveau
reptilien. On dirait une comédie de boulevard qui prétend au sérieux
d’un texte de Wittgenstein.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Mais cela ne reflète pas ou n’analyse pas le sens de
ce nouveau terrorisme moderne : leurs auteurs n’ont pas à se rencontrer
et leurs cagoules n’ont pas besoin d’être assorties. Tout ce qu’ils ont à
faire est de se doter de boucs émissaires et d’agir en conséquence.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">« La réponse n’est pas simple », dit Nagle. « Nous
nous contentons de parler, par exemple, des lois sur l’accessibilité des
armes à feu et de toutes ces choses très superficielles. Mais en
Amérique en particulier, la racine de tout ça est très, très profonde. À
mon avis, le genre de révolution culturelle qui a vu le jour dans les
années 60, où les gens ont remis en question des institutions plus
anciennes, a entraîné efficacement la désintégration de ces repères.
Mais je pense qu’il est juste de dire, si vous regardez la société
américaine contemporaine, qu’il y a eu un échec à remplacer ces
institutions par quoi que ce soit de neuf sur lequel fonder la société.
Alors ces hommes disent : “Les femmes ne pensent qu’à elles-mêmes, donc
le moyen de répondre à cette situation est de se doter de muscles et de
les piéger.” L’amour n’a rien à voir là-dedans. Faire confiance aux
autres, tout ça est fini. C’est une vision du monde très, très sombre.
Et elle ne provient pas de nulle part. »</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Version originale : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://www.theguardian.com/world/2018/apr/25/raw-hatred-why-incel-movement-targets-terrorises-women" rel="nofollow external">https://www.theguardian.com/world/2018/apr/25/raw-hatred-why-incel-movement-targets-terrorises-women</a></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Traduction : <a class="spip_out" href="https://tradfem.wordpress.com/2018/05/09/%e2%80%89de-la-haine-a-letat-brut%e2%80%89-ce-pour-quoi-le-mouvement-des-%e2%80%89incel%e2%80%89-cible-et-terrorise-les-femmes/" rel="external">Tradfem</a><br class="autobr" />
Zoe Williams est chroniqueuse au quotidien britannique The Guardian. On peut découvrir ses autres articles au <a class="spip_url spip_out auto" href="https://www.theguardian.com/profile/zoewilliams" rel="nofollow external">https://www.theguardian.com/profile/zoewilliams</a></span><br />
</i></big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-17601924825265773042019-03-08T03:43:00.000-08:002019-03-08T03:43:00.191-08:00Le féminisme libéral nous éclaire : la véritable autonomie des femmes passe par les sacs à main et les plateaux d’huîtres<span style="font-size: small;">Le féminisme serait-il plus efficace si nous apprenions à mieux rentabiliser nos vagins ?</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Le reportage d’une autrice du webmagazine Jezebel sur
le congrès Sugar Baby Summit a appris à Meghan Murphy qu’elle n’avait
encore rien compris aux relations amoureuses et à la libération des
femmes.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6FmKRoNddQwloFpe4N4Epe-1XTa07eBQMEEJKalRWYjJw37g2S1eeHCr2T_HxRH2Y1-iXN7mslOCbzH0MeI1IE9xvWe2xvLHtU5ANAPCXGamzgZWJOXFzycHOjWMQH9kdqesqYREjNUzf/s1600/sugar-baby-summit.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="350" data-original-width="700" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6FmKRoNddQwloFpe4N4Epe-1XTa07eBQMEEJKalRWYjJw37g2S1eeHCr2T_HxRH2Y1-iXN7mslOCbzH0MeI1IE9xvWe2xvLHtU5ANAPCXGamzgZWJOXFzycHOjWMQH9kdqesqYREjNUzf/s400/sugar-baby-summit.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">Par Meghan Murphy, sur Feminist Current</span><br />
<br />
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Pendant la majeure partie de ma vie adulte, j’ai
choisi les hommes avec qui je sortais en fonction de mon envie de baiser
ou non avec eux. Je n’avais pas encore compris à quel point je me
trompais et ce qu’est réellement le féminisme. Heureusement que Jezebel
est venu me montrer la voie. Ce que j’aurais dû faire, c’est sortir avec
de vieux bonhommes qui auraient pu me payer pour que je fasse semblant
de les trouver bien. Après tout, qu’y a-t-il de plus gratifiant pour son
autonomie que d’avoir des relations sexuelles avec quelqu’un que vous
trouvez repoussant, et qui souhaite se faire voir avec vous pour le
sentiment de puissance que ça lui confère ?</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Au fond, avez-vous déjà essayé de coucher avec un
homme dont vous ne vouliez pas le pénis en vous ? Je l’ai fait. Et
vraiment, les filles, c’est formidable. N’avez-vous donc pas entendu
depuis un an toutes ces histoires plus sexy les unes que les autres sur
les actrices qui ont eu des rapports sexuels merveilleux et
autonomisants avec de vieux mecs tarés (mais ô combien riches et
puissants !), simplement parce qu’elles n’auraient pas pu gagner leur
vie si elles avaient refusé leurs avances ou si elles les avaient
dénoncés ? On pourrait penser que les féministes allumées dans mon genre
auraient fini par en prendre de la graine.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Je suppose que mon problème, c’est mon piètre sens
des affaires quand il s’agit de mon vagin. Et soyons honnêtes,
transformer nos vagins en plans d’affaires, voilà ce qui importe pour le
féminisme. N’oublions pas cet appel classique à la mobilisation
féministe : « Aucune femme n’est libre tant qu’un homme assez vieux pour
être son grand-père n’a pas payé ce qu’elle vaut pour la baiser et la
plier à sa volonté. »</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Heureusement, Aimée Lutkin, une pigiste de Jezebel,
est prête à nous expliquer comment rentabiliser nos vagins au moyen de
baises piteuses avec des types dégoûtants !</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Vendredi dernier, Lutkin a assisté au Sugar Baby
Summit, un congrès organisé à New York par la firme Seeking Arrangement,
fondée par Brandon Wade, un millionnaire féministe radical, intéressé à
libérer des femmes qui, autrement, auraient pu baiser des hommes qui
les attirent réellement.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Lutkin explique que « le sugaring [à savoir prendre
sous son aile une personne plus jeune comme partenaire] est surtout le
fait d’hommes riches… qui veulent de la compagnie et sont prêts à payer
pour en obtenir ». En d’autres termes, des hommes qui valorisent les
femmes en tant qu’êtres humains à part entière et qui ont tout à fait à
cœur leurs intérêts et leurs désirs.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Lutkin explique que le congrès a tenu des panels sur
des thèmes comme « Sugar For Entrepreneurs » (démarrer son entreprise
avec un papa-gâteau) et « Cultivating Confidence and Understanding
Sexuality In The #MeToo Era » (acquérir de la confiance en soi et
comprendre la sexualité à l’ère de #MeToo). Je suppose qu’on y
expliquait comment le fait d’avoir des rapports sexuels avec des femmes
que vous dégoûtez, mais qui font semblant d’aimer ça parce qu’elles ont
besoin d’argent, renforce la confiance masculine, et aussi comment le
fait de payer une femme pour la violer peut contribuer à combattre le
viol. Lutkin a aussi parlé à beaucoup de sugar babies (les
« filles-bonbons » de ces papas-gâteaux), qui lui ont précisé qu’il ne
s’agissait pas de prostitution, mais simplement d’un « autre style de
fréquentations » où les hommes contraignent financièrement des jeunes
femmes à coucher avec eux, parce que l’idée d’être avec une femme qu’ils
devraient traiter en égale et qui pourrait exiger qu’ils se comportent
correctement n’est vraiment pas du tout sexy.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Une dénommée Shannon Roy-Wyatt a confié à Lutkin que
« les gens ont peur de ce qu’ils jugent non traditionnel », ce qui est
manifestement vrai, parce qu’il est clair que tous ces papas-gâteaux
sont des hommes modernes qui ne voient pas du tout les femmes comme du
bétail.</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">La journaliste souligne que beaucoup de sorties
classiques sont décevantes et que la plupart des hommes sont au mieux
insignifiants, ce qui n’est pas faux. Elle dit aussi que les hommes
croisés sur les sites de rencontres lui envoient constamment des
messages pour lui demander ce qu’elle appelle du « travail sexuel
gratuit ». Elle écrit : « Ils ne veulent pas payer pour les services
d’une professionnelle, mais ne veulent pas non plus investir le temps et
l’énergie qu’exigent des fréquentations régulières avant de pouvoir
réclamer des faveurs sexuelles ». Je ne peux pas juger de ses dires à ce
sujet, puisque l’idée de rencontrer des hommes via ces sites m’a
toujours semblé un cauchemar déprimant, et parce que je préfère sortir
avec des hommes que je connais déjà plutôt qu’avec des inconnus trouvés
au hasard sur Internet. Mais je peux très certainement croire que les
habitués des sites de rencontres agissent régulièrement comme des
abrutis pervers. Je pense que ce qui me trouble le plus, c’est cette
notion selon laquelle les hommes deviennent tout à coup désirables ou
moins vulgaires quand ils vous paient ?</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Lutkin dit qu’au moins les papas-gâteaux
« reconnaissent que ce qu’ils demandent a de la valeur », que « le temps
des femmes vaut quelque chose » et que « bien paraître nous coûte
cher ». Je pense qu’une partie de mon incompréhension vient du fait qu’à
mes yeux, avoir « de la valeur » ne signifie pas nécessairement « être
payée » ou « consommée ». Pour ma part, je pense que je suis un être
humain valable même quand un homme ne m’achète pas un sac à main ou ne
me paie pas pour que je fasse semblant de vouloir baiser avec lui. C’est
peut-être mon manque d’estime de soi, mais j’ai tendance à vouloir
fréquenter des gens qui me plaisent réellement. Je suppose que j’ai
toujours pensé que le féminisme a pour but de faire en sorte que les
femmes soient traitées avec respect par les hommes, même quand ces
hommes ne les baisent pas, et de combattre cette idée qui veut que les
femmes n’existent que pour permettre aux hommes de se sentir mieux dans
leur peau. Sinon, nous pourrions tout simplement renoncer à être
respectées un jour en tant qu’êtres humains à part entière et au moins
essayer de profiter de la misogynie ? Parce que l’on sait bien que
tenter de tirer profit des systèmes d’exploitation qui renforcent la
violence et l’oppression a toujours bénéficié par le passé aux personnes
marginalisées…</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Bien que les partisans du sugar dating (rencontres
organisées entre jeunes femmes et vieux messieurs) prétendent souvent
que le sexe n’est pas au cœur de l’affaire, Lutkin a constaté que
c’était faux. Il s’avère que les papas-gâteaux sont même « agacés par
toutes ces femmes qui cherchent des ententes platoniques » sur Seeking
Arrangement et que, « comme l’on pouvait s’y attendre, se limiter à
n’être que la compagne sexy d’un homme lors d’événements prestigieux est
à toutes fins utiles une illusion ».</span></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Au bout du compte, Lutkin affirme qu’elle « respecte
les filles-bonbons qui savent comment prêter leur quête amoureuse à un
objectif accessoire, que ce soit payer leurs frais de scolarité, partir
en voyage, s’acheter un sac à main luxueux, démarrer une entreprise ou
trouver quelqu’un qui a les moyens de leur offrir plus que de partager
la facture dans un bar miteux ». J’aime bien les bars un peu ringards,
mais les sacs à main me laissent plutôt de glace, alors ceci explique
cela. Par contre, je raffole des fruits de mer, et une fille-bonbon a
raconté à Lutkin qu’elle n’avait jamais goûté d’huîtres avant qu’un
papa-gâteau ne l’y initie, et depuis lors, elle est devenue une fana de
ces mollusques. Que voilà une belle histoire : les huîtres sont
assurément une excellente valeur d’échange pour notre âme !</span></div>
<span style="font-size: small;">Version originale sur Feminist Current : <a class="spip_url spip_out auto" href="http://www.feministcurrent.com/2018/04/19/liberal-feminism-reveals-truth-real-empowerment-comes-form-oysters-handbags/" rel="nofollow external">http://www.feministcurrent.com/2018/04/19/liberal-feminism-reveals-truth-real-empowerment-comes-form-oysters-handbags/</a></span><br />
<span style="font-size: small;">Johanne H cigTraduit par Joanne Heppell et <a class="spip_out" href="https://tradfem.wordpress.com/2018/05/03/le-feminisme-liberal-nous-eclaire-la-veritable-autonomie-des-femmes-passe-par-les-sacs-a-main-et-les-plateaux-dhuitres/" rel="external">TRADFEM</a></span><br />
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-9184008946222951272019-03-07T03:39:00.000-08:002019-03-07T03:39:09.335-08:00LA LEGALISATION A FAIT DE L’ALLEMAGNE LE BORDEL DE L’EUROPE. Et nous devrions avoir honte !<span style="font-size: small;">Par MANUELA SCHON</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Manuela Schon est une sociologue et militante
politique allemande. Elle a co-fondé « Abolition 2014 – Für eine Welt
ohne Prostitution » et « LINKE für eine Welt ohne Prostitution » (« La
gauche pour un monde sans prostitution »). Elle écrit sur le blog
féministe radical « Die Störenfriedas ».</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Lorsque les abolitionistes allemands parlent de la
situation de la prostitution en Allemagne, nous entendons constamment
les mêmes réactions : « vous plaisantez ? » ou « comment est-ce
possible ? » Quand nous faisons des présentations dans d’autres pays,
les personnes dans le public se mettent à pleurer ou demandent à faire
un break un quart d’heure après le début pour respirer un peu d’air
frais. Les mêmes présentations en Allemagne peuvent choquer aussi mais
nous avons observé que les gens sont tellement habitués à la situation
que leur réponse émotionnelle est plus réservée. En fait, les hommes
allemands vont souvent révéler fièrement qu’ils sont des acheteurs de
sexe lors des débats abolitionnistes. Il n’y a aucune honte à être
client en Allemagne. C’est un signal évident et alarmant qui montre que
des décennies de prostitution légalisée ont profondément modifié la
société.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">C’est facile de fermer les yeux sur les dégâts causés
par la prostitution si on n’y est pas confronté directement. Et bien
que toutes les femmes subissent l’impact de la prostitution, la plupart
des gens non directement impliqués ont une connaissance limitée de ce
qui s’y passe. Nous devons nous demander honnêtement quelles sont les
conséquences sociétales de la normalisation de la prostitution, et si
nous avons fait assez pour la combattre. Ce n’est pas acceptable de dire
« je ne suis pas affecté-e directement par la prostitution, et il y a
des choses plus graves ». Quand nous découvrons de graves violations des
droits humains, comme c’est le cas dans la prostitution, c’est notre
responsabilité de faire quelque chose à ce sujet. Si nous examinons
honnêtement la situation en Allemagne, c’est clair qu’une action
s’impose.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><strong>La politique et les profiteurs de la prostitution</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Contrairement à la croyance populaire, et sauf
pendant une courte période au début du XXème siècle, la prostitution a
été légale en Allemagne plus d’un siècle avant le passage de la loi
prostitution de 2001 (Prostitutiongesetz). Le projet de loi a été
proposé par le parti Social- démocrate allemand et les Verts (Bündnis
90/Die Grünen) et a été soutenu par le Parti libéral, le Parti
démocratique libre, et le Parti socialiste démocratique (maintenant
appelé Die Linke). Seuls les conservateurs se sont opposés à ce projet.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La loi, qui en fait légalise surtout le proxénétisme,
dit que la prostitution n’est plus considérée comme contrevenant à la
« bonne moralité » du pays. Alors que dans le passé, la notion de
« violation des lois morales » signifiait que les affaires judiciaires
impliquant une exploitation étaient traitées comme contraires à la
moralité publique, cette loi ne s’applique plus dans le contexte de la
prostitution. Malgré son nom désuet, la violation de cette loi de
moralité a été pratiquement la seule façon de s’attaquer à des
situations d’exploitation ou de pratiques immorales dans le domaine des
affaires quand ces pratiques n’étaient pas interdites explicitement par
la loi—comme des salaires très bas, des augmentations de loyer abusives
ou des taux d’intérêt très élevés. La décision d’exempter la
prostitution de cette « loi de moralité » a pu paraître progressiste,
mais elle a considérablement facilité l’exploitation des femmes.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Nos politiciens ont célébré ce « grand succès » verre
de champagne à la main, tout à fait en phase avec cette nouvelle
normalité. Même l’Union sociale chrétienne a été impliquée dans la
construction d’un bordel… à Dachau, déclarant que c’était « une
entreprise tout à fait ordinaire ». Le conseiller Elmet Erhorn, qui
travaillait comme électricien sur le projet, a dit : « je crois que nous
construisons une chose formidable, un sauna magnifique, un jacuzzi pour
se relaxer… Ce sera le plus bel établissement à Dachau … Nous avons
besoin d’endroits comme ça dans notre ville ».</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoxHwutkzVuyJMokISk_GDhhI6KBO23Qj1K-sg2T4Vek4CQbTjLajHubknN4C4fhoQOso-1niAP-5XY-cvbeR02wn59HVMvGnbhMfMlFmCkWesO5vQDm-JQu0MRcgZzFF_KLhmo3tpX3p3/s1600/1511362415-52233.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="361" data-original-width="500" height="231" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgoxHwutkzVuyJMokISk_GDhhI6KBO23Qj1K-sg2T4Vek4CQbTjLajHubknN4C4fhoQOso-1niAP-5XY-cvbeR02wn59HVMvGnbhMfMlFmCkWesO5vQDm-JQu0MRcgZzFF_KLhmo3tpX3p3/s320/1511362415-52233.jpg" width="320" /></a></span></div>
<br />
<span style="font-size: small;">Christine Bergman et Felicitas Schirow célèbrent, verre en main, le passage de la loi prostitution.</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Le propriétaire de bordel Bert Wollersheim a fait
visiter son bordel à Sylvia Pantel, députée du Parti conservateur au
Parlement. Elle a dit : « Je sais que Monsieur Wollersheim est une
personne très sympathique ».</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqG8lHDY-XUVGpPNJZfwsnfjkCgXTBxIvZEvQ_y0cmcQqgVXC6J3yJNtKIH5B8lqdi9Ro6bKvJWIILGnRVuYla0SHdMjoBxl2vLrceOpKGy0sIWkuc-zJWoNjmuAAl-CC8juhxIEbiMq-R/s1600/3_w%253D993_q%253Dhigh_c%253D0.bild.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="559" data-original-width="993" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqG8lHDY-XUVGpPNJZfwsnfjkCgXTBxIvZEvQ_y0cmcQqgVXC6J3yJNtKIH5B8lqdi9Ro6bKvJWIILGnRVuYla0SHdMjoBxl2vLrceOpKGy0sIWkuc-zJWoNjmuAAl-CC8juhxIEbiMq-R/s400/3_w%253D993_q%253Dhigh_c%253D0.bild.jpg" width="400" /></a></span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">Bert Wollerscheim fait visiter son bordel à Sylvia Pantel</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;"><strong>L’underground allemand</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Dans leurs efforts pour discréditer le modèle
nordique, les opposants disent qu’en Suède, la prostitution n’a pas
réellement décliné mais qu’elle est devenue clandestine. Bien sûr, ce
n’est pas vrai. Les policiers et les travailleurs sociaux en Suède, où
le modèle nordique est en place depuis plus de 10 ans, disent qu’ils
n’ont aucun problème à localiser les prostituées et les clients, le seul
problème étant de trouver l’argent pour gérer ces situations.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">En plus de légaliser le proxénétisme, la loi
prostitution offre aux personnes prostituées la possibilité de devenir
des employé-es ordinaires, payant des impôts et ayant accès aux aides
sociales. Mais seulement 44 personnes prostituées sur un total de 400
000 à 1 000 000 ont choisi de se faire enregistrer comme prostituées
afin d’avoir accès à ces aides.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">A Wiesbaden, la ville où j’habite, capitale de l’état
de Hesse (population 280 000), l’administration n’a aucune idée du
nombre de prostituées exerçant dans les limites de la ville. Leur
estimation est de 250 femmes, et ils disent que « Wiesbaden est trop
bourgeoise, donc la demande est faible ». Mais j’ai fait ma propre
recherche et j’ai trouvé le chiffre d’environ 1 000 femmes prostituées
(et trans) « travaillant » dans cette ville. C’est un nombre beaucoup
plus réaliste que 250. Il y a seulement deux bordels (relativement
petits) identifiables dans la ville, l’un est un « sauna club » et
l’autre un « flatrate » (prix fixe) récemment ouvert. Mais la plus
grande partie de la prostitution a lieu dans des appartements répartis
dans toute la ville, même dans les zones où les bordels n’ont pas le
droit de s’installer. Il y aussi des cinémas porno où les hommes peuvent
trouver des prostituées, des « tea clubs » qui servent surtout des
hommes turcs et marocains, et où les prostituées sont surtout roumaines
et bulgares, il y aussi des escorts, et bien sûr, de la prostitution en
ligne. La plupart des gens sont surpris d’apprendre que des mini-bordels
existent juste à côté de chez eux, parce que ces établissements n’ont
pas la visibilité des mega-bordels comme les « Paradise » et les
« Pascha ».</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Et il y a la question du crime organisé. Des gangs de
crime organisé comme les Hell’s Angels, les Mongols, les Bandidos, les
United Tribuns etc. contrôlent la prostitution et les zones « red
light » (quartiers chauds) dans différentes villes allemandes. Hambourg
et Francfort, par exemple, sont aux mains des Hell’s Angels, tandis que
les United Tribuns contrôlent la prostitution à Stuttgart et
Villingen-Schweningen. Malgré cette réalité, le discours courant sur la
légalisation est centré sur le « libre choix » des femmes et non sur
l’implication lourde du crime organisé dans l’industrie du sexe.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Quand on considère ça, de pair avec le fait que peu
de personnes prostituées reçoivent les supposés bénéfices sociaux liés
au fait que l’industrie du sexe est censée opérer de façon
« transparente », est-ce qu’on ne devrait pas plutôt parler de la
dimension « clandestine » de la prostitution en Allemagne ?</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><strong>La prostitution dans le système éducatif</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Pro Familia, un membre de la Fédération
internationale « Planned Parenthood » (IPPF) est une organisation qui
conseille les écoles pour le choix de leur matériel pédagogique
d’éducation sexuelle. Dans ce matériel recommandé pour les adolescents,
il y a un livre appelé « Sexualpädagogik der Vierfalt » (dont la
traduction serait à peu près « Pédagogie sexuelle de la diversité »). Ce
texte inclut des suggestions et du matériel pour des projets dans
lesquels les étudiants doivent nommer des positions sexuelles et faire
des propositions pour « moderniser un bordel ». En petits groupes, ils
sont censés discuter quels services une « maison de plaisir » devrait
offrir aux clients. Et ceux qui ont protesté contre l’introduction de ce
genre de contenu dans le curriculum scolaire ont été traités de
« réactionnaires », de « conservateurs » et de « prudes ».</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Entre 2006 et 2015, des membres du syndicat des
professeurs (GEW) dans l’état de Hesse se sont vu proposer des cours de
formation avancée donnés par un groupe de lobbying pro-décriminalisation
de la prostitution nommé « Dona Carmen ». Les professeurs pouvaient
accumuler des crédits de formation professionnelle en participant à ces
cours. Finalement l’année dernière, ils ont été éliminés du programme
éducatif.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La normalisation de la prostitution en Allemagne,
même parmi les enfants d’âge scolaire, amène des jeunes gens à célébrer
leur succès à l’Abitur (examen de fin d’études secondaires similaire au
baccalauréat NDLT) en allant ensemble au bordel. Ici ce n’est pas un
problème que des garçons de 16 se rendent en groupe dans des lieux de
prostitution pour acheter du sexe–c’est quelque chose que je vois
régulièrement dans mon propre quartier.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Greed is hot</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">« Geiz is Geil » est une phrase utilisée couramment
en Allemagne, dans les publicités et les campagnes de marketing, ce qui
signifie « greed is hot ». Et bien sûr, cette idée—que le public devrait
essayer d’avoir tout au moindre prix—est transférée au marché de la
prostitution. Les femmes sont vendues comme des produits, donc en tant
que produits, elles devraient être aussi bon marché que possible. Les
propriétaires de bordel font le maximum pour offrir les meilleures
affaires :</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">« De nouvelles filles au bordel « Caligula » à
Berlin. Offre spéciale pour les bêtes de sexe ». « Sting House : 38,50
Euros, « glory hole » : 20 Euros, masturbation dans le « glory hole » :
12,50 Euros ; box du voyeur : 28,50 Euros ». Les « bordels à prix fixe,
offrent des « menus tout compris » similaires à ceux des « buffets à
volonté », mais là c’est « all you can fuck » (baiser à volonté). Dans
certains cas, la nourriture et les boisons sont comprises.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_347 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="198" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/20-in-20-euro.jpg" width="500" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Un bordel à prix fixe, appelé « Pussy Club » a fait
les grands titres des journaux quand, lors de son jour d’ouverture le 9
juin 2009, une file d’attente de 1 700 hommes s’est massée devant la
porte pour pouvoir entrer. Les files d’attente ont continué devant les
chambres des femmes jusqu’à la fermeture, quand les prostituées se sont
effondrées, épuisées de fatigue, terrassées par la douleur, les
blessures et les infections, en particulier souffrant d’irritations
vaginales et de mycoses qui, de leurs organes génitaux, se sont
propagées à leurs jambes. Ce bordel a été fermé un an plus tard pour
trafic d’êtres humains.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Les bordels à prix unique sont très courants en
Allemagne, de même que ceux qui affichaient « tabuslos » (« sans
tabous »). En pratique, cela se traduit par ‘tout sans préservatif ». Le
résultat, c’est que les MSTs sont en augmentation en Allemagne (les
taux d’infection au VIH sont en train de remonter après plusieurs années
de stagnation, et il est courant que les hommes mariés transmettent des
infections à leur femme) (1).</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La concurrence entre bordels pour attirer les clients
signifie que les chaînes de bordels comme le Pascha à Cologne offrent
aussi des jeux de hasard-machines à sous etc—où les joueurs peuvent
gagner une « passe » gratuite avec une femme prostituée. Un bordel à
Berlin donne à ses clients des « cartes de fidélité » : 5 visites au
bordel donnent droit à une réduction de 50% sur la sixième visite, et
votre onzième visite est gratuite.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Pour ceux qui veulent allier pratique et pas cher,
les hommes peuvent aller sur des places de parking pour des relations
sexuelles en « drive in » ou visiter des boxes appellés
« Verrichtungsbox » » (les boxes pour faire des choses). Ils peuvent
même commander des femmes comme on commande une pizza grâce à une
application pour téléphone portable sortie récemment.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_348 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="350" src="http://clas.pe.hu/local/cache-vignettes/L485xH350/gaiz-oase-sex-drive-in-18511.png" width="485" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;"><strong>Prostitution et pornographie sont liées en Allemagne</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Une compagnie nommée Uschi Haller Fun héberge et
filme des « gangsbang parties » sur différents thèmes, qu’ils vendent au
public comme pornographie. Chaque participant paye 35 Euros, ce qui
inclut la nourriture et les boissons. Le port du préservatif est
explicitement banni, mais des masques sont fournis pour protéger
l’identité des hommes participants. Les hommes doivent soit fournir un
test HIV récent, soit accepter de faire un test rapide sur les lieux.
Des exemples de titres de vidéos pornographiques de Uschi Haller
incluent « L’ado Tina, enceinte de 6 mois », « Festival golden shower »,
ou le « Club des torchées » (où les hommes font boire les femmes
jusqu’à ce qu’elles soient complètement ivres et d’autant plus dociles).
Il y a aussi le thème « La grande bouffe », où les femmes doivent
ingurgiter d’énormes rations de spaghettis entre deux fellations,
jusqu’à ce qu’elles vomissent.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">La compagnie publie des photos des femmes après ces
gangbangs, montrant leurs yeux vitreux et leurs orifices enflammés. Ces
images contrastent avec leurs commentaires élogieux affirmant que les
femmes ont adoré. Dans le cas de Tina, une description de ses organes
génitaux publiée sur le site dit qu’ils avaient l’air « d’un cul de
babouin, tout rouge et enflé ».</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_349 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="334" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/pussy-club.jpg" width="500" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;"><strong>Les annonces de prostitution sont partout</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Si vous allez à Cologne par le train, la première
chose que vous voyez quand vous sortez de la gare, ce sont des taxis
affichant une publicité pour le bordel Pascha.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_350 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="336" src="http://clas.pe.hu/IMG/png/taxi.png" width="500" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><br />
<span style="font-size: small;">A Berlin, vous pouvez voir des bus portant des annonces pour le bordel Artémis.</span><br />
<br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_351 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="313" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/bus.jpg" width="500" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">Dans les zones où ces publicités sont interdites, des
panneaux d’affichage mobiles sont installés et déplacés dans toute la
ville, ou des camions et des camionnettes affichant ces publicités sont
garés jusqu’à ce que les résidents se plaignent, et alors ils sont
déplacés vers la rue voisine.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_352 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="192" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/ga.jpg" width="500" /></span></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><strong>Le lobby de la prostitution dans la culture populaire</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">En Allemagne, il y a plusieurs émissions de
télévision qui font la promotion de la pornographie et de la
prostitution. Le journal allemand FAZ appelle justement ces programmes
de la « publicité éditoriale ».</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Une chaîne nommée RTL II diffuse des émissions qui
proposent une vue positive de la prostitution, montrant des prostituées
ravies disant combien elles aiment ce qu’elles font et qu’elles trouvent
ça excitant. En 2010, RTL II a diffusé une émission sur un bordel
appelé « Teenyland » à Cologne, spécialisé dans les fantasmes
pédophiles. Des femmes qui ont l’air d’être mineures et qui sont
habillées comme des fillettes sont disponibles dans des chambres nommées
« la chambre de la princesse » ou « la salle de classe ». Une vidéo sur
youtube montre la fête donnée pour célébrer le cinquième anniversaire
de ce bordel, à laquelle ont assisté de nombreuses célébrités.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><span class="spip_document_353 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="643" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/wenn23089618.jpg" width="500" /></span><br class="autobr" />
Bert Wollersheim</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<span style="font-size: small;">En 2011, un reality show nommé « Les Wollersheims » a
suivi le propriétaire de bordel Bert Wollersheim et « la nouvelle
fiancée du propriétaire de bordel le plus iconique d’Allemagne ». Durant
les années 90, Wollersheim a été accusé de trafic d’êtres humains. Une
prostituée a été kidnappée (sur ses instructions) parce qu’elle ne
voulait plus « travailler » dans un de ses bordels, et que son nouveau
petit ami (ou proxénète ?) avait refusé de payer une « indemnité de
transfert » à Wollersheim.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Cela n’a pas endommagé son image publique. En fait,
quelques jours après les agressions du Nouvel an de Cologne, le maire de
Düsseldorf, Thomas Geisler, a participé à la fête du carnaval costumé
en Wollersheim. Sa femme était habillée—avec fausse poitrine—en
« fiancée » de Wollersheim.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Michael Beretin, le manager de la fameuse chaîne de
bordels « Paradise » participe à deux émissions de télé réalité mettant
en scène des bordels allemands. Dans « Rotlicht Experten » (« experts
des rues chaudes »), des bordels demandent à être testés pour obtenir un
label de qualité grâce au show, et ils sont notés sur les prestations
des femmes, l’atmosphère, l’hygiène et la propreté. Dans un autre show,
« Bordell S.O.S », les bordels qui participent reçoivent les conseils
d’une équipe d’experts pour attirer plus de clients et augmenter leurs
profits.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Dans un documentaire révélateur de la chaîne anglaise
Channel 4, intitulé « The Mega Brothel », Beretin déclare à propos de
prostituées en face des caméras « regardez un peu ces salopes paumées et
sans âme. Avant, les femmes faisaient ce job avec passion, mais
maintenant, c’est fini ». Berretin a été arrêté en 2015 et accusé de
trafic d’êtres humains, de prostitution forcée et de fraude fiscale.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><strong>Mais malgré tout, RTL II continue à diffuser ce show occasionnellement.</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Beretin et Jürgen Rudloff, le propriétaire de la
chaîne « Paradise », sont souvent invités à participer à des débats
politiques sur la prostitution dans les media. Ils sont présentés comme
des « hommes d’affaires prospères « qui gagnent leur argent dans la
« prostitution propre ». Des acteurs, des chanteurs, des athlètes
visitent ses établissements sans aucune gêne, et posent en photo avec
Beretin et Rudloff.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">D’autres proxénètes allemands célèbres sont traités
comme des stars. Par exemple, et bien qu’il ait fait de la prison pour
blanchiment d’argent, fraude fiscale et trafic d’être humains, plus de 4
millions d’usagers de Facebook ont liké la page du propriétaire de méga
bordel, le prince Marcus von Anhalt. Un des plus grands propriétaires
de bordels en Allemagne, le prince Marcus a plus de 1 000 femmes
prostituées qui « travaillent » pour lui.</span></div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;"><strong>La légalisation et la libéralisation ne rendent pas la prostitution plus sûre.</strong></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Comme le rappelle le site « Sex Industry Kills »
(« La prostitution tue »), au moins 69 femmes prostituées ont été tuées
depuis 2 000 en Allemagne. Ces meurtres sont seulement les cas
répertoriés, et il est probable que d’autres meurtres n’aient pas été
enregistrés. Il y a eu au moins 22 tentatives de meurtre sur des
prostituées, deux personnes ont été portées disparues et une autre est
morte dans un bordel d’une overdose. Il n’y a pas une semaine sans que
des reportages dans les medias parlent de femmes prostituées, violées,
menacées ou victimes de vol.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;">Nous avons un long chemin devant nous, un dur combat à
mener et les abolitionnistes allemandes ne peuvent pas le mener seules.
Nous avons besoin de personnes extérieures pour dire aux Allemands :
« êtes-vous devenus complètement fous ? » Des documentaires et des
reportages ont commencé à dire la vérité sur la situation en Allemagne.
Même les lobbyistes du « travail du sexe » disent que le « modèle
allemand » n’est pas satisfaisant. Il est temps que l’Allemagne cesse de
défendre fièrement son modèle et que les Allemand-es soient honteux de
cette situation.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><div align="justify">
<span style="font-size: small;"> Les bordels à « prix fixe » et les gangbangs viennent d’être interdits par la nouvelle loi prostitution de 2017.</span></div>
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">(Traduction Francine Sporenda)</span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">La version anglaise originale de ce texte a été publiée sur le site « Feminist Current » <a class="spip_url spip_out auto" href="http://www.feministcurrent.com/2016/05/09/legalization-has-turned-germany-into-the-bordello-of-europe-we-should-be-ashamed/" rel="nofollow external">http://www.feministcurrent.com/2016/05/09/legalization-has-turned-germany-into-the-bordello-of-europe-we-should-be-ashamed/</a></span><br />
<span style="font-size: small;">
</span><span style="font-size: small;">Source : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://revolutionfeministe.wordpress.com/2018/01/01/la-legalisation-a-fait-de-lallemagne-le-bordel-de-leurope-et-nous-devrions-avoir-honte/" rel="nofollow external">https://revolutionfeministe.wordpress.com/2018/01/01/la-legalisation-a-fait-de-lallemagne-le-bordel-de-leurope-et-nous-devrions-avoir-honte/</a></span>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-33883557134433258002019-03-06T03:36:00.000-08:002019-03-06T03:36:00.343-08:00VOUS M’ASSASSINEZ : PROPAGANDE HAINEUSE OU CENSURE DE PAROLES FÉMINISTES ?<div class="texte">
<big>Par Jane Clare Jones, dans la revue Trouble&Strife</big><br />
<big>
Original créé par @STRIFEJOURNAL et repris sur le site Web A Room of Our Own – À Feminist/Womanist Network<br />
<div align="justify">
Les illustrations ci-dessous sont des messages affichés par des transactivistes sur le réseau Twitter.</div>
<div align="justify">
Les féministes radicales sont périodiquement accusées
de nier le droit à l’existence des personnes transgenre, ou même de
souhaiter leur mort. Ici, Jane Clare Jones examine de plus près ces
accusations. D’où viennent-elles et que signifient-elles ? Est-il
possible de progresser vers une discussion plus constructive ?</div>
<div align="justify">
L’affirmation selon laquelle certaines formes de
discours féministes devraient être réduites au silence est récemment
devenue monnaie courante. Parmi les exemples notables, citons le
boycottage continu de la journaliste d’enquête Julie Bindel par la
National Students Union britannique, l’annulation d’une performance de
l’humoriste Kate Smurthwaite (qui a suscité une lettre ouverte au
quotidien The Observer) et, le mois dernier, l’exigence qu’un média
progressiste canadien mette fin à son association avec l’auteure
féministe Meghan Murphy.</div>
<div align="justify">
La base de ces revendications est l’affirmation qu’un
certain courant de la pensée féministe constitue de la propagande
haineuse. Diverses versions de cette affirmation circulent sur les
médias sociaux depuis des années, chargées d’analogies prévisibles entre
les féministes radicales critiques de l’idéologie transgenre
(qualifiées de TERF) et les nazis, le British National Party ou le Ku
Klux Klan. Mais l’efficacité de ces tentatives pour exciser des paroles
de la sphère publique m’a vraiment été révélée en août 2014, lorsque le
journaliste et militant trans Paris Lees s’est retiré d’un débat à
l’émission Newsnight avec le transgenre critique du genre Miranda
Yardley, en disant n’être « pas prêt à participer à un débat bidon sur
le droit à l’existence des personnes transgenres ».</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span class="spip_document_336 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="66" src="http://clas.pe.hu/IMG/png/yrkillingme-001.png" width="500" /></span><br />
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<i>« Je crois que nous avons le droit de choisir qui
nous invitons dans nos espaces et que les gens qui prêchent n’importe
quelle sorte de discours haineux doivent en subir les conséquences. »</i></div>
<div align="justify">
Plus récemment, l’affirmation selon laquelle les TERF
veulent « remettre en question le droit à l’existence des personnes
trans » s’est transformée en la suggestion plus ou moins explicite que
les TERF ne visent rien de moins que l’extermination des trans. Des
blogueurs partisans de la censure des féministes ont soutenu que le
dialogue est impossible quand « certaines des personnes à la table…
plaident pour l’élimination d’autres personnes assises autour de cette
table », ou qu’« un camp est forcé de défendre son existence entière
contre un groupe de personnes… qui voudraient nous voir mortes ».</div>
<div align="justify">
L’argument selon lequel ce que certaines féministes
tentent de dire est de la propagande haineuse peut être décomposé en
trois allégations interdépendantes. En ordre croissant de gravité, elles
sont que les TERF (1) nient l’existence des personnes trans ou leur
droit d’exister ; (2) veulent activement que les personnes trans
n’existent pas ; et (3) ont des comportements qui sont responsables de
la mort de personnes trans.</div>
Allégation 1 : Les TERF nient l’existence des personnes trans ou leur droit d’exister.<br />
<br class="autobr" />
<span class="spip_document_337 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="164" src="http://clas.pe.hu/local/cache-vignettes/L496xH164/yrkillingme-002-e0d67.png" width="496" /></span><br class="autobr" />
<i> </i><br />
<i>« Tout le château de cartes des TERF est fondé sur l’a priori voulant
que le genre soit purement une condition imposée socialement. »</i><br />
<div align="justify">
À première vue, cette affirmation semble absurde.
Les personnes trans existent manifestement : le féminisme n’est pas
déchiré par un conflit avec et au sujet de personnes inexistantes. Pour
que cette affirmation ait un sens, il nous faudrait accepter de
confondre « l’existence des personnes trans » avec « l’existence des
personnes trans selon ce que dit l’idéologie transgenre de l’existence
des personnes trans », à savoir la théorie selon laquelle l’existence
des personnes trans est explicable en termes de l’« identité de genre »,
une caractéristique innée qui serait la source immuable du genre d’une
personne.</div>
<div align="justify">
Cette théorie semble avoir émergé dans un contexte
clinique et universitaire, avant d’être intégrée à l’idéologie des
transactivistes. C’est une élaboration théorique issue du récit commun
chez les trans qui met l’accent sur l’expérience d’être « une femme
piégée dans le corps d’un homme ». Dans sa recension détaillée des
réactions hostiles ayant suivi la publication du livre de J. Michael
Bailey The Man Who Would Be Queen (2003), Alice Dreger appelle ce
discours celui de l’« essence féminine », un récit qui soutient que
« les personnes trans souffrent d’une sorte de mauvais tour de la
nature, qui leur aurait donné le cerveau d’un sexe dans le corps typique
de l’autre… une sorte d’intersexualité neurologique, généralement
interprétée comme étant innée ».</div>
<div align="justify">
Le féminisme, en tant que mouvement politique visant
la libération des femmes, a longtemps théorisé le genre non comme une
essence innée, mais comme un système hiérarchique renforçant
l’asservissement des femmes. Caractériser certains traits de
personnalité — la soumission, le souci des autres, le désir d’être jolie
et chosifiée — comme étant « naturels » aux femmes est, selon l’analyse
féministe, un mécanisme crucial au maintien de la hiérarchie des sexes.
En conséquence, de nombreuses féministes interpellent réellement
l’assertion de l’idéologie trans selon laquelle l’« identité de genre »
est à la fois naturelle et universelle. Cette thèse se rapproche
dangereusement d’une naturalisation de l’oppression des femmes.</div>
<div align="justify">
Cette question n’est pas banale et doit être
discutée. Mais il a été décrété que l’on ne peut pas en discuter, car le
faire équivaudrait à « nier le droit à l’existence des personnes
trans ». L’idéologie trans confond le fait de l’existence des personnes
trans avec la théorie expliquant l’existence des personnes trans et elle
accuse quiconque conteste cette théorie d’être intolérant·e et
transphobe et de chercher à nier l’existence même des personnes trans.
De fait, même les transfemmes qui continuent à exister malgré leur
adhésion à la critique féministe du genre essuient les dénonciations de
beaucoup de membres de leur communauté qui les accusent de haine
intériorisée ou de traîtrise. C’est un argument par non-argument, et il a
pour fonction d’interrompre toute discussion en rendant indicible
l’analyse féministe solidement établie à propos du genre.</div>
<div align="justify">
Soutenir que toute personne qui remet en question la
théorie de l’identité de genre est nécessairement transphobe équivaut à
soutenir que quiconque conteste la thèse que tout homosexuel est « né
comme ça » est nécessairement homophobe. Dans les deux cas, cette
manœuvre laisse entrevoir la conviction que l’acceptabilité morale des
homosexuels ou des personnes trans dépend d’une capacité de convaincre
les autres que leur existence est « naturelle ». Étant donné les
injonctions historiques contre le désir « pervers » ou « contre nature »
(dans le cas de l’homosexualité) et contre la « déviance » (dans le cas
de la non-conformité aux impératifs de genre), il est compréhensible
que les mouvements pour les droits des homosexuels et, plus récemment,
pour ceux des trans aient investi si fortement le discours de leur
caractère « naturel ». Mais répondre à l’accusation patriarcale d’être
« contre nature » par une contre-affirmation de « nature », que ce soit
sous la forme d’un « gène gay », ou d’un « sexe du cerveau » comme siège
de l’identité de genre, reste fermement ancré dans la conviction
patriarcale que le naturel est le critère de l’acceptabilité morale. Or,
ce n’est pas le cas. Les personnes gays, lesbiennes, bi- et
pansexuelles sont très bien comme elles sont tout simplement parce
qu’elles sont très bien comme elles sont. Et il en est de même pour les
personnes trans. Il se peut que les féministes qui remettent en question
le caractère « naturel » prêté à l’identité de genre soient perçues
comme sapant l’acceptabilité morale de l’existence des personnes trans.
Mais c’est supposer que les féministes sont investies dans le couplage
patriarcal de la « nature » et de l’acceptabilité morale, quand elles
sont les dernières personnes à l’être.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span class="spip_document_338 spip_documents spip_documents_center">
</span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaMpGd_s1d9E6YQr8NrIuzbB_I0olYydPdzXh5Ik9e5Swy3be8fIeJ0Cf-e79BE3cAhbvM3OIqdfIjf8kFe-Z-9yB7k_d-D2extpAWtr7hvz_48lqaQbcHp3ldXYs0Wemp0oImta0Y5ysq/s1600/yrkillingme-003.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="390" data-original-width="601" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjaMpGd_s1d9E6YQr8NrIuzbB_I0olYydPdzXh5Ik9e5Swy3be8fIeJ0Cf-e79BE3cAhbvM3OIqdfIjf8kFe-Z-9yB7k_d-D2extpAWtr7hvz_48lqaQbcHp3ldXYs0Wemp0oImta0Y5ysq/s400/yrkillingme-003.png" width="400" /></a></div>
<br />
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<i>La « personne en pain d’épices » : une
illustration caractéristique des notions que l’idéologie transgenre
place sur des continuums dans leur matériel adressé aux jeunes.</i></div>
<div align="justify">
Donc, si les questions féministes au sujet de
l’identité de genre ne sont pas un déni de l’existence des personnes
trans, ou, en fait, de leur acceptabilité morale, à quoi d’autre
pourrait s’adresser ce « déni » ? La complexité des problèmes en jeu
peut se résumer à la question de savoir si une femme est prête à
accepter l’axiome selon lequel « les transfemmes sont des femmes ». Et
bien que les militants trans prétendent pousser le genre « au-delà du
binaire », il est remarquable que cet axiome n’existe que par rapport à
sa négation absolue, c’est-à-dire à la phrase « les transfemmes ne sont
pas des femmes » ou, en fait, « les transfemmes sont des hommes ».
Lorsqu’on nous pose la question (comme on le fait souvent ces jours-ci)
si l’on croit que « les transfemmes sont des femmes », notre réponse n’a
le droit d’être que « oui » ou « non ». On ne peut pas répondre, comme
beaucoup de femmes le souhaiteraient, « eh bien, la réponse à cette
question est à la fois oui et non ».</div>
<div align="justify">
Avec sa référence implicite aux cerveaux masculins et
féminins, l’idéologie trans a pour motif central que le sexe d’une
personne n’est rien d’autre que son identité de genre. Le sexe
résiderait entièrement dans l’expérience privée qu’a l’individu de « se
sentir » homme ou femme, et donc, si quelqu’un déclare se sentir femme,
alors il est une femme, et même a toujours été une femme, exactement de
la même manière que les femmes non trans ont toujours été des femmes.
D’un point de vue féministe, ce qui disparaît dans ce compte rendu est
toute la structure du genre comme système d’oppression, un système qui
fonctionne en identifiant le potentiel reproductif d’une personne et en
socialisant ensuite les femmes à s’acquitter de leur rôle comme membre
de la classe reproductrice. Pour beaucoup de femmes non trans, l’idée
que l’essence d’être une femme réside dans le « sentiment » d’en être
une est moins erroné qu’incompréhensible. Notre expérience de la
féminité n’est pas un sentiment interne, mais un processus permanent
d’être soumis à — et de se révolter contre – des sanctions et des
attentes sociales très spécifiques : Tiens ta langue. Sois jolie. Sois
effacée. Souris. Ne sois pas trop exigeante. Plie-toi aux désirs des
autres.</div>
<div align="justify">
Lorsque les féministes soulèvent ces arguments, nous
sommes parfois accusées de nous livrer à des débats « universitaires »
alors que la vie d’autres personnes est en jeu, comme si les
restrictions patriarcales imposées aux femmes ne concernaient pas la vie
de gens. Mais ce débat n’est pas universitaire pour les femmes
concernées. Pour les transfemmes comme pour les femmes, ce qui est en
jeu, c’est la capacité de se comprendre d’une manière qui rende leur vie
vivable. Pour les femmes féministes, l’axiome « les transfemmes sont
des femmes », entendu comme signifiant « la féminité consiste en
l’identité de genre et, par conséquent, les transfemmes sont des femmes
exactement de la même manière que les femmes non trans sont des femmes »
est vécue comme un effacement extrême de la façon dont notre être-femme
est marqué par un système de violence patriarcale qui vise à contrôler
nos corps sexués.</div>
<div align="justify">
Ce système de violence patriarcale marque aussi la
vie des transfemmes, qui sont indubitablement victimes des types de
violences masculines auxquels les féministes ont passé des années à
tenter de résister. Pour faire de certaines féministes la principale
menace à l’existence des trans, il est donc nécessaire que l’idéologie
trans mette de côté la violence patriarcale qui affecte à la fois les
femmes et les trans, et place plutôt les féministes au sommet d’une
structure d’oppression. L’une des principales stratégies pour y parvenir
est l’élaboration de la catégorie du « privilège cisgenre ».</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<strong>Le privilège cisgenre</strong><br />
<div align="justify">
Dans un essai publié en 1983 dans The Politics of
Reality, au chapitre « Oppression », Marilyn Frye fait remarquer que le
concept d’oppression a tendance à être « étiré jusqu’à l’insignifiance…
comme si sa portée incluait toute expérience humaine de limitation et de
souffrance, quelle qu’en soit la cause, le degré ou la conséquence »
(p. 1). À l’heure où les axes d’oppression semblent se multiplier, sans
jamais tenir compte du mobile de la domination, l’essai de Frye est plus
pertinent que jamais. Le privilège – une façon autrefois utile
d’illustrer comment certaines structures détournent le monde en fonction
des intérêts de classes particulières – est maintenant couramment
invoqué pour désigner tout avantage qui manque à quelqu’un d’autre, que
cet avantage découle ou non d’un système de domination structurelle. De
fait, l’avantage lui-même est souvent considéré comme une preuve
suffisante de l’existence d’une oppression.</div>
<div align="justify">
Il est clair qu’être trans présente des défis et des
difficultés au sein d’un système social qui ne reconnaît pas la
possibilité d’être transgenre, et qui n’est pas conçu pour répondre aux
besoins particuliers des personnes trans. Leur demande de
reconnaissance, de visibilité, d’acceptation sociale et d’organisation
politique autour d’intérêts spécifiques est nécessaire et importante.
Cependant, selon Frye, interpréter une limitation comme un cas
d’oppression exige plus que de constater « si elle fait partie d’une
structure close… d’obstacles qui tendent à l’immobilisation… d’un
groupe… de personnes » (p. 10). Cela nécessite également de regarder
« comment la barrière… fonctionne pour d’autres personnes, et au
bénéfice ou au détriment de qui elle fonctionne » (c’est moi qui
souligne, p. 11).</div>
<div align="justify">
L’oppression des femmes en tant que femmes est
reconnue en comprenant la fonction de cette oppression : les femmes en
tant que classe sont opprimées par les hommes en tant que classe,
poursuit Frye, « aux fins du service et de l’intérêt des hommes, qui
comprennent le fait de porter et d’éduquer les enfants » ainsi que
divers autres « travaux de service », y compris le service domestique et
personnel, le service sexuel et le soutien affectif ou celui de l’ego
masculin (p. 9). Les femmes sont opprimées en tant que femmes parce que
cette oppression permet aux hommes de tirer des ressources des femmes,
sous forme de travail reproductif, domestique, sexuel et affectif. De
même, l’oppression basée sur la classe et la race est structurée autour
de l’extraction des ressources du groupe opprimé. Et la question que
nous devons alors nous poser est la suivante : dans quel sens les
limites réelles vécues par les personnes transgenres sont-elles
inscrites dans une structure spécifique d’oppression visant à extraire
des ressources des personnes trans en tant que classe ?</div>
<div align="justify">
Encore ici, il est utile de comparer ce cas avec la
discrimination exercée contre les homosexuels. Les hommes gays et les
lesbiennes éprouvent, ou ont éprouvé, de profondes limites à leur
capacité de mener une vie florissante. Cependant, ces limitations ne
découlaient pas du désir des personnes non homosexuelles de s’approprier
le travail des homosexuels en tant que classe. Les limites imposées à
la libre expression de l’homosexualité sont plutôt apparues comme un
complément des idées patriarcales sur le caractère « naturel » du
couplage hétérosexuel, et les rôles sexuels dits « naturels » des
individus sexués se sont inscrits dans le cadre de ce couplage.
Autrement dit, l’injonction contre l’homosexualité fait partie de
l’hétéronormativité, et puisque la fonction première de
l’hétéronormativité est de naturaliser l’appropriation par les hommes du
corps des femmes, les restrictions à l’homosexualité sont une variante
de l’oppression patriarcale.</div>
<div align="justify">
De même, les limites empêchant les personnes trans de
déterminer elles-mêmes leur expression de genre résultent du fait que
de telles expressions ont été sexuées par le patriarcat. Mais c’est un
cadre explicatif auquel l’idéologie transgenre est totalement incapable
d’accéder, à cause de sa conception d’un genre inné. En lieu et place de
ce cadre, l’idéologie transgenre postule un système absolument non
motivé d’oppression cisgenre qui repose, non sur l’assujettissement de
corps sexués particuliers à des comportements sexués acceptables, mais
sur l’identification même du dimorphisme sexuel chez les êtres humains.</div>
<div align="justify">
Nous assistons ici à une inversion parfaite de
l’analyse féministe. En place de la réalité matérielle du sexe et de la
construction sociale du genre, on nous propose la construction sociale
du sexe et la réalité matérielle du genre. Ce que les penseuses
féministes ont traditionnellement identifié comme le rattachement
essentialiste du corps sexué au comportement genré est réécrit comme le
privilège d’un alignement entre son identité de genre et le sexe assigné
de manière coercitive à la naissance.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span class="spip_document_339 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="289" src="http://clas.pe.hu/IMG/png/yrkillingme-004.png" width="500" /></span><br class="autobr" />
<i> </i><br />
<i>Ce diagramme est utilisé pour convaincre les femmes non transgenres qu’elles sont des privilégiées.</i><br />
<div align="justify">
Ce prétendu privilège (qui est en réalité une
oppression) est alors invoqué pour présenter les femmes non trans comme
les oppresseures des personnes trans. Il est interdit de demander à
quelle fin les femmes non trans seraient investies dans l’oppression des
transfemmes. En tant qu’oppresseures, les femmes non trans ne sont pas
autorisées à remettre en question ce diktat : nous devons comprendre que
la seule voie d’action équitable est d’acquiescer sans un murmure aux
besoins déclarés des opprimés. Ce qui bloque donc entre les femmes non
trans et les transfemmes toute possibilité de solidarité, basée sur la
reconnaissance que nous sommes également — quoique différemment —
contraintes par des idéologies hétéronormatives du genre. Il n’y a pas
de reconnaissance que nous souffrons toutes aux mains du même système,
et il ne peut y avoir de négociation sur la façon de satisfaire nos
divers besoins au sein du féminisme en tant que mouvement politique. Il
ne peut y avoir aucune conversation. Après tout, l’on ne négocie pas
avec un oppresseur qui ne s’intéresse qu’à vous exploiter et à vous
faire un mal incalculable.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span class="spip_document_340 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="100" src="http://clas.pe.hu/local/cache-vignettes/L300xH100/yrkillingme-005-300x100-b4459.png" width="300" /></span><br />
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<i>« Bon Dieu, combien de fois devons-nous expliquer aux personnes cis qu’il n’existe rien de tel que la biologie féminine. »</i></div>
<strong>Allégation 2 : Les TERF veulent que les personnes trans cessent d’exister.</strong><br />
<div align="justify">
Le positionnement des femmes cisgenres en tant
qu’agentes de domination est crucial pour affirmer que le féminisme
critique du genre est une forme de propagande haineuse, car il prête aux
féministes radicales un pouvoir social suffisant pour soutenir l’idée
que le scepticisme à propos du concept d’identité de genre est un
facteur primordial de la violence vécue par les personnes transgenres.
Bien que, comme nous le verrons plus loin, cette violence s’explique
bien mieux dans le contexte du pouvoir patriarcal, l’idéologie trans a
pour principal souci de positionner les féministes comme le principal
oppresseur des personnes trans.</div>
<div align="justify">
<br /></div>
<span class="spip_document_341 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="97" src="http://clas.pe.hu/local/cache-vignettes/L300xH97/yrkillingme-006-300x97-7ba50.png" width="300" /></span><br />
<div align="justify">
<br /></div>
<div align="justify">
<i>Il n’y a rien que je puisse écrire qui convaincra
une TERF que je suis une femme et que j’ai le droit de ne pas être
‘décrétée à l’inexistence’. »</i></div>
<div align="justify">
Cette stratégie est renforcée — comme le suggère le
blogue cité ci-haut — par la prétention selon laquelle les féministes
souhaitent activement la mort des personnes transgenres. Autant que je
sache, la seule base textuelle pouvant supporter une telle assertion est
une citation recyclée sans fin de Janice Raymond, publiée il y a
quarante ans dans The Transsexual Empire :</div>
<div align="justify">
<strong>« J’affirme que le meilleur service à rendre au transsexualisme est de décréter moralement son inexistence. »</strong></div>
<div align="justify">
Je n’ai pas l’intention ici de défendre l’œuvre de
Raymond ni de nier que certaines féministes radicales se soient
exprimées d’une manière profondément désobligeante à l’égard des
transfemmes. Mais ce qui est clair, c’est que « décréter moralement
l’inexistence du transsexualisme » n’est pas l’expression du désir
d’anéantir les personnes transsexuelles. Cette revendication, une fois
interprétée à travers une critique féministe du genre, signifie
évidemment que le système patriarcal de normativité du genre est la
condition de possibilité de la transsexualité. C’est-à-dire que si les
comportements n’étaient pas codés socialement comme masculins ou
féminins, les individus ne pourraient pas vivre de disjonction entre la
nature apparemment genrée de leur personnalité et leurs corps sexués.</div>
Lire la suite : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/12/01/vous-massassinez-propagande-haineuse-ou-censure-de-paroles-feministes%e2%80%89/" rel="nofollow external">https://tradfem.wordpress.com/2017/12/01/vous-massassinez-propagande-haineuse-ou-censure-de-paroles-feministes%e2%80%89/</a></big></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-23984491906542986452019-03-05T03:37:00.000-08:002019-03-05T03:37:06.380-08:00Comment les transgenres sont-ils devenus « les nouveaux Noirs » : présentation faite au Parlement britannique le 31 octobre 2017<big>Par Miranda Yardley</big><br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbs0JnbdnnHodnC3JcFiZ-MHg1goxmM1E03p3-cdox8JtpjekiwMnG7fC4_lCpw-mmddN6F5TgR1Ba3Rmf49gxFMd9e2k3fydi0GArfecdZX2RpTNRgL_fjS7zZaVn4aoGuSqkoHTOV_jY/s1600/yardley-and-friends.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="525" data-original-width="700" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbs0JnbdnnHodnC3JcFiZ-MHg1goxmM1E03p3-cdox8JtpjekiwMnG7fC4_lCpw-mmddN6F5TgR1Ba3Rmf49gxFMd9e2k3fydi0GArfecdZX2RpTNRgL_fjS7zZaVn4aoGuSqkoHTOV_jY/s400/yardley-and-friends.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div align="justify">
<big><i>Quelques gauchistes, dont Miranda Yardley, et
une chercheure parlementaire montrent leur appréciation d’un député
conservateur qui comprend à quel point la gauche a échoué à défendre les
droits des femmes, des enfants et des homosexuels.</i></big></div>
<big>
<div align="justify">
Voici une présentation que j’ai faite au Parlement le
31 octobre 2017. Les députés y ont été invités par David Davies, député
conservateur de Monmouthshire. J’y étais accompagné par Judith Green,
Stephanie Davies-Arai et James Caspian, dont les allocutions respectives
peuvent être consultées aux hyperliens ci-dessus. L’objectif de ces
présentations était de démontrer les faiblesses inhérentes aux
propositions de « mise à jour » de la Loi de 2004 sur la reconnaissance
du genre (LRG), notamment par l’introduction de
l’« auto-identification » du sexe et en raison du remplacement du
« changement de sexe » par la notion d’« identité de genre ». Nous
voulions également souligner la façon dont ces réformes contredisaient
des droits des femmes, des homosexuel·le·s et des enfants, et la manière
dont tout le traitement médical de l’identité des personnes transgenres
constituait la médicalisation imparfaite d’une condition
auto-diagnostiquée et non diagnostiquable.</div>
<div align="justify">
Le député Davies est un allié improbable de la cause
que je promeus. Je suis d’avis que le Rapport 2015 sur l’égalité
transgenre est un document déséquilibré, unilatéral, socialement
régressif et profondément antifemme ; l’enquête dont il a résulté n’a
tout simplement pas abordé le sujet sur lequel il porte, et le document
est plus une œuvre de propagande qu’une enquête raisonnée. C’est un
travail d’activistes qui ne reflète que cet activisme.</div>
<div align="justify">
Ironie du sort, mise à part la députée Caroline Flint
à l’occasion de la première lecture du projet de loi maintenant rejeté,
le seul député à avoir montré la moindre compréhension des problèmes en
cause et de leur impact sur les femmes est un député conservateur blanc
de classe moyenne, dont la feuille de route en Chambre constitue un
anathème pour les libéraux classiques comme moi. Je félicite toutefois
M. Davies, car il comprend bien la conjoncture actuelle, et il a, par
ses interventions durant notre rencontre, fait preuve d’une intelligence
de la façon ces propositions affectent aussi négativement les droits
des personnes lesbiennes, gaies et bisexuelles. Mais on a l’impression
d’entrer dans « La Quatrième Dimension » lorsqu’un député conservateur
fait le travail de la gauche, parce que celle-ci se révèle édentée,
inefficace, impuissante.</div>
<div align="justify">
Cela me dit à quel point la gauche politique est
complètement foutue, mais cela, nous le savons toutes et tous parce que
nous, à gauche, sommes empêché·e·s d’avoir une conversation raisonnée
sur le fait que « l’égalité transgenre » entraîne que des femmes qui ont
vécu toute leur vie la réalité de ce que signifie être une femme dans
un monde dominé par les hommes, sont censées accepter et célébrer comme
l’une des leurs, sans la moindre réticence, tout homme qui, dans le
cadre de sa crise de la quarantaine, décide d’investir dans une perruque
de danseuse érotique, des vêtements inappropriés et un nom féminin
anachronique. Faute de quoi, ces femmes sont stigmatisées comme
« exclusionnaires » et condamnées, telles des sorcières, à être brûlées
au poteau fumant de la justice sociale. L’égalité des personnes
transgenres est un jeu à somme nulle, et s’avère fondamentalement
inéquitable.</div>
<div align="justify">
La première question posée a eu lieu après vingt
minutes parce qu’un député devait partir pour la « période de
questions ». Il a demandé si le Royaume-Uni était considéré comme
progressiste dans ces domaines. Stephanie Davies-Arai a répondu, en
expliquant que l’Iran avait une politique de transsexualisation de ses
homosexuel·le·s qui en faisait la « capitale mondiale du changement de
sexe », tellement ce pays était intolérant de l’homosexualité. Elle m’a
incitée à répondre également, et j’ai expliqué que les pays considérés
comme les plus progressistes sur les questions trans, comme l’Argentine,
l’Irlande et Malte, ne permettent toujours pas aux femmes d’accéder
librement au contrôle des naissances et à l’avortement. Sur une autre
question, j’ai ajouté que dans les sports féminins, l’égalité transgenre
se faisait au détriment de l’équité ; il arrive que la chose la plus
injuste que nous puissions faire soit de traiter tout le monde de la
même manière.</div>
<div align="justify">
Bien sûr, il n’est pas surprenant que l’idéologie
transgenre fasse aussi bon ménage avec des attitudes politiques
régressives. Elle est elle-même une idéologie réactionnaire : la notion
d’« identité de genre » est essentialiste jusqu’au trognon et, comme
j’ai eu le plaisir d’en rire avec l’auditoire un peu plus tard, ce que
nous désignons aujourd’hui « identité de genre » est exactement ce que
nous appelions « sexisme » au cours d’une décennie mieux politiquement
informée, les années 1980.</div>
<div align="justify">
À la suite de ces présentations et sans aucune ironie
apparente, un certain nombre de transactivistes se sont plaint·e·s de
ne pas avoir été invité·e·s et que le panel était « déséquilibré » et
non représentatif. Cet argument rate bien sûr l’objectif de la
discussion, qui était de donner une voix à la majorité silencieuse : les
femmes, les enfants et les transsexuel·le·s touché·e·s par ces
propositions, et de dénoncer la couverture médiatique unilatérale du
Rapport unilatéral sur l’égalité transgenre. Nos organisations LGBT
concentrent maintenant sans discernement leur militantisme politique sur
les droits sexuels d’hommes hétérosexuels, plutôt que de soutenir les
droits humains des gens à des relations homosexuelles. Il est tout à
fait tragique que sous la direction de Ruth Hunt, Stonewall UK prône un
manifeste grotesque qui menace les femmes, les homosexuel·le·s et les
enfants réticents aux stéréotypes du genre.</div>
Quoi qu’il en soit, que la fête commence…<br />
<div align="justify">
Bienvenue, mes ami·e·s, à l’interminable débat, nous sommes si heureux que vous ayez pu y assister ; entrez, entrez donc…</div>
<span class="spip_document_335 spip_documents spip_documents_center">
<img alt="" height="274" src="http://clas.pe.hu/IMG/jpg/miranda-au-parlement.jpg" width="500" /></span><br />
<div align="justify">
Je suis transsexuel : une personne née homme qui a
subi un traitement hormonal et une chirurgie et qui essaie de vivre « en
tant que femme ». J’aimerais remercier le député David Davies d’être
notre hôte aujourd’hui, et remercier tout le monde réuni ici pour
l’approche progressive et trans-inclusive donnée à cette réunion. Les
problèmes dont nous parlons sont plus complexes qu’ils ne le paraissent
d’abord, et moi-même et les autres intervenant·e·s sommes
reconnaissant·e·s de cette occasion de vous venir en aide.</div>
<div align="justify">
La complexité du « débat transgenre » n’est pas
facilitée par l’utilisation d’un langage obscur. Je vais établir
quelques définitions puis vous montrer ce que cela signifie d’entrer
sous le « parapluie transgenre ».</div>
<div align="justify">
Notre sexe biologique est matériel, basé sur notre
rôle dans la procréation. Comme chez les autres mammifères, les femelles
produisent de gros gamètes, et conçoivent et nourrissent les enfants.
Les mâles produisent de petits gamètes, leur rôle est uniquement de
féconder les femelles.</div>
<div align="justify">
Compte tenu de la différence sexuelle, il existe pour
les femmes certaines mesures de protection qui les mettent à l’abri de
violences sexuelles et physiques et leur permettent de participer à la
vie publique.</div>
<div align="justify">
Le « genre » possède plusieurs définitions. Il est
souvent utilisé comme synonyme du « sexe », ce qui devrait être évité,
car le « genre » désigne en fait des coutumes ou des stéréotypes
culturels. Si nous disions que les jouets sont genrés, notre coutume
serait que les voitures, les dinosaures et les ensembles de construction
sont destinés aux garçons, et que les poupées, les ensembles de dinette
et les tenues de princesse sont destinées aux filles.</div>
<div align="justify">
Pourtant rien ne suggère que les filles n’aiment pas
les dinosaures ou que les garçons n’aiment pas les ensembles de dinette.
Les stéréotypes limitent nos possibilités.</div>
<div align="justify">
Pourtant, ces stéréotypes s’étendent aux vêtements,
aux cosmétiques et aux carrières : les professions lucratives de pouvoir
sont dominées par les hommes, et les professions de soignantes sont
dévolues aux femmes.</div>
<div align="justify">
Les stéréotypes, ou traits de caractère, se combinent
pour devenir des rôles de genre : les traits féminins sont associés aux
femmes ; les traits masculins, aux hommes. Au sein des cultures, ces
stéréotypes varient avec le temps. Par exemple, la dichotomie du rose
pour les filles et du bleu pour les garçons a changé il y a moins d’un
demi-siècle. Les stéréotypes de genre varient également d’une culture à
une autre.</div>
<div align="justify">
Bien que le sexe biologique ne détermine pas la
personnalité, les stéréotypes culturels du genre présupposent que oui,
et dictent injustement ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire.</div>
<div align="justify">
Les personnes transgenres utilisent autrement la
notion de « genre ». La transactiviste étasunienne Julia Serano définit
le genre comme une collection d’« identités ou de classes sociales »
basée sur le sexe, en parlant du genre ou du sexe auquel les personnes
s’identifient. C’est ce qu’on appelle l’« identité de genre ».</div>
<div align="justify">
Cette « identité » peut être ou non conforme au sexe
de naissance. Même si l’« identité de genre » n’a pas de base matérielle
en dehors de l’esprit, lorsqu’elle est exprimée, elle se conforme à des
stéréotypes.</div>
<div align="justify">
- Pour les hommes qui s’identifient comme femmes :
des vêtements, coiffures et cosmétiques féminins, et l’adoption d’un
personnage féminin ;</div>
<div align="justify">
- Pour les femmes qui s’identifient comme hommes :
des vêtements masculins, des coiffures de style « brosse », des
tatouages et un personnage masculin.</div>
<div align="justify">
Bien sûr, il n’y a aucune raison pour que les femmes
ne puissent pas avoir les cheveux taillés en brosse ou se montrer fortes
et dynamiques dans leur propre carrière, comme les chanteuses Pink ou
Bridget Nielsen. Il n’y a aucune raison pour que les hommes ne puissent
pas porter de robes et de maquillage tout en restant des hommes, comme,
par exemple les vedettes Boy George et RuPaul.</div>
<div align="justify">
Donc, l’« identité de genre » est un rapport entre
notre personnalité et les stéréotypes sexuels. Le changement proposé à
la loi pour faire de cette identité une caractéristique protégée
renforce les stéréotypes culturels et ne protège rien d’autre que des
pensées et des sentiments. Cela ne protège en rien les transsexuel·le·s
comme moi.</div>
<div align="justify">
Rédiger une loi pour protéger des stéréotypes de
genre est contre-productif : pourquoi créer une loi supplémentaire quand
nous pourrions célébrer l’individualité, renforcer la loi existante et
permettre aux personnes d’être elles-mêmes ?</div>
<div align="justify">
L’identité de genre n’a presque aucun fondement
scientifique, c’est un acte de foi ; or, nous avons déjà une
caractéristique protégée pour la foi : la liberté de religion.</div>
<div align="justify">
Le terme « transgenre » a remplacé ce qu’on appelait
autrefois l’expression « travesti », c’est un mot fourre-tout, un
parapluie. Beaucoup de transsexuel·le·s refusent de s’y abriter, car les
besoins de nombreuses identités « transgenres » entrent en conflit avec
les nôtres. L’existence du parapluie transgenre est politique, un enjeu
de pouvoir. Il sert à prendre le contrôle d’organisations qui ont été
créées pour aider les lesbiennes et les gays, par exemple GLAAD aux
États-Unis et Stonewall au Royaume-Uni.</div>
<div align="justify">
Le mandat de ces deux organisations a changé, passant
de la défense des relations homosexuelles à l’affirmation de l’identité
personnelle. Cela présente un conflit de droits et d’intérêts : dans le
climat culturel actuel, des slogans comme « les transfemmes sont des
femmes » ne peuvent être remis en question, et les lesbiennes qui
refusent les relations sexuelles avec des « transfemmes » sont
qualifiées de « transphobes ».</div>
<div align="justify">
Cette pression est bien documentée dans la culture
transgenre : on parle avec dérision du « plafond de coton ». C’est une
conséquence de la proportion élevée de « transfemmes » sexuellement
attirés par les femmes.</div>
<div align="justify">
Une lesbienne est une femme attirée par les personnes
de son sexe, elle n’est pas sexuellement attirée par le pénis. Se dire
« femme » en vertu de l’identité de genre permet à des hommes dotés de
pénis de s’identifier comme « lesbiennes ». Cela change la définition de
l’« homosexualité ».</div>
<div align="justify">
La Loi de 2004 sur la reconnaissance du genre est un
processus médicalisé. Elle fonctionne par la modification de l’acte de
naissance, et une protection s’en suit contre toute discrimination pour
« changement de sexe » en vertu de la Loi sur l’égalité. Des hommes se
voient accorder des droits en tant que femmes, y compris en matière de
prestations de sécurité sociale et de mariage.</div>
<div align="justify">
Entre 2004 et 2014, jusqu’à l’adoption de l’égalité
dans le mariage, la seule façon pour deux personnes du même sexe de se
marier était que l’une d’entre elles change légalement de sexe en vertu
de la LRG. S’il y a un problème d’iniquité dans la loi, il est
certainement possible d’y remédier, plutôt que de créer des distorsions
inéquitables.</div>
<div align="justify">
Accorder des droits à des hommes en tant que femmes
compromet le droit des femmes à l’intimité lorsqu’ils envahissent leurs
espaces. L’auto-identification est basée uniquement sur la parole du
demandeur, elle risque d’éliminer le droit à l’intimité de toutes les
femmes et affecte particulièrement les femmes qui sont économiquement
défavorisées ou victimes de violence masculine.</div>
<div align="justify">
De plus, après la puberté, les hommes bénéficient
d’un avantage de taille, de force et de rapidité par rapport aux femmes,
ce qui est particulièrement apparent dans le monde du sport. Des cas
récents montrent que des hommes s’identifiant comme transgenres dominent
maintenant des sports féminins. Aux États-Unis, le transgenre Rachel
McKinnon a remporté la première place dans une épreuve cycliste féminine
et a été finaliste dans un événement unisexe. En Nouvelle-Zélande,
l’haltérophile Laurel Hubbard s’est approprié des records nationaux
féminins. Le coureur en montagne Lauren Jeska a dominé cette épreuve
chez les femmes.</div>
<div align="justify">
Le droit à des espaces réservés aux femmes existe
historiquement parce que sans ces espaces, les femmes se voyaient
exclues de plusieurs secteurs de la vie publique. Il n’est pas exagéré
d’envisager que ce genre d’exclusion puisse se reproduire. En quoi
pourrait-ce être progressiste ?</div>
<div align="justify">
Bien que les questions transgenres fassent
régulièrement l’actualité, on trouve peu d’analyses de ce que signifie
être transgenre. Pourtant, l’étiologie des comportements transgenres
chez les hommes fait l’objet d’études scientifiques depuis plus d’un
siècle. C’est là encore quelque chose que l’environnement culturel rend
difficile à discuter.</div>
<div align="justify">
On sait que les hommes qui font preuve de
comportements transgenres peuvent être classés en deux groupes
fondamentalement différents. La typologie est basée sur leur orientation
sexuelle, définie par rapport à leur sexe de naissance ; ce sont des
homosexuels (hommes attirés sexuellement par d’autres hommes) et des
non-homosexuels, principalement hétérosexuels.</div>
<div align="justify">
L’homosexuel est féminin et correspond à ce qui était
autrefois l’image populaire du transsexuel. Le non-homosexuel est
souvent typiquement masculin et constitue maintenant l’image la plus
répandue de ce que signifie être transgenre.</div>
<div align="justify">
La plupart des « transfemmes » sont principalement
hétérosexuels ; des hommes sexuellement attirés par les femmes. Beaucoup
d’entre eux ne sont pas opérés et restent donc physiologiquement
masculins. Ces hétérosexuels sont beaucoup plus nombreux que les
homosexuels chez les transfemmes et s’« identifient » souvent comme
« lesbiennes ».</div>
<div align="justify">
L’étiologie de l’homme transgenre non-homosexuel est
complexe. Elle peut être comparée à une relation amoureuse à long terme
entre un individu et l’idée qu’il se fait de lui-même « en tant que
femme » ; ils « deviennent ce qu’ils aiment ». Connue sous le nom
d’« autogynéphilie », c’est une orientation sexuelle hétérosexuelle
dirigée vers soi-même « en tant que femme ».</div>
<div align="justify">
Cette composante érotique des hommes transgenres
hétérosexuels est reconnue depuis plus d’un siècle. Le schéma typique
fait suite à des antécédents de travestisme, de mariage, de paternité et
souvent d’une carrière « macho » à dominance masculine, par exemple
celle de Caitlyn Jenner. C’est ce groupe qui pilote la campagne visant à
imposer des traitements à de jeunes enfants, même si les garçons
efféminés et les filles masculines sont plus susceptibles de devenir
homosexuel·le·s.</div>
<div align="justify">
Si vous rencontrez des transfemmes sur Internet, vous
découvrirez que leur image est souvent très sexualisée. Beaucoup sont
adeptes de dessins animés ou de pornographie, et certains sont impliqués
dans le « travail du sexe » ; la culture transgenre est
pro-prostitution.</div>
<div align="justify">
Il n’existe pas une seule étude scientifique qui
conteste cette typologie des hommes transgenres, mais aucun des groupes
de soutien pour transgenres des cliniques Portman ou Tavistock,
auxquelles on confie le soin des jeunes transgenres, ne se référent
publiquement à cette typologie.</div>
<div align="justify">
En 2003, le livre « The Man Who Would Be Queen » a
inscrit cette typologie des hommes transgenres dans la science
populaire. Son auteur, J Michael Bailey, a été intimidé, menacé et sa
famille et ses enfants soumis à des agressions. L’activisme dans ce
dossier se caractérise depuis par de l’intimidation, des agressions et
des activités de censure pour bâillonner tout débat.</div>
<div align="justify">
Le plus récent exemple de ce travail d’intimidation
et de ces agressions est l’incident récemment survenu au Speakers’
Corner de Hyde Park. Une femme de soixante ans a été agressée par trois
hommes. Cet incident violent était le résultat d’une déshumanisation
systématique des femmes en qualifiant de TERFS celles qui ne croient pas
que les « transfemmes sont des femmes » (l’acronyme « TERF » signifie
« féministes radicales exclusionnaires des trans »).</div>
<div align="justify">
Beaucoup de femmes de gauche et libérales ont été
étiquetées « TERF » du fait de rejeter une idéologie basée sur un
fantasme. L’insulte « TERF » est utilisée pour condamner, intimider et
contraindre les femmes à nier leur propre expérience vécue. Elle les
déshumanise et les expose à des agressions verbales et physiques
présentées comme légitimes.</div>
<div align="justify">
Il faut savoir que le changement de sexe n’est pas
unilatéral : il y a toujours eu des personnes qui reviennent au genre
qui leur a été assigné, c’est ce qu’on appelle la « détransition ». Au
fur et à mesure que plus de gens changent de sexe, de plus en de gens
vont rebrousser chemin. Comment pouvons-nous rendre le changement de
genre aussi simple quand tant de gens changent d’avis ?</div>
<div align="justify">
Je ne suis pas anti-transgenre, je suis transsexuel :
mais je suis conscient de l’importance de reconnaître la réalité
matérielle du sexe biologique. L’autodéclaration a un impact négatif sur
la liberté, la sécurité et la protection des filles et des femmes. En
tant que transsexuel, l’auto-identification s’en prend à ma propre
protection en matière de « changement de sexe ».</div>
<div align="justify">
La population, y compris les politiciens, semble ne
pas être consciente des complexités et des nuances en cause ; sa
compréhension des enjeux est simpliste au point d’être inexacte. Il
existe un environnement culturel qui rend le débat extrêmement difficile
en raison des tentatives de censure, des menaces portant sur les
carrières et même des violences physiques.</div>
<div align="justify">
C’est l’antithèse de ce que signifie vivre dans une
société libre et démocratique. Les changements proposés à la LRG de 2004
nous sont vendus comme progressistes, mais c’est une mauvaise loi,
portant sur les pensées et les sentiments des gens. Elle risque de
compromettre les droits des athlètes féminines, l’intimité des femmes et
les initiatives culturelles et économiques visant à uniformiser les
règles du jeu pour les femmes. Je vous exhorte à voter contre cette
réforme législative.</div>
Version originale : <a class="spip_url spip_out auto" href="http://mirandayardley.com/en/how-transgender-became-the-new-black-presentation-in-parliament-on-31-october-2017/" rel="nofollow external">http://mirandayardley.com/en/how-transgender-became-the-new-black-presentation-in-parliament-on-31-october-2017/</a><br />
Traduction : <a class="spip_out" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/11/14/des-trans-feministes-sinsurgent-contre-une-proposition-de-reforme-legislative-au-royaume-uni/" rel="external">TRADFEM</a></big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-71547503744939636522019-03-04T03:34:00.000-08:002019-03-04T03:34:12.530-08:00Pour une grammaire non sexiste<big>Alors que l’Etat par la voix de son <a class="spip_out" href="https://www.lexpress.fr/actualite/societe/edouard-philippe-bannit-l-ecriture-inclusive-des-textes-officiels_1962471.html" rel="external">premier ministre souhaite « clore la polémique »</a>
sur l’écriture inclusive, en la balayant, je signale la publication
prochaine de cet ouvrage de Mickaël Lessard & Suzanne Zaccour : <a class="spip_out" href="https://www.syllepse.net/lng_FR_srub_62_iprod_716-manuel-de-grammaire-non-sexiste.html" rel="external">Manuel de grammaire non sexiste – le masculin ne l’emporte plus !</a> Je relaye ensuite par la même occasion <a class="spip_out" href="https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2017/11/08/nous-nenseignerons-plus-que-le-masculin-lemporte-sur-le-feminin-et-la-petition/" rel="external">2 textes</a> à ce sujet.</big><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvavv5UF8in0Nwgewj_sHn6E8-On1sEpSg1McuVxxZR1kpyiou8ZBVSxrkt-D2go5aKCimc8bu4jRFX-NOIvu_azHA_lsfO-5k6bzlKpjzCr42JFAOCSZ7-qeZDECySzmQCMPCjsxJCvtA/s1600/bou-fa20d.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="366" data-original-width="445" height="328" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvavv5UF8in0Nwgewj_sHn6E8-On1sEpSg1McuVxxZR1kpyiou8ZBVSxrkt-D2go5aKCimc8bu4jRFX-NOIvu_azHA_lsfO-5k6bzlKpjzCr42JFAOCSZ7-qeZDECySzmQCMPCjsxJCvtA/s400/bou-fa20d.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-Aw63BNdY4ogB_VN9HVkpHi6ZcdGTzG8L13qt7QQhROcamdveFQ1Dv48sqdno3sk6YI0bFr85ulJyRyJe_Rcnk7dCeLLL1YwEk10lRrvg8CyA6dvBvG46Owwy2jIS9zR_Z0smfkGwdign/s1600/bou1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="427" data-original-width="604" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh-Aw63BNdY4ogB_VN9HVkpHi6ZcdGTzG8L13qt7QQhROcamdveFQ1Dv48sqdno3sk6YI0bFr85ulJyRyJe_Rcnk7dCeLLL1YwEk10lRrvg8CyA6dvBvG46Owwy2jIS9zR_Z0smfkGwdign/s400/bou1.jpg" width="400" /></a></div>
<br />
<br />
<big>« Nous n’enseignerons plus que » le masculin l’emporte sur le féminin » » – et la Pétition</big><br />
<big>
<div align="justify">
[Tribune] 314 membres du corps professoral de tous
niveaux et tous publics, enseignant la langue française ou ayant à
corriger des copies ou autres textes rédigés dans cette langue,
s’engagent à ne plus enseigner la règle de grammaire résumée par la
formule « le masculin l’emporte sur le féminin ».</div>
<div align="justify">
Nous, enseignantes et enseignants du primaire, du
secondaire, du supérieur et du français langue étrangère, déclarons
avoir cessé ou nous apprêter à cesser d’enseigner la règle de grammaire
résumée par la formule « Le masculin l’emporte sur le féminin ».</div>
Trois raisons fondent notre décision :<br />
<div align="justify">
La première est que cette règle est récente dans
l’histoire de la langue française, et qu’elle n’est pas nécessaire. Elle
a été mise au point au XVIIe siècle. Auparavant, les accords se
faisaient au gré de chacun·e, comme c’était le cas en latin et comme
c’est encore souvent le cas dans les autres langues romanes.</div>
<div align="justify">
Bien souvent, on pratiquait l’accord « de
proximité », venu du latin, qui consiste à accorder le ou les mots se
rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus
proche. Par exemple : « afin que ta cause et la mienne soit connue de
tous » (Ronsard, épître à la Response aux injures et calomnies…, 1563).</div>
<div align="justify">
La nouvelle règle a d’ailleurs dû attendre la
généralisation de l’école primaire obligatoire pour être appliquée
massivement : « On peut aller sur le lac [d’Évian], en bateaux à vapeur
ou petits-bateaux, et visiter les coteaux et montagnes voisines, à pied
ou en voiture » (DrLinarix, Guide pratique de la Savoie et Haute-Savoie
médicale et pittoresque, 1896).</div>
<div align="justify">
La seconde raison est que l’objectif des promoteurs
de la nouvelle règle n’était pas linguistique, mais politique : « Parce
que le genre masculin est le plus noble, il prévaut seul contre deux ou
plusieurs féminins, quoiqu’ils soient plus proches de leur adjectif. »
(Dupleix,Liberté de la langue françoise, 1651) ; « Le masculin est
réputé plus noble que le féminin à cause de la supériorité du mâle sur
la femelle » (Beauzée, Grammaire générale… 1767).</div>
<div align="justify">
Si l’école de la République a préféré abandonner
cette formule au profit de celle qu’on connaît, c’est en reconduisant
l’ordre de valeur qui est à son fondement. Un ordre que les classes
politiques maintenaient parallèlement, en refusant aux femmes les droits
politiques jusqu’en 1944, et en refusant plus longtemps encore de leur
ouvrir les grandes écoles ou d’abroger les dernières dispositions du
« Code Napoléon ».</div>
<div align="justify">
La troisième raison est que la répétition de cette
formule aux enfants, dans les lieux mêmes qui dispensent le savoir et
symbolisent l’émancipation par la connaissance, induit des
représentations mentales qui conduisent femmes et hommes à accepter la
domination d’un sexe sur l’autre, de même que toutes les formes de
minorisation sociale et politique des femmes.</div>
<div align="justify">
Pourquoi n’accepteraient-elles pas de gagner moins
que leurs collègues, ou d’accomplir des corvées dont leurs compagnons se
dispensent, ou de supporter leurs coups, s’il est admis au plus haut
niveau que « le masculin l’emporte sur le féminin » ? La lutte contre
les stéréotypes de genre, qui est essentielle au progrès de l’égalité
réelle des femmes et des hommes, ne peut être efficacement menée si
cette maxime n’est pas mise au ban de l’école.</div>
<div align="justify">
D’autres mesures travaillant à l’expression d’une
plus grande égalité dans la langue sont nécessaires, mais le plus urgent
est de cesser de diffuser cette formule qui résume la nécessaire
subordination du féminin au masculin.</div>
En conséquence :<br />
<div align="justify">
– Nous déclarons enseigner désormais la règle de proximité, ou l’accord de majorité[1], ou l’accord au choix[2] ;</div>
<div align="justify">
– Nous appelons les enseignantes et les enseignants de français, partout dans le monde, à renouer avec ces usages ;</div>
<div align="justify">
– Nous les appelons à ne pas sanctionner les énoncés s’éloignant de la règle enseignée jusqu’à présent ;</div>
<div align="justify">
– Nous appelons le Ministère de l’Éducation nationale
à donner à ses personnels et à ceux des établissements sous sa tutelle
des instructions précises allant dans le même sens ;</div>
<div align="justify">
– Nous appelons les professionnelles et les
professionnels de la presse et de l’édition, les correcteurs et
correctrices, les écrivaines et les écrivains à en faire autant ;</div>
– Nous appelons les citoyennes et les citoyens francophones à en faire autant.<br class="autobr" />
<strong><br class="autobr" />
Signataires</strong><br />
<div align="justify">
Malika Abdesslem, Lyc. Jean Rostand, Strasbourg (67) —
Celine Alenda, IUT de Bobigny-Paris XIII (93) — Céline Allain, Lyc.
général et technologique Newton, Clichy-la-Garenne (92) — Béatrice
Alonso, Lyc. Pablo Picasso, Perpignan (66) — Véronique Ancey, CIRAD,
Montpellier (34) — Laurent Angard, Col. Lamartine, Bischheim (67) —
Dominique Angelini, Éc. Anatole-France, Vitry-sur-Seine (94) — Vincent
Arimondo, Cité scolaire Internationale, Lyon (69) — Charlotte Artois,
Col. Jean Giono, Saint Genis-Laval (69) — Isabel Ascencio, Lyc.
Paul-Émile Victor, Champagnole (39) — Caroline d’Atabekian, Col. Claude
Chappe, Paris (75) — Catherine Athiel, Éc. Jean Moulin, Annonay (07) —
Benoît Auclerc, Univ. Jean Moulin Lyon 3 (69) — Karine Audinet, Univ. de
Poitiers (86) — Christelle Avril, EHESS, Paris (75) — Ariane Bach, Lyc.
de Ronceray, Bezons (95) — Nicolas Balutet, Univ. de Toulon (83) —
Delphine Barbirati, CNED — Christine Bard, Univ. d’Angers (49) & IUF
— Cyril Barde, Lyc. César Baggio, Lille (59) — Alaïs Barkate, Col.
Françoise Giroud, Vincennes (94) — Julien Barlet, Lyc. Frédéric Fays,
Villeurbanne (69) — Noëlle Bastin, Éc. Escale, Bruxelles (Belgique) —
Sandrine Baud, Col. Saint-Pol-Roux, Brest (29) — Mireille Baurens, Univ.
Grenoble-Alpes (38) — Margot Beal, Lyc. Jacques Brel, Vénissieux (69) —
Anne-Sophie Beau, Col. Georges Politzer, Bagnolet (93) — Émilie
Beguinot, Éc. Charles Dickens, Montpellier (34) — Benjamin Belghit, Col.
de l’Edit, Roussillon, et Col. Jean Ferrat, Salaise-sur-Sanne (38) —
Imen Ben Ammar, Univ. de Lorraine, Nancy (54) — Valérie Benmimoune, Col.
Alex Mézenc, Le Pouzin (07) — Laure Bereni, CNRS, Paris (75) — Claire
Berest, Lyc. de l’Iroise, Brest (22) — Anne Emmanuelle Berger, Univ.
Paris VIII (93) et CNRS Paris — Sébastien Berlendis, Lyc. Blaise Pascal,
Charbonnières les Bains (69) — Gwladys Bernard, Univ. Paris VIII (93) —
Sophie Bernard, Univ. Paris Dauphine (75) — Nolwenn Benoit, Éc.
élémentaire Robert Doisneau, Lyon (69) — Alexandra Berthomet-Thareau,
Lyc. Albert Camus, Rillieux la pape (69) — Céline Bessiere, Univ.
Paris-Dauphine, Paris (75) — Stéphane Bikialo, Univ. de Poitiers (86) —
Émilie Biland, Univ. Rennes 2
(35) — Corinne Billard, Lyc. Utrillo,
Stains (93) — Camille Bloomfield, Univ. Paris 13 (93) — Isabel Boni-Le
Goff, Univ. de Lausanne (Suisse) — Patricia Bonnard, Col. Louis
Leprince-Ringuet, Genas (69) — Soizic Bonnet, Lyc. The Village School,
Houston (TX, États-Unis) — Marie-Pierre Bouchet-Pineau, Lyc. La
Martiniere Duchere, Lyon (69) — Émilie Bouvier, TZR Acad. Lyon (69) —
Michel Briand, Univ. de Poitiers (86) — Catherine Briat, ESPE
Clermont-Auvergne (63) — Cécile Brunon, Éc. publique Saint Jeure d’Ay,
Ardèche (07) — Élodie Buisson, ENSAD, Montpellier (34) — Françoise
Cahen, Académie de Créteil (94) — Emmanuelle Camelot, Univ. de Pau et
des Pays de l’Adour (64) — Maria Candea, Univ. Paris 3 (75) — Laurène
Cairon, TZR zone Ain Sud, La Boisse (01) — Sarah Caro, Éc. élémentaire
publique Jean Macé, Lyon (69) — Nada Chaar, Univ. Paris VIII (93) —
Denis Chaix, Col. Saint Joseph, Gap (05) — Erwan Chasles, Lyc.
professionnel Jean Moulin, Rosny-sous-bois (93) — Pascal Charroin, Univ.
Jean Monnet, Saint-Étienne (42) — Sébastien Chauvin, Univ. de Lausanne
(Suisse) — Hélène Chesneau, Col. Marcel Pagnol, Bonnières-sur-Seine (78)
— Frédérique Chevillot, Univ. of Denver, Denver (CO, États-Unis) — Nina
Childress, ENSAD, Nancy (54) — Jeanne Chiron, ESPE de Rouen (76) —
Maria Ángeles Ciprés Palacín, Univ. Complutense de Madrid (Espagne) —
Tatiana Clavier, IUT de La Rochelle (17) — Michèle Clément, Univ. de
Lyon 2 (69) — Agnès Constant, Col. international, Noisy-le-Grand (93) —
Marie Cosnay, Col. François Truffaut, Saint Martin de Seignanx (40) —
Sylvie Cosseddu, Lyc. Renoir, Cagnes-sur-mer (06) — Sigolène
Couchot-Schiex, Univ. Paris-Est Créteil (94) — Émilie Coulet, Lyc.
Martinière Duchère, Lyon (69) — Marlène Coulomb-Gully, Univ. de Toulouse
III (31) — Thérèse Courau, Univ. Toulouse 2 Jean Jaurès (31) — Julie
Coussay, Éc. primaire publique, Beaumont-Saint-Cyr (86) — Marie Couzin,
Lyc. Ella Fitzgerald, Saint Romain en Gal (69) — Nathalie Couzon, Col.
Jésus-Marie de Sillery, Québec (Canada) — Amandine Daumas, Lyc.
professionnel Roland Garros, Toulouse (31) — Sophie Deilhes, Éc.
publique de Saint-Étienne de Maurs (15) — Lola de Cazenove, Col. Jacques
Prévert, Gaillard (74) — Myrtille de Lamotte, Éc. primaire publique,
Peyraud (07) — Sophie Deleuze, Éc. Frank Dickens, Montpellier (34) —
Marie-Anne Delmoitié, Col. Félicien Joly, Fresnes-sur-Escaut (59) —
Corinne Denoyelle, Univ. Grenoble-Alpes (38) — Hélène Deutsch Rome, Lyc.
Eugène Henaff, Bagnolet 93170 — Grégory Devin, Col. Marcel Grillard,
Bricquebec (50) — Claudette Dhelens, Lyc. Pierre de Fermat , Toulouse
(31) — Amélie Djondo, Col. Alexandre Mauboussin, Mamers (72) — Céline
Doaré, Éc. élémentaire Nouvelle Ville, Lorient (56) — Benoît Dodivers,
Lyc. français Prins Henrik, Copenhague (Danemark) — Claire Doquet, Univ.
de la Sorbonne Nouvelle, Paris (75) — Isabelle Dorche, Lyc. Bellevue,
Toulouse (31) — Karine Dorvaux, Éc. George Sand, Angoulême (16) —
Jean-Christophe Dourdet, Univ. de Poitiers (86) — Armel Dubois-Nayt,
Univ. Versailles-St Quentin en Yvelynes (78) — Anne E. Duggan, Wayne
State Univ., Detroit (MI, États-Unis) — Céline Dunoyer, Lyc. René
Schuman, Charenton-le-Pont (94) — Florence Dupont, Univ. Paris-Diderot
(75) — Ilana Eloit, London School of Economics and Political Science,
Londres (Angleterre) — Caroline Fage, Lyc. le Garros, Auch (32) —
Déolinda Faisant, Inspection du pays de Gex Nord (01) — Jules Falquet,
Univ. Paris Diderot (75) — Farinaz Fassa Recrosio, Univ. de Lausanne
(Suisse) — Éric Fassin, Univ. Paris VIII, Saint-Denis (93) — Samantha
Faubert, Univ. du Havre, Le Havre (76) — Charlotte Faure, CFPPA du
Morvan, Château-Chinon (58) — Azélie Fayolle, IUT de Meaux (77) — Jérôme
Férec, Col. Françoise Seligmann, Paris (75) — Claire Fetet, Col.
Cesaria Evoria, Montreuil (93) — Hélène Fleckinger, Univ. Paris VIII
(93) — Agathe Flejszerowicz, Éc. Quinet Bert, Roubaix (59) — Aline
Folgalvez, Col. Françoise Sagan, Bornel (60) — Sabine Fortino, Univ. de
Paris Ouest Nanterre La Défense (92) — Sophie Fotré, Lyc. général
technologique Jacques Prévert, Taverny (95) — Frédérique Fouillet, Lyc.
Paul-Émile Victor, Champagnole (39) — Astrid Gache Kaya, Col. Les
Perrières, Annonay (07) — Noémie Gallesio, Éc. Voltaire, Montpellier
(34) — Fanny Gallot, ESPE et Univ. de Paris-Est-Créteil (94) — Vanina
Géré, ENSAD, Nancy (54) — Murielle Gerin, Académie de Rennes (35) —
Sibylle Gollac, Univ. Paris VIII (93) et CNRS — Remedios Gomez-Cassagne,
ESPE Toulouse Midi-Pyrénées, Tarbes (65) — Sylvie Gonthier, Lyc.
professionnel François Mitterrand, Château-Chinon (58) — Luz Gonzalez
Parente, Lyc. français de Barcelone (Espagne) — Geneviève Goubier, Univ.
d’Aix-Marseille (13) — Camille Gourdeau, Univ. Paris Diderot (75) —
Carine Goutaland, INSA Lyon (69) — Isabelle Graci, Éc. élémentaire du
Soleil et Col. Jules Vallès, Saint-Étienne (42) — Claire Grafion, Lyc.
Paul-Émile Victor, Champagnole (39) — Luca Greco, Univ. Paris 3 (75) —
Sandrine Grié, Lyc. Jean Baptiste Poquelin, Saint-Germain-en-Laye (78) —
Frédéric Grimaud, Éc. Henri Tranchier, Martigues (13) — Daniel
Grivellé, Éc. Frédéric Mistral, Toulon (83) — Colette Guedj, Univ. Côte
d’Azur (06) — Celia Guerrieri, Lyc. Goscinny, Drap (06) — Marjolaine
Guillemin, Col. La Lombardière, Annonay (07) — Thomas Guyard, Lyc.
Léonard de Vinci, Melun (77) — Danielle Haase-Dubosc, Univ. Columbia à
Paris (75) — Nadine Halberstadt, CNRS, Toulouse (31) — Nahema Hanafi,
Univ. d’Angers (49) — Clément Hazera, Col. Victor Grignard, Lyon (69) —
Maud Heurtefeux, Éc. maternelle Paul Bert, Lyon (69) — Valérie Heller,
Lyc. Darius Milhaud, Le Kremlin-Bicêtre (94) — Kim Lan Hoang-Thuy, Col.
Albert Schweitzer, Créteil (94) — Thierry Hoquet, Univ. Paris Ouest
Nanterre La Défense (92) et IUF — Myriam Houssay-Holzschuch, Univ.
Grenoble-Alpes (38) et IUF — Laurence Huc, INRA-INP-Univ. Paul Sabatier,
Toulouse (31) — Caroline Imbert, Univ. de Grenoble-Alpes (38) — Audrey
Imbert-Ducloux, Col. Victor Schoelcher, Lyon (69) — Nieves Ibeas Vuelta,
Univ. de Zaragoza, Zaragoza (Espagne) — Alban Jacquemart, Univ.
Paris-Dauphine (75) — Armelle Jayet, Lyc. Blaise Cendrars, Sevran (93) —
Laurence Joffrin, Col. Jules-Vallès, Saint-Étienne (42) — Natacha
Jomain, Lyc. Jacques Brel, Vénissieux (69) — Xavier Jouffroy, Col.
Colette, Saint-Priest (69) — Véronique Joumard, ENSA Paris-Cergy (95) —
Mélanie Jullien, Lyc. Aliénor d’Aquitaine, Poitiers (86) — Nicolas
Kaczmarek, Col. Gustave Courbet, Trappes (78) — Stavroula Katsiki, Univ.
Paris VIII (93) — Stavroula Kefallonitis, Univ. Jean Monnet,
Saint-Étienne (42) — Edwige Keller-Rahbé, Univ. Lyon 2 (69) — Huguette
Krief, Univ. Aix-Marseille (13) — Pierre Laganier, Col. Jean Moulin, La
Queue-en-Brie (94) — Régine Lahache, Lyc. Audouin Dubreuil, Saint Jean
d’Angély (17) — Alice Lamy, Lyc. Paul-Émile Victor, Champagnole (39) —
Isabelle Lamothe, Univ. de Poitiers (86) — Sophie Large, Univ.
François-Rabelais, Tours (37) — Géraldine Larguier, Univ. de Pau et des
Pays de l’Adour (64) — Françoise Lavocat, Univ. Paris 3 (75) —
Jean-Michel Le-Baut, Lyc. de l’Iroise, Brest (22) — Elsa Lecerf, Col.
Joliot-Curie, Fontenay-sous-bois (94) — Gabrielle Leflaive, Col. Louis
Aragon, Vénissieux (69) — Justine Le Floc’h, Univ. Lille II, (59) —
Thierry Legrand, Univ. de Strasbourg (67) — Mathilde Le Monnier, Col.
Joliot Curie, Fontenay-sous-bois (94) — Valérie Le Meur, Éc. primaire
publique, Dours (65) — Sophie Le Mô, Col. France Bloch Sérazin, Poitiers
(86) — Éléonore Lépinard, Univ. de Lausanne (Suisse) — Sébastien
Leroux, Univ. Grenoble-Alpes (38) — Marie Liaudois-Soulié, Col. Argote,
0rthez (64) — Marc Lipinski, CNRS, Villejuif (94) — Évelyne Lloze, Univ.
Jean Monnet, Saint-Étienne (42) — Marie Loison-Leruste, Univ. Paris 13
(93) — Ariane Louis, Éc. maternelle publique, Étoile-sur-Rhône (26) —
Alexandre Magot, Lyc. français de Barcelone (Espagne) — Christiane
Makward, Pennsylvania State Univ., State College (PA, USA) —
Jean-Jacques Malo, IUT de Nantes (44) — Isabelle Marc, Univ. Complutense
de Madrid (Espagne) — Dawn Marley, Univ. of Surrey, Guildford (Surrey,
Royaume Uni) — Hélène Marquié, Univ. de Paris VIII (93) — Peter Marquis,
Univ. de Rouen Normandie (76) — Lucile Marsac, Éc. élémentaire
Gaveau-Macé, Béziers (34) — Rachel Marsens, Col. Les Perrières, Annonay
(07) — Emmanuelle Martin, cours particuliers (94) — Tiphaine Martin,
Col. Aristide Bruant, Courtenay (45) — Monica Martinat, Univ. Lyon2 (69)
— Sylvie Mateo, Éc. Peyssonnel, Marseille (13) — Nicolas Mathevon,
Univ. Jean Monnet, Saint-Étienne (42) et IUF — Alice Matricon, Éc.
maternelle Lamartine, Toulouse (31) — Florent
Maurin, Col. Sabine
Zlatin, Belley (01) — Valérie Meot-bourquin, Univ. Grenoble-Alpes, (38) —
Céline Michel, Lyc. François Mauriac, Andrézieux Bouthéon (42) — Céline
Milleret, Col. Molière, Lyon (69) — Julie Minoc, Univ. de
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (78) — Cyril Mistrorigo, Col.
Albert Thomas, Egletons (19) — Claudine Moise, Univ. Grenoble Alpes (38)
— Alexandra Monbet, Col. Jean-Baptiste Clément, Dugny et Lyc. Germaine
Tillion, Le Bourget (93) — Julie Morin, Col. Colette, Saint-Priest (69) —
Thomas Mortier, Col. la Lombardière, Annonay (07) — Danièle Moulin, Éc.
élémentaire Baza, Aubenas (07) — Agathe Muller-Schrade, Col. Jean Zay,
Lens (62) — Cécile Nave, Lyc. Raymond Naves, Toulouse (31) — Flora
Némoz, Éc. publique, Saint-Marcel-lès-Annonay (07) — Sébastien Nesme,
Lyc. Ampère, Lyon (69) — Karine Nevière, Lyc. Ella Fitzgerald,
Saint-Romain-en-Gal (69) — Sarah Normand, Col. Maroc Huchepie et Lyc.
Bellevue, Le Mans (72) — Fabrice Oberti, Col. François Villon, Yzeure
(03) — Margherita Orsino, Univ. Toulouse 2 Jean Jaurès (31) — Agna
Ourrouspoure, Col. Michel Debré, Plaine-des-Cafres (La Réunion) — Chloé
Pardanaud-Landriot, Col. Colette, Saint-Priest (69) — Isabelle Paget,
Lyc. Paul-Émile Victor, Champagnole (39) — Julie Pagis, EHESS, Paris
(75) — Florence Paillat, Lyc. Aliénor d’Aquitaine, Poitiers (86) —
Isabelle Paillé, Lyc. professionnel Nelson Mandela, Poitiers (86) —
Manon Paillot, Lyc. André Boulloche, Livry Gargan (93) — Gaël Pasquier,
ESPE et Univ. Paris-Est Créteil (94) — Hélène Paumier, Lyc. Pilote
Innovant International, Jaunay-Marigny (86) — Marion Pecot, Col. La
Courtille, Saint-Denis
(93) — Stéphane Pellicier, Lyc. Albert Thomas,
Roanne (42) — Mireille Peloux, Éc. Jean Moulin, Annonay (07) — Sarah
Pépin-Villar, Col. Jean-Jacques Rousseau, Le Pré Saint-Gervais (93) —
Irène Pereira, Univ. Paris-Est-Marne-la-Vallée (77) — Christine Perego ,
Col. Claude Fauriel, Saint-Étienne (42) — Manuel Pérez, ESPE de
Toulouse (31) — Hermeline Pernoud, IUT de Roubaix-Lille 2 (59) — Bruneau
Perreau, Massachusetts Institute of Technology, Cambridge (MA,
États-Unis) — Gwenaëlle Perrier, Univ. Paris 13 (93) — Laurence Perrier,
Lyc. Friand, Poligny (39) — Xavier Perrocheau, Col. Paul Bert, Malakoff
(92) — Alix Perrot, Lyc. Boissy d’Anglas, Annonay (07) — Isabelle
Petiot, Lyc. Madame de Staël, Montluçon (03) — Anne Petitcolin, Cité
scolaire Internationale, Lyon (69) — Chantal Philippe, Lyc. de l’Iroise,
Brest (29) — Magali Pineau, Lyc. Condorcet, Saint-Priest (69) — Émilie
Pique, Lyc. Pierre Bourdieu, Fronton (31) — Albane Plateau, Univ. de
Poitiers (86) — Marc Plateau, Lyc. Camille Claudel, Digoin (71) — Elisa
Pradel, Lyc. professionnel Roland Garros, Toulouse (31) — Andreea
Prundeanu, Michigan State Univ., East Lansing (MI, USA) — Marie Quesney,
Lyc. Victor Hugo, Poitiers (86) — Isabelle Quimbetz-Razoux, Éc.
élémentaire communale, Aujargues (30) — Nicolas Rafin, Univ. de Nantes,
Nantes (44) — Montserrat Rangel Vicente, Univ. de Lille 3,
Villeneuve-d’Ascq (59) — Catherine Rannoux, Univ. de Poitiers (86) —
Martin Rass, Univ. de Poitiers (86) — Véronique Rauline, Univ. Paris
Ouest Nanterre La Défense (92) — Julien Rault, Univ. de Poitiers (86) —
Mathilde Regnier, Col. Henri Barbusse, Vaulx-en-Velin (69) — Martine
Reid, Univ. de Lille 3 (59) — Caroline Renard, Univ. Aix-Marseille (13) —
Juliette Rennes, EHESS, Paris (75) — Chloé Riban, Univ. Rennes 2 (35) —
Micheline Rice-Maximin, Swarthmore College, Swarthmore (PA, USA) —
Marielle Rispail, Univ. Jean Monnet, Saint-Étienne (42) — Karine
Risselin, Lyc. polyvalent François Arago, Villeneuve St Georges (94) et
ESPE Créteil — Anne Robatel, Lyc. Edouard Herriot, Lyon (69) — Cécile
Robin, Lyc. Condorcet, Saint Maur des fossés (94) — Agnès Roche, Univ.
Clermont-Auvergne (63) — Diane Rodet, Univ. Lumière Lyon 2 (69) —
Brigitte Rollet, Sciences-Po Paris et Univ. de Versailles Saint-Quentin
en Yvelynes (78) — Zoé Rollin, IUT de Bobigny-Paris XIII (93) — Oscar
Roman, Col. Gay Lussac, Colombes (92) — Perle Roman, Col. Lacassagne,
Lyon (69) — Cécile Ropiteaux, Éc. élémentaire Voltaire, Dijon (21) —
Michèle Rosellini, ENS de Lyon (69) — Ariane Rosenau, Lyc. de la Borde
Basse, Castres (81) — Laurence Rosier, Univ. libre de Bruxelles
(Belgique) — Julie Rouchier, Col. Jules Michelet, Vénissieux (69) —
Catherine Roudé, Univ. de Poitiers (86) — Heta Rundgren, Univ. Paris
VIII (93) et CNRS, Paris (75) — Josquin Salata, Cité scolaire
internationale, Lyon (69) — Martha Salimbeni, Institut Supérieur des
Beaux-Arts, Besançon (25) — Scarlett Salman, Univ.
Paris-Est-Marne-la-Vallée, (77) — Geneviève Sellier, Univ.
Bordeaux-Montaigne (33) — Céline Santini, Col. La Fontaine, Paris (75) —
Salter Stephen, Col. Jean Renoir, Neuville-sur-Saône (69) — Lola
Sanchez, Univ. de Grenade (Espagne) — Clément Schnée, Col. Georges
Brassens, Sevran (93) — Réjane Sénac, Sciences-Po-CNRS (Paris) —
Vladimir Shishkin, Univ. d’État de Saint-Pétersbourg (Russie) — Michèle
Soriano, Univ. de Toulouse III (31) — Émilie Souyri, Univ. de Nice
Sophia-Antipolis (06) — Véronique Stacchetti, Lyc. Ampère, Lyon (69) —
Marie-Laure Steinbruckner, CNAM, Paris (75) — Estelle Telliez-Moreni, 9
écoles de la zone Toulon 2 (83) — Anne-Marie Thiesse, CNRS, Paris (75) —
Sandra Tomc, Univ. Jean Monnet, Saint-Étienne (42) — Laurence Tordo
Rombaut, Lyc. Saint Exupéry, Lyon (69) — Karine Tordo Rombaut, Lyc.
Berthollet, Annecy (74) — Cynthia Truant, Univ. of California, San Diego
(CA, États-Unis) — Marilyne Uliana, Lyc. Rosa Parks, Neuville-sur-Saône
(69) — Andrea Valentini, Univ. Paris 3 (75) — Éliane Viennot, Univ.
Jean Monnet, Saint-Étienne (42) et IUF — Clémentine Vignal, Univ. Jean
Monnet, Saint-Étienne (42) et IUF — Julie Vinot, Lyc. Pilote Innovant
International, Jaunay-Marigny (86) — Jean-Claude Vuillemin, Pennsylvania
State Univ., State College (PA, USA) — Raphaël Vulliez, Éc. élémentaire
Michel Servet, Lyon (69) — Svend Walter Lyc. Nelson Mandela, Poitiers
(86) — Frédéric Wecker, ENSAD, Nancy (54) — Joëlle Wiels, CNRS,
Villejuif (94) — Anne-Laure Zwilling, CNRS, Strasbourg (67)</div>
Publié sur Slate<br />
<a class="spip_url spip_out auto" href="http://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin" rel="nofollow external">http://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin</a><br />
*******<br />
<div align="justify">
En complément de ce manifeste, <a class="spip_out" href="http://change.org/GrammaireEgalitaire" rel="external">une pétition de soutien aux enseignant·es et d’appel à suivre le mouvement est ouverte sur Change.org.</a></div>
Pour la signer, cliquez <a class="spip_out" href="http://change.org/GrammaireEgalitaire" rel="external">ici</a>.<br />
Nous ne voulons plus que « le masculin l’emporte sur le féminin »<br />
<div align="justify">
314 professeur·es de tous niveaux et tous publics,
enseignant la langue française ou ayant à corriger des copies ou autres
textes rédigés dans cette langue, ont déclaré, dans un Manifeste publié
le 7 novembre 2017 par le magazine Slate.fr, ne plus enseigner la règle
de grammaire résumée par la formule « Le masculin l’emporte sur le
féminin ».</div>
<div align="justify">
Nous, francophones de toutes professions et qualités,
soutenons cette initiative ainsi que les signataires dans l’exercice de
leur métier. Nous nous apprêtons aussi, pour notre part, à ignorer
désormais cette règle d’un autre âge, dont l’enseignement incruste dans
la tête de chacun et chacune des injonctions contraires à nos valeurs
d’égalité, et dont l’usage quotidien les y maintient.</div>
<div align="justify">
Nous le faisons avec d’autant plus de liberté et
d’enthousiasme que l’abandon de cette règle ne constitue aucunement une
entrave ou une entorse au fonctionnement de la langue française, qui,
comme le rappellent les enseignant·es du Manifeste, s’en est passée
durant des siècles.</div>
<strong>PREMIER·ES SIGNATAIRES</strong><br />
<div align="justify">
Joëlle AYATS, enseignante retraitée — Marie
DARRIEUSSECQ, écrivaine, autrice, militante, femme — Gérard BIARD,
rédacteur en chef de Charlie Hebdo, président de « Zéromacho » —
Béatrice FRACCHIOLLA, professeure en sciences du langage, Université de
Lorraine — Yvette ROUDY, ministre des droits des femmes de François
Mitterrand de 1981 à 1986 — Claude SERVAN-SCHREIBER, journaliste,
écrivaine — Françoise GASPARD, historienne, sociologue — Fares
CHENIGUER, principal du Collège Camille Guérin à Poitiers — Annie
SUGIER, présidente de la Ligue du droit international des femmes —
Corinne BOUCHOUX, ancienne sénatrice de Maine-et-Loire, enseignante —
Ali CHIBANI, écrivain, journaliste — Céline CAMMARATA, journaliste,
présidente du Club de la Presse Occitanie — Valérie LE MEUR, enseignante
et directrice de l’École de Dours (65) — Viviane YOUX, présidente de
l’Association Française pour l’Enseignement du Français — Laurence
ROSSIGNOL, sénatrice, ancienne ministre des droits des femmes — Flora
NÉMOZ, directrice de l’école publique de Saint-Marcel-lès-Annonay,
enseignante — Claudine HERMANN, présidente d’honneur de l’association
« Femmes & Sciences », présidente de l’European Platform of Women
Scientists EPWS — Hélène CIXOUS, écrivaine, professeure émérite —
Geneviève WIELS, réalisatrice — Maud OLIVIER, députée de l’Essonne de
2012 à 2017, rapporteure de la proposition de loi renforçant la lutte
contre le système prostitutionnel — Didier EPSZTAJN, animateur du blog
Entre les lignes entre les mots — Nicole DUFOURNAUD, historienne —
Carole THIBAUT, directrice du Centre Dramatique National de Montluçon,
Région Auvergne Rhône-Alpes, écrivaine, metteuse en scène — Oristelle
BONIS, directrice des Éditions iXe, traductrice — Huguette KLEIN,
présidente de l’association « Réussir l’égalité femmes-Hommes » —
Catherine SANSON-STERN, journaliste, coordonnatrice de la commission
Femmes & Médias de l’Association des Journalistes de Toulouse —
Langue sauce piquante, le blog des correcteurs du Monde.fr —
Marie-Louise GOURDON, maire adjointe à la culture de Mouans-Sartoux,
conseillère départementale des Alpes-Maritimes, chevalière de la Légion
d’honneur — Philippe RÉVEILLON, secrétaire général de la Fédération
Française pour l’UNESCO, administrateur du site « Les Chemins
Buissonniers » — Claire MARTIN-GOUSSET, directrice d’école retraitée —
Ségolène ROY, éditrice, co-animatrice du site SVT Égalité — Aurore
EVAIN, metteuse en scène, autrice, chercheuse — Robert INJEY, directeur
de publication du Patriote Côte d’Azur — Maite ARAGONÉS LUMERAS,
traductrice-réviseuse à l’Organisation Mondiale de la Propriété
Industrielle (OMPI/ONU), formatrice en traduction, poétesse — Clémence
BODOC, rédactrice en chef de madmoiZelle.com — Florence MONTREYNAUD,
historienne, responsable du réseau « Encore féministes ! » — Raphaël
HADDAD, fondateur de l’agence Mots-Clés, auteur du Manuel d’écriture
inclusive (2016) — Caroline FLEPP, directrice de publication de 50/50 —
Brigitte GRÉSY, agrégée de grammaire, secrétaire générale du Conseil
supérieur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes —
Isabelle ALONSO, romancière — Fatma Zohra ZAMOUM, auteure, réalisatrice
et productrice indépendante (France/Algérie) — Mary LEROY, directrice
littéraire aux Éditions Flammarion — Alain GRESH, journaliste, Paris —
Monique ARGOUALC’H, enseignante retraitée — Marie ÉTIENNE, journaliste,
poétesse — Laurence DIONIGI, autrice, membre de l’Union Internationale
de la Presse francophone de Monaco — Geneviève FRAISSE, philosophe,
historienne de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au
CNRS — Isabelle COLLET, Présidente de l’Association de recherche pour le
genre en éducation formation, enseignante-chercheuse à l’Institut
universitaire de formation des enseignants de Genève (Suisse) — Mathieu
ARBOGAST, doctorant en sociologie, auteur de L’écriture non-sexiste et
inclusive dans la recherche (2017) — Élisabeth MOTSCH, écrivaine —
Colette GUILLOPÉ, professeure à l’Université Paris-Est Créteil, ancienne
présidente des associations « femmes & mathématiques » et “Femmes
& Sciences » — Sophie LOIZEAU, psychologue scolaire, poète — David
BOBÉE, metteur en scène, directeur du Centre Dramatique National de
Normandie-Rouen — Marie DOCHER, photographe, autrice — Laurie LAUFER,
professeure à Paris 7-Denis Diderot, présidente du conseil scientifique
de l’Institut Émilie du Châtelet — Céline CURIOL, écrivaine, journaliste
— Tessa BRISAC, traductrice — Nicole ALBERT, chercheuse indépendante,
traductrice — Judith VIEILLE, fondatrice et dirigeante de l’agence
Épices & Chocolat, directrice du développement déléguée de l’agence
Mots-Clés — Julie VERLAINE, maîtresse de conférences en histoire à
l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, présidente de Mnémosyne —
Fabrice VIRGILI, directeur de recherche au CNRS (Paris), vice président
de Mnémosyne — Brigitte AUBONNET, écrivaine, orthophoniste — Clara
DOMINGUES, traductrice — Sylvia DUVERGER, fondatrice et rédactrice de
« Féministes en tous genres », blog de L’Obs — Françoise VOUILLOT,
enseignante-chercheuse au CNAM, présidente de la commission Lutte contre
les stéréotypes et rôles de sexe du Haut Conseil à l’Égalité entre les
femmes et les hommes — Sabine PANET, rédactrice en chef d’axelle
magazine (Belgique), autrice — Myriam RIFFAUT, journaliste — Claudine
MONTEIL, femme de lettres, historienne — Fatiha AGGOUNE, Vice-Présidente
du Conseil Départemental du Val-de-Marne, chargée de la jeunesse, de la
vie associative, de l’observatoire de l’égalité, de la lutte contre les
discriminations, des droits humains et des droits des migrants —
Laurent QUILICI, journaliste à Nice matin — Olivia SANCHEZ, étudiante —
Clémence DELLANGNOL, journaliste — Marie-Hélène LE NY, artiste —
Marie-Agnès PALAISI, enseignante-chercheuse, chargée de mission Egalité
femmes-hommes et lutte contre les discriminations de genre et le
harcèlement sexuel à l’Université de Toulouse Jean Jaurès — Michèle
NARVAEZ, enseignante retraitée, ancienne professeure de classes
préparatoires — Typhaine D, autrice, metteuse en scène, comédienne — Lou
DAHLAB, étudiante en Lettres à l’Université Paris Diderot — Delphine
CUNY, référente pédagogique en sciences au Réseau Canopé — Valérie
SOURDIEUX, écrivaine — Chloé SEBAGH, cheffe de projet écriture inclusive
chez Mots-Clés, lauréate du prix du meilleur mémoire de Communication
publique 2016 — Cécile ROUMIGUIÈRE, écrivaine — Aline MAYARD,
journaliste, consultante en communication — Camille LEROY, philosophe —
Clémence DECOUCHON, étudiante en littérature comparée à l’Université
Paris Diderot — Jacqueline DIONIGI, retraitée de l’Éducation nationale,
ancienne responsable des ressources humaines de l’Université de
Technologie de Compiègne puis de l’Université de Technologie de
Belfort-Montbéliard — Nivèse OSCARI, sculptrice — Frédéric ALTMANN,
historien d’art, créateur du musée international d’art naïf de Nice,
directeur-fondateur du CIAC de Carros, chevalier des arts et des
lettres, chevalier du mérite culturel monégasque — Karine ADJADJI,
traductrice audiovisuelle — Katy BARASC, philosophe, essayiste — Sarah
ULRICH, consultante en communication — Corinne MOLETTE,
lectrice-correctrice, Paris — Noémie TOLEDANO, autrice de #32Mars
(Cherche-Midi, écrit en écriture inclusive), membre de l’organisation du
1er Hackathon écriture inclusive — René PAILLAT, journaliste à la
retraite, Poitiers — Virginie BARROU, chef d’entreprise — Frederic
OVADIA, consultant, éditeur — Fabienne CANDELA, directrice artistique du
Théâtre le Tribunal, du Festival Bœuf Théâtre et de Fémin’Arte, Antibes
— Magali JACQUIER, vétérinaire à Toulouse — Virginie LOU-NONY,
écrivaine — Nina CHARLIER, syndicaliste, professeure d’EPS en retraite —
Perrine ROYOLE-DEGIEUX, responsable de communication — Olga BENSADOUN,
maîtresse de conférence à l’Université Toulouse III retraitée —
Dominique MORELLO, chercheuse — Isabelle NAMYOUÏSSE, psychologue
Éducation nationale, Éducation, Développement, Apprentissages,
anciennement professeure des écoles — Éliane GUIGO, citoyenne — Sandrine
LEFÈVRE, documentaliste au Conseil départemental de Haute-Garonne</div>
Source :<a class="spip_url spip_out auto" href="https://scenesdelavisquotidien.com/2017/11/22/pour-une-grammaire-feministe/" rel="nofollow external">https://scenesdelavisquotidien.com/2017/11/22/pour-une-grammaire-feministe/</a><br />
<div align="justify">
[1] L’accord de majorité consiste à accorder le ou
les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui exprime le
plus grand nombre : « Un Français et mille Françaises sont
enthousiasmées par l’accord de proximité ». Retourner à l’article</div>
<div align="justify">
[2] Avec l’accord au choix, le ou les mots se
rapportant à plusieurs substantifs sont accordés selon le bon vouloir du
rédacteur ou de la rédactrice</div>
</big>Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-3431343100453729732019-03-03T03:32:00.000-08:002019-03-03T03:32:06.204-08:00Réflexions sur deux féminicides<div class="texte">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxTVTbebR1sxgoEZ3agmS7Du8iLMoGJMeZxwboHkk5vPa41G9uYGcP5lFAqSKDw3PXIlLmMGTnPVNxuzvQDWTAE5e0MlKJiwpJoYB2d9XTxdd05M_nsG7dU2Bec2xrXDCVgI4QcF1e-Vlz/s1600/arton434.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="208" data-original-width="264" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxTVTbebR1sxgoEZ3agmS7Du8iLMoGJMeZxwboHkk5vPa41G9uYGcP5lFAqSKDw3PXIlLmMGTnPVNxuzvQDWTAE5e0MlKJiwpJoYB2d9XTxdd05M_nsG7dU2Bec2xrXDCVgI4QcF1e-Vlz/s1600/arton434.jpg" /></a></div>
<big>Par Donna F. Johnson, d’abord publié le 6 décembre dans <a class="spip_out" href="http://ottawacitizen.com/opinion/columnists/johnson-when-will-the-violence-against-women-stop" rel="external">The Ottawa Citizen</a></big><br />
<big>
<div align="justify">
Le 6 décembre 1989, le féminicide commis à l’École
Polytechnique de Montréal a plongé la population canadienne dans un
débat polarisant. Beaucoup ont vu l’assassinat de ces 14 femmes il y a
près de trente ans comme l’acte isolé d’un malade mental. À l’époque, je
travaillais depuis trois ans dans une maison de transition pour femmes
victimes de violence conjugale. Je savais donc déjà que la normalité
peut coexister avec une cruauté sans fond, et que la violence infligée
aux femmes ne connaît pas de limites. J’ai vu cet assassin, Marc Lépine,
comme symptôme d’un problème. Pour celles d’entre nous qui
travaillaient dans des refuges, le meurtre n’était que la pointe la plus
visible d’une crise sociale massive.</div>
<div align="justify">
Vingt-huit ans plus tard, ce qui me frappe à propos
de Basil Borutski, récemment condamné en Ontario pour le féminicide de
trois femmes commis à Wilno, c’est à quel point il ressemble à tous les
autres agresseurs de femmes. Autocentré, suffisant, autorisé à ne pas
avoir les connaissances les plus élémentaires sur lui-même ; incapable
de partager le point de vue d’autres personnes. À ses yeux, les femmes
sont des salopes, des putes et des menteuses, et elles sont responsables
de tous ses problèmes. Il en a abattu trois avant son café du matin,
avec l’aisance d’un pêcheur éventrant sa prise de poissons.</div>
<div align="justify">
Les actes posés par Borutski étaient extrêmes, mais
son état d’esprit ne l’est pas ; ses rationalisations et ses
justifications ne sont pas différentes de celles qui font de cette
planète un véritable enfer pour les femmes. Pour emprunter une analyse à
Hannah Arendt, le problème associé à Borutski est qu’il y a tant
d’hommes comme lui, et que la majorité d’entre eux ne sont pas malades,
mais terriblement normaux.</div>
<div align="justify">
Au début de mon travail, j’ai eu moi aussi du mal à
comprendre ce qui se passait. Il a fallu des années à voir ce motif
répété pour que les choses deviennent claires. La violence envers les
partenaires intimes est un drame en trois actes. Ce n’est qu’au
troisième acte que le récit en vient à une conclusion effrayante. Il
s’est joué pour moi dans une série de chocs.</div>
<div align="justify">
Le premier choc (acte 1) a été de constater la
cruauté extrême de tant d’hommes envers leurs partenaires. Des femmes
franchissaient nos portes en un flux régulier, porteuses de variations
sur un même thème de violence. Elles nous disaient que leurs conjoints
les traitaient de noms avilissants comme ‘salopes’, ‘connes’ et
‘putes’ ; qu’ils les étranglaient, les battaient, les violaient, les
menaçaient du pire. Elles avaient tout essayé pour restaurer la
relation. Et quand, en fin de compte, elles prenaient la décision de se
séparer, leurs partenaires ne les laissaient pas partir.</div>
<div align="justify">
Le deuxième choc (acte II) a été de voir la menace,
le contrôle coercitif et la violence augmenter au moment de la
séparation. Les femmes étaient alors jetées à la rue, leurs
contributions à la famille dévaluées, leur part des biens refusée. Elles
étaient décrites comme menteuses, vindicatives, instables, inaptes et
étaient traînées devant les tribunaux durant des années. Le message
ainsi transmis aux femmes est que leur vie ne leur appartient pas. C’est
le moment du risque le plus élevé.</div>
<div align="justify">
Le troisième choc (acte III) survient lorsque les
systèmes de protection auxquels s’adressent les femmes pour être
protégées – la police, les tribunaux, les organismes de protection de la
jeunesse, les évaluateurs des tribunaux de la famille – échouent
désespérément à les appuyer. Ils échouent à cause d’attitudes, de
politiques et de pratiques qui sous-estiment cette violence, et à cause
d’interventions timorées de l’appareil de justice pénale. Quant à nos
tribunaux de la famille, ils sont un désastre absolu pour les mères
violentées.<br class="autobr" />
<strong><br class="autobr" />
Notre société trahit les femmes violentées</strong></div>
<div align="justify">
Les femmes sont laissées à elles-mêmes pour composer
du mieux qu’elles peuvent avec la violence masculine. Elles subissent le
paternalisme de solutions bancales qu’on leur propose alors qu’elles se
retrouvent en zone de guerre : on leur dit de préparer des plans de
sécurité, d’enseigner à leurs enfants un mot de code pour quand leur
père devient plus violent, de mettre de l’argent et des clés de côté
pour pouvoir s’échapper rapidement, de porter un dispositif d’alerte, de
garder à portée de la main un aérosol conçu pour éloigner les ours, de
s’inscrire à un cours d’autodéfense, d’installer des caméras de sécurité
et un éclairage supplémentaire, de doter leurs portes et fenêtres de
dispositifs d’alarme, de désactiver tout appareil de repérage par GPS,
de varier leurs habitudes, de changer d’identité.</div>
<div align="justify">
Trois décennies se sont écoulées depuis que j’ai
entamé mon travail. Je ne crois plus que notre société ait la moindre
intention de stopper cette violence. J’en suis venue à voir ce que nous
offrons aux femmes comme de simples mesures palliatives. Nous sommes
heureuses d’aider les femmes à tenir bon, à s’adapter, à se cacher,
etc. ; nous les conseillerons quand elles seront blessées et consolerons
leur famille quand elles seront assassinées. Mais leur accorder des
vies dénuées de violence ? Cela irait trop loin. La poète Katha Pollitt
fait remarquer : « Il est difficile de voir les femmes comme
s’appartenant à elles-mêmes. » La critique culturelle Ellen Willis écrit
que nous vivons dans une société « activement hostile aux ambitions des
femmes pour une vie meilleure ».</div>
<strong>Les femmes sont laissées à elles-mêmes pour composer du mieux qu’elles peuvent avec la violence masculine</strong>.<br />
<div align="justify">
La grande philosophe féministe Simone de Beauvoir a
écrit : « Tout n’est pas bon à prendre dans la mesure où justement,
quelquefois les choses qu’on ‘donne’ aux femmes sont simplement un os à
ronger : une mystification, une manière de les démobiliser en leur
faisant croire qu’on fait quelque chose pour elles alors qu’en vérité on
ne fait RIEN. C’est une manière non seulement de récupérer la révolte
des femmes, mais c’est même une manière de la contrer, de la supprimer,
de feindre qu’elle n’a plus de raison d’être. »*</div>
<div align="justify">
Le premier refuge a ouvert ses portes au Canada en
1973. Nous en avons maintenant plus de 600. Ces maisons jouent un rôle
important dans la protection des femmes. Mais les refuges n’arrêtent pas
la violence. Nous pouvons sauver les femmes jusqu’à la fin des temps,
construire 10 000 refuges, mais, comme un cancer pernicieux, la
misogynie traitée ici réapparaît là. La violence est à l’intérieur de
nos hommes et à l’intérieur de nos institutions, enracinée dans des
préjugés séculaires transmis sans remise en question de génération en
génération. Elle doit être éliminée à la racine.</div>
<div align="justify">
Maintenir les femmes en vie est une exigence
minimale : il est évident que ces meurtres doivent cesser. Mais c’est
toute violence envers les femmes qui doit cesser. La domination
masculine sur la vie des femmes doit cesser. Le soutien institutionnel à
la violence masculine doit cesser. Le viol et le harcèlement sexuel
doivent cesser. Tout cela est relié et tout cela doit cesser. Ces
circonstances sont désastreuses, mais elles ne sont ni indépendantes de
la volonté humaine ni inévitables.</div>
<strong>Une expertise incontournable</strong><br />
<div align="justify">
Un élément clé pour mettre fin à ce fléau sera de
puiser à l’expertise amassée dans nos refuges et centres d’aide aux
victimes de viol. Les survivantes et leurs représentantes connaissent ce
territoire. Elles connaissent les secteurs minés. Elles doivent prendre
l’initiative dans le développement et la mise en œuvre de tous les
programmes et politiques appelées à résoudre la violence anti-femmes.</div>
<div align="justify">
Il ne s’agit pas seulement de surveiller et
d’optimiser le travail de la police ou des tribunaux, même si le travail
inclura ces fonctions. Il s’agit de privilégier les connaissances et
l’expérience que ces femmes apportent à la table, en les impliquant en
première ligne et en collaborant avec elles à chaque étape jusqu’à ce
que nous trouvions des solutions.</div>
<div align="justify">
Donna F. Johnson a travaillé à la maison de
transition Lanark County Interval House de 1986 à 2002 et est restée
impliquée dans la lutte pour mettre fin à la violence anti-femmes.</div>
* <a class="spip_url spip_out auto" href="https://revolutionfeministe.wordpress.com/2017/01/11/simone-de-beauvoir-on-ne-peut-pas-attendre-la-revolution/" rel="nofollow external">https://revolutionfeministe.wordpress.com/2017/01/11/simone-de-beauvoir-on-ne-peut-pas-attendre-la-revolution/</a><br />
Source : <a class="spip_url spip_out auto" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/reflexions-sur-deux-feminicides/" rel="nofollow external">https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/reflexions-sur-deux-feminicides/</a></big></div>
Etincelle noirehttp://www.blogger.com/profile/04126103216366723516noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-885811669586563860.post-46832309992587317692019-03-02T03:30:00.000-08:002019-03-02T03:30:03.512-08:00Les enfants et les jeunes face à l’idéologie transgenriste<big></big><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<big><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipPQqFNyMnMsqEzfeiaBbPsUovrSUPTe3dnq3Mgc2fOvBJx5adcCj1yhCNuWhOsyoww4uuZTJkFo_WAVZUvp7xEFrAUBWTqa7UYdYvQpCdMS_zgdD817RaQarE7MWw9g8W1BszkkRaJV9R/s1600/trans.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="980" data-original-width="700" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEipPQqFNyMnMsqEzfeiaBbPsUovrSUPTe3dnq3Mgc2fOvBJx5adcCj1yhCNuWhOsyoww4uuZTJkFo_WAVZUvp7xEFrAUBWTqa7UYdYvQpCdMS_zgdD817RaQarE7MWw9g8W1BszkkRaJV9R/s320/trans.jpg" width="228" /></a></big></div>
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<br />
<big>Un livre qui brasse la cage au sujet des droits des enfants</big><big>
</big><br />
<div align="justify">
<big>“Au Royaume-Uni, comme dans d’autres pays, on assiste
à une pression sur les parents pour qu’ils et elles acceptent des
pratiques médicales appelées à transformer le corps de leurs enfants qui
ne se conforment pas aux règles du genre.”</big></div>
<big>
<div align="justify">
Born in Your Own Body (Né·e dans votre propre corps)
est un important nouvel ouvrage, coordonné par les Britanniques Heather
Brunskell-Evans et Michele Moore et publié par la maison Cambridge
Scholars. Il rassemble une sélection variée d’autrices et d’auteurs que
préoccupe la tendance actuelle à orienter vers un changement social et
médical de sexe des enfants et des adolescent·e·s, en faisant taire
l’expression de tout examen critique*. Chaque signataire de chapitre –
parents, universitaires, militantes, spécialistes, une transsexuelle
adulte, une lesbienne et une jeune fille ayant mis fin à sa transition –
exprime son point de vue en toute indépendance.</div>
<div align="justify">
Avec l’autorisation des directrices de publication,
TRADFEM vous présente en version française un court extrait de chaque
chapitre de ce livre pour vous encourager à vous le procurer ou à en
réclamer la traduction à un éditeur :</div>
<strong>Chapitre Un : La fabrication de « l’enfant transgenre », par
Heather Brunskell-Evans et Michele Moore, directrices de publication</strong><br />
<div align="justify">
« Ce livre vise à étendre la conversation sur le
transgenrisme. L’absence de débat ouvert sur le changement de sexe des
enfants est une conséquence de notre culture actuelle d’indignation
sélective et de politique identitaire qui a eu de graves répercussions
sur de nombreux aspects de la liberté d’expression. Un engagement et une
éthique progressistes devraient certainement nous obliger à réfléchir
et à discuter des théories et des pratiques qui peuvent mener à la
transformation chimique et chirurgicale des corps en bonne santé
d’enfants et d’adolescent·e·s. Nous sommes tous et toutes, à titre de
société, moralement responsables de nos jeunes et il y a selon nous
dérogation à notre responsabilité si, en tant qu’adultes, nous ne
parlons pas ouvertement d’un sujet aussi important. »</div>
<strong>Chapitre deux : L’expérience transgenre menée sur les enfants, par Stephanie Davies-Arai</strong><br />
<div align="justify">
« En utilisant le terme ‘enfants transgenres’, ce ne
sont pas les enfants que nous protégeons et que nous défendons, mais
l’idéologie en cause. De façon plus sinistre, cette expression est
utilisée par les organisations transgenristes comme un terme générique
regroupant tous les enfants dont on peut dire qu’ils ou elles dérogent
aux stéréotypes de leur genre ou les remettent en question, ce qui
inclut tout enfant qui ne se conforme pas totalement à ces stéréotypes.
Le label « transgenre » traite tous les enfants « dysphoriques de
genre » comme un groupe homogène ; la raison pour laquelle un garçon qui
aime jouer avec des poupées croit qu’il est vraiment une fille devient
exactement la même raison pour laquelle une adolescente inscrite sur le
spectre de l’autisme pense qu’elle est vraiment un garçon : ‘parce
qu’ils sont transgenres’. »<br class="autobr" />
<strong><br class="autobr" />
Chapitre trois : Inintelligence sexuée : la fabrication de « l’enfant transgenre », par Heather Brunskell-Evans</strong></div>
<div align="justify">
« Je démontre que la figure de ‘l’enfant transgenre’
n’est pas plus objective et pas moins politique que les stéréotypes de
‘l’homosexuel pathologique’, de ’l’homme macho’ ou de la ‘femme
inférieure’, des clichés que la vision libérale conventionnelle se
réjouit maintenant de consigner aux poubelles de l’histoire. Je propose
que ‘l’enfant transgenre’ soit également compris comme une identité
socialement construite qui devrait être rejetée. Au lieu de faciliter la
liberté de choix, la théorie du genre offerte par la doctrine
transgenriste aux enfants, aux parents et à la société dans son
ensemble, a pour effet de renforcer les normes très genrées de
‘masculinité’ et de ‘féminité’ qu’elle prétend révolutionner, en
insistant sur l’idée que le genre est inné plutôt qu’une construction
sociale. »<br class="autobr" />
<strong><br class="autobr" />
Chapitre quatre : Je ne suis pas un parent atrocement intolérant qui ne
comprend rien à rien, par le blogueur Gender Critical Dad (Papa critique
du genre)</strong></div>
<div align="justify">
« Je rédige mon blog en partie, parce que c’est mieux
que d’avoir la poitrine emplie d’émotions que je n’arrive pas à
comprendre en tant que parent d’une fille qui dit qu’elle veut être un
homme. Si je peux transcrire mes sentiments de confusion, il devient
plus facile de me comprendre. J’écris ce blog, en partie, pour faire
savoir aux autres qu’elles et ils ne sont pas les seuls à remettre en
question le dogme trans. Mon histoire personnelle semble être liée à
certaines personnes et les a parfois aidées, ce qui est merveilleux.
J’écris ce blog en partie pour contribuer à la réflexion transcritique,
c’est-à-dire pour ‘défaire la doctrine transgenre et le dogme de
l’Identité de Genre’. »</div>
<strong>Chapitre cinq : Enfants ‘trans’ : des adultes LGB sortent du placard, par Josephine Bartosch<br class="autobr" />
</strong><br />
<div align="justify">
« Ma partenaire et moi avons eu de nombreuses
conversations sur le fait que si nous faisions notre ‘coming-out’
aujourd’hui, ce serait probablement en tant que « transgenres », parce
qu’aucune d’entre nous n’entrerait dans la catégorie rigide du
‘féminin’. Alors qu’à 13 ans, mes paires regardaient l’émission Friends
et s’aspergeaient de spray corporel Impulse, je sentais la fumée d’un
feu de camp et lisais des bandes dessinées d’aventures. Ma partenaire
adorait ses bottines de base-ball et dansait sur des musiques de groupes
rock marginaux. Je suis reconnaissante du fait que nous soyons devenues
des femmes en bonne santé et que nous nous soyons trouvées l’une
l’autre. Nos cicatrices ont guéri et nous avons appris à accepter et
même aimer nos corps féminins, et nous ne correspondons toujours pas au
moule féminin conventionnel. »</div>
<strong>Chapitre six : Le langage de la psyché : symptômes et symboles, par Lisa Marchiano</strong><br />
<div align="justify">
« Prendre quelque chose au sérieux, cependant, ne
signifie pas le prendre à la lettre. Il existe un espace d’entre-deux où
la métaphore prolifère et la curiosité se cultive. Si nous ne pouvons
pas accéder à cet entre-deux, soit nous rejetons les expressions de
l’âme comme une simple illusion, soit nous prenons ces expressions à la
lettre. Le contenu symbolique que la psyché voudrait nous présenter
devient concrétisé et aplati, ou écarté comme ‘rien d’autre que…’. De
toute façon, nous perdons la capacité de percevoir une plus grande
signification psychique et symbolique. Le travail d’attention à l’âme
signifie essayer d’habiter soigneusement ce milieu, cet entre-deux du
royaume symbolique. »</div>
<strong>Chapitre sept : La fabrique de corps : histoires du vingtième siècle sur le changement de sexe, par Susan Matthews<br class="autobr" />
</strong><br />
<div align="justify">
« Le vingtième siècle a marqué une tendance
croissante à percevoir le vécu ‘dans un cadre médical où le point de vue
de la médecine est considéré comme faisant autorité, sinon
hégémonique’. Le premier roman décrivant un changement de sexe physique
est peut-être Myra Breckinbridge de Gore Vidal, publié en 1968, peu
après que la clinique d’identité de genre John Hopkins ait commencé à
pratiquer des réaffectations chirurgicales de sexe. Des textes de
fiction publiés au vingtième siècle montrent que l’histoire du
‘transgenre’ est une invention récente et que le ‘soi authentique’
réalisé à travers ‘l’affirmation du genre’ est, historiquement, aussi
récent que les technologies qui le rendent possible. »</div>
<strong>Chapitre huit : Une vie réussie ininterrompue par la transition, par Miranda Yardley</strong><br />
<div align="justify">
« Si nous pouvons accepter que ‘l’identité de genre’
soit une préférence pour les conventions culturelles applicables à un
sexe particulier, est-il excessif de suggérer que, pour les filles qui
sont masculines (ou les garçons qui sont féminins), de tels traits de
personnalité sont actuellement interprétés comme indicateur que
‘l’identité de genre’ de l’enfant ne correspond pas au sexe de
l’enfant ? Cela ne revient-il pas à suggérer que la personnalité
détermine le sexe ? Bien sûr, les préférences des enfants peuvent
changer soudainement et, tout comme les idées culturelles sur le genre
ne sont pas stables au fil du temps, il en est de même pour les
comportements juvéniles non conformes aux règles du genre. »<br class="autobr" />
<strong><br class="autobr" />
Chapitre neuf : Voix inouïes de celles et ceux qui interrompent une transition de genre, par Carey Maria Catt Callahan</strong></div>
<div align="justify">
« Nous avons parlé de toutes les manières dont nous
nous étions fait du mal. La transition n’était qu’un moyen parmi
beaucoup d’autres. Il y avait eu la drogue, le fait de cesser de manger,
les relations violentes déguisées en relations transgressives. Il y
avait les groupes d’’amis’ dont nous pensions qu’il était normal d’avoir
peur, normal de constater qu’un jour vous étiez celle qui serait
dénoncée, et que ce jour-là, il serait normal de perdre d’un coup toutes
vos relations importantes. Il y avait les milieux queer radicaux, où
notre crédibilité dépendait de notre disponibilité sexuelle – participer
aux bonnes soirées sexuelles, prouver que vous étiez prête à sortir ou
du moins coucher avec tous les sexes dans tous les types de corps. Nous
avons parlé des fois où nous nous étions données pour tenter d’être à la
hauteur, de nous afficher en fières représentantes d’une politique
queer qui exigeait, plus que notre action, plus que notre intelligence,
plus que notre solidarité, notre accessibilité sexuelle. »</div>
<strong>Chapitre dix : Vue de la salle de consultation, par Robert Withers<br class="autobr" />
</strong><br />
<div align="justify">
« Quels sont certains des facteurs psychologiques
inconscients qui peuvent sous-tendre la dysphorie de genre ? Je me rends
compte que le simple fait de poser cette question m’expose à des
accusations de ‘transphobie’. Mais je crois que de telles accusations
rendent un mauvais service aux personnes trans en les décourageant
d’envisager des solutions de rechange au traitement hormonal à vie et à
la chirurgie. Elles perpétuent aussi la stigmatisation culturelle de la
maladie mentale en cédant face à elle. Cette stigmatisation provient
probablement d’une peur profonde de notre propre folie. La publication
de livres comme celui-ci s’accompagne de l’espoir que le vent tournera à
mesure qu’un nombre croissant de professionnel·le·s de la santé, de
personnes trans et de leurs ami·e·s et familles accepteront d’envisager
des alternatives à la médicalisation des états transgenres. »</div>
<strong>Chapitre onze : Utopies trans : Transhumanisme, transfémisme et fabrication du Soi, par Jen Izaakson<br class="autobr" />
</strong><br />
<div align="justify">
« Dans le cas habituel d’imposition du genre, la
personne est chosifiée par quelqu’un d’autre : par exemple, un jeune
corps féminin est scruté et contraint à s’aligner sur les attentes
genrées concernant ‘la fille’, ‘la femme’ et la féminité. Les affects du
genre sont attribués au sexe. Le contrôle de toute non-conformité de
genre par ceux qui imposent les hypothèses de la théorie de l’identité
de genre vous encourage à vous chosifier : les affects de genre
attribués à votre sexe sont-ils désynchronisés ? Êtes-vous un individu à
corps féminin qui échoue à la féminité ? Si oui, changez de sexe ou
trouvez une identité qui dissipe cette incohérence. Ce manque ou déficit
appelle un remède. »</div>
<strong>Chapitre douze : Tenir tête au nom des filles et des garçons, par Michele Moore</strong><br />
<div align="justify">
« Au Royaume-Uni, comme dans un certain nombre
d’autres pays, on assiste à une pression sur les parents pour qu’ils et
elles acceptent les pratiques médicales qui interviennent pour
transformer le corps de leurs enfants qui ne se conforment pas aux
règles du genre. Bien qu’il n’existe aucune base de données au sujet de
la transition médicale des enfants, les parents inquiets de cette
médicalisation se voient dire par plusieurs sources (médias, médecins,
enseignants, activistes transgenres) que le fait de soumettre leur
enfant à une correction de genre sociale et physique habilitera leur
enfant, les rendra moins anxieux quant à leurs choix personnels, leur
permettra de s’intégrer socialement en vieillissant et, par voie de
conséquence, les aidera à créer des liens sexuels confortables à
l’adolescence et à l’âge adulte. »</div>
<div align="justify">
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voulez en savoir plus, ce livre est disponible à 50 % de rabais en
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heureuses d’annoncer que la raison pour cette offre incroyable de
l’éditeur est que les ventes de cet ouvrage ont jusque ici dépassé
toutes les attentes. Nous espérons que cela indique un changement dans
la conscience publique sur la question de la transition médicale des
enfants et une prise de conscience de la nécessité d’un débat ouvert.
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Traduction : <a class="spip_out" href="https://tradfem.wordpress.com/2017/12/10/les-enfants-et-les-jeunes-face-a-lideologie-transgenriste/" rel="external">TRADFEM</a><br class="autobr" />
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